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Sur les terres du schiste, les pionniers du biogaz ouvrent une autre voie

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CHAUMES-EN-BRIE (France) - De loin, on dirait que de grandes yourtes mongoles sont venues se dresser à côté de la superbe ferme de pierre: voilà l'étrange vision qui attend celui qui se rend chez les frères Quaak, la première exploitation agricole de France qui dessert les villages alentours en biogaz.

A quelques dizaines de kilomètres au nord de Chaumes-en-Brie (Seine-et-Marne), certains rêveraient de voir fleurir des puits d'hydrocarbures de schiste. Ici, on produit aussi du gaz, mais avec une toute autre ressource: du fumier, du sorgho, ou encore des poussières de meuneries.

Surtout, ce biogaz ne sert pas à produire de l'électricité comme dans l'immense majorité des cas en France. Les 120 mètres cubes de méthane qui sortent chaque heure des réservoirs du méthaniseur sont directement injectées dans le réseau de distribution de Grdf.

Une première pour une ferme française qui permet aux habitants de cinq communes voisines de prendre leur douche ou d'alimenter leur chaudière.

On nous a pris pour des fous, se souvient Mauritz, géant aux yeux clairs de 35 ans et cadet de Pierre-Jacques, l'autre frère Quaak. Maîtres de 250 hectares de cultures et de 250 vaches limousines (plus les veaux), les deux jeunes agriculteurs ont bataillé ferme pendant plus de cinq ans pour faire naître ce projet pionnier, opérationnel depuis août dernier: aucun texte, aucun dispositif de soutien n'était en place au départ, sans parler des diverses autorisations qu'il a fallu obtenir.

Du méthaniseur de la ferme d'Arcy sort aussi un utile digestat (le processus de méthanisation est semblable à celui d'un estomac), un engrais naturel qui couvre 90% des besoins de la ferme. Très clairement, la méthanisation nous permet de poursuivre l'élevage, sinistré dans l'Hexagone, souligne M. Quaak à l'AFP.

Le biogaz est le nouveau chouchou du ministre de l'Agriculture, Stéphane le Foll, et de son collègue de l'Ecologie, Philippe Martin. Les deux en font l'alternative verte aux gaz de schiste, dont l'exploration est bloquée par la loi française, alors que l'Hexagone importe plus de 98% de son méthane.

La région Ile-de-France vient d'adopter, la semaine dernière, un plan de soutien, qui s'ajoute aux aides de l'Ademe. Dans le privé, l'opérateur du réseau gazier Grdf et sa maison-mère GDF Suez poussent aussi cette solution, moyen de réduire les émissions de CO2 du gaz consommé par les Français.

L'opérateur historique défend un objectif de 20 térawattheures dès 2020 dans le réseau, soit environ 5% de la consommation française. Et plus du double en 2030.

Dans un temps relativement court, on peut avoir une quantité significative de gaz vert, souligne Anthony Mazzenga, délégué à la stratégie chez GrDF. A l'heure actuelle, 282 sites produisent du biogaz en France, mais destiné à la production d'électricité ou de cogénération.

Seuls trois sites injectent du biométhane dans le réseau: celui des frères Quaak et deux usines de tri de déchets ménagers, à Lille et à Forbach (Moselle). Mais GrDF recense plus de 384 projets en vie. Cette année, la quantité de biométhane dans le réseau devrait quadrupler pour atteindre 0,13 térawattheure.

On reste une goutte d'eau, admet Mauritz Quaak. Mais rendez-vous dans 15 ans, quand mes installations seront amorties et que le prix du gaz aura augmenté, dit l'agriculteur.

Comme d'autres énergies renouvelables, ce biogaz est en effet subventionné via un tarif de soutien, qui est répercuté sur la facture du consommateur. On observe qu'en moyenne, le tarif tourne autour de 80 euros, explique Grdf. Soit près de trois fois plus que le prix de gros du gaz fossile, autour de 30 euros.

La filière française se veut exemplaire pour gagner l'adhésion, alors que l'immense projet de méthanisation des Mille Vaches suscite actuellement la controverse en Picardie.

L'Allemagne a ainsi très rapidement développé la méthanisation, avec plus de 6.000 installations. Mais la plupart utilisent en masse du maïs, une concurrence avec l'alimentaire que la France ne veut pas reproduire.

Ne produisons pas de contre-exemple, réussissons les premiers projets, plaide Mauritz Quaak. Bref, ne manquons pas le coche, dit-il.

Romandie 17/2/2014

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