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birdy1972

Les peintres pour reconstruire le passé climatique !

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Les peintures de couchers de soleil peuvent être utilisées pour estimer les niveaux de pollution dans l'atmosphère passée de la Terre.

L’éruption du volcan Tambora, en Indonésie, en 1815, est considérée comme l'une des plus violentes de tous les temps. Elle a tué près de 10 000 personnes immédiatement et plus de 60.000 à cause de la famine et de la maladie causée par "l’hiver volcanique" qui a suivi. Les cendres volcaniques rejetées dans l'atmosphère ont parcouru le monde modifiant la composition de l’air ambiant et provoquant des couchers de Soleil rouge ou orange vifs en Europe, représentés par les peintres de l’époque. Aujourd’hui, les scientifiques montrent que l’observation des peintures de Maîtres permet de récupérer des informations sur la composition de l'atmosphère passée.

Joseph Turner (1775-1851), un peintre britannique, a représenté des couchers de Soleil après l’éruption du Tambora. DR

Christos Zerefos, de l'Académie d'Athènes en Grèce, et son équipe ont analysé des centaines de photos numériques de haute qualité de tableaux de coucher de Soleil et d’autres paysages peints entre 1500 et 2000, période durant laquelle se sont produites près de 50 grandes éruptions volcaniques. Ils cherchaient à savoir si les quantités relatives de rouge et de vert contenus dans chaque tableau pourraient fournir des informations sur la quantité d’aérosols dans l’atmosphère. "Nous avons constaté que le rapport entre la proportion de rouges et la proportion de verts dans les crépuscules de tableaux de grands maîtres est bien corrélé avec la quantité d'aérosols volcaniques dans l’atmosphère, indépendamment des peintres et de l'école de peinture", résume Christos Zerefos.

Les résultats sont publiés dans la revue Atmospheric Chemistry and Physics). Les peintures révèlent que les cendres libérées lors des grandes éruptions dispersent les différentes couleurs de la lumière du soleil, ce qui fait que les couchers de soleil apparaissent plus rouges. Des effets similaires sont observés dans le désert où la poussière diffracte la lumière ou avec des aérosols artificiels.

Après avoir recensé les tableaux où les couchers de Soleil sont les plus rouges, les scientifiques ont comparé leur date de réalisation avec des données issues des carottes de glace prélevées aux pôles et relevé une correspondance entre la quantité de cendres trouvées dans les strates correspondantes aux périodes d’éruption et les tableaux choisis.

L'image du haut montre des peintures produites par le coloriste P. Tetsis sur l'île d'Hydra pendant (gauche) et après le passage d'un nuage de poussière saharienne. En dessous les photos correspondantes. P. Tetsis (peintures) and C. Zerefos (photos).

Afin de soutenir davantage leur modèle, les chercheurs ont demandé à un coloriste célèbre de peindre des couchers de soleil pendant et après le passage d'un nuage de poussière provenant du Sahara, sur l'île d'Hydra (dans la mer Egée) en Juin 2010. Les scientifiques ont ensuite comparé la quantité d’aérosols mesurées par des instruments modernes avec celles estimées à partir des proportions des rouges et des verts de ses peintures. Ils ont également, dans ce cas retrouvé une corrélation adéquate. C'est "une autre façon d'exploiter les informations environnementales sur l'atmosphère dans des endroits et des siècles où les instruments de mesure n'étaient pas disponibles", conclut Christos Zerefos.

 AFP 24/3/2014


Retrouvez cet article sur S et A 26mar2014

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