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Pourquoi les chiens et autres mammifères domestiques ont-ils souvent les oreilles molles ?

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Diverses caractéristiques se retrouvent chez toutes les espèces de mammifères domestiques, dont la présence de races aux oreilles molles. Ce phénomène déjà découvert par Darwin prend ses racines dès le stade embryonnaire et lie les développements physiques et mentaux des animaux apprivoisés.

L’étude de l’évolution a beaucoup changé depuis l’époque de Darwin, mais les chercheurs d’aujourd’hui étudient toujours ses travaux avec beaucoup d’intérêt. Le naturaliste anglais avait ainsi remarqué dans "De l’origine des espèces" qu’il n’y a pas un seul animal domestique que l’on ne retrouve dans un pays ou un autre avec des oreilles molles".

Mammifères domestiques, y compris les chiens, partager un certain nombre de caractéristiques. Klearchos KAPOUTSIS / Flickr , CC BY

Les chiens par exemple, beaucoup de races présentent aujourd'hui des oreilles tombantes. Et même lorsqu'elles sont dressées, elles sont relativement molles. Pourquoi ?

Le site The Conservation relaye une publication de la revue Genetics, datée du 1er juillet, et montre que ce phénomène s’avère loin d’être anodin, présent chez les chiens mais aussi d'autres animaux domestiques. D'ailleurs, plusieurs autres caractéristiques physiques différencient les mammifères domestiques de leurs ancêtres sauvages : un cerveau et des dents plus petits, une queue courte et bouclée et une robe plus claire et tachetée. S’il est difficile de retracer chaque étape de la domestication d’un animal comme le chien, démarrée il y a environ 11.000 ans (voire davantage), un exemple plus récent permet de confirmer ces observations.

Les éleveurs russes Dmitry Belyaev et Lyudmilla Trut se sont attachés à apprivoiser des renards argentés. Ces derniers sont de la même espèce que les renards communs, mais sont notoirement agressifs et difficile à élever. Les individus les plus dociles ont été sélectionnés pour la reproduction et, en 25 années et 20 générations, les Russes ont obtenu des renards si calmes qu’ils peuvent faire office de véritables animaux de compagnie.

Queue bouclée autre give-away pour la domestication.  Flickr / Krissy Venosdale , CC BY-ND

Outre ce changement de tempérament, les renards avaient également une tête plus courte, des dents plus petites, une queue frisée, une robe différente et… des oreilles molles. Mais en quoi est-ce donc lié à l’apprivoisement de ces animaux ? Pour Adam Wilkins, auteur principal de l’étude et chercheur à l’institut sud-africain Stellenbosch et à l’institut de biologie théorique de Berlin, la réponse se situe au niveau de la crête neurale des embryons.

La science fait bien les choses. La crête neurale a été découverte en 1868, l’année de la publication des travaux de Darwin intitulés de la variation des animaux et des plantes sous l'action de la domestication. Il s’agit d’une bande de cellules qui sépare la partie qui produit la peau de celle qui forme le système nerveux central au moment du développement. Ces cellules migrent ensuite dans la partie liée à la formation du squelette et des tissus musculaires, conjonctifs et reproductifs. L’équipe d’Adam Wilkins souligne que c’est la crête neurale qui produit les dents, l’extérieur des oreilles, les pigments et surtout les glandes surrénales. Ces dernières gèrent les réponses de combat-fuite, qui tranchent si un animal doit se montrer agressif ou fuir face à un danger.

Un renard argenté sauvage.  Zefram / ​​Wikimedia Commons , CC BY-NC-SA

Le choix des animaux à accoupler dans un but de domestication aurait donc eu pour effet de sélectionner certaines variantes de gènes qui affectent la crête neurale. Celle-ci se serait retrouvée avec moins de cellules ou des cellules moins actives. Il en découle les nombreux changements physiques et comportementaux observés sur les animaux domestiques, dont l'apparition des oreilles molles.

Un renard argenté domestiqué, à la recherche un peu plus proche de Fido.  Luz Rovira / Flickr , CC BY-NC-ND

 Dans les faits, une différence au niveau des gènes liés à la crête neurale avait déjà été constatée entre les chiens et les loups. Cette partie de l’embryon gère néanmoins tellement de paramètres qu’il n’est pas étonnant d’en retrouver en commun, mais cela donne une bonne explication pour comprendre pourquoi les animaux domestiques partagent autant de choses, même quand il s’agit d’espèces différentes. (Dans un développement de l'embryon, les cellules de la crête neurale (NC) migrent dans le sens indiqué par les flèches rouges, à partir de la couche externe de germe (ectoderme) à la couche de germes du milieu (mésoderme). Une fois là, ils forment une gamme de structures de l'organisme. Don Newgreen , CC BY-NC-ND)


Maxisciences 2/8/2014 - The Conservation

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