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BelleMuezza

Trois fois plus de mercure à la surface des océans depuis le début de l’ère industrielle

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En janvier 2013, à Genève, 130 pays ont signé une convention visant à réduire la pollution au mercure, métal toxique qui s'accumule dans la chaîne alimentaire et qui affecte le système nerveux et le développement. L'objectif est d'en limiter drastiquement les émissions.

Mais l'environnement est déjà durablement contaminé, à commencer par le milieu marin. Une étude internationale (Etats-Unis, France, Pays-Bas), publiée le 7 août dans la revue Nature, montre que la concentration de mercure dans les eaux de surface de quasiment tous les océans a triplé du fait des rejets d'origine humaine.

Pour arriver à cette conclusion, Carl Lamborg de l'Institut océanographique Woods Hole du Massachusetts et ses collègues ont utilisé pour la première fois des mesures directes, dans le but de quantifier le « mercure anthropique », par opposition au mercure naturellement émis par l'activité volcanique terrestre et sous-marine. Ils ont travaillé à partir de prélèvements réalisés au cours des multiples campagnes océanographiques du programme international Geotraces, lancé en 2006 et toujours en cours, aussi bien dans l'Atlantique que le Pacifique ou les océans Arctique et Antarctique.

Afin de différencier la part de l’homme et celle de la nature, ils ont établi des ratios entre le mercure et d’autres paramètres océanographiques plus classiques, tels que le phosphate et le CO2. D’abord dans les eaux profondes – et donc plus « vieilles » – des océans, puis dans les eaux superficielles, dont les échanges avec l’atmosphère sont plus récents.

Le thon rouge accumule le mercure en raison de sa position au sommet de la chaîne alimentaire de l'océan. Pablo Blazquez Dominguez / Getty Images

Résultat : les eaux de surface – jusqu’à 1 000 mètres de profondeur – sont marquées par un net surcroît de mercure. L’Atlantique Nord est le plus souillé, ce qui est probablement dû aux émissions conjuguées de l’Amérique du Nord et de l’Europe, qui ont atteint leur maximum dans les années 1970.

Le mercure est un des premiers métaux connus de l’homme : déjà, durant les empires chinois et romain, il était utilisé et relâché dans l’environnement. Mais le rythme des émissions s’est considérablement accru depuis le milieu du XIXème siècle, avec la révolution industrielle. Les sources principales en sont aujourd’hui les centrales thermiques au charbon, qui représentent plus des deux tiers des rejets anthropiques. S’y ajoute l’extraction minière, ce métal étant souvent présent dans les gisements de zinc, d’or ou d’argent.

Contrairement aux autres métaux lourds, le mercure, très volatil, se disperse dans l’atmosphère sur de très grandes distances, avant de se déposer dans les océans. En ce sens, il se comporte comme le CO2 et le milieu marin constitue une « pompe à mercure ».

Au total, les chercheurs évaluent entre 60 000 et 80 000 tonnes la quantité de mercure présente dans les mers du globe.[/b] « Les concentrations sont infinitésimales, de l’ordre du dixième de nanogramme par litre, indique Lars-Eric Heimbürger, du laboratoire géosciences environnement Toulouse (CNRS/IRD/université Paul-Sabatier), coauteur de l’étude. [b]Mais, au fil de la chaîne trophique, jusqu’aux plus gros poissons comme le thon ou l’espadon, cette concentration est multipliée par dix millions. »

Voilà pourquoi les taux élevés de mercure dans les eaux de surface, qui en accumulent les deux tiers, sont particulièrement « inquiétants », selon le chercheur. Car, explique-t-il, « c’est dans cette partie de la colonne d’eau que le mercure est transformé par les bactéries en méthylmercure, la forme la plus toxique de ce métal ». Celle qui se retrouve dans les poissons de mer que nous consommons.

L’étude révèle toutefois que l’impact des émissions anthropiques de mercure n’est pas uniforme dans tous les océans. D’où la nécessité de poursuivre des observations « à grande échelle », souligne Lars-Eric Heimbürger qui, après avoir participé à une campagne océanographique française dans l’Atlantique Nord, s’apprête à mettre le cap vers l’océan Arctique et son mercure.

Le Monde 8/8/2014[/b] - Le blog dejeudi

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La concentration de mercure dans les océans a triplé en 100 ans. Or ce métal se retrouve ensuite dans nos assiettes, non sans risque pour notre santé.

Dans les océans, la concentration de mercure a triplé depuis le début de la révolution industrielle, selon une étude franco-américaine publiée dans Nature. En cause : les activités humaines comme la pétrochimie et l’exploitation minière.

Les eaux profondes de l’Atlantique Nord sont particulièrement touchées, selon les auteurs. Ainsi, à 5.000 mètres de profondeur, la pollution engendrée par l’homme il y a plus de 100 ans continue à s’accumuler dans la chaîne alimentaire océanique. Jusqu'à se retrouver dans nos assiettes.

Entre 2006 et 2011, cette équipe de chercheurs, dont fait partie Lars-Eric Heimbürger du Laboratoire Géosciences Environnement de Toulouse, a prélevé des milliers de litres d’eau lors de huit campagnes océanographiques réalisées tout autour du globe.

Elle a ainsi constaté des teneurs en mercure anormalement élevées dans les eaux de surface et dans les eaux profondes de l’Atlantique Nord, en comparaison avec la concentration relevée dans l’Atlantique Sud, dans l’océan Antarctique (encore appelé "océan Austral") et dans l’océan Pacifique.

"L’ampleur de la pollution anthropique au mercure dans les océans est estimée à 290 millions de moles (soit 58.000 tonnes de mercure), dont près des deux tiers résident dans les mille premiers mètres de profondeur", résument-ils dans leur publication.

Des résultats majeurs pour la communauté scientifique. "Bien que plusieurs modèles informatiques ont déjà estimé la quantité de mercure dans l'océan, c'est la première étude qui fournit les mesures de concentration du mercure en fonction de la profondeur et des zones géographiques", commente la journaliste scientifique Anne Casselman dans un article publié dans Nature.

Le mercure, sous sa forme organique appelée "méthylmercure", se loge dans les chairs des poissons. Et à chaque fois qu’un poisson en mange un autre, la teneur en méthylmercure s'accumule. Résultat : les plus grands prédateurs des mers, les thons, requins et autres espadons présentent les plus hauts taux de contamination.

Or à haute dose, le méthylmercure est toxique pour le système nerveux central de l'homme, en particulier durant son développement in utero et au cours de la petite enfance, indique l'ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) sur son site internet. Cette substance peut ainsi provoquer des troubles comportementaux légers ou des retards de développement chez les enfants.

Court-on actuellement un risque à manger régulièrement du poisson ? Non selon l'Anses qui estime à ce jour que la consommation de poissons "ne présente pas de risque pour la santé au regard du risque lié au méthylmercure". Car l'apport de la population en méthylmercure est inférieur à la dose journalière tolérable* définie par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS)

(* La dose journalière tolérable est la quantité de substance qui peut être quotidiennement ingérée par le consommateur sans effets néfastes pour sa santé).

Sciences et avenir 18/8/2014

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