Aller au contenu
Rechercher dans
  • Plus d’options…
Rechercher les résultats qui contiennent…
Rechercher les résultats dans…
Admin-lane

Un bloom de plancton menace les pêcheries en mer d'Arabie

Messages recommandés

Nourri par les rejets des villes et profitant d'un appauvrissement en oxygène, ce plancton menace tout l'écosystème local.

Depuis dix ans la population microscopique de la mer d'Arabie est en train de se modifier. Ces changements pourraient causer la disparition de plusieurs espèces de poissons qui nourrissent près de 120 millions de personnes vivant sur ses côtes.

 Efflorescence de noctiluca en me d'Oman durant l'hiver. Norman Kuring, NASA

Les scientifiques de l'université de Columbia et leurs collègues sont les premiers à documenter la croissance exponentielle du noctiluca vert, un microorganisme de la famille des dinoflagellés en mer d'Oman.

Il y formation des efflorescences vertes chaque hiver mais "avec des pics énormes qui pourraient avoir des effets dévastateurs pour l'écosystème de la mer d'Oman" alerte Helga do Rosario Gomes, principal auteur de l'étude publiée dans la revue Nature Communications.

 Illustration : un noctiluca Noctiluca scintillans unica par Maria Antónia Sampayo, Instituto de Oceanografia, Faculdade Ciências da Universidade de Lisboa.

Jusqu'il y a peu, la principale composante du plancton dans la zone était des diatomées, autrement dit des micro-algues dont se nourrissent de nombreux poissons et crustacés autochtones. Elles constituent ainsi la base de la chaîne alimentaire dans la mer d'Oman. Mais depuis le début des années 2000, tout a changé avec l'apparition massive des noctilucas qui ont supplanté les diatomées.

Or ces noctulicas sont trop grosses pour être ingérés par les crustacés qui se nourrissent habituellement de diatomées et qui sont la proie de plusieurs poissons. Les populations de ces derniers sont donc en train de péricliter faute de nourriture. Des rapports de plusieurs organismes de surveillance de la pêche dans la région ainsi que des sondages auprès des pêcheurs confirment la forte diminution du nombre de prises depuis une dizaine d'années.

 Pêcheurs de la mer d'Oman. Joaquim Goes.

C'est la conjonction de deux facteurs qui a provoqué ce phénomène : une augmentation de la pollution ainsi qu'un appauvrissement en oxygène de la colonne d'eau, également causé par la pollution.

Construites sur les côtes de la mer d'Oman, de nombreuses mégalopoles d'Asie y rejettent leurs eaux usées. Par exemple Karachi, au Pakistan (15 millions d'habitants), ne traite que 30% de son eau avant déversement et Mumbai (ex Bombay) et ses 21 millions d'habitants rejettent 63 tonnes d'azote et 11 tonnes de phosphore chaque jour.

"Toutes ces villes croissent si rapidement qu'elles n'ont pas la capacité de traiter leurs eaux usées", explique Joaquim Goes, co-auteur de l'étude. "La quantité de matériau déchargé est gigantesque."

 Les diatomées ont disparu de la mer d'Oman. Karl Bruun, Nostoca Algae Laboratory, photo courtesy of Nikon Small World.

La pollution favorise l'installation de noctiluca qui prospère dans les milieux riches en nutriments et pauvres en oxygène grâce à ses algues endosymbiotiques qui fournissent l'énergie nécessaire à sa reproduction par photosynthèse. Pour lutter contre la prolifération de noctiluca, les chercheurs tentent maintenant d'identifier des prédateurs. Certaines méduses apparaissent comme de bons candidats, elles pourraient constituer une "arme biologique" mais d'autres études doivent être effectuées avant d'envisager une intervention de ce type. Pour l'heure, les scientifiques appellent à renforcer la surveillance en mer d'Oman.

Sciences et avenir 10/9/2014

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites

×
×
  • Créer...