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Carotte, patate et betterave : leurs patrimoines génétiques en danger

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L'université de Birmingham a réalisé l’inventaire des plantes sauvages d’où sont issues les cultures actuelles. Il révèle que ces espèces ancestrales sont menacées.

L’université de Birmingham tire la sonnette d’alarme. Son inventaire le plus complet à ce jour des espèces sauvages proches de nos principales cultures révèle qu’il est aujourd’hui bien difficile de les protéger et de les multiplier.

 La version ancestrale de la betterave : survivra-t-elle encore longtemps ? ©️ Global crop diversity trust

Les chercheurs anglais ont répertorié 1667 proches cousins des 173 principales plantes cultivées. La banque de données créée par l’université de Birmingham croise cette proximité génétique avec les traits de ces ancêtres sauvages qui pourraient être utiles à l’agriculture et avec les endroits où ils poussent dans la nature. Une première.

"Il n’y avait pas auparavant de moyens de conserver systématiquement et d’utiliser ces cousins sauvages au niveau mondial, car on ignorait leur identité et leur aire de distribution, a expliqué l’auteur principal de l’étude Nigel Maxted à la BBC. En créant cet inventaire, on peut savoir quels pays et régions sont les plus riches en plantes sauvages et nous pouvons ainsi planifier plus efficacement les plans de conservation de ces espèces".

C’est là qu’est apparue une mauvaise surprise. Pour les seules cultures des pays tempérées, la moitié des ancêtres se situent dans ce qui fut appelé autrefois "le croissant fertile" et constitue le lieu de naissance de l’agriculture. Or, Liban, Syrie, Israël, Palestine, Jordanie, Irak sont plongés dans des conflits sanglants qui interdisent à ce jour toute action de sauvegarde de plantes menacées par les combats, mais aussi par la destruction de milieux naturels par l’augmentation démographique et par le réchauffement climatique.

Si les scientifiques s’alarment, c’est que 12% de l’inventaire mondial est menacé de disparition, la moitié est placé sur la liste d’urgence des collections naturaliste et cinq plantes risquent de perdre leur patrimoine : l’aubergine, la pomme de terre, la pomme, le tournesol et la carotte.

Or, ces plantes souvent modestes sont porteuses de caractéristiques qui peuvent améliorer la productivité de l’agriculture. Ainsi, Aegilops tauschii est un cousin du blé, présent en Syrie et Irak, qui est résistant à la mouche de Hesse, le principal ravageur des cultures de blé dans le monde entier.

Présente également au Liban (mais aussi dans une bonne part de l’Europe et en France) Beta maritima est une proche de la betterave sucrière qui vit sur les cordons de galets et est donc résistante à la sécheresse et aux milieux salés.

L’inventaire mondial met l’accent sur des caractéristiques qui pourraient fortement augmenter les rendements des principales plantes qui nourrissent le monde. Présent dans les milieux naturels de la péninsule indienne, Oryza coarctata est ainsi un riz sauvage résistant au sel, une caractéristique recherchée alors que de nombreuses rizières font face à une salinisation des eaux par surexploitation des nappes souterraines et montée du niveau des mers.

Les progrès de la génomique font désormais espérer que ces caractères de résistance puissent être transmis aux plantes cultivées. C’est pourquoi la conservation des espèces archaïques devient un enjeu crucial. La FAO mène un programme mondial, le Global crop diversity fund fund dont l’emblème est la réserve mondiale de semences du Svalbard (Norvège). Mais pour Nigel Maxted "s’il est très important que nous conservions ces espèces dans des banques de gènes sécurisées, il est cependant essentiel de les conserver dans leur habitat naturel où elles vont continuer à s’adapter aux changements du climat et aux maladies et ravageurs".

Sciences et avenir 13/9/2014

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