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Guyane : Accéder à une biodiversité inconnue à 50 mètres du sol

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Un nouveau dispositif en Guyane permet d'accéder plus facilement aux sommets des arbres où réside un écosystème encore mal connu.

Il se balance entre ciel et enfer vert dans sa petite nacelle au-dessus de la canopée, butinant ici et là insectes, fleurs ou feuillage, au sommet des immenses arbres: le funambule est chercheur au CNRS et vient d'inaugurer par sa démonstration aérienne le centre d'étude de la biodiversité amazonienne, au coeur de la Guyane française.

 Philippe Gaucher, chercheur au CNRS se déplace au-dessus de la canopée, lors de l'inauguration du centre d'étude de la biodiversité amazonienne, juin 2013 (c) Afp

Le COPAS ("Canopy operating permanent access system"), un dispositif d'accès permanent à la canopée tropicale pour les chercheurs du monde entier, n'a pas d'équivalent dans le reste du monde.

Ce mode d'accès à la canopée, qui recèle à plus de 50 mètres de hauteur toute une biodiversité encore mal connue et un écosystème unique, a été conçu par le Centre National de la Recherche Scientifique, au coeur de la réserve naturelle de Nouragues, à une centaine de km au Sud de Cayenne.

Il n'est accessible que par pirogue ou hélicoptère. La première route bitumée est à 50 km et il n'y a pas de piste carrossable. La sylve tropicale qui semble impénétrable résonne de mille cris, stridulations d'insectes ou fracas de cascade quand une puissante averse tropicale fond sur le paysage. La chaleur humide est étouffante.

S'étendant sur 1,5 hectare, le dispositif est composé de trois tours de 45 m de haut, distantes de 180 m et reliées entre elles par un système de câbles permettant à un scientifique de se déplacer en 3 dimensions dans la canopée.

Le botaniste, physiologiste, agronome ou entomologiste, accroché à son filin d'acier, peut ainsi, équipé d'un boîtier de commande, non seulement se déplacer dans les 4 points cardinaux, mais aussi descendre au coeur même de la canopée, dans le feuillage et branchage des grands arbres pour y prélever ce qu'il recherche.

"Le site a été choisi par son éloignement de l'infuence des activités humaines et en bordure de la rivière Arataï", a expliqué à l'AFP, Philippe Gaucher, directeur technique de la station. Le système COPAS est pérenne et non intrusif, comparativement aux autres dispositifs d'échantillonage de la canopée (grues, radeau des cimes...) qui existent dans le monde".

"La forêt primaire est intacte. L'étude des mousses et des lichens, très abondants dans cette zone très humide où le brouillard est fréquent, va sans nul doute faire avancer la recherche sur la complexité des écosystèmes dans la forêt tropicale humide".

Composée de deux sites d'hébergement spartiate dans des carbets (habitat traditionnel en bois au toit de tôle et ouvert à tous les vents), la station de Nouragues peut accueillir quelque 200 scientifiques du monde entier chaque année.

Mais c'est une véritable aventure teintée de sacerdoce pour un chercheur que de venir y exercer ses talents. C'est avec la foi du charbonnier qu'il doit subir un climat très éprouvant, des insectes aussi divers que variés mais avec le même appétit pour le sang humain, et enfin un complet isolement (hormis internet aléatoire et téléphone satellite).

En survolant en hélicoptère l'immense océan végétal qui moutonne à perte de vue, traversé par de petits cours d'eau boueuse, on aperçoit ici et là, comme des plaies dans la forêt, sous la forme de grandes mares d'une eau jaunâtre et stagnanteCe sont des sites abandonnés ou en activité d'orpailleurs clandestins venus du Brésil.

"De temps en temps, une pirogue arrive à la station, raconte Philippe Gaucher. Ce sont de pauvres bougres qui nous demandent des cigarettes ou des dons insignifiants. Nous leur donnons. Ils ne sont pas gourmands. Ils repartent aussitôt que satisfaits vers leur destination cachée que nous ne voulons pas connaître".

Sciences et avenir 30/9/2014

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