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Ce champignon qui menace tritons et salamandres

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Un champignon d'origine asiatique pourrait décimer ces amphibiens. Il progresse à travers l'Europe et touchera bientôt les Etats-Unis.

Depuis l'année dernière, au Pays-Bas, une épidémie mystérieuse a provoqué un déclin rapide des populations de salamandres et de tritons. Une équipe internationale a étudié le pathogène en cause et lance une alerte concernant sa probable introduction aux Etats-Unis. Ils appellent à prendre des mesures urgentes pour le contenir. 

 Une salamandre de feu infectée, des lésions sont visibles autour des yeux. Frank Pasmans

Les investigations menées par les scientifiques sur plus de 5.000 amphibiens dans le monde ont permis d'identifier le responsable de cette épidémie. Il s'agit d'un champignon baptisé Batrachochytrium salamandrivorans. Il est originaire d'Asie du sud-est et y existe probablement depuis plusieurs millions d'années. Son existence est mentionnée pour la première fois en 1861 en Thaïlande, au Viet-nam et au Japon. Il n'est pas pathogène pour les espèces locales qui sont infectées sans contracter de maladie.

En revanche, les espèces européennes et américaines, qui n'ont pas été en contact avec le champignon et n'ont donc pas pu fabriquer d'anticorps contre lui, développent une maladie mortelle une fois infectées. Selon les chercheurs, qui publient leurs résultats dans la revue Science, seuls les salamandres et les tritons sont menacés, les autres amphibiens ne semblent pas sensibles à ce champignon. Il est très virulent avec une mortalité de 100% pour certaines espèces de tritons.

Les analyses ont confirmé l'arrivée récente (l'année dernière) en Europe de Batrachochytrium. Actuellement il n'a été retrouvé qu'aux Pays-Bas et en Belgique mais l'épidémie continue de se propager. Une des premières victimes est la salamandre tachetée, dont l'extinction est évoquée. Les Etats-Unis et le reste du continent Nord-Américain sont pour l'heure indemnes mais le risque d'une introduction du champignon y est très élevé. Il a sans doute voyagé avec des animaux importés pour le commerce depuis l'Asie. Salamandres et tritons constituent en effet une part importante des ventes des animaleries depuis que les NAC (nouveaux animaux de compagnie) sont en vogue. 

 Une mortalité de 100% pour le triton à taches rouge. Nicholas Caruso.

Les scientifiques lancent une alerte afin d'établir d'urgence des mesures de surveillance des animaux importés même si la tâche apparait démesurée. Pour le seul triton à ventre de feu (Cynops orientalis), qui vient de Chine, les estimations indiquent que plus de 2 millions d'individus potentiellement porteurs sains du champignon ont été introduits aux Etats-Unis entre 2001 et 2009.

Des tests en laboratoire ont montré que la mortalité était aussi de 100% pour de nombreuses espèces américaines volontairement infectées. Les chercheurs redoutent une épidémie majeure qui provoquerait l'extinction de plusieus amphibiens qui font par ailleurs face à de nombreuses autres menaces.

Sciences et avenir 31/10/2014

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Un champignon qui décime les amphibiens dans le monde avait jusqu’à présent épargné Madagascar. Il a finalement été détecté sur l’île rouge et fait peser de lourdes menaces sur les centaines d’espèces endémiques.

L’île de Madagascar, point chaud de la biodiversité planétaire, était jusqu’à l’année dernière épargnée par le champignon Batrachochytrium dendrobatidis (Bd) qui fait des ravages chez les amphibiens d’Amérique du Nord, d’Amérique Centrale et d’Australie. Mais une étude récente sonne l’alarme : Batrachochytrium a été identifié dans cinq régions différentes de l’île. Des mesures de préservation urgentes s’imposent.

"C’est une triste nouvelle pour les amis des amphibiens à travers le monde. D’une part, une île qui possède un grand nombre d'espèces endémiques d’amphibiens est menacée. D’autre part, cela signifie aussi que si l’agent pathogène est arrivé de lui-même sur une île isolé, il peut et va se manifester partout" explique Dirk Schmeller du Centre Helmholtz pour la recherche environnementale (UFZ), en Allemagne.

 Une grenouille endémique dans le Parc national de Ranomafana. Miguel Vences / UT de Brunswick

Batrachochytrium dendrobatidis provoque chez les amphibiens une maladie de la peau, la chytridiomycose. Or, la peau est un organe vital pour ces animaux qui assurent une partie de leurs échanges gazeux par son intermédiaire. En s’attaquant au derme, Batrachochytrium perturbe ces échanges avec l’extérieur et conduit à un ralentissement mortel du rythme cardiaque des grenouilles et crapauds.

Une étude de l’UFZ et d’autres Instituts, publiée en ligne sur le site de la revue Nature, indique que depuis 2010 l’agent pathogène a été identifié sur des amphibiens dans cinq régions différentes de Madagascar. "Le champignon a infecté les quatre familles indigènes de grenouilles de Madagascar. Cela montre son pouvoir pathogène. C’est un choc !" constate Miguel Vences de l’université technique de Brunswick. Autre sujet d’interrogation : le champignon a été retrouvé dans un coin isolé. Aussi les scientifiques se demandent s’il ne s’agirait pas là d’une souche indigène pour laquelle les amphibiens de la région auraient développé une résistance. Il s’agirait alors d’une bonne nouvelle. Mais le parasite aurait aussi pu être importé par des oiseaux migrateurs ou accidentellement par l’homme.

À dire vrai, il pourrait même y avoir plusieurs souches de Batrachochytrium sur l’île dont la plus mortelle. "Il n’y a pas encore eu à ce jour d’extinction massive à Madagascar. Malgré tout, la propagation de l’agent pathogène semble varier fortement d’une région à l’autre. Il se peut que plusieurs souches soient présentes. Cela montre à quel point il est important de pouvoir isoler et analyser génétiquement l’agent pathogène, ce qui, jusqu’à présent, n’a pas encore été réussi" ajoute Dirk Schmeller.

Pour lutter contre la propagation du champignon, les scientifiques appellent à multiplier les observations et les prélèvements sur la peau des amphibiens. Et ce sur l’ensemble de l’île. Ils proposent également de construire en urgence, pour les espèces clés, des stations d’élevages afin de pouvoir, en cas de situation de crise, faire se reproduire assez d’animaux pour repeupler l’habitat.

 Lieux de détection d'amphibiens infectés. Nature.


"Nous espérons aussi pouvoir réprimer le développement de l’agent pathogène Bd à l’aide de bactéries de la peau", pense Miguel Vences. Elles pourraient être appliquées sous forme de crème sur la peau des grenouilles d’élevage. D’autres possibilités sont évoquées comme introduire une plus grande diversité bactérienne dans les eaux, une technique qui permet de réduire le potentiel infectieux du champignon. Là aussi cela concerne les nurseries.

Avec l’irruption de l’épidémie de chytridiomycose à Madagascar, c'est plus 7 % des espèces mondiales d’amphibiens qui sont menacées (données de l’Amphibian Survival Alliance, ASA). Elles affrontent par ailleurs de nombreuses autres menaces liées aux changements climatiques et à la raréfaction des écosystèmes propices à leur développement. Deux virus émergents en Europe sont également étroitement surveillés car ils ont déjà décimé trois espèces en Espagne.

Voir aussi ICI des informations complémentaires.

Sciences et avenir 6/3/2015

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