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BelleMuezza

Filouse, élue vache de l'année : star du salon de l'agriculture 2015

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La tête d'affiche du prochain salon de l'agriculture se prénomme Filouse. Une équipe de France 3 est allée à sa rencontre.

Le traditionnel Salon de l'Agriculture se tiendra fin février à Paris. Filouse en sera la vedette. La nouvelle égérie a été choisie à Wemaers-Cappel dans le Nord-Pas-de-Calais. Sélectionnée par le Comité régional de promotion de la race des Rouges de Flandre, Filouse fait aujourd'hui la fierté de son propriétaire.



"C'est une passion que j'ai héritée de la famille de mon épouse et donc aujourd'hui, on tient fièrement la troisième génération. On a la chance d'avoir nos enfants derrière nous pour, je pense, continuer dans le même sens" explique au micro de France 3 Dominique Macke, éleveur de Rouges Flamandes.

Filouse vient d'une race laitière, autrefois menacée d'extinction. Elle fait à présent l'objet de toutes les attentions. Dans trois mois, elle aura l'infime honneur de représenter sa race à Paris, mais aussi dans toute la France.


La rouge flamande, ou rouge du Nord, est une race bovine française. Elle appartient au rameau rouge de la Baltique. Elle semble être venue du nord-est de l'Europe par l'Allemagne et la Belgique au cours du Moyen Âge. Elle était issue de trois populations proches, la berguenarde ou race de Bergues, la casselloise et la bailleuloise ou race de Bailleul. Au début du XIXème siècle, la robe était rouge acajou très sombre, parfois noire et des marques blanches fréquentes sur la tête.  La sélection ayant conduit à la race actuelle a éliminé les marques blanches et la robe s'est éclaircie sous l'action de la rouge danoise. A cette même période,  d'autres vaches rouges moins performantes ont été absorbées par la flamande. Il s'agit de races cousines, comme l'artésiennne, la boulonnaise, la saint-pôlaise, ou la maroillaise. 

 Fpiedanna CC BY-SA 3.0


Cette race figure parmi les plus anciennes de France. Son livre généalogique a été ouvert en 1886 à Bergues (Nord). Le cheptel, qui était l'un des plus importants de France au début du XXème siècle a fortement décliné. Elle a subi des pertes très importantes sur son troupeau au cours de la Seconde Guerre mondiale, tant du fait des bombardements que des réquisitions. Elle a reçu d'importants apports, de l'ordre de 20 %, de sang de rouge danoise à partir de 1965 et il ne reste rien ou presque rien de la flamande originelle. 

Un plan de sauvegarde de la race a été lancé en 1977. L'effectif est aujourd'hui stabilisé avec environ 3400 vaches et 56 taureaux disponibles en insémination artificielle. Il existe également une petite population de flamande originelle qui a subi peu de croisements. Il en reste moins de 140 vaches. Elle risque de disparaitre, fondue dans le reste de la population.

C'est une race hautement spécialisée pour le lait. La production moyenne s'établit à 6 600 kg de lait par lactation, avec un taux de matière grasse de 40,2 g/l et de protéines de 32,6 g/l. Son lait, grâce à sa richesse en protéines, est à la base de la production de certaines spécialités fromagères régionales : maroilles, bergues, mimolette, mont des Cats. La vache  appelée Victorieuse, de race rouge flamande, fut la première vache française à franchir, dans les années 1930, la barre des 10 000 kg de lait dans une seule lactation.

Elle est appréciée aussi pour sa longévité reconnue, et pour sa production de viande. Elle est également de plus en plus utilisée dans le nord de la France pour la gestion de milieux naturels (comme les highlands cattles) ou des propriétés communales.


Francetv info 9/12/2014 - Wikipedia

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Le Salon de l'Agriculture ouvrira ses portes demain, samedi 21 février. Particulièrement attendue, Filouse, l'égérie cette année.

"L'égérie du Salon de l'Agriculture de cette année, Filouse, n'est pas encore arrivée", annonce la journaliste Emmanuelle Mesplede, en direct du Salon de l'Agriculture, Porte de Versailles, au micro de France 2. 



La vache laitière rouge flamande est très attendue, c'est l'égérie bovine du 52e Salon international de l'Agriculture qui démarre samedi. "Elle a même droit à un box privé, rien que pour elle", nous apprend la journaliste. Emmanuelle Mesplede explique qu'elle vient du Nord-Pas-de-Calais.

La majorité des 4 000 animaux qui seront présents sur le Salon devrait arriver tout au long de la journée.

"Le programme de ce vendredi, ça va être le nettoyage des box, les derniers coups de brosse" déclare la journaliste.

L'an dernier, 700 00 personnes avaient foulé les allées de la plus grande ferme de France.


Francetv info 20/2/2015

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Cette année de nombreuses nouveautés vous attendent sur le Salon International de l’Agriculture ! Une raison de plus de ne pas le manquer !

Cette année, le Salon laisse une place encore plus grande aux animaux :

-  Les moutons, les chèvres, les porcs, les vaches, les veaux et les taureaux seront tous dans le Pavillon 1.

- Les chevaux, ânes et poneys seront dans le Pavillon 7.1 ;

- vous retrouverez les chiens et les chats dans le Pavillon 5.3 ;

- et la basse-cour sera dans le Pavillon 4 !

Le Salon ouvrira tous les jours de 9h à 19h et pour la première fois, il ouvrira jusqu’à 20h le mercredi et le jeudi !

Plus de temps pour une visite encore plus intense, plus de temps pour faire encore plus de découvertes ! A noter dans vos agendas, il n’y aura plus de nocturne cette année. Vous pouvez donc organiser votre visite autrement.

La thématique de cette année est « l’Agriculture en mouvement ». Dans un monde de consommateurs de plus en plus exigeants où la qualité est plurielle, les agriculteurs avancent pour relever les nouveaux défis qui se présentent à eux. Une agriculture en mouvement pour mieux manger…pour préserver la planète…tout en innovant ! Le Salon abordera ce thème à travers les sujets économiques, sociétaux et techniques essentiels du secteur.  

Les tarifs

Plein tarif 13 € TTC - Enfants de 6 à 12 ans 6 € TTCAutres


Accès en transports en commun :


Métro : Ligne 12 : Station "Porte de Versailles", cette ligne dessert les gares Montparnasse et St Lazare. Ligne 8 : Station "Balard".

TramwayLigne T2 : Arrêt "Porte de Versailles" - Ligne T3a : Arrêt "Porte de Versailles".
 
BusLigne 80  : Arrêt "Porte de Versailles" - Ligne 39 : Arrêt "Desnouettes" ou "Porte d'Issy".

Rechercher son itinéraireVoir les parcours de visite du salon.

Salon de l'Agriculture 2015

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A l'occasion du Salon de l'agriculture, francetv info est allé à la rencontre d'agriculteurs qui ont été sous le feu des projecteurs.

Pour un agriculteur, Paul François a un agenda de ministre. Par chance, il n'a jamais eu besoin de beaucoup de sommeil. Le céréalier parcourt des milliers de kilomètres par an, et passe presque autant de temps à Paris que dans sa ferme. Il reçoit le visiteur dans cette bâtisse proprette, avec ses dépendances aux murs de vieilles pierres, à l'entrée de Bernac, un petit village de Charente, entre Poitiers et Angoulême.

 Le céréalier Paul François dans un de ses champs, à Bernac (Charente), le 17 février 2015. (BENOIT ZAGDOUN / FRANCETV INFO)

Habillé d'un camaïeu de gris assorti à ses cheveux poivre et sel, le quinquagénaire parle d'une voix rapide et passionnée de sa bataille judiciaire contre Monsanto. De son combat pour les agriculteurs victimes, comme lui, des produits phytosanitaires. Et de sa lutte contre l'agriculture intensive nourrie aux pesticides.

Paul François a cessé d'en manipuler depuis bientôt onze ans. Depuis le 27 avril 2004, précisément. Ce jour-là, il vient d'épandre du Lasso, un puissant herbicide, sur son champ de maïs. Il ouvre la cuve de son pulvérisateur et se penche pour vérifier qu'elle est vide. Mais l'engin est resté au soleil tout l'après-midi et sous l'effet de la chaleur, le liquide s'est évaporé. Paul François inhale le gaz toxique. La suite ? Une amnésie de onze jours, de redoutables migraines, des comas à répétition, cinq mois d'hospitalisation et neuf mois d'arrêt de travail.

Aujourd'hui, il évoque ses séquelles avec pudeur. A 51 ans, il souffre de lésions neurologiques, immunitaires et rénales, de problèmes d'élocution, de douleurs dans les membres et toujours de terribles maux de tête. Son taux d’incapacité est de 40%, et il doit passer un check-up complet tous les six mois. "Il y a des jours où je ne peux pas travailler", dit-il sans s'apitoyer. "Je vis avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête, mais je n’y pense pas en me réveillant chaque matin." Il sort sur le pas de la porte donner des consignes à ses deux ouvriers agricoles. Il faudrait traiter un champ, mais aujourd'hui, il y a trop de vent.

"Pragmatique avant tout", il a organisé sa succession, "comme si tout pouvait s’arrêter demain". Ses deux filles étudiantes ne se destinent pas à devenir agricultrices, mais l'aînée sait déjà qu'elle reprendra la gestion de l'exploitation. Dans la grande cuisine, les bûches crépitent dans le poêle à bois. Le téléphone allumé sur la table, Paul François participe par textos à une réunion.

Paul François est un battant. Son premier combat a été la reconnaissance de ses maux comme maladie professionnelle par la Mutuelle sociale agricole (MSA). Il l'a remporté en 2010, au bout de cinq longues années de procédure. En parallèle, il s'est lancé dans une bataille d'une toute autre ampleur : attaquer en justice le fabricant du Lasso, le géant américain Monsanto.

En février 2012, en première instance, Monsanto a été jugé responsable de son intoxication et condamné à l'indemniser. Une expertise médicale doit évaluer le montant du préjudice. Monsanto décide de faire appel.

"Cela a a été très dur, mais je n'avais encore rien vu, confie l'agriculteur. Pendant l'expertise, les avocats de Monsanto ont refait le procès, mettant en cause ma bonne foi, contestant toutes les décisions devant le tribunal. C'est une pression énorme, psychologique et financière. Tous les frais de justice sont à ma charge. Cela représente plusieurs dizaines de milliers d'euros." Ses avocats l'avaient mis en garde. Il s'exposait à dix à quinze années de procédure. Il s'en approche. L'affaire revient devant le tribunal le 28 mai prochain.

Paul François est devenu agriculteur "un peu par défaut" en travaillant dès 14 ans dans la ferme de ses parents. "Je n'ai pas été très longtemps à l'école, je n'aimais pas ça. J'ai bac moins 5", plaisante-t-il. En 1987, il s'est installé à quelques champs de là. Il a débuté avec 20 hectares. Il en gère aujourd'hui 400 avec son associé. "J'ai tout fait à la force du poignet", s'enorgueillit-il. Sous les appentis, devant et derrière le corps de ferme, des tonnes de maïs séchés sont entreposées.

Paul François est à la tête d'une grosse exploitation. "J'ai cru à cette agriculture intensive. J'étais formaté, un pur produit du tout-chimique. Je considérais qu'on ne pouvait pas se passer de ces produits qui apportaient une solution à tout", confesse-t-il. Mais dès les années 1990, "le modèle montre ses limites". La monoculture et les produits phytosanitaires épuisent les sols. Les rendements stagnent. Il décide de réduire les doses dans "une démarche purement économique".

 Paul François dans l'un de ses champs, à Bernac (Charente), le 7 novembre 2008. (NOSSANT / SIPA)

"Il m'a fallu dix ans pour ramener de la vie dans le sol. Je sais combien il est difficile de sortir de ces méthodes-là", déplore-t-il. "Il m'a fallu ce que j'ai vécu pour comprendre que tous ceux qui nous disaient : 'On ne peut pas faire autrement' étaient ceux qui en profitaient".

Désormais, il a diminué "de façon drastique" le recours au chimique. Il a remplacé les sempiternels maïs, blé et colza par une douzaine d’espèces végétales cultivées en alternance, réintroduit des engrais verts, fumier, paillage et couverts végétaux, qui apportent de l'azote et font vivre le sol. Sa coopérative agricole, elle aussi, a réduit la dose, et sélectionne les produits les moins toxiques possibles.

Cette "agriculture durable", il la prêche dans les lycées agricoles. "Je leur dis : 'Vous avez l’un des plus beaux métiers du monde entre les mains. Ma génération a été stigmatisée. On nous disait qu’on vivait des subventions de la PAC. Et maintenant, nous sommes les empoisonneurs. Retrouvez cette fierté d’être agriculteurs, parce que nous, on rase les murs.'"

Cette année, il va passer une centaine d'hectares en agriculture biologique. "Ce n'est pas un petit challenge, reconnaît-il. L'agriculture biologique est beaucoup plus technique". Il le fait par conviction et par intérêt. Parce qu'il est dans une zone semi-urbaine et qu'il ne peut pas utiliser de produits chimiques trop près des habitations.

Il reste encore des produits phytosanitaires sur son exploitation. Ils sont stockés dans un conteneur à l'arrière de la ferme, à côté du hangar des engins agricoles. Ses employés n'y touchent pas sans avoir revêtu leur tenue de protection, gants, bottes et masque intégral. 


 Un écriteau met en garde contre les dangers des produits stockés dans le local phytosanitaire de l'exploitation de Paul François, à Bernac (Charente) le 17 février 2015. (BENOIT ZAGDOUN / FRANCETV INFO)

Avec d'autres victimes des produits phytosanitaires, il a créé, en 2011, une association, Phyto-Victimes, pour venir en aide aux agriculteurs atteints de Parkinson, de lymphomes et de cancers après avoir été exposés, souvent de longues années, aux produits phytosanitaires. Il veut éveiller les consciences.

"Des agriculteurs ont perdu la santé et se retrouvent dans un gouffre financier, et on les laisse crever la gueule ouverte", s'insurge-t-il, renvoyant industriels et politiques dos à dos. "On a parfois travaillé n'importe comment avec ces produits, c'est vrai. Mais on a fait avec les préconisations qu'on avait. Et les pouvoirs publics ont fait preuve de laxisme." Le Lasso n'a été interdit qu'en 2007 par la France, alors que le Canada et le Royaume-Uni l'avaient banni depuis 25 et 15 ans.

"Les produits les plus dangereux ont été retirés, mais ceux qui restent entre les mains des agriculteurs sont bien trop nombreux. Il faut une politique d'élimination très rapide", lance-t-il, pointant les carences du plan Ecophyto. Il met en garde contre une bombe à retardement : "Les agriculteurs qui ont aujourd'hui entre 40 et 70 ans sont la génération qui aura utilisé la plus grande quantité de produits et le plus de molécules différentes".

En 2014, il a été décoré de la Légion d’honneur, à sa "grande surprise". "J’ai mis longtemps à savoir si j’allais l’accepter, assure-t-il. Je l’ai acceptée au nom de mon combat et de mon association. Et aussi pour dire aux politiques : 'Vous me l’avez donnée, alors maintenant, vous allez m’écouter.'"


Il faut changer notre agriculture dans sa globalité. Il faut retrouver le bon sens paysan. Ce n’est pas rétrograde. Au contraire, c’est l’avenir. Déclaration de Paul François à francetv info



Francetv info 23/2/2015

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A l'occasion du Salon de l'agriculture, francetv info est allé à la rencontre d'agriculteurs qui ont été sous le feu des projecteurs.

En entrant, l'odeur acide de moût de raisin saisit le visiteur. Le rez-de-chaussée est envahi de cartons de bouteilles prêts à être expédiés. Le vin vieillit dans les petits fûts de chêne alignés dans la cave. A l'étage, sous les toits, après le dortoir des vendangeurs et la cuisine où chauffe une cafetière, le bureau, encombré de documents.

 Le viticulteur bio Emmanuel Giboulot, le 12 février 2015, dans une de ses vignes cultivées en biodynamie, à Beaune (Côte-d'Or). (BENOIT ZAGDOUN / FRANCETV INFO)

Le domaine Emmanuel Giboulot n'a rien d'un imposant château en pierre de Bourgogne, planté au milieu de ses vignes. C'est un bâtiment discret aux portes lie-de-vin, construit au bord de la voie ferrée, à Beaune (Côte-d'Or). Pourtant, "le nom a fait le tour de la planète", constate son propriétaire. Car le vigneron quinquagénaire a été le héros d'un feuilleton judiciaire, érigé en combat écologique contre les pesticides.

En mai 2013, ce viticulteur bio a refusé de traiter à titre préventif les 10 hectares de chardonnay et pinot noir qu'il cultive en biodynamie, c'est-à-dire en suivant des principes naturels et les rythmes terrestres. Le préfet l'ordonnait pour lutter contre la flavescence dorée, une maladie contagieuse mortelle pour la vigne. Cette décision lui a valu un procès très médiatisé qu'il a fini par remporter en avril 2014.

Emmanuel Giboulot parle d'une voix douce et posée, qui contraste avec sa grande silhouette, vêtue d'une parka rouge pétant et d'un pull vert fluo. Au mur de la cuisine, deux décorations illustrent ses convictions : l'affiche du documentaire de Jonathan Nossiter Résistance naturelle, et un poème de Goethe intitulé Le Pouvoir de l'engagement.  

 Un ouvrier agricole travaille dans une vigne du domaine Emmanuel Giboulot, cultivée en biodynamie, à Beaune (Côte-d'Or), le 12 février 2015. (BENOIT ZAGDOUN / FRANCETV INFO)

Si son combat a porté ses fruits, il a aussi eu un effet pervers. Auparavant, pour justifier la prise d'un arrêté préfectoral, il fallait démontrer un caractère d'urgence. Et une fois promulgué, l'arrêté devait être transmis au ministre de l'Agriculture pour validation. Depuis l'affaire Giboulot et la loi d'avenir agricole de 2014, ce n'est plus le cas, ces précautions sont tombées.

"Ces évolutions peuvent conduire à un ensemble de dérives. On peut avoir des obligations de traitement dans n'importe quelles circonstances, sans aucun recours possible", accuse le viticulteur. Et il conclut, ironique : "Finalement, j'ai fait la promotion d'un texte beaucoup plus libéral".

Le téléphone sonne. Un ami vigneron italien veut l'inviter à un salon du vin bio en Italie. Il rechigne. Des sollicitations comme celle-ci, il en reçoit énormément désormais. D'autres qui l'avaient soutenu pendant son procès voulaient organiser des "Giboulot de mars" - une manifestation contre les pesticides - à Paris. Il n'a pas donné suite. Emmanuel Giboulot revendique le titre de "lanceur d'alerte" mais pas celui de "porte-drapeau".

"Je n'avais pas imaginé que le sujet puisse être aussi fédérateur", admet-il. "Les pesticides sont un problème de société. Leur présence dans notre alimentation, dans l'environnement, leur impact sur la santé, sont des choses dont les consommateurs ont de plus en plus conscience".

"En France, on est champion du monde de la consommation de pesticides. En 70 ans d'agriculture intensive, on a réussi à polluer 90% des rivières d'Europe, on a un écosystème qui se dégrade, des espèces qui sont menacées, une population d'abeilles qui s'est réduite d'un tiers", liste le viticulteur. Et il lance un avertissement.

Ici, aucun produit chimique de synthèse mais des tisanes de plantes pour soigner la vigne, des composts naturels et un peu de fumier en guise d'engrais... Pas de désherbant non plus. Au pied de ses ceps, la terre reste couverte d'un tapis végétal.

En redescendant de ses vignes, Emmanuel Giboulot désigne avec satisfaction les vignobles qui pratiquent cet enherbement que les viticulteurs jugent bénéfique pour la vigne. Ils sont de plus en plus nombreux depuis une dizaine d'années. Le bio aussi gagne de terrain. Les vignes bio représentent désormais environ 8% du vignoble bourguignon, rappelle France 3, et classent la Bourgogne dans le top 5 des régions vinicoles bio, selon Les Echos.

"Notre rôle, c'est de chercher un équilibre entre la nature et la production agricole qui la contrarie, de s'associer aux phénomènes naturels pour qu'ils soient nos alliés, qu'ils nous permettent de produire en les respectant le plus possible", argumente le vigneron.

 Un ouvrier taille la vigne dans une parcelle du domaine Emmanuel Giboulot, cultivée en biodynamie, à Beaune (Côte-d'Or) le 12 février 2015. (BENOIT ZAGDOUN / FRANCETV INFO)

Sur la montagne de Beaune où pousse sa cuvée chérie, la Combe d'Eve, Emmanuel Giboulot raccroche d'un geste rapide les fils de fer qui soutiennent les sarments à leurs piquets. Dans les vignobles environnants, les ouvriers s'activent. L'hiver est la saison de la taille de la vigne. Les sarments coupés sont brûlés dans des brouettes. Leur fumée se mêle à la brume matinale.

Chez les Giboulot, le bio est une histoire de famille. "A la fin des années 1950, mon père a été le premier à utiliser du désherbant dans son village, à mettre de grosses doses d'engrais. Il vivait dans cette idée que l'agriculture moderne était liée à l'utilisation de pesticides. Mais rapidement, il a vu qu'il mettait toujours plus d'engrais, sans avoir forcément plus de rendements. Et il a pris conscience de la dangerosité des produit".

"Au début des années 1970, mon père s'est converti à l'agriculture biologique dans un premier temps, et aux pratiques biodynamiques ensuite. Au début, ça a été assez compliqué, les rendements étaient dramatiques, mais il s'est accroché. Quand j'ai commencé la viticulture, en 1985, il m'est apparu évident que c'était dans cette voie-là que je devais m'inscrire."

 Des vignes à perte de vue, à l'entrée de Beaune (Côte-d'Or), le 12 février 2015. (BENOIT ZAGDOUN / FRANCETV INFO)

Au fil des années, Emmanuel Giboulot a constitué son domaine en rachetant des parcelles. Côtes-de-beaune, hautes-côtes-de-nuits, mais aussi saint-romain ou rully... Ses vignes produisent entre 35 000 et 40 000 bouteilles par an. Mais depuis 2012, sa production a chuté. Ces trois dernières années, les orages de grêle ont détruit 40 à 60% de ses récoltes.

La médiatisation lui a fait vendre "entre 100 et 200 bouteilles" au cours des dégustations organisées avec son comité de soutien, chiffre-t-il. Depuis, "ça a presque eu l'effet inverse", assure-t-il. "Comme le nom a fait le tour de la planète, beaucoup de gens pensent qu'on n'a plus de vin à vendre. Ils nous demandent du bout des lèvres : 'Est-ce qu'il vous reste encore un peu de vin ?'" 


Francetv info 22/2/2015

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