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birdy1972

Exodus : quels seraient les effets d'une éruption volcanique "mondiale"

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Si l’explosion du Santorin vers 1650 av. J-C a pu servir d’inspiration au mythe des "10 plaies d’Egypte", Sciences et Avenir s'est demandé ce qu’ont pu voir ou ressentir les contemporains des Egyptiens ?

Quels seraient les effets d'une éruption volcanique "mondiale" ? Dario Lopez-Mills/AP/SIPA

Si l’explosion du Santorin vers l’an 1650 avant notre ère a pu servir d’inspiration au mythe des "10 plaies d’Egypte" ainsi que d’ailleurs à celui de l’Atlantide ou du Déluge, il pourrait être intéressant de s’interroger sur les répercussions d’une éruption aussi gigantesque à l’ensemble de la planète : qu’ont pu voir ou ressentir alors les contemporains des égyptiens ? Pour en avoir une petite idée, il est nécessaire d’accomplir un bond dans le temps et de s’intéresser à un événement cataclysmique d’ampleur comparable s’agissant de la puissance et du volume de particules libérées, mais beaucoup plus récent et donc mieux documenté.

Le 5 avril 1815, le mont Tambora, volcan indonésien turbulent mais assagi depuis plus de 2000 ans, explose avec la puissance de près de 70.000 Hiroshima : 1.000 mégatonnes ! Détruisant les villages alentour, l’onde de choc provoque l’effondrement du volcan sur lui même et libère une colonne de cendres de 40 km de haut. Ce sera la plus puissante explosion jamais entendue d’oreille humaine, perceptible à 1.500 km à la ronde ! 11.000 personnes meurent dans l’explosion et les coulées de lave auxquels s’ajoutent bientôt 60.000 habitants de la région qui périssent des suites de tsunamis, de malnutrition ou d’épidémies consécutifs à l’éruption.

©️J.M.W. Turner, Michael Bockemühl, Taschen (Köln)

Mais, ce n’est pas tout. Quand les cendres crachées en haute atmosphère atteignent l’hémisphère Nord quelques semaines plus tard, c’est tout le climat qui se retrouve déréglé. 1816 sera surnommée "Année sans été" et sera  la proie de nombreuses incongruités climatiques, comme de la neige en juin et une baisse globale des températures de près de 1°C à l’échelle du globe. Les récoltes furent maigres cette année-là et de nombreux cas de famine apparurent un peu partout en Europe.

Sous nos latitudes, le ciel avait-il une teinte particulière suite à l’éruption indonésienne ? Il se pourrait bien que oui, s’il faut en croire certaines peintures de cette époque. Comme celles signées d’un grand maître de la couleur tel que l’anglais William Turner. Il a dépeint vers 1815 des couchers de soleil rouge-orangé caractéristiques d’une atmosphère chargée de particules en suspension. Ces dernières vont modifier le spectre lumineux du soleil tel que perçu par un oeil humain.



Pour autant, on peut se poser la question : l’œil du peintre est-il un instrument fiable ? Que valent au niveau de la justesse météorologique les toiles de Turner ou de Friedrich, autre peintre européen ayant rendu compte à son insu des conséquences du Tambora ? Autrement dit, peut-on mélanger art pictural et science et faire vraiment confiance à l’instinct visuel des artistes pour rendre compte d’un phénomène météorologique ou d’une pollution atmosphérique ?

Il semble bien que oui, à en croire l’expérience menée en 2014 par Christos Zerefos. Avec son équipe de l’université d’Athènes (Grèce), ils ont soumis un peintre grec réputé, Panayiotis Tetsis a une très jolie expérience. Il lui a été demandé de peindre un coucher de soleil au dessus de l’île grecque d’Hydra avant et après le passage d’un nuage de poussières venues du Sahara (illustration ci-dessus). Sauf que le peintre ignorait totalement que ce phénomène météorologique allait avoir lieu.

Pourtant, et c’est la conclusion surprenante de cette étude publiée dans la revue spécialisée Atmospheric Chemistry and Physics de mars dernier, ses œuvres ont rendu compte du changement atmosphérique. En effet, les données colorimétriques des toiles correspondent presque parfaitement à celles de l’atmosphère telles qu’enregistrées avec un appareil numérique !

Pas de doute, témoins involontaires de bouleversements climatiques, certains peintres classiques peuvent bien être considérés comme des archivistes fiables du temps passé.


S & A 3JAN2015

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