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Climat : comment l'océan Austral absorbe la moitié de nos émissions de CO2 ?

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Les eaux froides qui baignent l'Antarctique ont un pouvoir. Des scientifiques ont entrepris de comprendre d'où lui vient ce don précieux.

"Sans l'océan Austral, qui baigne l'Antarctique, la température moyenne à la surface du globe serait supérieure de 18 C°", lance l'océanographe Sabrina Speich. Cette phrase résume presque à elle seule l'importance de cet océan dans la régulation du climat terrestre :

- D'abord parce que, par sa situation géographique, il refroidit d'environ 2 °C plus de la moitié du volume total des océans terrestres qu'il connecte entre eux.

- Ensuite parce que ses eaux froides absorbent actuellement environ la moitié des émissions de CO2 d'origine humaine. Un impact qui n'est pourtant absolument pas proportionnel à sa taille...

Les scientifiques doivent mieux comprendre l'océan Austral afin de saisir en quoi le dérèglement climatique en cours va l'affecter. ©️ Hiroya Minakuchi / Minden Pictures / Biosphoto

Mais alors comment ? Les océans sont considérés comme un puits de carbone, autrement dit un réservoir naturel de stockage du CO2. Leurs eaux de surface sur environ 100 mètres absorbent naturellement ce gaz jusqu'à en être saturées. Cela arrive malheureusement relativement vite, à moins que ces eaux de surface ne plongent en profondeur, emportant avec elles leur CO2 et laissant place à des eaux capables d'en absorber à leur tour. Le hic, c'est que les eaux ne passent pas facilement de la surface aux grandes profondeurs. Il faut pour cela réunir des conditions bien particulières. Des conditions que l'on trouve justement dans l'océan Austral.

Sur les côtes de l'Antarctique, des eaux de surface plongent, avec leur CO2, à environ 4 000 mètres de profondeur, où elles peuvent ensuite rester piégées pendant plusieurs siècles. Et là où les eaux froides de l'océan Austral rencontrent des eaux plus légères venues des tropiques, celles-ci plongent aussi, mais un peu moins profond, vers 1 000 mètres, pour plusieurs dizaines d'années. Face aux dérèglements climatiques, en grande partie attribués aux rejets exponentiels du CO2 lié aux activités humaines, ces mécanismes nous sont plus qu'utiles.

Mais une question cruciale se pose : en quoi vont-ils être impactés par ces changements ? Vont-ils y résister ? Alors que, déjà, les scientifiques observent que les vents qui balayent la région sont plus forts qu'auparavant et intensifient les apports d'eaux profondes à la surface de l'océan qui libèrent alors le CO2 qu'elles avaient emmagasiné.

Pour répondre à ces questions, les scientifiques doivent mieux comprendre l'ensemble des phénomènes qui affectent cet océan polaire. En effet, c'est bien loin d'être le cas. Glacé, venté, isolé, l'océan Austral est, au contraire, très mal connu. Les expéditions océanographiques traditionnelles y sont coûteuses, dangereuses et, en tout état de cause, limitées au printemps et à l'été. Pourtant, les scientifiques savent que des mécanismes, comme celui de la plongée des eaux de surface en profondeur, varient dans le temps. Pourquoi pas en fonction des saisons ? Mais, pour le savoir, il faut pouvoir récolter des données de manière continue.

C'est ce qu'une équipe de chercheurs français emmenée par Stéphane Blain (laboratoire d'océanographie microbienne de l'université Pierre-et-Marie-Curie - UPMC-CNRS), Hervé Claustre (laboratoire d'océanographie de Villefranche-sur-Mer - UPMC-CNRS) et Sabrina Speich (laboratoire de météorologie dynamique de l'Institut Pierre-Simon Laplace -ENS-CNRS-UMPC-Polytechnique) a entrepris de faire.

Le Point 29/1/2015



Leur programme, baptisé Soclim, va consister, sur trois ans, à récolter et à analyser des données fournies par des robots flotteurs bardés d'instruments. Des machines capables de plonger à une certaine profondeur, de s'y maintenir par forte houle, de remonter pour envoyer le résultat de leurs mesures puis de redescendre travailler. Des sortes de sondes qui étudieront notamment les échanges de chaleur et de CO2 entre l'atmosphère et l'océan ainsi que les mécanismes de stockage du CO2. Depuis une semaine, déjà, les données ont commencé à affluer. Il faudra maintenant attendre environ un an avant que les conclusions des premières analyses ne soient tirées et divulguées.


Le Point 30/1/2015

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