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mustang91

La production de pétrole a contaminé des nappes phréatiques au Soudan du Sud

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Juba - L'exploitation pétrolière dans l'État d'Unité, au Soudan du Sud, a définitivement contaminé les nappes phréatiques d'une large zone bordant les zones marécageuses du Nil-Blanc, rendant inconsommable l'eau bue par plus de 180.000 personnes, selon une étude publiée jeudi à Juba par une ONG allemande.

Il y a un lien direct entre l'exploitation et la production pétrolière dans le nord de l'État d'Unité et la contamination de l'eau potable dans la zone, a déclaré jeudi à Juba le vice-président de l'ONG Sign of Hope (Signe d'espoir / d'espérance), Klaus Stieglitz.

L'ONG a effectué des prélèvements et mené des recherches depuis six ans, en coopération avec l'entreprise African Water, installée en Allemagne et au Soudan du Sud et spécialisée dans la recherche et la fourniture d'eau potable dans ce pays.

Nous pouvons prouver que l'eau potable dans plusieurs villages (...) est contaminée par des produits d'origine humaine issus des activités d'extraction du pétrole, a affirmé le Dr Hella Rueskamp qui a mené les recherches pour Africa Water. La nappe phréatique supérieure est polluée par l'infiltration lente d'eaux salées issues de la production de brut, arrivant régulièrement de bassins de stockage et de fosses de boues (de forage) au cours de la saison des pluies, poursuit-elle dans son étude, estimant qu'aucune autre source d'eau salée n'a pu être identifiée dans la zone.

Les compagnies pétrolières ne prennent aucune mesure de protection de l'environnement, stockant eaux usées et boues de forage - contenant des additifs chimiques - dans des bassins ou des fosses creusés directement dans le sol et non isolés et se débarrassent de leurs déchets de façon inappropriée, selon elle.

Depuis plusieurs années, la population (de la zone) se plaint d'un goût salé et amer de l'eau des puits, de maladies intestinales et d'une mortalité anormale du bétail, a poursuivi M. Stieglitz, les gens abandonnent leurs puits pour boire l'eau des marais impropre à la consommation. Selon lui, au moins 180.000 personnes, selon l'estimation la plus prudente, subissent les conséquences directes de la contamination des nappes, mais nous n'avons aucune étude médicale scientifique concernant les effets exacts de la contamination sur la population.

Le Dr John Ariki, géologue de l'Université de Juba, a critiqué les réticences des autorités sud-soudanaises à admettre les conséquences sur l'environnement de l'activité pétrolière. Les compagnies sont un lobby puissant, elles ne cessent de dire aux autorités qu'elles ne sont pas responsables du problème, a-t-il estimé, les communautés locales pleurent, mais aucune oreille n'écoute.


Romandie.com 26fév.2015

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Thar Jath (Soudan du Sud) (AFP) - Des flaques visqueuses d'un noir profond reflètent les cheminées éteintes qui émergent de hautes herbes folles, non loin de fûts abandonnés... L'usine de traitement de Thar Jath, à 500 kilomètres au nord de Juba, abandonnée et pillée, laisse échapper son pétrole.

Evacuée en hâte quelques jours après que le Soudan du Sud eut plongé dans la guerre civile en décembre 2013, cette Unité centrale de traitement recevait le pétrole des puits alentour, exploités par le consortium SPOC (Sudd Petroleum Operating Company), dirigé par le géant malaisien Petronas.


 
AFP AFP 3mar.2015



Par divers procédés physiques et chimiques, le brut y était séparé de l'eau salée et des additifs injectés dans les puits pour l'en extraire, avant de partir vers Heglig, plus au nord, puis vers Port-Soudan, au Soudan voisin, pour y être exporté.

Les bureaux sont jonchés de documents et classeurs. La salle de contrôle a été saccagée, les placards électriques forcés. Plus grave, à l'extérieur, des canalisations ont été déboulonnées, laissant échapper du brut, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Le pétrole brut représente 98% des ressources du jeune Soudan du Sud, indépendant depuis 2011. Selon les analystes, l'Etat septentrional d'Unité - où se trouve Thar Jath - ne pompe plus de pétrole et la production a chuté aussi dans l'autre Etat pétrolier du Haut-Nil (nord-est).

Impossible de savoir qui a mis à sac les installations. Il n'y a pas de trace de combats visible dans l'usine. Mais un puits voisin est marqué par des impacts de balles, où des munitions de divers calibres ont été abandonnées près de flaques de pétrole.

Thar Jath est sous contrôle des forces de "l'opposition", favorables à l'ancien vice-président Riek Machar, qui affrontent depuis décembre 2013 les troupes gouvernementales loyales au président Salva Kiir. Les rebelles accusent le camp d'en face du pillage. Impossible à vérifier.

"Nous sommes très inquiets (...) le pétrole fuit des installations de Thar Jath", explique George Gatloy Kong, un responsable de l'opposition dans l'Etat d'Unité.

Un entrelacs de tubes et de vannes baignent dans une huile noire épaisse et brillante, qui emplit aussi des rigoles de drainage à ciel ouvert. Une croûte noire pare la végétation autour des rigoles, signe qu'elles ont un temps débordé. Dans un immense réservoir, dont la trappe est ouverte, des milliers de litres d'une solution aqueuse trouble dégageant une forte odeur d'hydrocarbure.

Quelques miliciens armés de kalachnikov surveillent vaguement l'usine dévastée, parsemée de flaques d'huile. Sous un hangar, des bacs en plastique laissent échapper une boue séchée noire, alors que non loin des fûts de produits chimiques, certains ouverts, gisent dans l'herbe.

Cette situation "est très inquiétante", explique sur les lieux Klaus Stieglitz, vice-président de l'ONG Sign of Hope, car "la prochaine saison des pluies peut faire déborder du pétrole pour l'heure contenu". Selon lui, "le plus alarmant est la fosse remplie d'un hydrocarbure" indéterminé. Il s'agit d'une excavation grande comme un terrain de football derrière une clôture jouxtant l'usine. "C'est un important volume de pétrole ou d'eaux usées non isolé du sol" et qui s'y infiltre doucement, explique-t-il.

En cette fin de saison sèche, la végétation dense qui a envahi la centrale et ses abords inquiète aussi. "Ces herbes désormais sèchent peuvent facilement provoquer un incendie", d'autant que les populations locales utilisent le feu pour débroussailler, avertit le préfet adjoint du comté de Koch, Mathil Thay Woor.

Cette pollution "s'ajoute de façon dramatique à la contamination de l'eau potable" déjà constatée avant le conflit, souligne Klaus Stieglitz. Des prélèvements effectués par Sign of Hope entre 2009 et 2013 ont mis en évidence une contamination de la nappe phréatique supérieure par les activités pétrolières - ce que conteste SPOC - notamment la présence de métaux lourds, dont du plomb.

A Rier, un des villages les plus touchés, un test rapide à une fontaine montre une présence de sels dépassant de trois fois la norme maximale européenne et de 20% supérieure à celle constatée par l'ONG en avril 2009.

"Cette eau est trop salée, le goût est trop mauvais" et ceux qui boivent, essentiellement les enfants, vomissent et ont la diarrhée, explique Agar Jok, 35 ans, mère de huit enfants, dont la fille Marthany Abol raconte avoir terminé à l'hôpital la dernière fois qu'elle en a bu. La rumeur évoque aussi des naissances anormales et des avortements, ce que l'ONG cherche à vérifier.

Pour l'eau de boisson, Agar Jok préfère donc, deux fois par jour, marcher deux heures aller et retour, pour puiser de l'eau d'un petit affluent du Nil-Blanc, dont elle ramène sur sa tête 20 litres le matin et 20 litres le soir.


Sciences & Avenir 3mar.2015

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