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Nouvelle-Zélande : une espèce de manchots peut vite en remplacer une autre...

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Chassée à outrance à partir du XIIIe siècle, peu après l’arrivée des premiers Hommes, une espèce de manchot native de Nouvelle-Zélande a disparu. Un autre manchot originaire d’îles subantarctiques l’aurait remplacé en un temps record.

La place n’est pas restée vacante bien longtemps. Megadyptes waitaha, un manchot endémique de la Nouvelle-Zélande, fut éradiqué après l’arrivée de migrants polynésiens qui s’en nourrissaient. Il fallut peu de temps pour qu’une autre espèce, le manchot à œil jaune (Megadyptes antipodes) natif des régions subantarctiques, colonise les terres néo-zélandaises, indique une étude parue dans la revue Quaternary Science Reviews (article en anglais payant).

 Espèce de nos jours considérée en danger, le manchot antipode ou manchot à œil jaune (Megadyptes antipodes) vit en moyenne 23 ans. Il est carnivore et aime vivre en couple plutôt qu’en colonie. ©️ Zoharby, Wikimedia Commons, cc by sa 3.0

Cet épisode d’extinction d’une espèce suivi de son remplacement par une autre se serait déroulé en moins d’un siècle. Pour en retracer l’histoire, les scientifiques se basent sur l’analyse de l’ADN et la datation au carbone 14 d’os contenus dans des restes fossiles.

Avant l’arrivée des premiers colons et en l’absence de mammifères terrestres, les oiseaux sont le groupe animal qui règne en maîtres sur le territoire de la Nouvelle-Zélande. Au sommet de la chaîne alimentaire figure un énorme aigle prédateur.

Les choses changent de façon dramatique à partir du XIIIème siècle : phoques, lions de mer et surtout oiseaux géants sont généreusement consommés par les arrivants bipèdes. En moins de deux siècles, 40 % de l’avifaune disparaît. Un temps record, d’après les auteurs. Sur la liste des victimes : les neuf espèces connues de moa. Il faut dire que ces oiseaux inaptes au vol et dont l’apparence rappelle celle des émeus d’Australie pèsent jusqu’à 250 kilogrammes chacun. Les rats transportés dans les embarcations se régalent quant à eux des volatiles plus petits. « Ces extinctions et recolonisations sont une chose tout à fait unique dans le registre fossile », déclare l’auteur principal de l’étude Nic Rawlence, paléoécologiste à l’université d’Otago, en Nouvelle-Zélande, « et la vitesse de ces événements est également tout à fait unique », poursuit-il.

 Un aigle géant de Haast attaquant des moas de Nouvelle-Zélande. L’extinction de leurs proies suite à leur chasse par des ancêtres des Maoris au XIIIe siècle a également entraîné la disparition de cette espèce prédatrice. ©️ Dessin de John Megahan, Wikimedia Commons, cc by sa 2.5

Mais revenons-en à nos manchots. D’après les chercheurs, l’espèce Megadyptes waitaha s’éteint vers la fin du XVème siècle. Seulement vingt ans plus tard, Megadyptes antipodes qui, selon Nic Rawlence, était déjà présente, mais sous la dominance de l’espèce néo-zélandaise prend ses aises sur le littoral. Et à l’arrivée des Européens, au XVIIIe siècle, les manchots à œil jaune ont totalement investi la côte sud-est sur l’île du Sud, l’une des deux îles principales du pays.

Cette transition représente l’un des événements de remplacement de la faune les plus rapides jamais documentés, concluent les auteurs, et apparaît liée à des transitions humaines démographiques et culturelles au cours du XVème siècle. Ces résultats montrent aussi que les forces anthropiques peuvent déclencher de rapides changements biogéographiques, ajoutent-ils.

 Le changement d'habitudes alimentaires et la migration vers le nord, plus proprice à la culture, ont certainement sauvé le Manchot antipode du sort de leurs prédécesseurs. Michaël CATANZARITI / domaine public

Pourquoi les nouveaux occupants ne subissent-ils pas le même sort que les manchots autochtones ? Au fil du temps, la pénurie des grandes proies terrestres provoque le départ des hommes. Vers 1500, les insulaires abandonnent le tiers sud de l’île et optent, en outre, pour un régime alimentaire à base de poissons et de crustacés. Le nord est également plus propice à la culture des patates douces. Une chance pour le manchot à œil jaune.

À présent, l’équipe scientifique étudie l’influence de la chasse, de la destruction de l’habitat et du climat sur différentes espèces disparues de Nouvelle-Zélande.


Futura Sciences 14/3/2015

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