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La Salton Sea, bombe à retardement écologique dans le désert de Californie

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Salton City (Etats-Unis) (AFP) - L'arrivée au bord de la Salton Sea, immense lac salé dans le désert californien aux confins du Mexique, c'est d'abord une odeur fétide, quelques flaques d'eau aux reflets douteux et deux ou trois cadavres de poissons.

Puis, très vite, la beauté et la fertilité de ce corps d'eau menacé par la sécheresse, véritable bombe à retardement écologique, prennent le dessus. A la nuit tombante, le ballet de centaines de pélicans, mouettes et canards sauvages, dans les couleurs irisées du soleil couchant qui se reflète dans l'eau comme sur un miroir, est tout simplement magique. "La réputation de la mer de Salton selon laquelle elle sentirait toujours mauvais et serait entourée d'oiseaux ou de poissons morts est fausse", assure Bruce Wilcox, l'un des responsables de l'IID, l'une des agences locales de gestion d'eau et électricité.

 Des mouettes et pélicans se rassemblent sur la Salton Sea (Californie), le 19 mars 2015 (c) Afp

 Cette mer intérieure, où vivent ou transitent 400 espèces d'oiseaux, est née en 1905 d'un accident d'ingénierie civile, qui s'est traduit par le débordement du fleuve Colorado. Elle est située à 71 mètres sous le niveau des océans, au sud du parc national de Joshua Tree, à 250 km au sud-est de Los Angeles. Dans les années 50 à 60, les rives de la Salton Sea étaient une destination de vacances huppée où l'on faisait du ski nautique, des courses de bateaux, de la pêche. Elle s'étendait alors sur plus de 50 km de long et environ 20 km de large. "Il y avait quatre marinas et tellement de gens sur la plage qu'on ne pouvait pas poser une serviette", se souvient Larry Wienebock, routier retraité, assis dans le garage de sa petite maison de Bombay Beach. (Image Carte du bassin de la Salton Sea, avec la New River, Whitewater River et Alamo River et d'autres rivières, ainsi que les All-American Canal, Coachella Canal et de l'East Highline Canal. Shannon GFDL)

Cette ancienne station balnéaire ressemble aujourd'hui à une ville fantôme dont la plage, obstruée par une proéminente digue de terre, est jonchée de carcasses de voitures, de ruines ou d'objets rouillés en tous genres. Car à partir des années 1970, la mer de Salton a commencé à se réduire comme une peau de chagrin, entraînant un bond de sa salinité et une baisse de sa profondeur. Cela fait bien longtemps qu'on ne peut plus y pêcher ou faire du bateau. Le yacht club, les échoppes de pêche et les commerces ont fermé. Et ce déclin pourrait encore s'accélérer. "La Californie fait face à une sécheresse historique", rappelle Tim Krantz, professeur d'études environnementales à l'université de Redlands.

A cela s'ajoute l'arrivée à terme en 2017 d'un complexe accord de partage des eaux du fleuve Colorado, qui devrait entraîner une forte diminution de l'eau s'écoulant dans la Salton Sea.

 Pélicans blancs sur la côte nord de Salton Sea. Géograph CC BY-SA 2.5

Bruce Wilcox s'attend à ce que cette mer perde un tiers de sa superficie en quelques années à peine et que son lit de sable parsemé de sédiments de cadmium, phosphates, engrais et insecticides se répande dans toute la région à cause de fréquentes tempêtes. Pour Tim Krantz, "ce serait un désastre sans équivalent pour la qualité de l'air" dans une région où vivent "1,5 million de personnes".

Les cas d'asthme, de cancers du poumon et autres maladies respiratoires pourraient bondir dans une zone où elles sont déjà quatre fois plus fréquentes que dans le reste du pays. Sans oublier les milliards de dollars de revenus agricoles menacés, de valeurs immobilières qui risquent de s'effondrer, etc.

"Si la mer s'assèche, toute la vallée de Coachella va devenir inhabitable", s'inquiète Randy Rynearson, un barbu poivre et sel, depuis le comptoir de sa quincaillerie de Salton City.

Les conséquences sur l'écosystème pourraient s'avérer encore plus catastrophiques et décimer les poissons restants, puis les oiseaux migrateurs privés de proies, sur cette étape clé des routes migratoires.

Agences gouvernementales, militants écologistes et chercheurs tentent de convaincre le gouvernement californien d'agir et de débloquer des créditsDe nombreux projets ont vu le jour, plus ou moins réalistes, comme la construction d'une large canalisation acheminant de l'eau depuis le Pacifique ou depuis la mer de Cortez, qui borde la côte mexicaine. Celui qui tient la corde prévoit une division par deux de la surface de la mer et l'installation sur les parties asséchées d'exploitations de géothermie ou de combustibles à base d'algues ainsi qu'une réserve naturelle.

Ces projets se chiffrent autour de 5 à 10 milliards de dollars. Mais selon les chercheurs du Pacific Institute, le coût de l'inaction sera bien plus élevé, entre 20 et 70 milliards. Sans parler du risque d'interminables poursuites en justice si des milliers de résidents tombent malades à cause d'un désastre mal anticipé.


La Salton Sea était jadis un paysage de carte postale, avec plages de sable fin et myriades d'oiseaux migrateurs. En 2011, il est sinistré, gorgé de sel et de pesticides. Les terres qui l'entourent contiennent du sel déposé par une ancienne mer, disparue depuis des millénaires. Éliminé par les agriculteurs de la Vallée impériale voisine pour rendre les sols cultivables, il s'est accumulé dans les eaux du lac, qui sont aujourd'hui plus salées que celles de l'océan Pacifique.

Arrosée par le All-American Canal (1942), la Vallée impériale déploie ses cultures sur 2 000 km2 au sud de la Salton Sea. Les eaux de ruissellement chargées d'engrais et de pesticides finissent dans ce lac fermé. S'y ajoute le maigre apport de quelques rivières locales. Mais avec l'évaporation, les pollutions s'accumulent.

De grands travaux, étalés sur 75 ans, devraient présider à la réhabilitation du lac. Au centre, une zone d'assèchement sera recouverte de sable fixé par des plantations. Une digue de 83,6 km délimitera ensuite deux espaces : tout au sud, des marais salants pour les oiseaux, et, vers le nord, un grand plan d'eau pour les loisirs. Wikipedia Dernière modification de cet article le 2 février 2015.



Sciences et avenir 25/3/2015

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