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La volaille de demain sera peut-être zen et écolo

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Paris (AFP) - Des poulets moins stressés, mieux nourris et plus écolos: la recherche se penche sur la volaille de demain, pour tenter de proposer des solutions face aux polémiques sur le bien-être animal et aux difficultés du secteur.

A Nouzilly, près de Tours, une cinquantaine de chercheurs de l'Institut national de la recherche agronomique (INRA) travaillent exclusivement sur ces questions.

 La recherche se penche sur la volaille de demain, pour tenter de proposer des solutions face aux polémiques sur le bien-être animal et aux difficultés du secteur (c) Afp

Objectif: répondre aux attentes des consommateurs et des associations de protection des animaux, traumatisés par les images choc de poulets en batterie. Et aider les professionnels de la volaille à mieux répondre à la demande du marché pour lutter contre les importations, qui plombent la filière française.

Des recherches sérieuses, mais parfois ponctuées d'un brin d'humour. Christine Leterrier, spécialiste des émotions chez les oiseaux d'élevage, a ainsi découvert que certains poussins jouent au "rugby crotte". "Il y en a un qui prend une crotte séchée, et les autres courent derrière", sourit-elle. "D'autres font semblant d'attraper des mouches".

Des comportements de jeu loin d'être anodins: les chercheurs les utilisent comme des "marqueurs" du bien-être des animaux, pour améliorer les conditions d'élevage.

Leurs travaux vont parfois à l'encontre d'images bien ancrées dans l'esprit du grand public.

"Être enfermé dans un bâtiment, c'est stressant pour nous, mais pas forcément pour les poulets. Ils aiment bien avoir un abri au-dessus de leur tête pour être protégés des prédateurs", explique Mme Leterrier. Ce qui stresse les poules n'est pas tellement d'être serrées, car "c'est un animal social", mais plutôt l'immensité du bâtiment, qui perturbe les animaux, ajoute la chercheuse. En revanche, "plus la densité est élevée, plus le risque sanitaire est grand", rappelle-t-elle.

L'INRA essaie de trouver des techniques pour que les poulets aient moins chaud (ce qui leur fait perdre l'appétit et freine leur croissance) en habituant les oeufs à de fortes températures avant même l'éclosion. Mais aussi de diminuer leur stress en cas de changement de nourriture.

"Les éleveurs ont intérêt à ce que les animaux se sentent bien" car un élevage où les animaux se sentent mal est "moins productif", souligne Michel Duclos, directeur de l'unité de recherche avicole.

Pour autant, "il est difficile de proposer des mesures simples applicables à tout le monde", reconnaît Mme Leterrier.

Autre grand sujet: la maîtrise de la qualité de viande, face à l'évolution des modes de consommation. Il y a 20 ans, le poulet entier, rôti, représentait 50% de la consommation française, explique la chercheuse Cécile Berri. Depuis, il a cédé beaucoup de terrain face aux découpes (40%) et aux produits élaborés, blancs de volaille ou nuggets (25%). Ces produits exigent une viande plus tendre, et une couleur homogène dans les barquettes.

"L'objectif est d'aider les producteurs à produire la viande la plus homogène possible avec les qualités recherchées. Il y a un intérêt pour les producteurs, les abatteurs et les transformateurs, afin qu'ils puissent limiter le sel qui sert à faire retenir l'eau à la viande", assure la scientifique.

L'idée est de jouer, via la génétique, sur l'acidité de la viande. Plus la viande est acide, plus "elle se conserve mal, perd son jus, a une texture dure", ajoute Mme Berri. Les chercheurs ont donc sélectionné deux lignées de poulets, plus ou moins acides. Les sélectionneurs de volailles qui travaillent pour l'industrie sauront donc quels marqueurs moléculaires privilégier pour choisir les "meilleures" poules.

Dans le laboratoire voisin, l'INRA tente de mettre au point un aliment sans soja, un oléagineux actuellement à la base de la nourriture des poulets d'élevage.

Or le soja utilisé en France est à 90% importé, d'où l'idée de développer un aliment riche en protéines produit localement. Le mélange, en phase d'expérimentation, comprend maïs, blé, tournesol, colza, féverole et pois.

Un aliment 3% plus cher que celui contenant du soja, mais permet de diminuer de 40% les gaz à effets de serre suscités par sa fabrication.




Sciences et avenir 29/3/2015

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