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Varroa destructor, le parasite qui imite l’abeille pour mieux la décimer

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Varroa destructor, un acarien parasite de l’abeille asiatique, s’est adapté à l’abeille européenne, ce qui a contribué à son déclin récent. La raison : l’acarien peut imiter la composition de leur cuticule, cette enveloppe externe qui protège l'insecte. Il tromperait ainsi la vigilance de ces deux espèces.

L'acarien Varroa destructor est un ectoparasite de l'abeille domestique, c'est-à-dire qu'il vit à sa surface

 Le Varroa destructor est un acarien parasite de l'abeille adulte ainsi que des larves et des nymphes. Il est originaire de l'Asie du Sud-Est, où il vit aux dépens de l'abeille asiatique Apis cerana qui résiste à ses attaques, contrairement à l'abeille domestique européenne Apis mellifera.  Kika Centre de recherche agricole subtropicale, Centre Weslaco, Texas, USA. Agricultural Research Service / domaine public.

Celui-ci pose de nombreux problèmes sanitaires à leurs colonies. Il s'introduit en effet dans les alvéoles des ruches contenant les larves d'abeille et se nourrit de leur hémolymphe. Il parasite également les nymphes et les abeilles adultes, participant au déclin observé actuellement chez cette espèce et provoquant des pertes économiques importantes en apiculture. 

 L'hôte d'origine de cet acarien est Apis cerana, l'abeille asiatique, mais il est devenu une grave menace pour l'abeille européenne (Apis mellifera) qu'il a commencé à parasiter dans les années 40-50 et qui résiste moins bien à ses attaques. Les abeilles asiatiques présentent en effet des comportements (toilettage des adultes et vérification des larves par les ouvrières) qui leur permettent de détecter et d'éliminer le parasite. Ces comportements se retrouvent moins chez les abeilles mellifères (qui transforment le nectar en miel) et, sans traitement chimique, leurs colonies meurent en deux à trois ans. (Photo L'abeille asiatique, Apis cerana, est une abeille à miel rencontrée en Inde, en Chine, en Malaisie, au Japon, au Népal, au Bangladesh.Charles Lam Flickr / CC BY-SA 2.0)

 Le parasite de l’abeille asiatique a colonisé l’abeille domestique européenne. ©️ Toshihiro Gamo, Flickr, CC by-nc-nd 2.0

La cuticule, c'est-à-dire l'enveloppe externe de l'abeille, est constituée d'un mélange d'une cinquantaine de composés lipidiques – des hydrocarbures – qui servent, entre autres, à la communication chimique. Les abeilles sont capables de reconnaître la composition d'une cuticule et d'identifier ainsi l'espèce ou l'âge d'un individu. Cela leur sert également à détecter la présence des parasites, dont la cuticule est différente. Des études précédentes ont cependant montré que l'acarien Varroa destructor peut mimer les hydrocarbures cuticulaires de leur hôte et ainsi échapper au comportement hygiénique des abeilles.

 Le minuscule parasite Varroa destructor menace la santé des abeilles (ici sur sa tête). ©️ Gilles San Martin, Flickr, CC by-sa 2.0

Dans ces nouveaux travaux, des chercheurs de l'institut de recherche sur la Biologie de l'insecte (CNRS, université François Rabelais de Tours) et du laboratoire Abeilles et environnement de l'Inra, en collaboration avec des collègues américains et chinois, se sont intéressés à la capacité des acariens, selon leur origine, à mimer la composition de la cuticule d'un nouvel hôte, d'une espèce différente, en transférant des acariens vivant dans une colonie d'abeilles asiatiques sur des larves d'abeilles européennes et inversement.

 Varroas sur abeille. Erbe, Pooley: USDA, ARS, EMU Agricultural Research Service / domaine public.

Leurs résultats parus dans la revue Biology Letters montrent que les parasites sont capables d'imiter les deux hôtes, même lorsqu'ils sont transférés artificiellement. En effet, les proportions des hydrocarbures cuticulaires des acariens changent après le transfert afin de mimer la cuticule de leur nouvel hôte. Le mimétisme chimique est donc maintenu et cette faculté d'adaptation remarquable pourrait expliquer comment ce parasite de l'abeille asiatique a pu coloniser l'abeille domestique.

 Varroa sur pupe (nymphe) d'abeille. Kika Centre de recherche agricole subtropicale, Centre Weslaco, Texas, USA. Agricultural Research Service / domaine public.

 L'analyse des cuticules a aussi mis en lumière que les acariens issus de colonies d'abeilles asiatiques sont de meilleurs imitateurs que ceux provenant d'abeilles européennes. Ainsi la longue co-évolution entre Varroa destructor et Apis cerana a, semble-t-il, permis aux acariens d'être plus efficaces dans leur mimétisme chimique et aux abeilles asiatiques de développer des comportements plus adaptés à la lutte contre le parasite. À l'inverse, le passage relativement récent de l'acarien chez Apis mellifera explique pourquoi l'abeille européenne a du mal à détecter le parasite. Ce système hôte-parasite offre donc une belle illustration de la « course aux armements » à laquelle se livrent deux organismes au cours de leur évolution commune. (Photo Varroa sur larve d'abeille. Est l'un des acariens parasites des abeilles domestiques les plus redoutés des apiculteurs. Il peut lui même transmettre des malaidies virales aux abeilles, ou faciliter leur infection par des bactéries ou champignons. Pollinator CC BY-SA 3.0)


Futura Sciences 4/6/2015

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