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BelleMuezza

L'avenir de la pêche en question

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La réforme de la politique commune de la pêche proposée par la Commission européenne a été qualifiée "d'inacceptable en l'état" par le ministre français de la Pêche Bruno Le Maire, qui estime qu'elle entraînerait un "arrêt de mort pour la pêche française".

Le projet présenté mercredi par la commissaire européenne Maria Damanaki "signifierait un arrêt de mort pour la pêche en France et en Europe", a affirmé M. Le Maire dans un entretien à l'hebdomadaire Le Marin publié vendredi.

"Je ne laisserai pas passer ce projet en l'état", a-t-il ajouté.

Rappelant que la France "importe déjà 80% des produits de la mer consommés", il qualifie "d'absurdité politique" une réforme qui viserait à restreindre les activités des pêcheurs de l'UE "pour favoriser encore plus les importations" et donc des méthodes de pêches sans aucune contrainte.

Passant en revue les trois principaux points "inacceptables", le ministre a épinglé l'idée d'instaurer des quotas individuels transférables, "car ils mettraient, à terme, les navires artisans dans les mains de la grande pêche industrielle".

Ce système de marché des droits de pêche, avec comme garde-fou l'exclusion des navires de moins de 12 mètres non équipés d'engins traînants, comme les chaluts ou les dragues, a été mis en place au Canada "où cela ne fonctionne absolument pas car c'est trop complexe", souligne-t-on au ministère.

Le secteur de la pêche en France est essentiellement artisanal, la plupart des 7.208 navires de pêche (chiffres de l'UE de juin 2011) faisant moins de 20 mètres. L'introduction de quotas individuels transférables concernerait 25,7% de la flotte française, soit 1.857 navires. A l'échelle européenne, 21,5% de l'ensemble des navires seraient concernés.

Second point "inacceptable" pour Paris, l'interdiction généralisée d'ici 2016 des rejets en mer des poissons non commercialisables. La commissaire propose d'aider le secteur pour transformer ces rejets en farines, les congeler ou les donner aux banques alimentaires. "Cela n'a aucun sens pour la préservation de la ressource", selon Bruno Le Maire.

Le gouvernement, ajoute-t-on au ministère, pense "comme les pêcheurs qu'il faut trier au fond de la mer et pas sur les navires" et prône une approche pragmatique adaptée à chaque type de pêche avec, entre autres, des filets adéquats.

Dans le cas de la pêche à la langoustine dans le Golfe de Gascogne, rappelle-t-on, l'introduction de filets spécifiques a permis de réduire les rejets de petits merlus sous taille à 15% contre 50% auparavant.

Avant toute décision à Bruxelles, Paris réclame un état des lieux de ce qui est rejeté par les navires et dans quels types de pêches.

Le troisième point de désaccord avec le projet de la Commission européenne concerne l'objectif d'un rendement maximum durable (RMD) d'ici 2015.

Selon Paris, l'objectif est souhaitable mais pas en 2015, parce que les conséquences économiques seraient extrêmement lourdes et conduiraient par exemple les pêcheurs de soles, qui représentent la moitié du secteur en France, à diviser leur quota par deux. De plus, souligne-t-on de même source, la conférence de Nagoya sur la biodiversité l'an dernier avait fixé l'échéance à 2020.


.Sciences et Avenir

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Plusieurs grands pays de la pêche en Europe ont émis mardi de sérieuses réserves sur une proposition controversée de réforme du secteur présentée par Bruxelles, augurant de discussions ardues sur la "privatisation" des quotas ou l'objectif du "zéro rejets" de poissons.

Venue présenter ses idées devant les ministres européens de la Pêche réunis à Bruxelles, la commissaire Maria Damanaki a certes pu constater que tous partageaient, au moins en façade, l'objectif général de rendre la pêche européenne plus respectueuse des ressources halieutiques, particulièrement décimées.

Mais si ses propositions censées entrer en vigueur en 2013 ont reçu un accueil favorable du Royaume-Uni, du Danemark ou de la Suède --pour qui la réforme aurait même pu aller "plus loin"--, plusieurs grands Etats, dont les numéros un et deux du secteur, l'Espagne et la France en ont critiqué des points clés.

"Des décisions trop radicales entraîneront la fermeture de la pêche en Europe", a jugé devant la presse le ministre français Bruno Le Maire.

"Pas acceptable en l'état" à ses yeux, l'introduction d'un système de "concessions individuelles transférables", une sorte de marché des quotas de capture attribués aux pêcheurs que ces derniers pourront monnayer entre eux, risque de conduire une concentration "aux mains de quelques gros industriels", a-t-il jugé.

A Mme Damanaki, M. Le Maire n'a toutefois pas opposé un "non" catégorique sur ce point, promettant "d'étudier" avec vigilance les garde-fous proposés: exclusion des navires de moins de douze mètres non équipés d'engins traînants comme des dragues ou des chaluts, limitation à l'échelle nationale les échanges de quotas.

L'Allemagne et l'Irlande se sont aussi montrées sceptiques. A l'inverse des pays où le système est déjà en vigueur comme l'Estonie ou le Danemark ont fait état de "résultats positifs".

Pour Mme Damanaki, le système permet de faire "d'une pierre deux coups", en rationalisant, par le marché, les flottes de pêche aujourd'hui surdimensionnées sans avoir à verser de primes à la casse, et en aidant à lutter contre le gaspillage que constituent les rejets, ces poissons non commercialisables aujourd'hui rejetés par-dessus bord.

Ces rejets, la commissaire grecque veut les interdire totalement d'ici 2016. "Pas réaliste", ont rétorqué Bruno Le Maire et sa collègue espagnole Rosa Aguilar, tandis que d'autres, comme le Britannique Richard Benyon, applaudissaient au contraire la nécessité de mettre un terme à ce "gaspillage incroyable".

D'autres points clés font débat, comme l'objectif de ne pêcher, d'ici 2015, que le strict nécessaire pour ne pas mettre en danger la reconstitution des stocks de poisson en danger. Aujourd'hui, 75% des stocks européens sont surexploités et les quotas font l'objet de marchandages annuels entre Etats.

A l'instar de son homologue français, l'Espagnole Rosa Aguilar a plaidé pour repousser la date butoir à 2020. "Toute autre date aurait des répercussions sociales et économiques considérables" pour le secteur, a-t-elle affirmé.

Mme Damanaki a brossé un tableau noir des perspectives du secteur si l'UE ne met pas en oeuvre un "vrai changement radical".

Elle a aussi demandé une nouvelle génération d'accords de pêche avec des pays hors d'Europe, "plus respectueux des droits de l'Homme". Il faudra selon elle s'engager à ne pêcher que les surplus non exploités par les populations locales.

La commissaire est prête à des concessions: "Nous pouvons discuter des dates, d'approches progressives", a-t-elle admis. Avant d'affirmer avoir "beaucoup d'arguments pour vous persuader que 2015 est faisable" pour parvenir à un état durable des ressources halieutiques.


.Sciences et Avenir 20/07/2011

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Dans la baie de Rio, la mort guette les pêcheurs en guerre contre des pétroliers

Alexandre Anderson sent la mort roder autour de lui, mais après six attentats il dit ne plus avoir peur. Escorté nuit et jour par des policiers, ce pêcheur jure qu'il poursuivra sa lutte contre les projets pétrochimiques dans la baie de Rio.

"Après les attentats, les menaces, et même l'odeur de poudre que j'ai sentie lors des attentats, je n'ai plus peur. De cette lutte, j'espère obtenir quelque chose pour les petits pêcheurs, mais je sais que ma mort peut faire partie des conséquences de cette lutte", dit à l'AFP Anderson, 41 ans, président de l'association Hommes et Femmes (Ahomar) de la commune de Magé, à 63 km de Rio.

Après deux assassinats de pêcheurs à la fin du mois de juin, le gouvernement de Rio lui a proposé mardi de le transférer dans une ville hors de l'Etat. "J'ai refusé car ce n'est pas le moment d'abandonner mes compagnons", explique-t-il, assis sur le siège arrière d'une voiture de police et protégé par deux agents armés de mitraillettes.

Amnesty International a exorté mercredi les autorités brésilienens à renforcer l'escorte d'Anderson et la sécurité de sa femme Daize.

Natif de la ville de Rio, Anderson a déménagé à Magé à l'âge de 21 ans où il a appris le métier de pêcheur avec son beau-frère.

Depuis cinq ans, l'association Ahomar a pris la défense de la pêche artisanale en dénonçant l'impact dans la baie des travaux du complexe pétrochimique de Rio (Comperj) menés par le géant pétrolier brésilien Petrobras.

"Depuis, nous avons commencé à recevoir des menaces et nous avons constaté la présence d'hommes armés", dit Anderson qui affirme que des groupes parapoliciers liés à des entreprises sous-traitantes de Petrobras sont responsables de ces crimes.

Quatre pêcheurs de Ahomar ont déjà été assassinés: deux leaders ont été torturés et tués devant leurs proches en 2009 et 2010, et deux ont été assassinés fin juin.

Joao Luiz "Pituca" Telles Penetra et Almir Nogueira do Amorim ont disparu le 22 juin dernier après être partis pêcher. Leurs corps ont été retrouvés quelques jours plus tard: noyés, pieds et mains attachés. L'un d'eux accroché à son bateau.

Interrogée par l'AFP, Petrobras a dit "ne rien savoir des assassinats" et "rejette toute intimidation des pêcheurs". Elle a assuré que toutes ses activités sont précédées d'une "étude rigoureuse des impacts" sur l'environnement et les communautés. "Petrobras est une entreprise socialement et écologiquement responsable et exige de ses fournisseurs la même attitude", a-t-elle souligné.

En 2009, les pêcheurs de Ahomar ont bloqué avec leurs filets le passage des grands navires dans la baie pendant un mois pour protester contre la réduction de 80% du volume de la pêche, après une fuite de 1,3 million de litres de pétrole d'une raffinerie de Petrobras.

"Vers la fin des années 90 il y avait dans la baie quelque 23.000 familles et aujourd'hui il n'en reste que 6.000. Les pêcheurs vendent leurs barques, abandonnent la pêche et se consacrent à d'autres activités comme le commerce", a déploré Anderson qui représente 3.000 pêcheurs.

La dernière fois qu'il est sorti pêcher, c'était en août 2010 quand il a commencé à être escorté. "Ils m'ont arraché le coeur, le droit de pêcher, ils m'ont retiré ma liberté", souligne-t-il en expliquant qu'il n a pas le droit à une " escorte pour sortir en mer".

Sans travail, Anderson vit de dons de proches et de quelques ONG.

"Tous les jours ma femme me dit qu'elle est heureuse que je sois encore en vie, mais quand je sors, je sens qu'il est possible que je ne revienne pas", dit-il.


SCIENCES ET AVENIR 05/07/2012

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