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USA / Californie : construire un viaduc pour sauver les cougars et les espèces menacées

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Les lions de montagne de Santa Monica sont cernés de tous côtés par les autoroutes, l'océan et des champs agricoles, occasionnant de nombreux décès. Un viaduc enjambant l'autoroute à 10 voies leur permettrait de se déplacer librement et en toute sécurité...

Les autoroutes permettent de rapprocher les villes et donc les gens. Elles fournissent une mobilité sans précédent aux gens... mais pas à la faune.

 Un lion de montagne dans un zoo d'Arizona.Stephen Lea CC BY-SA 3.0


A Los Angeles, les cougars des montagnes de Santa Monica sont piégés, cernés par le trafic venant en sens inverse de l'autoroute 101. "Ils viennent jusqu'à l'autoroute des deux côtés, tournent autour et repartent. Ils  ne peuvent pas traverser", explique Jeff Sikich, biologiste de l'US National Park Service (NPS).

Sikich fait partie d'une équipe scientifique qui, depuis plus d'une décennie, a étudié le dernier grand carnivore restant de la région, le puma concolor (aussi connu sous le nom de puma, cougar ou lion des montagnes). Après avoir piégé, posé des colliers émetteurs et suivi 41 lions, Sikich et ses collègues du NPS ont constaté que l'autoroute 101 est un obstacle majeur à la mobilité essentielle de l'animal. Plus de 60 000 points de données GPS ont montré que les autoroutes agissent comme des barrières mobiles. Certains de ces félins majestueux viennent jusqu'à l'autoroute et repartent, ou pire, ils tentent de traverser et sont tués.

Pour freiner cette catastrophe écologique, la National Wildlife Federation (NWF) s'est penchée sur la situation des cougars autour de Santa Monica.  Elle envisage  la construction de ce qui pourrait être plus grand passage protégé pour la faune dans le monde.

"Les montagnes de Santa Monica, sont adjacentes à la zone métropolitaine de Los Angeles". "Elles représentent plus ou moins 710 kilomètres carrés, bordées par l'océan au sud, l'autoroute 101 au nord, l'autoroute 405 à l'est et les champs agricoles d'Oxnard à l'ouest.

 Une caméra automatique capture l'image d'un cougar au col de Griffith Park. Photographe: Steve Winter / Getty Images / National Geographic

"Nous devons faire en sorte que tous les animaux au nord d'ici puissent descendre, et que les animaux nés ici puissent passer de manière éviter la consaguinité pour les femelles et la mort pour les jeunes mâles. La plupart des mâles nés ici finissent par se faire tuer, soit en tentant de traverser l'autoroute ou en se battant avec un puma adulte".

Selon Sikich et Pratt, le viaduc ne serait pas une autre route cimentée inesthétique ou un tunnel sombre sous l'autoroute. Au contraire, ce serait un viaduc luxuriant, couvrant les 10 voies d'autoroute, recouvert avec des arbustes et des plantes indigènes. Ce serait comme une extension transparente de la beauté sauvage des montagnes de Santa Monica, le reliant à des espaces verts naturels de Simi Hills, les montagnes de Santa Susana et les Los Padres National Forest, où l'autre population de cougars la plus proche et en bonne santé réside.

La traversée de la faune s'établirait sur deux voies naturelles que les animaux pourront traverser en toute sécurité, permettant la migration des couguars en provenance d'autres domaines vitaux, de se promener dans les montagnes de Santa Monica et vice versa.

Au cours de l'étude du NPS, 13 couguars ont été frappés et tués par des véhicules, seuls quelques-uns ont survécu, dont P-22, le lion de montagne de Griffith Park, qui a acquis une renommée internationale après avoir traversé deux autoroutes très fréquentées, la 405 et la 101. Malheureusement, le repaire de P-22 à Griffith Park est aussi situé au milieu d'un réseau d'autoroutes...

 Un lion de montagne connu sous le nom P14 dans un arbre. Photo: National Wildlife Federation

On peut dire que c'est un cas classique "d'être coincé entre le marteau et l'enclume". Ces grands chats ne peuvent pas rester dans les montagnes de Santa Monica. Dans le cas contraire, ils devront continuer à faire face aux conséquences mortelles.

"Les Lions de montagne ont besoin de grands espaces. Un mâle peut couvrir l'ensemble de ces montagnes comme étant son territoire", dit Sikich. «Ce sont des animaux solitaires. Les mâles adultes peuvent tuer d'autres mâles au sein de leur territoire».  Une territoire typique est d'environ 200 miles carrés pour les mâles adultes et 75 miles carrés pour les femelles adultes. Les montagnes de Santa Monica sont de seulement 225 miles carrés. En d'autres termes, «Cet espace n'est pas assez grand pour les deux".

Le NPS a, jusqu'ici, documenté : 

- quatre cas de consanguinité où les pères se sont accouplés avec leurs filles, 
- un mâle adulte a tué deux de ses descendants et un compagnon 
- et son fils a tué deux de ses frères. 

De fait, la diversité génétique dangereusement basse pourrait conduire à des malformations congénitales telles que des problèmes cardiaques, une diminution du nombre de spermatozoïdes et, éventuellement, à un arrêt de la reproduction.

Seul un lion de montagne est tué chaque année, ce qui peut sembler minime, mais c'est un de trop, dit Pratt. "Un ou deux lions meurent par an, ce n'est pas beaucoup, mais cela l'est pour cette population".

Le passage ne serait pas seulement bon pour les couguars, dit Sikich. Mais aussi  pour un large éventail de la faune, dont le lynx roux, les coyotes, des cerfs et même les plus petites espèces comme les oiseaux et lézards. "Les viaducs végétalisés peuvent agir comme une ligne directrice pour les oiseaux, leur permettant de traverser en toute sécurité", a également dit Sikich.

La construction de cette traversée aiderait à soutenir la population de la faune de la région - une préoccupation particulièrement urgente depuis que cette région est considérée comme l'un des 35 "points chauds" de biodiversité dans le monde. Un terme défini à l'origine par l'environnementaliste Norman Myers. Les hotspots représentent seulement 2,3% de la surface terrestre de la planète, renfermant près de 43% des oiseaux, de mammifères, de reptiles et d'amphibiens.

 Une autoroute traversant les montagnes. Photo: National Wildlife Federation

NWF cherche à lever environ 4 millions de dollars pour la planification et la conception de la traversée, ainsi que d'une dotation pour le financement continu des chercheurs. Jusqu'ici, 1,1 million de dollars de ces fonds a été obtenu, en grande partie grâce à une subvention d'1million de dollars par le State California Coastal Conservancy. NWF a des plans pour lancer une  campagne de financement, dont une initiative permettant de faire un don. Pratt espère que tout sera en place pour la construction de commencer en 2018.

Sauver le Cougar peut-être l'initiative la plus importante pour essayer d'améliorer la connectivité naturelle entre les milieux urbains, mais l'autoroute 101 n'est pas le seul obstacle à mettre en danger les écosystèmes des animaux. Les routes facilitent l'activité humaine mais, involontairement, entravent les systèmes écologiques en fragmentant les habitats autrefois sans discontinuité. En réponse, de nombreux pays du monde entier ont construit de tels passages pour la faune.

Les Pays-Bas a construit plus de 600 passages pour la faune qui profitent aux sangliers, aux cerfs rouges et aux blaireaux européens menacées çà et là, y compris l'Ecoduct de Woeste Hoeve sur la A50. Le parc national Banff du Canada, en Alberta, possède 44 passages pour la faune qui voient le passage des ours, de l'orignal et du wapiti au-dessus de l'autoroute TransCanada. Des petits passages ont été construits aux États-Unis, notamment pour la protection des salamandres tachetées dans le Massachusetts, des tortues du désert en Californie et des chèvres de montagne dans le Montana.

Malheureusement, ces structures précieuses n'ont pas être construites assez tôt. Des espèces ont disparu à un taux 50 à 100 fois le taux naturel et que 34 000 espèces animales et 5200 végétales sont menacées d'extinction. La perte d'une espèce est non seulement une mauvaise nouvelle c'est aussi la perte d'un pivot dans l'écosystème global.

Selon le Conseil international pour l'environnement des Villes sur la biodiversité, les villes devraient tripler en taille (estimation 465.000 miles carrés en 2030), ce qui  mettra encore plus de pression sur la biodiversité. Avec cette expansion, nous pouvons nous attendre à voir une plus grande fragmentation et la perte des habitats naturels.

"Nous avons pensé que préserver des espaces naturels protégés serait suffisant", dit Pratt, "mais, comme nous l'avons constaté ces 50 dernières années, cela ne fonctionne pas convenablement. Les animaux ont besoin de se déplacer, même dans les paysages urbains et suburbains. Ils ont besoin de chemins à travers les villes et autour des villes. Voilà pourquoi la conservation de la faune urbaine est si critique, non seulement pour les lions de montagne, mais pour tous les animaux sauvages, les oiseaux et les lézards".

Dans une étude récente, publiée dans la revue Current Biology, les chercheurs ont noté que des milliers d'espèces menacées contribuent à maintenir l'équilibre écologique de la planète. Les moules et les palourdes aident à garder les eaux propres. Les singes laineux et les tortues à pattes rouges contribuent à la croissance des forêts. Et même les vautours qui ont mauvaise réputation évitent la propagation de maladies. 

Sauver la nature signifie réellement nous sauver.


The Guardian 16/7/2015

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