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N’en fait-on pas trop pour les animaux?

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N’en fait-on pas trop pour les animaux?


Née il y a 250 ans, la profession de vétérinaire a beaucoup évolué. Aujourd'hui, on soigne les animaux presque aussi bien que nous. N'en fait-on pas trop pour eux?


Voilà 250 ans que les animaux ont leur docteur! C'est en effet en 1761, sous l'impulsion de Louis XV, que la profession de vétérinaire a vu le jour à Lyon, en France. Aujourd'hui, chiens, chats ou encore chevaux ont droit à une vraie médecine de pointe. Mais n'en fait-on pas un peu trop pour eux? Petit tour d'horizon avec le Dr Charles Trolliet, président de la Société des vétérinaires suisses.

Aujourd'hui, les animaux bénéficient de soins qui n'ont rien à envier aux nôtres: cardiologie, ophtalmologie, oncologie... Ce n'est pas un peu exagéré?

Dr Charles Trolliet : Notre relation à l'animal a énormément évolué ces dernières décennies. Non seulement celui-ci n'est plus considéré comme une chose aux yeux de la loi, mais, en plus, sa valeur affective a beaucoup grandi. Par conséquent, il n'est pas étonnant qu'on cherche à le soigner le mieux possible. En outre, les possibilités thérapeutiques se sont élargies. Certains sont prêts à dépenser beaucoup d'argent pour leur animal. Personnellement, ça ne me choque pas. Traiter le cancer de son chien est tout aussi honorable que de s'acheter une belle voiture.

Mais ne va-t-on pas trop loin?

Dr Charles Trolliet : Parfois on est un peu égoïste. On aimerait garder son animal coûte que coûte, même s'il n'a plus aucune qualité de vie. C'est au vétérinaire de dire stop. Même si ce n'est pas facile. Pour cela, il est nécessaire d'avoir de l'empathie et de prendre le temps d'expliquer. Les souffrances d'un animal peuvent être abrégées en cas de nécessité, contrairement à celles d'un humain. C'est une chance dont il faut profiter.

Quelles sont les limites?

Dr Charles Trolliet : En cas de problème, deux types d'interventions se justifient. Tout d'abord, celles dont l'objectif est de guérir un animal, même si le traitement peut, lui, être provisoirement pénible. Et, ensuite, celles qui ne le guériront pas - parce que le problème est incurable - mais qui permettront à l'animal d'aller mieux durant un certain temps.

On amène de plus en plus de petits animaux, tels que cochons d'Inde, perruches ou hamsters chez le vétérinaire. Ça a un sens?

Dr Charles Trolliet : Oui. On développe également un attachement fort à ces animaux. Par conséquent, quand on peut faire quelque chose, on va le faire. Mais ce n'est pas toujours facile. Parce qu'on se rend souvent compte des symptômes assez tardivement et qu'il est alors difficile de les traiter. Par ailleurs, chez ces petits animaux, un certain nombre de choses se remettent d'elles-mêmes. Le vétérinaire peut toutefois soutenir et aider le processus de guérison. En fait, nous sommes de bons assistants de la nature...

Tous ces soins ont un coût. Et certains ne peuvent pas se le permettre...

Dr Charles Trolliet : Effectivement, nous nous trouvons parfois dans des situations désagréables; on voudrait faire quelque chose, alors que ce n'est pas possible financièrement pour le propriétaire de l'animal. Nous pouvons parfois faire un geste, mais nous sommes aussi obligés de faire bouillir la marmite.

Du coup, il faudrait mieux faire assurer son animal?

Dr Charles Trolliet : Je pense que cela peut être judicieux. Par ailleurs, plus les assurances pour animaux se développeront, plus cela permettra de faire fonctionner le principe de la solidarité. Dans le milieu agricole aussi les paysans subissent une telle pression économique qu'ils sont parfois obligés de faire euthanasier des animaux que l'on pourrait sauver. C'est également dur pour eux. Car, contrairement à ce que l'on imagine parfois, ils sont attachés à leurs bêtes.

Cela étant, certains vétérinaires pratiquent des prix particulièrement élevés. Il n'y a aucune règle?

Dr Charles Trolliet : Non. Malheureusement, la Commission de la concurrence (Comco) nous interdit d'établir des barèmes, bien que nous y soyons favorables. Les autorités exigent qu'il n'y ait aucune entente «cartellaire». Par conséquent, nous ne pouvons pas non plus avoir des listes de prix indicatifs ou encore instaurer un système de points dans l'esprit de la LAMal. Cela étant, le client est en droit de demander à son vétérinaire ses tarifs. De même qu'un devis - même si celui-ci ne peut pas toujours être précis. Il est important qu'avant un traitement le client puisse se déterminer en connaissance de cause. Ça peut éviter bien des problèmes pour la suite.

Qu'en est-il de la prévention?

Dr Charles Trolliet : Elle est très importante, notamment par les vaccins qu'il faut faire régulièrement, y compris pour les chats qui ne sortent pas. On peut en effet ramener des virus chez soi avec ses chaussures. Par ailleurs, un contrôle de santé annuel peut permettre de détecter de manière précoce des problèmes tels que diabète ou tumeurs, et avoir ainsi de meilleures chances de les soigner.



Ils veillent sur nos assiettes

Chiens, chats et lapins apprivoisés sont aujourd'hui leurs principaux patients. Mais, en 1762, quand Louis XV a signé l'acte de naissance de la profession de vétérinaire, c'était «pour guérir les maladies à bestiaux» et lutter contre la peste bovine qui «désole les campagnes».

C'est ainsi que la première école vétérinaire du monde a vu le jour à Lyon. Toutefois, en 1755 déjà, précurseur, Claude Bourgelat, écuyer du roi et encyclopédiste, avait fait valoir que «la médecine de l'homme est utile à celle du cheval et réciproquement».

Bref, en l'honneur des 250 ans de la profession, 2011 a été décrétée Année mondiale vétérinaire. L'occasion de présenter les différentes facettes du métier et notamment son aspect sanitaire, peu connu. «Nous avons un rôle important à jouer dans le domaine de la prévention et des denrées alimentaires. Ce qui implique le maintien en bonne santé des animaux ainsi que la surveillance des produits. C'est un domaine qui est en pleine expansion, et qui a encore pris de l'ampleur avec des événements comme la grippe aviaire», souligne le Dr Charles Trolliet.

Autre acteur important de la profession: le vétérinaire de campagne, dont le nombre n'a cessé de diminuer au fil des ans, au profit des vétérinaires urbains. «Nous ne sommes pas encore face à un manque dans ce domaine, mais nous devons y veiller.»

Une grande fête
Pour célébrer comme il se doit cette Année vétérinaire, en Suisse également, différentes manifestations seront organisées. On y attend notamment le conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann, ministre des vétérinaires et dont la femme est vétérinaire.




Une grande majorité de femmes

Comme la médecine humaine, la médecine vétérinaire se spécialise de plus en plus. «Ces dernières années, on a assisté à une énorme augmentation des connaissances, souligne le Dr Charles Trolliet. Par conséquent, nous ne sommes plus en mesure de tout maîtriser parfaitement. En cas de besoins spécifiques, que ce soit en dermatologie, en cardiologie ou encore pour une échographie complexe ou un problème comportemental difficile, nous dirigeons donc nos clients vers des confrères spécialisés.»

Autre évolution du métier, une importante féminisation. «Aujourd'hui, plus de 80% des étudiants sont des femmes». «Peut-être est-ce dû au fait que la profession nécessite de plus en plus d'aptitudes psychologiques. La relation avec les propriétaires d'animaux a beaucoup changé ces dernières années. Ils ont besoin qu'on leur explique ce qu'on fait, qu'on les rassure et, le cas échéant, qu'on les soutienne. Cela demande beaucoup d'empathie et, sans doute, les femmes sont-elles plus douées pour cela que les hommes


.Le Matin

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