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Dans le bassin houiller lorrain, "l'enfer" des habitants dont les maisons penchent

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Rosbruck (France) (AFP) - Des portes qui s'ouvrent et se ferment sans arrêt, des lits qui penchent: un quotidien "invivable" pour une cinquantaine de familles de Rosbruck, au cœur du bassin houiller lorrain, qui accusent les anciennes mines d'être responsables de leur malheur.

De loin, c'est un petit lotissement bien tenu: jardins fleuris, quelques citrouilles rappelant qu'Halloween approche, en contrebas un sentier qui sent les promenades du dimanche. "Ici, ce serait le paradis", sourit amèrement Joëlle Pirih. Pour elle, et une cinquantaine d'autres familles, Rosbruck, petite commune posée à la frontière allemande, est devenue un enfer. "Comme une prison", ajoute son mari, Gaston.

 Une habitante de Rosbruck montre les dégâts dans sa maison, le 30 octobre 2015 (c) Afp

C'est que la ville penche - au sens propre: dans certaines maisons, le sol est incliné de 3cm par mètre après des affaissements du sol, dans une région où le dernier puits d'extraction houillère a fermé en 2004. "Si vous prenez un lit de deux mètres, il vous faut une cale de 6 cm à un bout", explique Pierre Steininger, maire de cette petite ville de 800 habitants.

Ils étaient un peu plus de 1.000 dans les années 1990. Mais environ 80 maisons ont été détruites - trop touchées par les affaissements de terrains, explique l'édile. Cela fait bientôt 15 ans qu'il occupe la mairie. Elle penche aussi, d'ailleurs: derrière l'accueil, une immense armoire ne touche le plafond que d'un côté.

M. Steininger raconte des années de combat face à Charbonnages de France - aujourd'hui BHL - contre qui trois procédures sont encore en cours: deux menées par des habitants, une par la commune. "J'ai connu ça, vivre dans une maison en pente de 3%. Quand vous êtes debout, vous êtes obligés de contrebalancer, ça fait que vous avez des problèmes de dos. Les portes s'ouvrent et se ferment sans arrêt. C'est des petits détails, qui pour quelqu'un d’extérieur paraissent peut-être insignifiants. Mais au quotidien...".

Mme Pirih le coupe. "C'est invivable. Insalubre, même", lance la jeune grand-mère qui dirige la branche locale de l'association Consommation, logement et cadre de vie (CLCV). Quand on entre chez les Pirih, pour peu que l'on ait l'oreille interne un peu sensible, un mal de cœur lancinant se fait vite sentir. Et pas question de baisser la garde quand on mange sa soupe, raconte Mme Pirih. "Moi je garde toujours une serviette bien à côté. Parce que si ça tombe par terre, il faut se précipiter et courir avant que ça ne coule...Si la maison penche, elle est aussi passée, il y a quelques années, sous le niveau de la Rosselle, une rivière qui coule non loin de là.

Rosbruck s'est enfoncé de près de 14 m à la suite, estiment les habitants, de l'exploitation dans les années 1980 des veines de charbon par "foudroyage", technique qui consiste à laisser s'effondrer les galeries au lieu de les remblayer.

Désormais, une partie des maisons sont en terrain inondable - c'est le motif de l'un des procès intentés par les habitants. Dans cette action en justice - comme dans les autres, une bataille d'experts s'annonce. Fin octobre, la cour d'appel de Metz a d'ailleurs ordonné une nouvelle expertise, maison par maison.

Pour l'avocate de Charbonnages de France, aujourd'hui en liquidation, Me Véronique Heinrich, les habitants "ne prouvent jamais l'imputation des dégâts à l'activité minière". "Dans le lot, il y a des gens qui ne souffrent pas de dégâts miniers", estime-t-elle, avançant que "la mise en pente peut être d'origine minière comme liée à une mauvaise construction".

De quoi faire enrager Joëlle et Gaston Pirih, dont la maison ne vaut, selon eux, plus rien, à cause des dégâts miniers. Des déclarations impossibles à étayer sans l'intervention de plusieurs experts.

La mairie en a d'ailleurs embauché deux pour estimer le coût des travaux à réaliser pour remettre droits les principaux bâtiments - même si le budget est "ric-rac", reconnaît le maire. Selon leur dernière estimation, ces travaux coûteraient près de neuf millions d'euros.


Sciences et avenir 31/10/2015

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