Aller au contenu
Rechercher dans
  • Plus d’options…
Rechercher les résultats qui contiennent…
Rechercher les résultats dans…
Admin-lane

Au Honduras, l'armée en guerre contre un insecte destructeur de pins

Messages recommandés

Tegucigalpa (AFP) - Vêtus de tenues de camouflage et armés de tronçonneuses, des centaines de soldats honduriens livrent une guerre implacable contre un insecte qui a déjà détruit 400.000 hectares de pinède et continue à se répandre, stimulé par le réchauffement climatique.

Les soldats font partie du premier bataillon d'artillerie de la zone de Zambrano, à 30 kilomètres au nord de la capitale, Tegucigalpa, où l'insecte a causé ce que les spécialistes appellent déjà "une catastrophe écologique".

 Un soldat découpe à la tronçonneuse un arbre abattu parce que touché par un insecte, le charançon du pin, qui provoque des ravages dans les pinèdes du Honduras, le 9 novembre 2015 à Talanga, au nord de Tegucigalpa (c) Afp

"Ce fléau va nous laisser avec seulement la moitié des pinèdes du Honduras, et encore si nous avons de la chance", affirme à l'AFP Lucky Medina, conseiller de l'armée, en observant le travail des soldats qui abattent les arbres malades dans la montagne aride.

Les responsables de ce bataillon de 350 hommes s'avouent impuissants face à cet ennemi et ont donc demandé l'aide de l'Institut national de conservation de la forêt (ICF) et du Commandement militaire des forces armées en charge des forêts.

Une partie des effectifs du commando, évoluant en binômes - un coupeur et un assistant -, a pris d’assaut les forêts dans différentes zones du pays, exécutant l'opération baptisée "Terre brûlée", afin de bloquer l'attaque de ce charançon du pin, dont l'avance semble pourtant inéluctable. "C'est triste de voir ça", raconte à l'AFP le Colonel Bernardo Avila, chef adjoint du Commandement. "Mais il s'agit de couper un arbre pour sauver une forêt", justifie Lucky Medina.

 Dendroctonus frontalis (dendroctone méridional du pin) est une espèce d'insectes coléoptères de la famille des Curculionidae, originaire d'Amérique. Ce scolyte est un ravageur des pins en Amérique du Nord et Amérique centrale. Erich G. Vallery ccby-sa3.0

A l'issue de ce travail, il faudra "40 à 50 ans pour retrouver la forêt comme avant", précise Angela Sevilla, experte de l'ICF.

Selon les chiffres officiels, le Honduras possède cinq millions d'hectares de forêt, dont 1,9% sont des pins. En 2014 l'insecte, Dendroctomus frontalis, a détruit 15.000 hectares de pinède. En 2015 les chiffres ont déjà explosé, s'inquiète M. Medina.

"A la fin septembre, les données officielles indiquaient que 130.000 hectares étaient infectés, puis les chiffres de novembre sont arrivés, signalant quasiment le triple", avec près de 400.000 hectares touchés, déplore-t-il
.

Depuis la caserne on aperçoit les collines recouvertes d'un manteau vert, parsemé de taches couleur café, correspondant aux zones infectées par l'insecte.

Sur les troncs de ces arbres de près de 50 mètres de hauteur et âgés de 50 ans, on observe d'importantes coulées de sève. "L'arbre, quand il est touché par le charançon du pin, sécrète de la sève comme mécanisme de défense, mais la décharge qu'il reçoit des insectes est tellement importante qu'il succombe. C'est comme un cancer pour les humains", détaille Lucky Medina.


ipt>


Pour le spécialiste, le coupable est tout trouvé : "L'augmentation de la population d'insectes est due au changement climatique, en raison de la hausse des températures"

La sécheresse prolongée de l'année 2015 a fait bondir la population d'insectes de plus de 500%. Et les pluies, qui commencent généralement vers la seconde quinzaine de mai, n'ont démarré qu'en septembre, sous l'effet du phénomène El Niño, dont le lien avec le changement climatique est encore débattu par les scientifiques.

Sergio Quiñonez, expert envoyé par le gouvernement mexicain pour aider le Honduras dans cette lutte, confirme l'analyse de M. Medina. Avec cette longue sécheresse, "l'arbre est stressé et devient plus vulnérable", souligne-t-il, en utilisant un couteau et une pince pour prélever de l'écorce des arbres certains de ces insectes, longs de quatre millimètres.

L'expert mexicain apporte ses recommandations : brûler les arbres morts, car c'est là que se loge l'insecte, et en profiter pour vendre le bois afin de financer la lutte contre ce fléau. Selon lui, le charançon du pin se reproduit par milliers dans les écorces des arbres, où chaque femelle pond jusqu'à 50 œufs.

L'agronome José Domingo Montoya, également membre de l'équipe, a élaboré un insecticide biologique à base de plantes, qu'il applique de façon expérimentale sur les arbres infectésSelon lui, "il est temps que nous commencions à réfléchir, que nous nous unissions pour stopper ce genre de désastre", qui seront de plus en plus fréquents dans le monde "à cause du changement climatique".



Sciences et avenir 12/11/2015

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites

×
×
  • Créer...