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Les grottes rupestres

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L’art paléolithique, témoignage inestimable laissé par nos ancêtres il y a 15.000 ans pour Altamira, 18.000 ans pour Lascaux, est toujours en danger, estiment le microbiologiste espagnol Cesario Saíz-Jiménez et ses collègues. Rouvrir la grotte aux visiteurs aggraverait la situation, estiment ces spécialistes de la conservation des grottes rupestres, qui s’expriment dans la revue Science publiée aujourd’hui.

Champignons et bactéries ont profité des changements provoqués par l’ouverture de la grotte pour se développer au détriment des peintures dessinées sur la roche. L’éclairage, l’humidité apportée par les visiteurs, la circulation d’air, l’apport de nouveaux nutriments, l’augmentation de la température, tous ces facteurs ont favorisé la vie de certains microorganismes dans la grotte.

Découverte en 1879, la grotte d’Altamira a été fermée au public en 1977 après plusieurs décennies de visites, à cause de la détérioration des peintures. Devenue propriété de l’Etat espagnol, la grotte a été rouverte en 1982 avec une limite de 11.000 personnes entrantes par an. Mais en 2002 le site, classé au patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco, est de nouveau fermé car les organismes phototrophes (tirant leur énergie de la lumière) se développent sur les précieuses peintures. Un phénomène déjà observé à Lascaux dès les années 60 –ce sont les «algues vertes».

Plafond de la salle principale de la grotte d'Altamira. (Image ©️ MNCN-CSIS, Espagne)

Une réplique de la grotte est abritée en surface dans le musée national d’Altamira. Le site internet du musée évoque toujours une fermeture temporaire de la grotte et, depuis 2010, les responsables du site considèrent sérieusement sa réouverture. Ils souhaitent qu’une expertise soit menée par une commission scientifique internationale.

Sous l’égide du Conseil national espagnol pour la recherche (CSIC), plusieurs enquêtes scientifiques ont pourtant été menées –notamment pas des signataires de cette tribune- pour établir un diagnostic de l’état de la grotte, toujours fragile.

La fermeture en 2002 a été bénéfique aux peintures, constatent les chercheurs dans Science. La colonisation «verte» a stoppée sa progression. Au-dessus de la grotte, l’herbe est régulièrement coupée, les troupeaux de ruminants ont été déplacés afin d’éviter des apports de nutriments (azote, matières organiques) par l’eau qui s’infiltre. L’isolation de la grotte a été améliorée avec une double porte. Le niveau de CO2 dans l’air de la grotte a été diminué pour bloquer la croissance et la reproduction des bactéries.

Pour autant, les risques demeurent, précisent Saíz-Jiménez et ses collègues. Les colonies de bactéries sont surtout localisées près de la porte d’accès à la grotte. Une réouverture pourrait les faire circuler dans tout le site –sans parler de l’augmentation de l’humidité et du gaz carbonique dans l’air. Ou encore de la mise en suspension de particules par les pieds des visiteurs, soulevant des spores de bactéries ou de champignons.

L’exemple de la grotte de Lascaux, fermée au public depuis 1963, est éloquent : ses peintures subissent toujours les assauts des microorganismes (lire Lascaux, sauvée de justesse, Sciences et Avenir n°750, août 2009)


La biche d'Altamira. (Image ©️ MNCN-CSIS, Espagne)

Sciences et Avenir 07/10/2011

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