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Maroc : la palmeraie de Marrakech en danger

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La vaste palmeraie millénaire de Marrakech, au sud du Maroc, est en grand danger: pénurie d'eau, urbanisation galopante, projets touristiques pharaoniques et parcours de golf menacent la survie de cet oasis, qu'un programme ambitieux de conservation tente de sauvegarder.

Dix siècles après sa naissance, cette palmeraie, un des sites les plus beaux du Maroc, subit aujourd'hui les ravages combinés de l'homme et du climat.

Cet oasis riche de centaines de milliers de palmiers, qui s'étendait sur 16.000 hectares, a perdu 30% de sa superficie au cours des vingt dernières années, selon les experts.

L'implantation depuis quelques années au coeur de la palmeraie, et au mépris de l'environnement, de grands projets touristiques, qui "pompent énormément" d'eau, favorise la dégradation des plantations et détériore l'équilibre écologique, soulignent-ils.

"Les projets touristiques, malgré tous les bons côtés qu'ils génèrent, pompent énormément. Cela a un effet négatif sur l'équilibre écologique", confie à l'AFP Nour-Eddine Laftouhi, hydrogéologue à la faculté des sciences de Marrakech.

"Personnellement, je considère la multiplication irrationnelle des parcours de golf comme un crime", regrette-t-il.

Surnommée la "ville ocre" pour la couleur particulière de ses habitations, Marrakech est le site le plus prisé des touristes et des Marocains.

Heureusement pour le promeneur épris de nature, les montagnes enneigées qui entourent la ville et peuvent être admirées depuis le centre-ville, constituent un paysage de carte postale.

Mais la ville compte aujourd'hui 10 parcours de golf, dont deux dans la seule palmeraie, et une dizaine d'autres en attente d'autorisation, même s'ils utilisent beaucoup d'eau.

Le succès touristique de ce lieu a fait que même le célèbre Club Med se déploie avec ses trois piscines et son golf à l'intérieur de la palmeraie.

Un contraste violent pour qui se rappelle que le nom même de cette ville, datant de 1062 et construite par Youssef Ibn Tachfin, premier souverain de la dynastie Almoravide, incite à la rêverie.

"Marrakech" proviendrait du mot berbère "amour" qui signifie "pays" et d' "Akouch" qui veut dire "dieu", ce qui donne "la terre de Dieu" ou "la terre sainte" ou, selon une autre étymologie dialectale, "terre de parcours".

Ce rêve semble volatilisé à l'heure où la ville compte près d'un million d'habitants avec un nombre impressionnant d'hôtels, une multitude de piscines et de riads (maisons traditionnelles bâties autour d'une cour intérieure).

Beaucoup de riads ont été achetés et rénovés par des Marocains de souche ou de riches étrangers, poussant les couches les moins favorisées de la population vers l'extérieur de la ville. Ce triste état des lieux suscite des sentiments d'amertume et de nostalgie pour les habitants de la palmeraie, de moins en moins nombreux.

"La source passait ici même, là où je me tiens. Avant, il y avait un ruisseau. Il y avait une source là-bas, une autre à côté. Partout l'endroit regorgeait de sources. Mais du jour où ils ont commencé à construire des villas et des hôtels, l'eau est partie. C'est fini", s'indigne Boujemâa, un habitant de la palmeraie.

Pour protéger la palmeraie, un vaste programme a été lancé par les autorités locales en 2007, avec pour objectif de planter 430.000 palmiers d'ici un an.

"Grâce à la centrale de retraitement des eaux usées, ouverte en 2010, et aux puits qui sont déjà opérationnels, des quantités importantes d'eau seront disponibles", précise Abdelilah Mdidech, le directeur du programme de sauvegarde de la palmeraie, piloté par la Fondation Mohammed VI pour l'environnement.

Des centaines d'ouvriers s'activent quotidiennement pour planter de nouveaux palmiers et entretenir ceux qui vieillissent.

"On en est déjà à 415.292 jeunes palmiers plantés (...) et là, les jeunes pousses ont une bonne reprise, avec des feuilles vertes et une bonne couronne", ajoute M. Mdidech. Ce dernier se veut "réaliste mais optimiste": "Je sais que nous n'avons pas les moyens, notamment en eau, pour en faire une palmeraie verdoyante. Il faut être réaliste".

"Mais grâce ce projet, je peux dire qu'elle sera sauvée. Je suis optimiste".

Sciences et Avenir 13/11/2011

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