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Balade dans les forêts tropicales avec Sylvain Lefèvre : photographe naturaliste

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Cherchant pour mon petit-fils quelques informations sur la faune tropicale, j'ai trouvé un article bien construit écrit et documenté sur Futura Sciences par Sylvain Lefèvre.

L'entrée en matière, sous forme de dédicace, nous en dit long sur l'importance que représente pour lui, et pour nous tous, l'équilibre et le respect de la vie sous toutes ses formes :

En France, le lien qui nous unit aux forêts tropicales reste flou et, pour la plupart d'entre nous, ces forêts sont trop lointaines pour qu'on y prête attention. Mais le café ou le chocolat que nous buvons chaque matin, le caoutchouc de nos pneus et de nos bottes, la plupart de nos épices alimentaires, une grande partie de nos médicaments, nos plantes ornementales ou encore nos salons de jardin ont une origine liée aux milieux tropicaux...pour le meilleur ou pour le pire.

La forêt tropicale n'est certainement pas le poumon de notre planète (ce sont surtout nos océans !), mais elle régule notre climat, stocke nos émissions de CO2, nous nourrit, nous soigne.

Cette biodiversité, dont nous ne connaissons pas les 80%, est tout simplement notre assurance-vie. C'est une malle au trésor à peine ouverte, que nous devons protéger et offrir à nos enfants, car la France, elle aussi, possède des forêts tropicales...

Futura Sciences 05/12/2011

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Aujourd’hui, plus de la moitié des espèces vivantes connues sur Terre sont recensées sur seulement six petits pour cent des territoires émergés, six pour cent de forêts tropicales. Un chiffre qui est en constante diminution. La biodiversité des jungles d'Amérique est à préserver, et pour mieux la connaître, nous vous proposons un voyage exotique au cœur de cet écosystème unique.

Il faut bien se rendre à l’évidence : malgré leur surexploitation à l’échelle internationale (culture sur brulis, plantations de palmiers à huile, trafic de bois exotiques…), les forêts tropicales sont bel et bien le plus grand réservoir de biodiversité au monde. Prétendre préserver le patrimoine biologique de la Planète bleue sans se préoccuper du sort de ses océans verts est une erreur d’appréciation évidente.

L’année 2010 fut déclarée par l’ONU « Année internationale de la biodiversité ». En 2011, ce sont les forêts qui sont mises à l’honneur par cette même Organisation des Nations unies.

Grenelle de l’environnement, éducation au développement durable, écotourisme, certification, culture biologique... jamais la défense de l’environnement et la conservation des espèces n’a été autant au cœur des préoccupations...

Paradoxalement, jamais l’Homme n’a autant détruit, dégradé et pollué cette nature qu’il aime tant en apparence.

Le dossier concocté par Sylvain Lefèvre pour Futura Sciences témoigne de cet équilibre naturel fragile qu’il nous faut de toute évidence protéger. Biologiste de formation, photographe et cinéaste par passion, les trésors de la forêt pluviale l'ont arraché de la France durant deux années, en compagnie de Marie-Anne Bertin Deux années loin de chez lui, loin de son cocon quotidien et de la jungle bitumée ; deux années sur la ceinture du monde, sac à dos bien garni, pour un voyage au cœur des édens cachés de dame Nature.

Une année complète au Costa Rica en 2007, puis une seconde en 2010, partagée entre le Mexique, le Guatemala et l’Équateur. Baroudeurs insatiables, avec comme unique leitmotiv en tête : observer et photographier les espèces énigmatiques de ces contrées chaudes et humides.

Partez à la découverte des forêts tropicales et de leur biodiversité. Sylvain Lefebvre vous fait faire la visite de cette riche biodiversité de la jungle tropicale Sud-américaine ... J'espère que, comme moi, elle vous fera faire un excellent voyage entre luxuriance des forêts et faune sauvage aussi belle qu'insolite... parfois... et souvent unique que l'on ne trouve qu'en ces lieux !!!

Quelques photos pour vous mettre en "appétit"

Vipère de Schlegell (Botriechis schegelii). ©️ Sylvain Lefebvre et Marie-Anne Bertin

Rainette aux yeux rouges (Agalychnis callidryas), l’une des espèces emblématiques des forêts pluviales. ©️ Sylvain Lefebvre

Immersion en forêt tropicale. ©️ Sylvain Lefebvre et Marie-Anne Bertin



Futura Sciences 05/12/2011

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Quel que soit notre âge et notre vécu, la jungle enflamme notre imaginaire. Selon les personnalités, elle évoque des mondes bien différents. .. On peut dire que c'est vrai... Selon mon petit-fils (Edouard6 sur le forum), la jungle c'est rempli de monstres ou de trucs qui font peur mais ça doit être beau quand même. Pour moi, c'est la vie, le poumon d'une planète exangue ou la diversité faunique et végétale peut être aussi insolite qu'unique et riche...

Elle peut être un territoire hostile, où les héros qui la traversent sont en proie à une nature agressive : c’est un univers insupportable pour son climat, désagréable pour la multitude d’insectes qui piquent en permanence et dangereux pour les serpents mortels qui la peuplent. Le décor parfait pour tout bon roman d’aventure.

Pour d’autres, la forêt tropicale est un havre de paix qui évoque l’harmonie parfaite que l’Homme peut entretenir avec la nature. Derrière la plage de sable blanc, de beaux palmiers annoncent une végétation généreuse en formes, couleurs et odeurs exotiques. Les colibris virevoltent, les mammifères sont des boules de poils qui viennent manger dans vos mains. Le son des cascades y est reposant, enivrant. Le décor parfait pour une publicité d’agence de voyage.

Enfer vert pour les explorateurs ou jardin d’Eden pour les biologistes, la jungle est bien un monde de contradictions, de paradoxes, de généralités et d’idées reçues. À commencer par son appellation : au sens strict et naturaliste du terme, la jungle est une formation herbacée, irrégulièrement arborée et typique de l’Inde : c’est le milieu dans lequel Rudyard Kipling plante le décor de son célèbre livre. Rien de comparable à la jungle qui, par abus de langage, nourrit notre imagination !

Cette forêt remarquable par sa végétation dense, haute et luxuriante n’est donc pas une jungle, mais une forêt tropicale humide, équatoriale, ombrophile ou pluviale (anglicisme de rainforest). Dans ce type de milieu, les températures sont élevées tout au long de l’année (25-30 °C), les précipitations abondent, plus ou moins régulières selon les mois (1.500 à plus de 3.000 mm/an).

Un climat qui façonne le paysage végétal

En général, deux saisons se distinguent : la saison des pluies et celle où il pleut ! « S’il ne pleut pas, c’est qu’il va pleuvoir » diront les autochtones. Ici pas d’automne pour voir les arbres jaunirent et dépérir : la saison d’or n’existe pas. La forêt humide est une émeraude biologique inoxydable. Les feuillages sont permanents (ce qui ne veut pas dire que les arbres ne perdent pas leurs feuilles), les plantes fleurissent chacune à leur rythme tout au long de l’année. C’est une forêt caducifoliée « semper virente » (verte en permanence).

La combinaison de chaleur et d’humidité qui caractérise les forêts pluviales est un cocktail idéal à la profusion végétale : fougères, lianes, mousses, palmiers, arbres titanesques. Dans la représentation populaire, la forêt pluviale n’est pas mise en avant pour sa diversité spécifique (elles sont parmi les plus riches du monde), mais pour la densité de sa végétation… un cliché dénué de sens ! L’explorateur qui traverse la « jungle » à la machette ne se trouve certainement pas dans une forêt vierge (ou primaire, c’est-à-dire inexploitée par l’Homme) : la lumière est si faible dans ce type de sous-bois que les plantes peinent à s’y développer.

Toute personne ayant eu l’occasion de marcher dans une forêt originelle vous le dira : on peut y faire du vélo ! Cependant, une forêt exploitée, dite secondaire, manque de grands arbres : lorsque la végétation reprend ses droits, nourrit par une lumière fortement présente, elle devient si dense que la machette y est, dans ce cas seulement, indispensable…

Derrière le terme de forêt tropicale se cachent en réalité plusieurs ensembles d’écosystèmes boisés qui se distribuent de part et d’autre de la ligne de l’Équateur, entre le tropique du Cancer et celui du Capricorne. La forêt tropicale humide, est souvent le premier qui nous vient à l’esprit mais selon l’altitude, le climat et la nature du sol, la forêt tropicale peut montrer des visages totalement différents (forêt sèche, forêt de conifères, savane, mangrove…). Dans le Nouveau Monde américain, elles sont dites néotropicales. Les forêts humides néotropicales, qui s’étendent du sud du Mexique jusqu’en Argentine, sont celles décrites dans ce dossier.

Canopée en forêt amazonienne. ©️ Sylvain Lefebvre et Marie-Anne Bertin

Canopée tropicale de la forêt de Bilsa, Équateur. ©️ Sylvain Lefebvre et Marie-Anne Bertin

Racines en contrefort d’un kapokier (Ceiba pentandra). ©️ Sylvain Lefebvre et Marie-Anne Bertin

Futura Sciences 05/12/2011

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Créés par les gardes forestiers dans les aires protégées de la forêt tropicale, les chemins, plus ou moins aménagés et entretenus selon les sites, sont à comparer avec une piste de ski : on prend tout le plaisir espéré en restant dessus et on s’expose au danger en les quittant.

Toutes les rencontres animalières sont possibles depuis les sentiers. Plusieurs mammifères les utilisent même comme zone de passage (félins compris). Un sentier dégagé permet de bien voir où l’on met les pieds, règle primordiale pour limiter les risques de surprendre un serpent dangereux ou de se tordre la cheville dans un trou dissimulé par une couche de feuilles mortes. Emprunter les sentiers permet aussi d’être débarrassé des branches ou lianes en travers de notre chemin.

Gardez en tête que certaines fourmis ont des morsures douloureuses, que des chenilles urticantes peuvent provoquer de désagréables irritations. Aussi, moins vous tripoterez la végétation, moins vous risquez ce genre d’incidents.

Éviter le hors-sentier dans une zone protégée, c’est aussi respecter la forêt, car si chaque visiteur décide de tracer sa propre route, c’est tout le sous-bois qui s’en trouve, à long terme, dégradé : oubliez la machette !
Serpent liane, espèce totalement inoffensive (Oxybelis aeneus), que l'on peut rencontrer dans la forêt tropicale. ©️ Sylvain Lefebvre et Marie-Anne Bertin
Futura Sciences 05/12/2011

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Chaque matin, en préparant nos sacs, la réflexion est la même : ils sont trop lourds ! De l’eau en abondance, des sucreries, une paire de jumelles, nos guides d’identification sur la faune et la flore locales, une lampe torche, l’appareil photo, batteries et piles de secours, le trépied, une cape de pluie, un mouchoir pour éponger la transpiration, de l’antimoustique, une petite trousse à pharmacie : à vrai dire, difficile de s’alléger. Là est le kit nécessaire à nos balades d’observation et de photographie.

Nous plongeons dans nos chaussures de marche encore gorgées d’eau et de boue de la veille, nous nous tartinons d’antimoustique malgré la transpiration qui se fait déjà sentir, fermons la tente et nous enfonçons discrètement dans la forêt, comme phagocytés par le végétal. Ne faire aucune observation animalière durant une journée de terrain en forêt humide paraît impensable. C’est pourtant la frustration de bon nombre de curieux à la sortie d’une telle expérience.

La forêt tropicale possède effectivement une densité d’espèces par hectare unique au monde, la faune y est partout autour de nous. Mais, pour le néophyte envieux et impatient, elle reste invisible. C’est un paradoxe typique de la jungle. Ainsi, pour optimiser ses chances d’observation sans s’exposer aux risques liés à la forêt tropicale, il important de respecter quelques règles simples, que vous trouverez dans les pages suivantes.

Futura Sciences 05/12/2011

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- Restez silencieux, regardez partout, soyez attentifs au moindre craquement, bourdonnement, sifflement et tachez d’être pluridisciplinaire dans votre quête : la forêt n’a pas que de grands mammifères à offrir à ses visiteurs ! Lézards, batraciens, petits oiseaux, insectes… pas besoin de marcher des kilomètres pour espérer croiser leur route. Il ne faut pas avoir peur de rester deux heures sur 300 mètres de sentier !

Les singes se déplacent et sont relativement bruyants : ils ne sont pas difficiles à débusquer et ne nécessitent pas un silence religieux. Cependant, pour rencontrer un agouti, un tayra, un fourmilier, le silence total sera la clé de la réussite.

- S’arrêter 10 à 15 minutes à intervalles réguliers est aussi une bonne méthode, pour peu que vous soyez équipés contre les moustiques (manches longues plus conseillées que du répulsif). Pour déceler des anolis, des grenouilles mimétiques de la litière ou des phasmes impassibles, le regard doit se concentrer sur quelques centimètres carrés, à l’affût du moindre mouvement.

Aiguisez donc votre œil au petit monde et ne négligez aucune direction : les feuilles mortes, les écorces, le dessous des palmes, les entrelacs de racines, les tubes formés par les jeunes pousses de balisiers et, surtout, la cime des arbres, où toucans, paresseux et iguanes peuvent rester longtemps cachés dans les branchages, sans un bruit. Ces animaux peu mobiles et en hauteur seront les plus difficiles à débusquer.

- Ne pas donner à manger aux animaux... Croire que cette faune sauvage a besoin d’un coup de pouce dans sa quête alimentaire est une erreur. Les zones protégées des jungles d'Amérique ont beau le rappeler sans cesse, cette pratique reste courante.

. Au Costa Rica par exemple, dans le parc national de Manuel Antonio, les touristes sont nombreux à nourrir les saïmiris (singes écureuils) qui n’hésitent plus à s’approcher pour le plus grand plaisir des tout petits : le zoo grandeur nature !

. Grands malins, les singes capucins de Cahuita, quant à eux, peuvent faire preuve d’une certaine agressivité lorsqu’ils volent les paquets de chips et les gâteaux dans les poches des touristes : ils savent reconnaître les friandises, rangez-les donc bien à l’intérieur de vos sacs. Bien que coquasse, cette pratique a des impacts non négligeables : les groupes de singes s’établissent à proximité des sentiers sur des territoires de taille réduite puisque la nourriture y est en abondance.

Résultats : les migrations et les chances de rencontre entre les groupes diminuent, ce qui engendre à long terme une augmentation du degré de consanguinité entre les individus d’un même groupe. Ainsi, les probabilités de voir apparaître des malformations ou des individus stériles chez les nouvelles générations ne cessent de s’accroître.

Futura Sciences 05/12/2011

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Si vous souhaitez observer la faune de la forêt tropicale, idéalement levez-vous avec le soleil pour être sur le terrain aux premières lueurs du jour : c’est à ce moment que la majorité des oiseaux ont leur pic d’activité.

Dès 9 h et jusqu’au zénith, la chaleur du soleil devient si pesante, même dans le sous-bois, que oiseaux et mammifères retournent se cacher au frais. Ces créneaux de milieu de journée sont à dédier à la sieste ! Enfin, les dernières heures de journée sont également propices à l’observation de la faune sauvage.

Pour ne pas être piégé par une nuit qui tombe vite et tôt (c’est le noir absolu à 19 h), ne partez jamais sur le terrain sans lampe frontale : en journée elle vous aidera à éclairer trous, cavité et terriers ; de nuit à retrouver votre chemin, ou à poursuivre vos recherches. Pour avoir un réel aperçu de la biodiversité de ces forêts pluvieuses, ne négligez pas les sorties nocturnes !

Grenouilles arboricoles, arthropodes par centaines, couleuvres en chasse, pacas, tatous, kinkajous patrouillent dans le sous-bois à la recherche de denrées alimentaires et de partenaires pour la reproduction. À même le sol ou dans les arbres, les surprises de la forêt nocturne sont innombrables : un chapitre sera consacré plus loin à ce sujet.

Tapir du Brésil (Tapirus terrestris), le plus gros mammifère terrestre des jungles d’Amérique. ©️ Sylvain Lefebvre et Marie-Anne Bertin

Futura Sciences 05/12/2011

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Il est recommandé d’apprendre à reconnaître la poignée d’espèces réellement dangereuses sur le terrain. Morsure de serpents, piqûre de fourmis, grenouilles...

- Les cas d’attaque de puma ou de jaguars sont très anecdotiques : timides et craintifs, ils ne se montrent quasiment jamais dans le sous-bois (aucune observation en deux ans pour notre part).

- Les serpents sont à prendre plus au sérieux même si très peu d’espèces sont à craindre (la quasi-totalité des serpents observés de nuit sont inoffensifs : serpents-liane, boas, imantodes...).

Très active et agressive, la vipère fer-de-lance est la plus redoutée : sa morsure peut être fatale. Vipère de Schlegell et serpent corail méritent également d’être reconnus rapidement. En cas de doute au moment de l’observation, ne surtout pas déranger ni manipuler ces ophidiens.

- Moins dangereuses, mais souvent douloureuses, les fourmis ne sont pas à mépriser : celles du genre Paraponera, noires et remarquables par leur taille (environ 2cm) évoluent en petit nombre, voire en solitaire, sur les basses feuilles et le long des écorces : elles sont très agressives.

Le danger ne vient pas de leurs larges mandibules, mais du dard à l’origine d’une piqûre violente et douloureuse pendant près d’une journée (on la surnomme la « fourmi 24 h » pour cela, ou « fourmi balle » en référence à la douleur d’une balle de revolver…). Les fourmis du genre Crematogaster, beaucoup plus petites et moins douloureuses vivent en symbiose avec les acacias de Collins : en échange du gîte (cavités dans de grandes épines) et d’un nectar alimentaire, ces fourmis défendent ardemment la plante de ces agresseurs herbivores (mammifères ou insectes). Frôler cet acacia d’un peu trop près vous laissera un souvenir cutané de quelques instants…

- Malgré leurs airs enjôleurs, les amphibiens peuvent sécréter des poisons très nocifs : c’est le cas des grenouilles souvent très colorées de la famille des dendrobates.

Vipère fer-de-lance (Bothrops asper) : la morsure de ce serpent est mortelle. ©️ Sylvain Lefebvre & Marie-Anne Bertin

Dans tous les cas, l’expérience et le temps passé sur le terrain feront la différence. Lorsqu’il s’agit d’observer ou de photographier les âmes du sous-bois pour la première fois, on ne sait jamais vraiment d’emblée quel comportement adopter, surtout pour les mammifères. Va-t-il d’abord me voir ou m’entendre ? Mon odeur va-t-elle me trahir ? Prendra-t-il la fuite dans le sous-bois ? Dans les arbres ? Peut-être va-t-il me charger… devrais-je me mettre à l’abri sans tarder ? Une chose est sûre, les plus belles rencontres sont rarement les premières.

Pour vous aider dans vos approches, faire appel à un guide est certainement la meilleure introduction possible !

Fourmis de l'acacia de Collins (Crematogaster sp). ©️ Sylvain Lefebvre & Marie-Anne Bertin

Futura Sciences 05/12/2011

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La forêt tropicale est variée, et un de ses nombreux visages est celui de la vie nocturne, qui se doit d'être connu, pour tout observateur de ces lieux. Bruits, ombres, faune diverse... que réserve la forêt tropicale de nuit ?

En l’espace de quelques minutes le soleil a totalement disparu. La Lune est peut-être pleine, ou totalement creuse. Ici, sous la voute de la canopée, nous ne la voyons pas : c’est le noir absolu toutes les nuits. Notre ouïe semble décuplée : bien entendu, dans l’obscurité, nous prêtons plus attention au fond sonore qu’à l’habitude mais il y a clairement plus de décibels faunistiques de nuit qu’en journée.

Tour à tour, les animaux sifflent, coassent, hululent, bourdonnent. Sont-ce des insectes, des grenouilles, des oiseaux ? Bien difficile à dire pour la plupart tant qu’ils ne sont pas repérés. Frénétiquement attirés par les deux faisceaux de lumière de nos lampes frontales, une foule de petits insectes se bousculent autour de nous. Les moustiques nous piquent, les papillons jouent les kamikazes entre nos yeux et les moucherons finissent leur course au fond de notre gosier. Régulièrement, ils nous obligent à cracher. Les nuées ailées font le bonheur des chauves-souris qui trouvent dans le sillage de nos éclairages un garde-manger bien garni. Guidés dans leur chasse entomologique par un système d’écholocation ultraprécis, les chiroptères frôlent à grande vitesse nos visages et nous font sursauter à chaque passage.

Notre champ de vision se limite à la fine traînée blanche de nos lampes. Régulièrement, nous nous engluons dans une toile d’araignée récemment étendue au travers du sentier. Pourtant, nous marchons lentement, très lentement. À chaque pas, nos yeux sont rivés au sol. Il est crucial de savoir où se posent nos pieds. À cette heure, la vipère fer-de-lance est en chasse. C’est peut-être le seul animal que nous craignons vraiment pendant ces balades. Ce serpent redouté pour son agressivité se camoufle très bien au sol et sa morsure peut être fatale. Souvent, nous croisons sa route. Nous ne sommes pas capables d’identifier tous les ophidiens de la forêt mais une tête triangulaire et des pupilles verticales ne sont jamais bon signe : mieux vaut tracer son chemin dans ce cas et laisser la vipère vaquer à ses occupations.

Scarabée éléphant (Megasoma elephas), que l'on peut observer la nuit en forêt tropicale. ©️ Sylvain Lefebvre et Marie-Anne Bertin

Ce n’est qu’une fois les pieds en sécurité que notre regard file vers les feuilles et le long des écorces, car au-delà de ces quelques désagréments et consignes de sécurité, explorer la forêt tropicale de nuit est passionnant pour le curieux de nature : un univers de prospection d’une richesse étonnante.

À hauteur d’homme, sur une branche ou sous une palme, anolis, papillons-chouettes et libellules se sont endormis. Un peu plus haut, c’est un colibri qui trouve le sommeil. Surprendre la faune plongée dans ses rêves est une drôle de sensation et nous avons le sentiment de leur voler un moment d’intimité. À leur place, nous nous sentirions certainement espionnés, alors nous restons silencieux et brefs.

Gecko à bandes du Yucatan (Coleonyx elegans). ©️ Sylvain Lefebvre et Marie-Anne Bertin

- Papillons de toutes les formes, de toutes les couleurs virevoltent par centaines chaque soir. Nous jubilons à chaque observation d’un grand saturnidé comme les Rothschildia. Dans la végétation,

- les criquets abondent. Nombreux sont ceux à posséder une corne jaune sur la tête qui leur donne des allures de rhinocéros.

- Une multitude de petites araignées tissent leur toile pour la nuit. D’autres plus étranges, qualifiées de lance-toile, sont simplement suspendues par un fil et étendent entre leurs pattes un filet de soie qu’elles jetteront sur leur proie.

- Les phasmes sont plus faciles à débusquer de nuit que de jour. Leur camouflage est moins efficace lorsqu’on se concentre sur de petites surfaces et le contraste de couleur entre leur cuticule et la végétation est plus marqué.

Plus ponctuellement, de jolis coléoptères ou autres curiosités à six pattes font leur apparition : un scarabée éléphant, un fulgore, une mante. Les couleuvres arboricoles, totalement inoffensives, nous font aussi l’honneur de s’exhiber.

Serpent à tête retroussée (Imantodes cenchoa). ©️ Sylvain Lefebvre & Marie-Anne Bertin

Contempler ces gracieuses silhouettes passer d’une branche à l’autre est un délice. L’une des plus communes, fine comme un crayon et longue d’un mètre, est l’ Imantodes cenchoa. Son nez retroussé et ses gros yeux globuleux sont caractéristiques. Mangeuse de grenouilles, c’est aussi une grande friande d’anolis, qu’elle attrape durant leur sommeil : l’ Imantodes est capable d’étendre plus de la moitié de son corps dans le vide et par conséquent, peut surprendre sa proie sans entrer en contact avec la branche sur laquelle elle repose, au risque de la réveiller et la faire fuir.

Futura Sciences 05/12/2011

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Pour se répartir habitats et ressources alimentaires, la faune se partage l’espace mais aussi le temps.

Nous surprenons plus d’animaux nocturnes actifs que d’endormis : la forêt ne sommeille jamais. Comme de jour, la faune est discrète mais omniprésente.

- Au sol, l’activité des fourmis coupeuses de feuilles atteint des sommets : des milliers d’individus rejoignent la fourmilière, en file indienne, chargés d’un morceau de feuille qui sera broyé et mis en culture pour élever un champignon à la base de leur alimentation.

- Iules, scolopendres, blattes crapahutent sur la litière et le long des troncs morts.

- Facilement repérables par le reflet bleu que renvoient leurs yeux éclairés par notre lampe frontale, les araignées-loups ou lycoses, sont en quête de nourriture. Elles sont dix fois plus grosses que nos espèces françaises mais gardent un comportement similaire.

Nous les observons digérer leur proie maintenue entre les chélicères ou nous nous régalons de suivre les femelles entièrement recouvertes de leur progéniture : des dizaines de jeunes araignées fermement accrochées sur leur dos.

La redoutable chasseuse araignée-loup est aussi une incroyable mère-poule. Jean-Henri Fabre, dans ses Souvenirs entomologiques, s’était déjà amusé à décrire cette « draperie animale » avec les lycoses de Narbonne. Pour lui, « nulle part ne se trouverait spectacle familial plus édifiant que celui de la Lycose vêtue de ses petits. »

Hysiboas picturatus. ©️ Sylvain Lefebvre et Marie-Anne Bertin

- Fréquemment, les amblypyges enrichissent nos sorties. Leurs aspects terrifiants et archaïques nous fascinent. Arachnides plus populaires mais aussi peu appréciés, les mygales sont plus difficiles à apercevoir. De manière générale, elles sont assez craintives et disparaissent dans leur galerie souterraine à la moindre alerte.

- Les scorpions sont encore plus rares.

La jungle de nuit, c’est aussi le royaume des amphibiens. Traquer des anoures en regardant en l’air serait un non-sens dans nos forêts. Mais ici, les grenouilles arboricoles peuvent vivre jusqu’à la cime des arbres, à plus de 40 mètres de hauteur.

- Depuis le sous-bois, seule une partie nous est accessible et déjà la diversité explose. Les rainettes du genre Hyla, Phyllomedusa, Agalychnis ou Hypsiboas sont celles que nous préférons observer. Plutôt de grandes tailles, souvent colorées et munies de longs doigts aux extrémités en « ventouse », ces hylidés arborent des positions d’une photogénie remarquable lorsqu’elles agrippent branches et lianes.

- Plus petites et souvent délicatement en place sur les feuilles, les grenouilles de verre de la famille des Centrolénidés méritent l’attention. En les manipulant délicatement, il est possible d’observer leur système circulatoire et digestif, visibles par transparence en face ventrale.

- Au sol, crapauds buffles et crapauds bœufs (en réalité une grenouille) montrent que la grâce et les silhouettes sveltes ne sont pas partagées par tous les amphibiens.

Si porter la lampe frontale à hauteur des yeux a l’inconvénient d’attirer les insectes vers nos visages, cette technique a l’immense avantage de faciliter la recherche des mammifères nocturnes.

Éclairée, la rétine de leurs yeux renvoie un reflet rouge visible à plusieurs mètres. Souvent, retirée dans le sous-bois ou haut perché dans les arbres, une paire de billes luminescentes se détache du rideau noir. Dans ce cas trop éloignée pour la puissance de nos lumières, nous ne pouvons identifier nettement la boule de poils qui se cache derrière ce regard espion.

La part de mystère atteint son comble mais la frustration est très grande : peut-être venons-nous de passer à côté d’un paca, d’une moufette, d’un margay.

Trop craintifs pour se laisser approcher. Les pécaris sont trahis par la forte odeur de musc qu’ils dégagent et nous nous méfions de leur comportement.

- Le tatou, qui fouine la litière à la recherche de denrées invertébrées, est en général repéré à cause de sa relative discrétion : feuilles qui bougent et branches qui craquent le dénoncent. Parfois, sa route se rapproche de la nôtre, jusqu’à traverser le sentier devant nous : si la lumière des frontales ne les perturbe pas, l’observation des tatous impose un silence religieux. À la moindre alerte, il détale comme un boulet de canon. Couper la lumière et rester dans le noir quelques minutes, à plusieurs reprises, est peut-être la méthode la plus simple pour surprendre ces âmes discrètes.

- Les opossums sont parmi ceux que nous observons le plus régulièrement, toute proportion gardée. Ils sont la preuve que tous les mammifères nocturnes ne sont pas si effrayés par notre présence. La curiosité de ces vagabonds nous permet parfois d’agréables séances photos.

Revue plus en détail certaines espèces emblématiques ou étonnantes, dans les sujets suivants :


  • le singe araignée ;
  • le singe hurleur à manteau ;
  • la néphile dorée ;
  • l'iguane vert ;
  • le paresseux à gorge brune ;
  • le kinkajou ;
  • la rainette aux yeux rouges ;
  • le tamandua.

Futura Sciences 05/12/2011

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Les atèles, aussi appelés singes-araignées, sont des singes endémiques au Nouveau Monde et sont les plus grands primates d’Amérique. Inféodés aux forêts tropicales, et tout particulièrement à la canopée (étage sommital), ils se sont adaptés à la vie arboricole et ne descendent jamais au sol : pour les observer, il faudra donc lever la tête, regarder à trente ou quarante mètres du sol et lutter face aux contre-jours.

Les atèles se différencient en plusieurs espèces et sous-espèces regroupées sous le terme générique de « singe-araignée » (atèle aux mains noires ou atèle de Geoffroy, atèle à ventre blanc, atèle à tête brune, etc.).

Le singe-araignée, ou atèle de Geoffroy (Ateles geoffroyi). ©️ Sylvain Lefebvre et Marie-Anne Bertin

S’ils ont hérité de ce surnom, c’est à cause de leur longue queue préhensile qu’ils utilisent habilement comme un membre à part entière, donnant l’impression d’une cinquième patte. Capable de retenir tout le poids de l’animal, cette queue est sans cesse entourée autour d’une branche et agit comme une sécurité supplémentaire : dépourvue de poils sur le dernier tiers de la face inférieure, elle garantit une bonne adhérence. Cette morphologie les distingue très nettement des gibbons d’Asie dont la queue est inexistante.

Ces primates acrobates se déplacent par brachiation, suspendus aux branches grâce à leurs mains qu’ils utilisent comme des crochets. Le pouce n’intervenant pas dans ce mode de locomotion, il a tout simplement disparu au fil de l’évolution chez l’atèle, ne laissant, en apparence, que 4 doigts à ses mains... Le pouce opposable si caractéristique des primates n’est donc pas partagé par les atèles.

Autre adaptation étonnante : les femelles se reconnaissent par la présence d’un long clitoris hypertrophié, laissant croire que l’on est en présence d’un mâle... elles l’utiliseraient pour semer des odeurs...

Les atèles sont principalement frugivores et c’est en laissant tomber des graines au sol qu’ils participent au renouvellement de la forêt. Ils complètent leur alimentation par de jeunes pousses et plus rarement par des insectes ou des écorces humides.

Le singe-araignée, ou atèle de Geoffroy (Ateles geoffroyi). ©️ Sylvain Lefebvre et Marie-Anne Bertin

Les atèles sont aujourd’hui menacés par la disparition de leur habitat (classés en annexe 1 de la Cites) : ne vous y trompez pas en observant un groupe de 20 à 40 individus !

Futura Sciences 05/12/2011

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Le singe hurleur à manteau (Alouatta palliata) est l’un des symboles de la forêt néotropicale. Dès six heures du matin, le soleil à peine au-dessus de la canopée, son puissant et terrifiant rugissement se fait entendre sur plusieurs kilomètres à la ronde. De quoi surprendre lorsqu’on s’attendait aux chants gracieux de quelques espèces ailées. Plus tard, lors d’une grosse averse, il recommence à hurler tel un lion et, jusqu’à la tombée de la nuit, ces cris ponctuent l’ambiance sonore de la jungle.

C’est un mâle alouate, plus communément connu sous le nom de singe hurleur, qui marque son territoire. La végétation étant si dense dans la canopée, les différents groupes de singes peinent à se voir : autant se faire entendre ! Hurleur noir, hurleur à manteau, hurleur roux... ils sont plusieurs espèces, du sud du Mexique jusqu’en Amazonie, à partager ce comportement. Leur os hyoïde, situé près des cordes vocales (et très important chez l’Homme pour la parole ou la déglutition), est 25 fois plus grand que chez les autres singes et lui permet d’amplifier son cri, la gorge jouant alors le rôle d’une caisse de résonance... et même si cette prouesse sonore est destinée aux autres singes hurleurs, tous les habitants de la jungle en profiteront !

S’il s’entend aisément, l’alouate reste difficile à observer : il vit à la cime des arbres, bien souvent à plusieurs mètres de hauteur, rattaché aux branches par sa longue queue préhensile.

Moins acrobate et démonstratif que les singes-araignées, par exemple, son activité diurne reste très réduite et est la conséquence de son régime alimentaire. Le singe hurleur est folivore et passe énormément de temps à se reposer pour digérer la cellulose du kilo de feuilles, très peu énergétique, qu’il ingère quasiment chaque jour.

Le singe hurleur à manteau (Alouatta palliata). ©️ Sylvain Lefebvre et Marie-Anne Bertin

Futura Sciences 05/12/2011

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Dans la représentation populaire des forêts tropicales, les araignées ne sont jamais bien loin ! Et si leur agressivité et leur dangerosité est un cliché à bannir, il faut reconnaître qu’elles sont nombreuses, du sous-bois jusqu’à la canopée. Parmi elles, les néphiles : une famille d’araignées aranéomorphes répandue tout autour du Globe : ce sont les plus grandes tisseuses de toile au monde !

Dans les forêts tropicales d’Amérique, la néphile dorée clavipes est l’une des plus communes et des plus impressionnantes. Sa toile dépasse souvent un mètre de diamètre, les fils de soie ont des reflets dorés et collent fortement. Si par mégarde, vous prenez une telle toile dans le visage lors d’une sortie nocturne, vous verrez que les fils ne cèdent pas ! Ils sont si résistants que l’Homme cherche à les utiliser dans la fabrication de gilets pare-balles. La néphile en fait simplement une toile redoutable qu’elle étend en forêt, idéalement dans un endroit ensoleillé.

La néphile dorée (Nephila clavipes) est connue pour fabriquer une toile d'araignée très résistante. ©️ Sylvain Lefebvre et Marie-Anne Bertin

Papillons, scarabées, guêpes, criquets se feront piéger : certains observateurs y ont même trouvé de petits oiseaux comme des colibris ! La néphile mord alors sa proie et injecte un venin qui prédigèrera la victime. Le butin sera enroulé de soie et finalement ingurgité.

Ainsi, si vous croisez cette toile, vous n’aurez aucune difficulté à repérer l’araignée qui y repose : une femelle d’environ dix centimètres d’envergure avec de longues pattes, des couleurs vives et un abdomen étiré amenant le regard de l’observateur vers un dessin semblable à une tête de mort.... Invisibles aux premiers coups d’œil, d’autres araignées l’entourent.

En cherchant bien, vous pourrez distinguer d’autres individus beaucoup plus petits et principalement rougeâtres : les mâles ! Le dimorphisme sexuel est si impressionnant qu’on pourrait croire à deux espèces différentes. Et si cette minuscule araignée n’est pas rouge, c’est très probablement une autre espèce d’arachnide que la néphile tolère sur sa toile : un cleptoparasite qui récupère les petites proies piégées par la soie mais délaissées par l’énorme femelle !

La néphile dorée (Nephila clavipes). ©️ Sylvain Lefebvre et Marie-Anne Bertin

Futura Sciences 05/12/2011

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Si la classification les distingue en deux ordres différents et si leur mode de vie se différencie sur plusieurs aspects, les iguanes sont, derrière les crocodiliens, les plus grands « lézards » des forêts pluviales d’Amérique. Avec 2 m de long pour 10 kg, l’iguane vert est tout droit sorti du règne des dinosaures ! Une longue queue puissante, des pattes robustes, des griffes acérées, une crête dentée sur le dos : de quoi donner des frissons aux passionnés d’herpétologie…

La facilité relative à observer de petits lézards forestiers du genre Anolis dans le sous-bois tropical laisserait supposer que l’iguane vert, bien plus imposant, est une espèce aisée à déceler. Il n’en est rien ! Ce reptile se prélasse en haut des arbres, préférentiellement en bord de cours d’eau, et reste immobile des heures durant pour faire le plein d’énergie solaire. De plus, ses teintes ternes, verdâtres, le dissimulent parfaitement dans un environnement feuillu, au milieu des fruits et des jeunes pousses dont il se nourrit. Repérer un iguane dans de telles conditions demande un œil expert.

Territoriaux, les mâles possèdent un fanon gulaire très développé, sorte de repli cutané qu’ils aiment agiter du haut d’une branche pour marquer leur territoire et séduire les femelles. C’est d’ailleurs durant la reproduction que les mâles arborent des couleurs plus vives, jusqu’à devenir totalement orange.

L'iguane vert (Iguana iguana). ©️ Sylvain Lefebvre et Marie-Anne Bertin

Particulièrement apprécié par les terrariophiles, l’iguane est l’un de ces nombreux Nac, ou nouveaux animaux de compagnie. Dans les pays où il est répandu, il fait surtout la joie des habitants qui, bien souvent, raffolent de sa chair : en Amérique centrale, par exemple, il est le « pollo de selva » (poulet de la forêt) mais reste normalement intouchable dans les zones protégées !

Futura Sciences 05/12/2011

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Cachée dans la voûte forestière, suspendue à l’envers en haut d’une branche, une silhouette se distingue péniblement. Il faut un regard avisé pour la repérer car elle est immobile, ou quasiment : il s'agit du paresseux à gorge brune.

C’est une boule de poils, d’environ 60 cm pour 4 kg. Il est d’autant plus difficile de voir cet animal que sa fourrure est verdâtre, le dissimulant davantage dans le feuillage. C’est grâce à une symbiose avec des algues et des bactéries que le mammifère arbore cette teinte verte : ces micro-organismes se logent dans son pelage et le colorent légèrement, améliorant le camouflage de son hôte. Le paresseux à gorge brune, ou aï, puisque c’est de lui dont il s’agit, est scientifiquement connu sous le nom de Bradypus variegatus, du grec brados, la lenteur, podus, le pied et variegatus, celui qui change (son pelage varie du noir au blond). Le paresseux est un mammifère arboricole, folivore, et même si son activité est très réduite (il dort plus de 20 heures par jour), il peut être diurne ou nocturne.

Le paresseux à gorge brune (Bradypus variegatus). ©️ Sylvain Lefebvre et Marie-Anne Bertin

Les feuilles qu’ingèrent les paresseux sont difficiles à assimiler et peu énergétiques. Si l’on devait résumer la vie de cet animal primitif en un mot, ce serait certainement la « digestion », sa principale occupation. Son transit intestinal est l’un des plus lents parmi les mammifères, ce qui explique son faible dynamisme (il se déplace tout au plus de 5 mètres par minute).

Alors qu’une vache met 5 jours à digérer des kilos d’herbe, le paresseux a besoin de plus de 4 semaines pour assimiler le contenu de son petit estomac. Incapable de digérer seul les feuilles coriaces qu’il dévore, il vit une fois de plus en symbiose avec des bactéries qui lui permettent de dégrader la cellulose des végétaux. Mais ces bactéries ne sont réellement actives qu’en présence de chaleur : le paresseux doit donc absolument trouver régulièrement le soleil pour assurer son transit alimentaire. Dans le cas contraire, selon certains guides naturalistes, il peut mourir du mauvais temps. Environ une fois par semaine, les paresseux descendent de leur arbre. Aussi surprenant qu’inexpliqué, la raison est simple : c’est pour uriner et déféquer au bas d’un arbre voisin. Ils perdront alors jusqu’à un tiers de leur poids.

Parmi les hypothèses émises, on pense qu’ils donnent par cette habitude de mauvaises pistes odorantes pour les prédateurs : un puma, un jaguar ou un ocelot est capable de grimper aux arbres pour les chasser. C’est pourtant au sol que les paresseux s’exposent au danger et deviennent une proie très vulnérable : totalement inadaptés à la marche terrestre, ils prennent de grands risques durant ce court instant.

Futura Sciences 05/12/2011

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Un carnivore arboricole qui mange des fruits. Ainsi pourrait se définir en quelques mots le kinkajou, curieux mammifèrenocturne d’environ 50 cm pour 2,5 kg et très peu connu du grand public.

L’aisance remarquable de cet animal à évoluer dans les arbres et sa jolie petite tête ronde ont autrefois trompé les scientifiques qui ont vu en lui une sorte de singe, un lémurien plus exactement.

Le kinkajou est doté d’une longue queue préhensile pour se laisser suspendre d’une branche, de doigts capables de saisir la moindre petite brindille et d’articulations particulières aux genoux et aux coudes qui lui permettent de descendre la tête en bas le long d’un tronc. Toutes ces adaptations ne font pas de lui un primate pour autant. En réalité, le kinkajou appartient à la même famille que le raton-laveur ou le coati et fait donc partie, au même titre que le tigre, l’ours brun ou le loup, de l’ordre des Carnivores. Et là encore, ne pas se fier aux apparences car plus des trois quarts de son alimentation est composée de fruits, de nectar ou de feuilles, ce qui en fait un excellent disséminateur de graines et de pollen dans la forêt tropicale.

Bien loin d’une série de crocs effrayants, le kinkajou se pare d’une longue langue agile et seuls quelques œufs et insectes occasionnels lui offrent des protéines. Les observations du kinkajou en milieu naturel sont rares et son comportement reste méconnu. À titre d’exemple, on le sait solitaire mais certains scientifiques ont observé plusieurs individus dans un même groupe sans pouvoir l’expliquer réellement.

Le kinkajou (Potos flavus). ©️ Sylvain Lefebvre et Marie-Anne Bertin

À force de patience et de persévérance, cet hôte discret de la canopée a fini par se dévoiler à nous cinq fois en deux ans, au Costa Rica les deux premières fois, dans la réserve privée de Curu puis sur l’un des sentiers de la station biologique La Selva. Très éloigné, en haut d’un arbre, nous ne pouvions distinguer que deux yeux rouges et une silhouette à peine identifiable. Kinkajou ou olingo, le doute persiste encore. La fois suivante, au Mexique, dans la forêt lacandone. Le kinkajou se baladait sur de petits arbres en bord de rivière, rendant l’observation idéale, avec du recul et une faible distance. En Équateur ensuite, sur le site de la réserve biologique Jatun Sacha où nous avons partagé une partie de cache-cache grandeur nature. Une cinquième fois enfin, de nouveau à La Selva au Costa Rica.

Rares sont les personnes qui peuvent se targuer de l’avoir contemplé aussi parfaitement que nous à cet instant : le kinkajou était à portée de main, désireux de traverser le pont suspendu sur lequel nous avancions à contre-sens : nos chemins se sont littéralement croisés. Durant près de vingt minutes, la boule de poils s’est offerte à nous...

Futura Sciences 05/12/2011

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Les arbres de la forêt tropicale peuvent dépasser 50 mètres de hauteur et à l'image d'une maison de plusieurs étages, la forêt s'organise sur plusieurs niveaux. Chaque strate offre des ressources alimentaires et des microhabitats variés.

De jour comme de nuit, les espèces se sont donc adaptées à chacune de ces niches écologiques pour se déplacer, se nourrir et se reproduire. Ces multiples spécialisations, spatiales, temporelles, comportementales et alimentaires expliquent en partie la grande diversité animale de ces écosystèmes. Ainsi, des dizaines, et probablement des centaines, d'espèces de grenouilles ont colonisé les arbres.

La rainette aux yeux rouges en est un exemple. Drôle d'idée que de chercher des amphibiens en regardant vers le ciel... Par son extravagance chromatique, l’Agalychnis callidryas fait partie des grenouilles les plus photographiées au monde. Elle est même devenue l’emblème nature du Costa Rica.

La rainette aux yeux rouges (Agalychnis callidryas). ©️ Sylvain Lefebvre et Marie-Anne Bertin

Durant la journée, cette grenouille d'environ 8 cm, ne paie pas de mine : d’une teinte vert fade, elle dort camouflée sous une palme, recroquevillée sur elle-même. Mais lorsque la nuit tombe, l’Agalychnis part à la chasse aux arthropodes : elle se réveille et dévoile son costume de clown. Le vert de son corps s’intensifie, d’énormes yeux rouges globuleux jaillissent de sa minuscule tête et des flancs rayés blancs et jaunes apparaissent au-dessus de ses pattes orange. Un festival de couleur ! Lorsqu’elle évolue dans la végétation, la rainette adhère aussi bien à l’écorce rugueuse des arbres que sur les feuilles lisses. Ce déplacement est rendu possible grâce à une adaptation remarquable liée à son mode de vie arboricole : l’extrémité des doigts est transformée en un organe de fixation discoïdal agissant comme une ventouse.

La rainette aux yeux rouges (Agalychnis callidryas). ©️ Sylvain Lefebvre et Marie-Anne Bertin

Cette rainette arboricole ne descend de la canopée qu’en période de reproduction durant la saison des pluies. Le mâle émet des « clics » au-dessus d’une petite piscine d’eau (trou dans l’écorce d’une branche, centre d’une broméliacée, petite mare au sol...). Il grimpe ensuite sur le dos d’une femelle pour fertiliser les œufs qui seront déposés en grappe sur une feuille située au dessus de l’étang improvisé. À leur éclosion, 5 à 8 jours plus tard, les têtards tomberont directement dans l’eau et poursuivront leur développement.

Futura Sciences 05/12/2011

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Le superordre des Xénarthres, abusivement appelé « édentés », regroupe des mammifères bien différents en apparence et tous plus curieux les uns que les autres : les tatous, les paresseux et les fourmiliers (comme le tamandua).

Peluche dont rêveraient tous les enfants, le tamandua, ou tamandou, est l'une des quatre espèces de fourmiliers d’Amérique. Son pelage atypique est marqué par une très large bande de poils noirs le long du dos et à hauteur des membres, qui contraste avec le reste du pelage de couleur crème, donnant l’impression qu’il s’est affublé d’un petit blouson noir. Dans un dialecte brésilien, taa signifie fourmi et mandeu le piégeur. Ainsi donc, de nuit ou de jour, au sol ou dans les arbres, cette boule de poils d'environ 50 cm (le double avec la queue) traque termites et fourmis. Un art dans lequel le tamandua est passé maître.

Le tamandua (Tamandua mexicana). ©️ Sylvain Lefebvre et Marie-Anne Bertin
Les fourmiliers n’ont pas de dents et leur bouche se dessine à la manière d’un tube dans lequel circule une langue longue et rugueuse recouverte de villosités enduites d’une salive collante. Son terrain de chasse est vaste et chaque jour, le tamandua explore plusieurs dizaines de termitières et fourmilières. En ne détruisant pas le nid à chaque repas, il s’offre le privilège de revenir plusieurs fois au même endroit. Mais termites et fourmis se défendent chimiquement contre les fourmiliers, qui ne sont pas toujours immunisés. Le tamandua parade en limitant le temps de prélèvement sur chaque nid : il réduit ainsi ses chances d’ingérer de trop grandes quantités de produits nocifs.

Cette espèce n'est pas limitée aux forêts pluviales. On le trouve également dans des savanes plus sèches ou des zones plus marécageuses.

C'est au Costa Rica, dans le sous-bois du parc national de Corcovado, que nous l'avons le mieux observé. Cette fois-là, au détour d'un sentier, nous nous sommes retrouvés nez à nez avec cette espèce si longtemps convoitée. Un fin rideau végétal nous séparait encore de lui. Nous l’observions attentivement au travers de quelques interstices feuillus, puis nous avons tenté une approche, mètre après mètre.

Le petit fourmilier était bien trop occupé à sonder les anfractuosités du bois alentour pour remarquer notre présence, jusqu’à ces craquements de feuilles mortes sous nos pieds... il détala sans même se retourner, jusque dans les hauteurs du premier arbre venu. Par malchance dans sa hâte, l’animal n’aura choisi qu’un petit arbre dégarni en guise de cachette. On y distinguait aisément sa silhouette. Nous nous sommes donc cachés une dizaine de mètres plus loin : il lui fallait bien descendre à un moment ou un autre.

Une heure s’écoula. Il semblait s’être assoupi. L’attente s'est poursuivie au pied de l’arbre et enfin le tamandua a montré ses premiers signes d’impatience... nous nous sommes rapprochés discrètement du tronc pour établir notre planque un peu plus près de la cible, malgré les moustiques virulents, les fourmis hargneuses et les tiques boulimiques.

Enfin, après deux heures de faction, le fourmilier résigné abandonna le combat. Vaincu mais bon joueur, il redescendit en douceur de sa cachette comme pour nous laisser contempler toutes les coutures son costume. Un moment privilégié avec ce drôle de mammifère !

Futura Sciences 05/12/2011

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Pour celui qui s’adonne aux joies de la chasse photographique, la forêt tropicale humide est un paradis tout trouvé ! Selon vos centres d’intérêt, l’équipement qui vous accompagne doit couvrir un éventail de situations de tous types pour des sujets de toutes tailles : du microlépidoptère aux arbres de 40 mètres !

Le matériel pour photographier en forêt tropicale

La photographie en forêt tropicale très variée. Ici, l'envol d’un Ara macao. ©️ Sylvain Lefebvre et Marie-Anne Bertin

Pour réaliser de belles photos, et surtout pouvoir tout photographier, du plus petit au plus grand, quelques accessoires doivent être ajoutés à la liste du matériel essentiel. Quelques conseils d'ordre général vous attendent également.

Toucan de Swainson (Ramphastos swainsonii). ©️ Sylvain Lefebvre et Marie-Anne Bertin

Les accessoires indispensables et à ne pas négliger

En cliquant sur le lien vous découvrirez des conseils judicieux (pour les néophytes comme pour les autres) pour éviter au maximum l’infiltration d’eau sur votre matériel, choisir son matériel en fonction de l'objectif de la journée...

Des vidéos à ne pas manquer, cliquez sur les liens qui suivent...

Une journée dans la jungle néotropicale

La forêt sous les tropiques

Futura Sciences 05/12/2011

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Exode tropical est une association de loi 1901 (association que je découvre grâce à ce "reportage"), d’éducation à l’environnement, dédiée à la découverte, la valorisation et la préservation des écosystèmes tropicaux. Depuis sa création en novembre 2004, les activités d'Exode tropical sont largement portées par Sylvain Lefebvre et sa compagne Marie-Anne Bertin.

Ingénieur agronome, Marie-Anne a en charge la gestion du site Internet de l'association. Photographe et cinéaste autodidacte, elle a également consacré deux années de sa vie aux projets de l'association sur le terrain en Amérique tropicale.

Les activités d'Exode tropical alternent reportages photo et vidéo liés à la conservation des forêts tropicales, participation à des programmes d'écovolontariat, conception d'expositions et d'outils pédagogiques, publications de récits de voyages ou animations scolaires et conférences grand public lors de salons, d'expositions ou d'interventions en classe.

Au travers d'Exode tropical, Marie-Anne et Sylvain veulent donner une utilité sociale et environnementale à leurs expéditions. Ils proposent aujourd'hui :

Sur la biodiversité des forêts pluviales d'Amérique centrale, qui met en scène un jeune aventurier durant son exploration naturaliste.



Futura Sciences

Au gré de ses explications, le lecteur découvre l’organisation spatiale d’une forêt tropicale et les adaptations surprenantes développées par la faune et la flore. Cette exposition se découpe en 18 affiches, accompagnées de 10 agrandissements photographiques légendés et d’un diaporama de 50 images. Les panneaux sont disponibles gratuitement en fichier pdf haute définition : seul le coût de l'impression est à la charge du demandeur.

Intitulé Selva. Savoureux mélange de récit de voyage, séquences animalières et reportages sur des actions locales menées pour la conservation des forêts tropicales, ce film a été tourné au cours des expéditions menées en 2009 et 2010 depuis le Chiapas mexicain jusqu'en Amazonie équatorienne : Marie-Anne et Sylvain recherchent dès à présent des opportunités de diffusion, aussi bien à la télévision que lors de conférences ou festivals. Sortie prévue Printemps 2012.

La maquette de cet ouvrage, qui mêle à la fois anecdotes de terrain, conseils d'observation et biologie des espèces remarquables, est disponible sur demande. L'association recherche actuellement un éditeur. Pour plus de détails et pour prendre contact avec l'association, rendez-vous sur le site www.exode-tropical.com.

Futura Sciences 05/12/2011

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