Aller au contenu
Rechercher dans
  • Plus d’options…
Rechercher les résultats qui contiennent…
Rechercher les résultats dans…
Admin-lane

La forêt tropicale de Guyane importante biodiversité à découvrir

Messages recommandés

La forêt tropicale de Guyane et sa biodiversité est un article qui vient confirmer la Synergie de la forêt avec sa faune... L'article publié sur Futura Sciences date de 2008 et même si les chiffres énoncés ont certainement "bougé" depuis, il n'en reste pas moins que la richesse naturelle de la forêt (de toutes les forêts) et de sa biodiversité doivent être préservées. Elle sont source de vie pour aujourd'hui, pour demain, pour l'avenir de la planète....

Ci-dessous, synthèse des données des différentes espèces rescencées en Guyane jusqu'à présent (avant les expétitions et l'officialisation des nouveaux taxons en cours d'évaluation) SourceINPN : Inventaire National du Patrimoine Naturel. En Bleu : espèces continentales, en Orange : milieu marin.

Cliquez sur les liens en bleu ou orange, dans le tableau, pour avoir le détail. 




Espèces / OrdresTotalEndémiquesEteintesTotalEnvahissantesCryptogènes
Animalia1751544104458
Fungi16---------------
Plantae532160019700
Animalia1154---------------
Plantae4---------------




-

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites
Après les fonds marins durant l’été 2014, les scientifiques du Muséum d’histoire naturelle vont explorer les forêts reculées et quasi-inexplorées du massif de Mitaraka, à l’extrême sud du département.


En plus des articles que vous trouverez dans les messages qui suivent, pensez à visiter le site "La Planète Revisitée" et lisez le carnet de bord  pour suivre cette expédition au jour le jour !





La Guyane, quatrième étape du programme naturaliste «la planète revisitée ». Après Espiritu Santo, Vanuatu, le Mozambique et Madagascar, et la Papouasie-Nouvelle Guinée, le programme du Muséum national d’histoire naturelle (MNHN) explore la Guyane sur le principe de l’inventaire systématique des espèces. Selon le calendrier prévu, du 23 février au 27 mars 2015, 50 scientifiques vont explorer toutes les strates de la forêt - du sol à la canopée - couvrant le massif de Mitaraka, dans les monts Tumuc-Humac, à la frontière brésilienne. 


 Le massif du Mitaraka est ponctué de mornes aux falaises plongeantes. O.Pascal ©️ MNHN-PNI


"Cette région a fait consensus auprès des naturalistes parce qu’elle est inaccessible par voies terrestres et fluviales et a donc été peu explorée, explique Olivier Pascal, responsable du projet biodiversité à Pro Natura International, association partenaire du MNHN. 

 Exemple de piège lumineux pour insectes nocturnes qui sera utilisé lors de l'expédition. J.Touroult ©️ MNHN-PNI

Les rares missions à s’être rendues dans cette zone signalent la présence d’une flore riche, différente du reste de la Guyane par son influence amazonienne et encore largement méconnue. Cette région est aussi la moins connue de Guyane sur le plan entomologique.

Située sur la ligne de partage des eaux entre nord et sud, cette partie de la chaîne des monts Tumuc-Humac est soupçonnée receler de nombreuses espèces endémiques inconnues de la science". Ce sont les insectes qui sont en priorité ciblés et la société entomologique Antilles-Guyane qui fournit la moitié du contingent scientifique espère de nombreuses découvertes. Cette société possède en effet dans ses collections 18 000 espèces d’insectes seulement alors qu’on estime que la forêt guyanaise en recèle au moins 100 000. Mais des prélèvements vont également être procédés sur la flore, sur les champignons, les vers de terre, les amphibiens, les serpents et les poissons d’eau douce.

 Exemple de piège d'interception d'insectes.  J.Touroult ©️ MNHN-PNI

Fin janvier, des militaires français ont défriché une aire d’atterrissage pour les hélicoptères chargés d’apporter 5 tonnes de matériel depuis la commune de Maripasoula. Des chemins d’accès ont également été tracés dans la jungle pour accéder aux différentes placettes de prélèvements. Les chercheurs devront affronter la saison des pluies qui est la plus propice pour l’émergence des insectes.


 Les îles du Salut constituent les seuls éléments rocheux entre l'embouchure de l'Amazone et le Venezuela. Y.Buske ©️ MNHN-PNI

C’est en revanche la saison sèche qui a été choisie pour explorer le plateau continental guyanais en août 2014 : "la côte est en effet sous le panache des alluvions charriées par l’Amazone, expose Philippe Bouchet, Professeur au MNHN. Aussi, les eaux sont-elles moins turbides à la saison sèche quand le débit du fleuve est plus faible". Malgré tout, 95% du temps, les plongeurs se sont enfoncés dans des flots où la visibilité était inférieure à 30cm. Les chalutages de boues ont également permis de remonter à la surface des espèces nouvelles ou inconnues dans ces eaux.


 Oursin des fonds chalutables au large de la Guyane. Gustav Paulay ©️ MNHN-PNI

Au total, les chercheurs espèrent passer de 20 espèces d’échinodermes (étoiles de mer, oursins, holothuries) recensées à 115, de 57 crustacés à 180 et de 366 mollusques à 500. "L’expédition a permis de faire un point zéro de la biodiversité marines de cette région, valable de l’embouchure de l’Amazone au nord du Venezuela" se réjouit Philippe Bouchet. Cet état des lieux avait à l’origine été demandé par les élus guyanais alors que des projets d’exploitation pétrolière étaient envisagés dans ces eaux. Les gisements se sont depuis avérés inexistants, mais le projet scientifique est resté.

 Cystiscidae en cours d'analyse. Il s'agit potentiellement d'une nouvelle espèce. Laurent Charles ©️ MNHN-PNI

Ces spécimens sont aujourd’hui triés, analysés et décrits loin des eaux tropicales, dans un laboratoire de l’Université de Clermont-Ferrand, à Besse en Chandesse en plein Massif Central.

 Une anémone de mer ... ©️ MNHN-PNI / expédition Guyane / L. Charles



Mission 2015 : Sur le terrain, les méthodes "classiques" de piégeage, comme les pièges d’interception (vitres, pièges Malaise), les pièges attractifs (lumineux), la chasse à vue, seront déployées. D’autres techniques seront utilisées pour récolter la faune du sol, du sous-sol et des rivières. Tout sera mis en œuvre pour inventorier de manière systématique et approfondie 10 km2 de forêt. En plus de cette collecte d’espèces tout azimut, la mise en place du protocole d’étude écologique Diadema du Centre d’étude de la biodiversité amazonienne, déjà appliqué dans d’autres zones de Guyane, permettra de compléter l’étude de la distribution de la biodiversité sur le territoire guyanais.

Enfin, la Société Entomologique Antilles-Guyane (SEAG) mettra à la disposition du projet son réseau de 120 spécialistes pour la détermination des spécimens d’insectes après l’opération, tandis que les réseaux Guyadiv et ATDN (Amazon Tree Diversity Network) relaieront les résultats aux niveaux régional et interrégional. Expédition Guyane

Découvrez d'autres photos de l'expédition de 2014Expédition aux îles du SalutExpédition hauturière.

Sciences et avenir 1/2/2014 -

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites
« Nous sommes les seuls au monde à monter ce type d'expéditions... » La mission dont parle Thomas Grenon, directeur du Muséum national d’histoire naturelle, va envoyer trente chercheurs pendant un mois dans le massif du Mitaraka, en Guyane. Leur objectif : recenser dans la jungle des mythiques monts Tumuc-Humac quelques-unes des espèces qui ont échappé aux radars de la science. Une aventure scientifique et humaine qui s'inscrit dans le programme « La planète revisitée », et que nous raconte le journaliste Yann Chavance, en immersion dans cette terra incognita de la biodiversité.


  La commune de Maripasoula, le long du Maroni. Photo Yann Chavance



Une journée. Il aura fallu plus d’une journée pour rallier le camp de base de l’expédition depuis Paris. Après neuf heures de vol pour atteindre l’Amérique du Sud et la côte de Guyane française, première étape à Cayenne pour une courte nuit. Tôt le lendemain matin, c’est dans un avion bien plus modeste que nous reprenons les airs, un petit coucou d’à peine quinze places. Direction : Maripasoula, 220 kilomètres plus à l’ouest. Ce village de 10 000 âmes est l’un plus hauts sur le fleuve Maroni, qui sépare la Guyane de son voisin le Suriname.

C’est donc dans cette petite bourgade, melting-pot d’Amérindiens, de Noirs « marrons », de Brésiliens ou encore d’Haïtiens, que nous nous retrouvons tous sur le tarmac à attendre notre ultime taxi aérien. Pour rejoindre enfin notre destination, le massif du Mitaraka dans les monts Tumuc-Humac, à quelque 150 kilomètres plus au sud, l’hélicoptère se révèle être la seule option possible.
Si le Maroni reste navigable bien après Maripasoula, les derniers kilomètres jusqu’au Mitaraka n’auraient pu se faire qu’à pied, à travers la jungle. Impossible, avec une trentaine de scientifiques et plusieurs tonnes de matériel. Ce qui explique aussi pourquoi cette région reste aujourd’hui quasi-inexplorée…


En milieu de journée ce lundi, une vingtaine de scientifiques se retrouvent ainsi à attendre un hélicoptère sur le dernier village du fleuve. Chacun chacun a sa spécialité, offrant à l’expédition la vision la plus large possible sur la faune et la flore locales : insectes, araignées, reptiles, amphibiens, arbres, plantes… Interrompant les discussions, un premier groupe décolle.


 L'hélicoptère se pose sur la piste d'atterrissage du camp. Photo Yann Chavance

En quelques secondes, les derniers baraquements laissent place à la forêt amazonienne à perte de vue, inviolée. Quarante minutes de survol d’une jungle baignée par la brume et la pluie, qui dévoile un relief de plus en plus marqué. L’hélicoptère marque un virage serré entre deux collines, dévoilant une tâche brune crevant la forêt. Au milieu de nulle part, la piste d’atterrissage apparaît. A peine posé, le temps de vider le véhicule de ses passagers et leurs chargements, l’hélicoptère repart vers Maripasoula récupérer le prochain groupe.

Ce petit manège durera tout l’après-midi avant que les trente-trois membres d’expédition se trouvent enfin réunis, prêts à dévoiler toute la vie animale et végétale du Mitaraka. Mais avant, c’est l’heure pour chacun de découvrir le camp, le paysage grandiose qui l’entoure et sa quinzaine de carbets (structures en bois protégées de la pluie par de grandes bâches plastiques). Les plus impatients, une fois les bagages vidés et le hamac-moustiquaire déployé, commencent déjà, avant la tombée de la nuit, à placer les premiers pièges à interception censés capturer coléoptères, papillons, mouches et autres insectes volant à proximité. Mais pour tous, le véritable travail et les premières trouvailles commencent demain.


 La pluie aidant, le camp est visité par de nombreuses dendrobates colorées. Photo Yann Chavance







Le Monde 24/2/2015

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites
27 février - 2° 14’ nord, 54° 27’ ouest, indique le GPS. Loin de tout, nous dit-on. Mais pourquoi ici justement ? Pourquoi dresser un inventaire de la biodiversité dans ce coin perdu de Guyane, et pas ailleurs ? 

« Depuis quelques années déjà, nous réfléchissions à intervenir sur un territoire d’outre-mer, il y avait une certaine logique pour un programme franco-français comme le nôtre », explique Olivier Pascal, responsable du programme biodiversité de Pro-Natura, l’ONG qui codirige les expéditions « La planète revisitée » avec le Muséum national d’histoire naturelle. « Ces expéditions ont comme point commun l’acquisition de connaissances nouvelles dans des endroits riches en terme de biodiversité et encore peu étudiés, et la Guyane répondait à ces critères », reprend le responsable de ce volet terrestre en Guyane.


Deux des quatre carbets-dortoirs émergeant de la forêt. Photo Yann Chavance


Pour apporter une vraie valeur ajoutée aux campagnes de prospection déjà menées sur le département, la première étape a consisté à interroger sur un point les nombreux scientifiques, naturalistes ou ONG locaux : si vous pouviez mener une importante opération de prospection en Guyane, où iriez-vous ? La réponse fut unanime : le Grand Sud

 Julien Touroult, entomologiste, trie les insectes récoltés la veille. Photo Yann Chavance

« La région reste très difficilement accessible, et le taux de collecte est donc beaucoup plus faible que dans le reste de la Guyane. De par sa situation géographique, le Grand Sud présente également des faciès forestiers très différents », décrit Olivier Pascal. Devant l’immensité de cette zone, il fallait ensuite affiner la localisation de l’expédition. Là, ce furent les inselbergs, ces dômes de pierre émergeant de la forêt, qui intéressèrent les scientifiques. Les plus gros se situant à l’ouest du département, le massif du Mitaraka et ses environs s’imposèrent rapidement.

Un premier repérage est effectué en juin 2014. Le survol de la zone permet alors d’identifier plusieurs affleurements rocheux permettant de poser un hélicoptère. Mi-janvier, sept militaires sont déposés avec un objectif : trouver une zone où établir un camp – un espace relativement plat et proche d’un point d’eau – et y ouvrir une zone d’atterrissage. Une semaine plus tard, l’équipe est remplacée par huit agents de l’ONF et du Parc amazonien de Guyane, chargés d’ouvrir 25 kilomètres de sentier autour du camp. Enfin, début février, ce sont six personnes qui investissent les lieux pour construire ce qui sera le camp de base de l’expédition, tandis que cinq tonnes et demie de matériel scientifique, nourriture et outils sont acheminés sur place.

Cette petite équipe est menée par Serge Fernandez, entomologiste et ancien décorateur pour le cinéma reconverti dans la construction de carbets (abris de bois sans mur) sur des sites isolés. « Le plus difficile à trouver a été l’espace pour le réfectoire, douze mètres sur six environ, la plus grosse construction du camp capable d’accueillir plus de trente personnes », confie-t-il. Pendant qu’une partie de l’équipe s’attelle à bâtir ce premier carbet, les autres débitent les troncs abattus lors de l’ouverture de la zone de pose afin de confectionner des planches destinées à construire tables, bancs et étagères. Des éléments indispensables pour les quatre grands carbets de travail dédiés au tri des échantillons récoltés. Enfin, quatre carbets dortoirs pouvant accueillir chacun six hamacs viennent compléter ce travail titanesque de construction. Le tout, en moins de deux semaines…

 Le carbet infirmerie est longé par une voie boueuse, jalonnée de rondins de bois. Photo Yann Chavance

« Il y a eu également une foule de bricoles à faire, souligne Serge Fernandez. Electrifier certains carbets, installer une pompe pour ramener l’eau de la rivière, construire une infirmerie et des toilettes sèches… En tout, les constructions du camp couvrent entre 950 et 1 000 mètres carrés de surface. » Une prouesse saluée par tous les scientifiques lors de l’arrivée sur le camp, étonnés de voir émerger sous la canopée un véritable petit village, avec ses quartiers et ses rues, en pleine forêt vierge, sans âme qui vive à des lieux à la ronde. Un confort « grand luxe » qui facilite le travail de collecte effectué sur place dans des conditions souvent rudes. Difficile, à l’heure actuelle, d’imaginer que tout ceci aura disparu dans quelques mois, englouti par la forêt amazonienne.


Le Monde 27/2/2015

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites
Rares sont les entomologistes, ces spécialistes des insectes, à s’être aventurés ainsi jusqu’au massif du Mitaraka. Lorsqu’une dizaine de ces passionnés se retrouvent dans ce lieu où presque tout reste à découvrir, rien n’est alors laissé de côté pour maximiser les chances de capturer de nouvelles espèces. De l’art de transformer un drap, une lampe, une assiette ou encore de la fausse toile d’araignée en pièges redoutables.

 Deux lépidoptéristes comparent leurs prises dans les filets à papillons. Photo Yann Chavance

Plus d’un tiers des scientifiques présents sur cette expédition sont entomologistes. Pour Olivier Pascal, qui dirige ce volet terrestre en Guyane, c’était une évidence. « C’est logique au regard de la proportion d’espèces restant à découvrir dans les différents groupes, résume-t-il. Pour cataloguer le vivant, c’est bien évidemment dans les groupes d’invertébrés qu’il faut produire un effort, dans cette biodiversité négligée ». Négligée, elle est loin de l’être ici !

Une dizaine d’entomologistes, avec chacun sa spécialité, couvrent quasiment l’intégralité des groupes d’insectes : coléoptères, mouches, sauterelles, papillons, blattes, fourmis… Chaque participant a ainsi été minutieusement sélectionné par les coordinateurs scientifiques de l’expédition, plusieurs mois avant la phase de terrain. « Lors du conseil scientifique, le plus dur a été de faire ce casting », estime Julien Touroult, coordinateur scientifique de la partie entomologie. « Il fallait éviter d’avoir des personnes avec les mêmes spécialités pour maximiser les compétences et représenter chaque organisme, mais aussi constituer une équipe de gens polyvalents ». Car si chacun a sa spécialité, tous possèdent de solides connaissances sur les autres familles d’insectes. Il n’est ainsi pas rare de voir un lépidoptériste – spécialiste des papillons – rapporter à ses collègues un coléoptère ou un grillon qui lui semble intéressant. Dix spécialistes, une seule équipe.

Pour capturer un maximum de spécimens intéressants, le nombre de chercheurs ne fait cependant pas tout : il faut les équiper. Sur ce point, le conseil scientifique a vu les choses en grand, avec plusieurs centaines de kilos de matériel de capture. Car si certains entomologistes chassent toujours « à vue », l’image d’Epinal du naturaliste parcourant la forêt avec son filet à papillon a un peu vieilli. 

 Un petit groupe d'entomologistes explore la savane roche à proximité du camp. Photo Yann Chavance

Par exemple, parmi l’arsenal déployé sur le camp, personne n’a pu manquer d’apercevoir de curieux champignons de deux mètres de haut qui semblent avoir poussé sur tous les layons nous entourant. Appelés « pièges Malaise », ces dômes de toile, placés sur les zones de passage des insectes, interceptent tout invertébré ailé qui, une fois posé sur la toile, aura tendance à la remonter pour terminer sa course dans un pot fixé à son sommet. Trente-deux de ces dispositifs vont ainsi capturer des dizaines de milliers d’insectes tout au long de l’expédition, complétés par un Malaise format « XXL » de six mètres de long.

 Un filet crylde devant deux pièges Malaises, deux des nombreux types de pièges à insectes. Photo Yann Chavance

Un autre dispositif répondant à un comportement typique de certains insectes, qui se laissent tomber au sol en cas de danger, a été imaginé. Le principe est simple : une grande plaque de plexiglas placée au-dessus d’une gouttière collectant les insectes qui auront la mauvaise idée de percuter ce mur transparent. Plus élémentaire encore, le filet cryldé, un nom barbare qui cache une simple toile d’araignée synthétique de farces et attrapes – certains se moquent encore des quatre araignées en plastique livrées avec le paquet. Avec un kilo de cette toile tendue dans la forêt, les insectes pris au piège devraient être nombreux… 

Pour capturer les mouches, Marc Pollet, spécialiste de ces diptères, fait lui aussi dans le piège artisanal en jalonnant les zones marécageuses d’assiettes en plastique colorées contenant un liquide qui englue les insectes. « J’utilise des assiettes blanches, jaunes et bleues, car chaque couleur attire des espèces différentes, raconte le chercheur belge. Je devais les relever à la fin de l’expédition, mais avec la pluie qui dilue le produit, je suis obligé de les vider régulièrement. Le problème, c’est que j’en ai déjà posé près de 300 ! »

Les entomologistes ont placé dans la canopée un autre système utilisant les couleurs, des pièges lumineux. Un ingénieux système de catapulte, de cordes et de poulies permet de monter un dispositif émettant de la lumière rose, bleue ou verte durant la nuit. 

Toujours dans la canopée, Maurice Leponce s’intéresse lui aux fourmis arboricoles, qui représentent environ la moitié des espèces de fourmis connues. Alors qu’auparavant les spécialistes enfumaient tout un arbre pour récolter ses fourmis, sans indications sur leurs positions dans les trois dimensions, lui a mis au point une technique originale. « J’enroule une corde tout le long d’un tronc, avec un appât de miel et de poisson tous les cinq mètres, décrit-il. Cela me permet de capturer les fourmis vivantes, de voir leur répartition sur l’arbre et de les confronter avec des fourmis que j’ai collectées sur un arbre voisin pour voir leur rapport de dominance ». 

 Dès la tombée de jour, le piège lumineux est mis en route, attirant des milliers d'insectes. Photo Yann Chavance

Enfin, dans ce gigantesque arsenal de capture, impossible de ne pas citer le drap de nuit, l’attraction du camp tous les soirs. Un grand drap blanc monté sur une armature métallique et éclairé par deux puissantes lampes toute la nuit. Après le repas, nombreux sont ceux à rejoindre quelques minutes ou quelques heures les entomologistes occupés à récolter les papillons, cigales ou coléoptères les plus intéressants posés sur le drap.

Difficile de dresser ici une liste exhaustive des techniques de capture déployées autour du camp : fauchage, tamisage de la litière du sol, appâts à base de banane pour les papillons… Une chose est sûre, un arsenal aussi complet a occupé l’équipe d’entomologie une bonne partie de ce début d’expédition. « L’installation des pièges nous a pris tout notre temps au moins les quatre premiers jours, soupire Julien Touroult. Maintenant, ils vont pouvoir tourner jusqu’à la fin de l’expédition, il va juste falloir les relever régulièrement, un peu tous les jours en suivant un cycle établi. Le reste du temps, il faudra trier sommairement la récolte par grandes familles. » 

 Eddy Poirier, entomologiste, trie les insectes pris dans les pièges Malaises. Photo Yann Chavance

Le tri définitif n’aura en effet lieu qu’au retour de l’équipe vers la civilisation – en l’occurrence, Cayenne – où quatre personnes fouilleront en détail le contenu des différents pièges pour envoyer les échantillons à une multitude d’experts internationaux qui pourront enfin identifier les espèces nouvelles pour la science. Une certitude, celles-ci seront nombreuses : en Guyane, environ 15 000 espèces d’insectes ont déjà été décrites, alors qu’il y en aurait en réalité plus de 100 000. La liste devrait donc s’allonger grandement d’ici peu.


Le Monde 5/3/2015

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites
Rares sont les entomologistes, ces spécialistes des insectes, à s’être aventurés ainsi jusqu’au massif du Mitaraka. Lorsqu’une dizaine de ces passionnés se retrouvent dans ce lieu où presque tout reste à découvrir, rien n’est alors laissé de côté pour maximiser les chances de capturer de nouvelles espèces. De l’art de transformer un drap, une lampe, une assiette ou encore de la fausse toile d’araignée en pièges redoutables.

 Deux lépidoptéristes comparent leurs prises dans les filets à papillons. Photo Yann Chavance

Plus d’un tiers des scientifiques présents sur cette expédition sont entomologistes. Pour Olivier Pascal, qui dirige ce volet terrestre en Guyane, c’était une évidence. « C’est logique au regard de la proportion d’espèces restant à découvrir dans les différents groupes, résume-t-il. Pour cataloguer le vivant, c’est bien évidemment dans les groupes d’invertébrés qu’il faut produire un effort, dans cette biodiversité négligée ». Négligée, elle est loin de l’être ici !

Une dizaine d’entomologistes, avec chacun sa spécialité, couvrent quasiment l’intégralité des groupes d’insectes : coléoptères, mouches, sauterelles, papillons, blattes, fourmis… Chaque participant a ainsi été minutieusement sélectionné par les coordinateurs scientifiques de l’expédition, plusieurs mois avant la phase de terrain. « Lors du conseil scientifique, le plus dur a été de faire ce casting », estime Julien Touroult, coordinateur scientifique de la partie entomologie. « Il fallait éviter d’avoir des personnes avec les mêmes spécialités pour maximiser les compétences et représenter chaque organisme, mais aussi constituer une équipe de gens polyvalents ». Car si chacun a sa spécialité, tous possèdent de solides connaissances sur les autres familles d’insectes. Il n’est ainsi pas rare de voir un lépidoptériste – spécialiste des papillons – rapporter à ses collègues un coléoptère ou un grillon qui lui semble intéressant. Dix spécialistes, une seule équipe.

Pour capturer un maximum de spécimens intéressants, le nombre de chercheurs ne fait cependant pas tout : il faut les équiper. Sur ce point, le conseil scientifique a vu les choses en grand, avec plusieurs centaines de kilos de matériel de capture. Car si certains entomologistes chassent toujours « à vue », l’image d’Epinal du naturaliste parcourant la forêt avec son filet à papillon a un peu vieilli. 

 Un petit groupe d'entomologistes explore la savane roche à proximité du camp. Photo Yann Chavance

Par exemple, parmi l’arsenal déployé sur le camp, personne n’a pu manquer d’apercevoir de curieux champignons de deux mètres de haut qui semblent avoir poussé sur tous les layons nous entourant. Appelés « pièges Malaise », ces dômes de toile, placés sur les zones de passage des insectes, interceptent tout invertébré ailé qui, une fois posé sur la toile, aura tendance à la remonter pour terminer sa course dans un pot fixé à son sommet. Trente-deux de ces dispositifs vont ainsi capturer des dizaines de milliers d’insectes tout au long de l’expédition, complétés par un Malaise format « XXL » de six mètres de long.

 Un filet crylde devant deux pièges Malaises, deux des nombreux types de pièges à insectes. Photo Yann Chavance

Un autre dispositif répondant à un comportement typique de certains insectes, qui se laissent tomber au sol en cas de danger, a été imaginé. Le principe est simple : une grande plaque de plexiglas placée au-dessus d’une gouttière collectant les insectes qui auront la mauvaise idée de percuter ce mur transparent. Plus élémentaire encore, le filet cryldé, un nom barbare qui cache une simple toile d’araignée synthétique de farces et attrapes – certains se moquent encore des quatre araignées en plastique livrées avec le paquet. Avec un kilo de cette toile tendue dans la forêt, les insectes pris au piège devraient être nombreux… 

Pour capturer les mouches, Marc Pollet, spécialiste de ces diptères, fait lui aussi dans le piège artisanal en jalonnant les zones marécageuses d’assiettes en plastique colorées contenant un liquide qui englue les insectes. « J’utilise des assiettes blanches, jaunes et bleues, car chaque couleur attire des espèces différentes, raconte le chercheur belge. Je devais les relever à la fin de l’expédition, mais avec la pluie qui dilue le produit, je suis obligé de les vider régulièrement. Le problème, c’est que j’en ai déjà posé près de 300 ! »

Les entomologistes ont placé dans la canopée un autre système utilisant les couleurs, des pièges lumineux. Un ingénieux système de catapulte, de cordes et de poulies permet de monter un dispositif émettant de la lumière rose, bleue ou verte durant la nuit. 

Toujours dans la canopée, Maurice Leponce s’intéresse lui aux fourmis arboricoles, qui représentent environ la moitié des espèces de fourmis connues. Alors qu’auparavant les spécialistes enfumaient tout un arbre pour récolter ses fourmis, sans indications sur leurs positions dans les trois dimensions, lui a mis au point une technique originale. « J’enroule une corde tout le long d’un tronc, avec un appât de miel et de poisson tous les cinq mètres, décrit-il. Cela me permet de capturer les fourmis vivantes, de voir leur répartition sur l’arbre et de les confronter avec des fourmis que j’ai collectées sur un arbre voisin pour voir leur rapport de dominance ». 

 Dès la tombée de jour, le piège lumineux est mis en route, attirant des milliers d'insectes. Photo Yann Chavance

Enfin, dans ce gigantesque arsenal de capture, impossible de ne pas citer le drap de nuit, l’attraction du camp tous les soirs. Un grand drap blanc monté sur une armature métallique et éclairé par deux puissantes lampes toute la nuit. Après le repas, nombreux sont ceux à rejoindre quelques minutes ou quelques heures les entomologistes occupés à récolter les papillons, cigales ou coléoptères les plus intéressants posés sur le drap.

Difficile de dresser ici une liste exhaustive des techniques de capture déployées autour du camp : fauchage, tamisage de la litière du sol, appâts à base de banane pour les papillons… Une chose est sûre, un arsenal aussi complet a occupé l’équipe d’entomologie une bonne partie de ce début d’expédition. « L’installation des pièges nous a pris tout notre temps au moins les quatre premiers jours, soupire Julien Touroult. Maintenant, ils vont pouvoir tourner jusqu’à la fin de l’expédition, il va juste falloir les relever régulièrement, un peu tous les jours en suivant un cycle établi. Le reste du temps, il faudra trier sommairement la récolte par grandes familles. » 

 Eddy Poirier, entomologiste, trie les insectes pris dans les pièges Malaises. Photo Yann Chavance

Le tri définitif n’aura en effet lieu qu’au retour de l’équipe vers la civilisation – en l’occurrence, Cayenne – où quatre personnes fouilleront en détail le contenu des différents pièges pour envoyer les échantillons à une multitude d’experts internationaux qui pourront enfin identifier les espèces nouvelles pour la science. Une certitude, celles-ci seront nombreuses : en Guyane, environ 15 000 espèces d’insectes ont déjà été décrites, alors qu’il y en aurait en réalité plus de 100 000. La liste devrait donc s’allonger grandement d’ici peu.


Le Monde 5/3/2015

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites
Ils sillonnent la forêt, armés de mètres rubans, de calepins, d’une connaissance encyclopédique de la flore, et ponctuent leur avancée de coups de fusils. Bienvenue chez les botanistes chasseurs d'arbres rares.

 Les botanistes du projet Diadema travaillent sur une parcelle de 200 par 100 mètres. Photo Yann Chavance

Il est 8 heures du matin, l’équipe de l’Institut de recherche pour le développement (IRD) se met en route. A sa tête, un grand nom de la botanique en Guyane : Daniel Sabatier, trente-cinq ans à arpenter la région les yeux tournés vers la canopée. L’entrechoquement du GPS et de la machette accrochés à sa ceinture rythme la marche. Dans ses pas, le botaniste Jean-François Molino et leur technicien Jean-Louis Smock. Les trois se connaissent suffisamment bien – une décennie à travailler ensemble – pour s’épargner des consignes inutiles. 

Le groupe avance vite et passe rapidement le petit pont de corde enjambant la rivière qui marque l’entrée du layon. Après une heure de marche, Daniel s’arrête pour consulter le GPS avant d’indiquer une direction vers la forêt dense qui borde le sentier. Trois machettes quittent de concert leurs fourreaux pour ouvrir un layon sommaire dans la végétation.

Après quelques dizaines de minutes passées à fendre le mur végétal, Daniel Sabatier annonce : « On fait ça ici ! » Pourquoi là, où la forêt semble pourtant identique aux zones traversées jusqu’ici ? « Nous travaillons sur six parcelles, réparties sur les quatre layons de manière à maximiser la biodiversité, dans des emplacements topographiques différents », explique-t-il. Aujourd’hui était donc visé un milieu de début de pente. Les sacs à peine posés, le botaniste vérifie le cap avec sa boussole et disparaît dans la végétation, déroulant derrière lui un long filin. 

 La hauteur et le diamètre de chaque arbre est mesurée et consigné dans un carnet. Photo Yann Chavance


Quelques kilomètres plus loin, un autre groupe de botanistes prend ses marques au beau milieu du layon. Les deux équipes ont choisi de travailler sur des parcelles différentes pour maximiser la surface étudiée. Plus bruyante mais tout aussi studieuse, la jeune équipe de cinq personnes déploie son matériel entre deux plaisanteries qui fusent. On sent tout le monde heureux d’avoir quitté la précédente parcelle positionnée dans un bas-fond – en d’autres termes, un marécage où la boue passe allégrement au-dessus des bottes. Le filin est ici remplacé par un mètre ruban de 200 mètres parcourant en ligne droite le plateau.

Régulièrement, un filin secondaire de 50 mètres s’éloigne perpendiculairement, une fois à gauche, une fois à droite, de la ligne principale. « Cela fait une zone de 200 par 100 mètres, soit deux hectares », souligne Christopher Baraloto, le meneur de cette petite troupe. « Nous essayons d’avoir un échantillon représentatif en termes de composition floristique et de biodiversité : si la parcelle est trop grande, le milieu n’est plus homogène et si elle est trop petite, on risque de surreprésenter certaines espèces ». 

C’est ce botaniste américain, bandana vissé sur la tête, qui a imaginé ce protocole, pièce centrale du projet Diadema lancé en 2013 pour réunir botanistes, herpétologues ou encore entomologistes sur les mêmes parcelles d’études. « Nous essayons de coordonner des protocoles standardisés pour chaque discipline, afin que l’on puisse tous travailler ensemble ». L’idée derrière le projet est donc non plus de collecter des espèces, animales ou végétales, de façon isolée mais de comprendre comment celles-ci s’organisent entre elles.

Un coup de feu ébranle la forêt. Daniel Sabatier abaisse son fusil sous une pluie de feuilles chutant de la canopée. La branche qu’il visait est atteinte et termine sa course directement dans les mains de Jean-François Molino, qui s’empresse d’observer la forme des feuilles et des nervures avant de lancer son verdict. Ses trente ans d’expertise ne sont pas de trop avec 1 600 espèces d’arbres déjà décrites en Guyane. 

« Avec l’observation du tronc et des feuilles aux jumelles, nous arrivons à identifier un grand nombre d’espèces, mais quand nous avons un doute, nous prélevons un échantillon, développe Daniel Sabatier. Cela permet de faciliter l’identification, puis nous le gardons pour en faire une collection de travail pour le laboratoire, pour revenir dessus si besoin. » Si l’espèce est rare et peu documentée, ou s’il s’agit d’une espèce nouvelle, l’échantillon terminera dans l’herbier de Cayenne, dans celui du muséum à Paris ou dans d’autres herbiers internationaux. 

A raison d’une centaine d’arbres identifiés par parcelles, la récolte est donc fructueuse et les coups de feux fréquents. Un protocole bien rodé mis en difficulté ce jour-là par les atèles, ces singes aux membres démesurés bien décidés à défendre leur territoire en lançant d’énormes branches mortes en contrebas.

 Du haut d’un inselberg voisin, l’immensité de la forêt alentours saute aux yeux. Photo Yann Chavance


Les détonations se font entendre jusqu’à la parcelle de l’équipe Diadema. Eux aussi sont armés, chassant les branches résistantes à la détermination à vue, mais se penchent en plus sur la végétation basse. « La plupart des botanistes travaillent sur les troncs à partir de dix centimètres de diamètre, nous avons décidé d’étudier les tiges dès deux centimètres et demi », expose Christopher Baraloto. Sur chaque ligne secondaire, ils remontent les cinquante mètres de la parcelle, l’un mesurant la position de l’arbre par rapport à cette ligne, le diamètre du tronc et sa hauteur, un autre note toutes ces précieuses informations sur un carnet, tandis qu’un dernier s’occupe de la détermination des espèces et de la récolte, qu’elle se fasse au sécateur ou au fusil.

Arrivés au bout, le groupe élargit la chasse aux gros troncs dans les dix mètres à la ronde. « Nous avons cherché un moyen d’avoir plus de précisions sur la biomasse de la parcelle », explique le botaniste américain. « Pour la calculer, il faut juste la grosseur du tronc, sa hauteur et la densité de son bois ». Cette biomasse, étymologiquement la masse du vivant, offre notamment des informations sur la quantité de carbone stockée par la forêt. Car si la forêt amazonienne produit de l’oxygène via la photosynthèse, elle est aussi un puits à carbone, enfoui dans ses troncs.

En fin d’après-midi, les deux groupes endossent à nouveau les sacs à dos, direction le camp de base. La parcelle de Diadema sera demain mise à disposition des entomologistes et herpétologues. Du côté des botanistes, la soirée sera dédiée au tri et à la mise en presse des échantillons du jour. A la lumière des lampes, dans un amoncellement de sacs et de feuilles, Daniel Sabatier savoure sa chance de travailler dans ce lieu mythique de Guyane, dont le massif forestier est loin d’être homogène. 

 Vue aérienne du Tumuc-Humac. Photo Yann Chavance

« Dans les Tumuc-Humac, nous avons une végétation qui ressemble aux forêts du nord. Il y a beaucoup d’espèces présentes le long de la côte qui disparaissent en allant vers le sud, plus pauvre en termes de biodiversité, puis réapparaissent ici ». Pour le botaniste, la position géographique et le relief particulier de la région a permis aux Tumuc-Humac de résister aux changements climatiques de ces derniers millénaires. Un sujet d’étude en or.



Le Monde 11/3/2015

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites
Mercredi 11 mars a sonné l’heure du relais entre les deux équipes scientifiques. La quasi-totalité des chercheurs ayant vécu « l’expérience Mitaraka » ont quitté le camp de base, immédiatement remplacés par une trentaine de nouveaux venus prêts à reprendre le travail entamé, mais aussi à explorer d’autres pans de la biodiversité. L’occasion aussi, pour les chercheurs sur le départ, de tirer un premier bilan de ces deux semaines de terrain.

L'hélicoptère n'en finit plus d'aller et de venir. A chaque voyage, une fournée de scientifiques humides et exténués est remplacée par une autre : des naturalistes encore propres, pour quelques heures au moins. C'est l'heure de la relève pour l'expédition scientifique, le camp de base accueille ses nouveaux locataires, seuls un médecin, deux botanistes et l’équipe en charge de la gestion du camp restant sur zone.

Après trois quarts d’heure de survol de la forêt, les nouveaux venus découvrent avec plaisir leur terrain de chasse pour les deux prochaines semaines. Cette rotation d’équipe a été décidée par Olivier Pascal, le responsable de ce volet terrestre, pour plusieurs raisons. « La plupart des protocoles, notamment des programmes d’écologie, sont calés sur deux semaines, note-t-il. De plus, on arrive relativement vite à saturer l’échantillonnage pour certains groupes comme les reptiles ou les amphibiens : on trouve rapidement un grand nombre d’espèces, puis il faut de plus en plus de temps pour trouver une espèce supplémentaire ».

Certaines spécialités ne sont ainsi pas représentées en seconde quinzaine, notamment l’herpétologie et l’arachnologie. Mais scinder les équipes en deux permet également d’avoir plus de disciplines présentes sur toute la durée de l’expédition. De nouveaux pans du vivant sont ainsi dorénavant explorés, comme les champignons, les poissons ou encore les lombrics.

Ce changement d’équipe a été aussi l’occasion pour les scientifiques sur le départ de dresser un premier bilan, à chaud, de leur mission guyanaise. Si les entomologistes seront toujours largement représentés – six spécialités présentes –, ceux qui quittent le camp ont déjà bien avancé le travail de collecte, avec des dizaines de milliers d’insectes déjà capturés. Les araignées, elles, se comptent en centaines d’espèces collectées.

Pour Vincent Vedel, arachnologue à l’Institut national de la recherche agronomique (INRA), les espèces encore inconnues seront assurément nombreuses. « Un tiers de celles que j’ai attrapées, je ne le connais pas, avoue-t-il. Cela peut être des espèces décrites dans d’autres pays, mais pas en Guyane, mais aussi de nouvelles espèces ; et c’est certain qu’il y en aura ». 

 Une araignée du genre Phoneutria, ici Phoneutria nigriventer. Techuser GFDL

Parmi ses plus belles prises, attrapées le plus souvent de nuit, à la lueur de la frontale, l’arachnologue guyanais est particulièrement intéressé par les spécimens du genre Phoneutria, les araignées les plus venimeuses au monde. « Il y a huit espèces en Amérique latine, mais seulement deux décrites en Guyane », souligne Vincent Vedel. « Ici, nous avons trouvé une autre espèce seulement décrite au Brésil et au Venezuela, ce serait donc la première donnée pour la Guyane », s’enthousiasme-t-il.

Pour avoir la confirmation du nombre exact de nouvelles espèces découvertes lors de cette mission, il faudra attendre quelques mois, le temps que l’arachnologue trie cette montagne d’échantillons et envoie les spécimens les plus complexes à divers experts internationaux.

 Nicolas Vidal, herpétologue au Musée national d’histoire naturelle, prélève un bout d’écaille d’un petit caïman gris. Yann Chavance

Du côté des amphibiens, Maël Dewynter et son collègue Antoine Fouquet sont eux aussi ravis de la récolte. « Nous avons recensé près de 60 espèces, c’est l’un des meilleurs scores réalisé lors d’une mission en Guyane française », se félicite Maël Dewynter, de la Fondation Biotope, organisme qui finance des programmes de conservation. Sur les 58 espèces identifiées au Mitaraka, de nombreuses ont déjà été aperçues en Guyane, mais ne sont pas encore décrites

« Pendant des années, la liste des grenouilles en Guyane était assez figée, reprend l’écologue. Les études génétiques ont cassé ce dogme en montrant que de nombreuses espèces qui se ressemblent beaucoup ne peuvent plus se reproduire entre elles depuis des millions d’années ».

 Les spécimens de grenouille les plus intéressants sont conservés pour rejoindre les collections de référence. Yann Chavance

Pour cette raison, les scientifiques, qui auparavant se contentaient de photographier les individus capturés, ont prélevé cette fois-ci un échantillon qui servira de base aux études génétiques. La séquence ADN qui révèlera les secrets de l’espèce sera ensuite mise à disposition des chercheurs du monde entier sur une banque de gènes en ligne. 

Mais même si l’espèce ne s’avère pas nouvelle, la collecter ici, au Mitaraka, contribue grandement à améliorer la connaissance des amphibiens et donc leur conservation, selon Maël Dewynter. « C’est important d’avoir des inventaires dans des sites éloignés pour connaître la répartition de chaque espèce et donc les menaces qui pèsent sur elles ». Cette expédition sera ainsi fort utile – au même titre que d’autres missions en Guyane – à cet écologue tropical pour établir la liste rouge des espèces d’amphibiens menacées.

 Un boa de Cook passablement énervé démontre ses capacités d’attaque. Yann Chavance

Nicolas Vidal, herpétologue au Muséum national d’histoire naturelle, repart lui avec, dans ses bagages, une soixantaine d’espèces de reptiles, dont 26 de serpents. Là aussi, la question du nombre de nouvelles espèces est prématurée. 

 Un prélèvement sanguin d’une couleuvre de près de deux mètres pour de futures analyses génétiques. Yann Chavance

« La diversité des reptiles est souvent sous-estimée : certains sont similaires morphologiquement, mais l’ADN révèle de nouvelles espèces », raconte ce spécialiste de l’évolution moléculaire. « Ce que l’on a trouvé ici est a priori connu, mais on en saura plus d’ici à un mois ou deux, après le séquençage ». 

Parmi les espèces connues, Nicolas Vidal s’était fixé deux objectifs pour cette mission : Bothrops taeniatus et Lachesis muta. Le premier, un petit serpent venimeux dont la rareté étonne tous les spécialistes, n’a été vu qu’une seule fois en Guyane : malgré tous les efforts déployés, l’animal est resté ici invisible. Le second, lui, a été capturé dès les premiers jours : un Lachesis muta juvénile, vite devenu la star de ce début d’expédition

 Lachesis muta, le plus grand crotale au monde au venin foudroyant. Photo Yann Chavance

Il faut dire que ce serpent est le Graal des herpétologues en Guyane : le plus grand crotale au monde (jusqu’à 3,5 mètres), disposant d’un venin foudroyant (75 % de mortalité après morsure), qui lui a conféré le surnom local de « Maître de la brousse ». « On sait très peu de chose sur son mode de vie et ses déplacements », avoue Nicolas Vidal, qui étudie depuis peu l’écologie de cette espèce en suivant par radiotracking des individus équipés d’émetteurs. Une très belle prise.


Le Monde 13/3/2013

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites
Dans une clairière au cœur de la plus grande forêt du monde, en Amazonie, à 300 km de Cayenne, en Guyane, une cinquantaine de scientifiques ont établi un camp de base. Ici, la première habitation se trouve à 150 kilomètres à vol d’oiseau. Dans le massif du Mitaraka, sur un seul hectare, on répertorie plus d’espèces d’arbres que sur tout le continent européen.


 Francetv info 183/2015


Dans cette expédition organisée par le muséum national d'histoire naturelle et pro-natura international, les chercheurs ont collecté des centaines de feuilles et de fruits pour comprendre comment les forêts se renouvellent. "Le renouvellement de la végétation est très mal connu, d’où cet intérêt. Avec le changement climatique annoncé, qu’adviendra-t-il de cette végétation? " s’interroge Daniel Sabatier, botaniste à l’Institut de recherche pour le développement.

Serpents aux dimensions rares, caïmans géants, sauterelles ressemblant à des feuilles ou encore criquets dont la couleur fait penser à celle de la terre... Ici, des centaines de milliers d’espèces inconnues vivent dans leur état d’origine, sans présence humaine. Jour et nuit, les chercheurs s’activent pour en recenser le plus possible, car une mission comme celle-ci coûte cher. Maël Dewynter, écologue tropical, répertorie des espèces rares.

La mission terminée, les échantillons de cette équipe de chercheurs feront le tour du monde.


Francetv info 18/3/2015

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites
Dans le parc amazonien de Guyane, des scientifiques traquent les espèces méconnues avant qu'elles ne disparaissent. Lorraine Gublin et Mathieu Niewenglowski les ont suivi pour France Télévisions. Récit.

Il nous a fallu une journée entière pour les rejoindre, ces chercheurs que la science du vivant passionne. Une journée pour rallier Cayenne puis le cœur du parc amazonien de Guyane, un parc national français situé à la frontière avec le Brésil et le Surinam.

  Une genouille dendrobate, dans le parc amazonien de Guyane, en mars 2015. ( FRANCE 2)

L’arrivée est spectaculaire : une heure et quarante minutes de vol en hélicoptère, à raser les cimes de la plus grande forêt du monde, à tourner autour de gigantesques dômes de granit, les inselbergs, qui surgissent çà et là de la forêt. Et nous voici lâchés dans le massif du Mitaraka, l’un des sites les plus reculés de Guyane, rarement exploré par les scientifiques. A bord de l'hélicoptère, Thomas Grenon,  le directeur du Muséum national d'histoire naturelle, nous a expliqué que "les espèces décroissent 1 000 fois plus vite que le rythme naturel : dans 100 ans, la moitié des espèces auront disparu".

L’hélicoptère se pose. Fin de la communication avec le reste du monde. Nos portables ne nous serviront plus qu’à prendre des photos.

A peine le temps de poser nos sacs, suspendre nos hamacs moustiquaires et, déjà, nous partons arpenter les layons taillés dans la forêt pour permettre aux scientifiques de procéder à leur inventaire. Quelques consignes : "Attention aux petits arbres taillés en biseau, si vous tombez, vous pourriez vous empaler dessus !"



Nous emboîtons le pas de Julien Touroult, entomologiste. Au cœur de cette forêt, il est comme un chercheur d’or, sauf que lui, ce sont les espèces d’insectes encore inconnues qu’il traque, "surtout les coléoptères de type longicornes : 70% des insectes en Amazonie restent à décrire". "Si je cherchais de l'or, je ne sais pas si je serais aussi heureux", précise-t-il.

Dresser un inventaire de la biodiversité, voilà l’objectif de la mission Planète revisitée : un travail très minutieux. Nous sommes épatés par la patience et l’obstination dont font preuve ces scientifiques. Parce que ces missions sont rares et coûteuses, peu de temps morts, ils enchaînent les relevés. Nuit et jour. Par tous les temps. Chaque arbre, chaque insecte, chaque reptile, chaque araignée qu’ils rencontrent (et la liste est longue) est répertorié. Tous ces scientifiques ont déjà de nombreuses missions en forêt au compteur, mais le massif du Mitaraka, "pour un chercheur, c’est mythique".

Durant ces trois jours de tournage, difficile de savoir si nous sommes trempés à cause de la pluie ou de la chaleur. Nous passons du grand Soleil aux grosses averses à tout instant. La boue s’est accumulée dans le camp. Ce sont pourtant des conditions de travail presque luxueuses pour ces chercheurs. Rarement les missions sont aussi confortables. Le soir, le "boss camp", Serge, et les trois membres de son équipe préparent des petits plats chauds – mélange de produits frais et de conserves – et allument des feux pour éloigner les phlébotomes (des petits moucherons capables de transmettre des maladies).



Grâce au groupe électrogène, la grande table en bois du réfectoire est bien éclairée. Ces repas sont l’occasion pour les chercheurs de partager leur expérience sur le terrain. C’est comme cela qu’ils peuvent comprendre comment fonctionne la biodiversité. Comme nous le résume Sylvain Hugel, chercheur au CNRS, "c’est dans la profusion et la redondance d’espèces qui vivent au même endroit, qui mangent la même chose, qui souvent se ressemblent, qu’est le côté merveilleux et important de la biodiversité. C’est cette diversité qui assure la stabilité du système. Il y a une très forte proportion d’extinction d’espèces en ce moment et on ne sait pas jusqu’à quel point d’extinction on peut aller avec un monde vivant encore stable". L’enjeu est de taille.

Au troisième jour, nous avons marché longuement, très haut, même escaladé la roche des monts du Mitaraka. Au sommet, il n’y a pas que l’effort qui nous a coupé le souffle. De la forêt à perte de vue et même au-delà. Le panorama s’ouvre sur le Tchoukouchipan, inselberg dont le sommet est inaccessible, trop abrupt. "On se sent tout petit ici. On peut compter 600 arbres à l'hectare et 180 espèces différentes, c'est dix fois plus qu'en Europe", confie Christopher Baraloto, botaniste. Cette forêt si grande peut-elle un jour livrer tous ses secrets ? En quadrillant une vingtaine de kilomètres carrés pendant un mois, les 50 chercheurs qui se relaient sur le site de la mission contribuent à réduire l’étendue de notre ignorance.



Dans leurs petits laboratoires éphémères installés entre les hamacs et la cuisine du camp, ils ont photographié chaque espèce animale et végétale qu’ils ont trouvée. Parfois, ils prélèvent un minuscule bout de la queue d’un serpent pour en étudier l’ADN, sacrifient aussi quelques spécimens – "un seul individu par espèce inconnue", précise Nicolas Vidal, herpétologue – qui finiront au Muséum national d’histoire naturelle. Ces milliers d’échantillons prélevés dans la forêt serviront de référence à des centaines de chercheurs pendant encore plusieurs décennies.


Francetv info 21/3/2015

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites
Tumuc-Humac. Un nom mythique qui a attiré comme un aimant les explorateurs du XIXème siècle, cherchant jusqu’à leur mort cette chaîne montagneuse censée marquer la frontière avec le Brésil. Berceau des légendes les plus folles, de l’Eldorado aux tribus amérindiennes oubliées de tous, le mythe des Tumuc-Humac n’a été démonté que récemment : ces montagnes n’ont jamais existé, à part dans l’imaginaire fertile des explorateurs. Le nom, lui, est resté. Sa fascination aussi.

L’origine du mythe des Tumuc-Humac est simple : il a pris ses racines quelques siècles plus tôt, à une époque où une frontière entre deux pays découlait forcément d’une frontière naturelle, fleuve ou montagne.


 Parmi la faune riche qui entoure notre camp aux Tumuc-Humac, un jeune Toucan Ariel tombé de son nid. Yann Chavance


Pour la Guyane, le fleuve Maroni délimitait la bordure Ouest, l’Oyapock la frontière Est, mais quid du Sud ? Cette ligne, en réalité la ligne de partage des eaux (les rivières coulent vers le nord du côté guyanais, vers le sud côté brésilien), devait bien se matérialiser sous la forme d’une haute chaîne de montagnes. Une hypothèse qui ne pouvait être confirmée ou infirmée que par l’exploration de cette zone encore inconnue car loin des voies d’eau navigables

Pour beaucoup, ces mystérieux monts Tumuc-Humac au nom exotique devaient forcément être le théâtre des trésors cachés de l’Amazonie : le fleuve Eldorado, la Manoa, ville oubliée de tous aux toits dorés, Parimé, le lac rempli d’or... Des légendes qui trouvent toutes, à un moment ou à un autre de leur histoire et selon le narrateur, leur localisation dans les Tumuc-Humac.

Le nom même de cette chaîne fantasmée est un mystère à part entière. Fin XIXème, l’érudit Gabriel Marcel se noie déjà dans une montagne de cartes et de récits d’expédition pour trouver l’origine de ce nom aux sonorités étranges, inconnu de toutes les tribus amérindiennes locales. Il remonte jusqu’à une expédition espagnole datant de 1758, la première à signaler sur une carte un certain mont Tumunucuraque. Problème, ce sommet est situé sur le territoire de l’actuel Venezuela… 

Pour Jean Hurault, grand géographe de la Guyane, le mythe des Tumuc-Humac viendrait ainsi d’une simple erreur : « Ce mot écrit sur des cartes à très petite échelle s'étendait jusqu'à la Guyane française, et on finit par croire qu'il existait une chaîne bordant au sud les trois Guyanes, dont c'était là le nom », écrit-il.

 En bas à gauche, la minuscule tâche orange est la zone de pose d’hélicoptère de notre camp, au cœur du grand Sud Guyanais. Yann Chavance

C’est l’explorateur Jules Crevaux qui popularise alors le mythe à la fin du XIXème siècle, cherchant toute sa vie à gravir ces fameux monts Tumuc-Humac. « J'arriverai au sommet d'une chaîne de montagnes que nul n'a traversée avant moi », s’enthousiasme-t-il en 1879. « Il faut que j'atteigne ce but, dussé-je succomber en y arrivant ». Il y mourra trois ans plus tard, tué (puis mangé, selon la légende) par une tribu amérindienne, après avoir escaladé de nombreux inselbergs de la région en espérant y apercevoir les hauts sommets recherchés, inondant la métropole de cartes de la Guyane indiquant une haute chaîne de montagnes : les Tumuc-Humac.

C’est un autre grand nom de l’exploration de la Guyane, Henri Coudreau, qui fera perdurer le rêve de Crevaux quelques années plus tard. Passionné par les récits de son contemporain, Coudreau passera lui aussi sa vie à explorer les Tumuc-Humac et ses montagnes imaginaires, muni d’une boussole, d’un podomètre et des cartes de Crevaux

 Loin d’être de hautes montagnes, les inselbergs qui nous entourent n’en sont pas moins majestueux. Yann Chavance

A la fin des années 1880, l’explorateur français tente de cartographier la région en rejoignant la source de l’Oyapock depuis la source du Maroni. Un parcours de près de 150 kilomètres qu’il ne réalisera jamais en entier, contrairement à ses dires, se persuadant de parcourir de hauts sommets. Ses dessins rendent menaçantes et somptueuses de simples collines, ses notes grandissent les sommets de plusieurs centaines de mètres, ses récits relient deux inselbergs isolés pour en faire une chaîne imposante…

« Coudreau meubla de chaînes et de massifs imaginaires le sud de la Guyane. On peut dire qu'il donna corps à la légende, estime Jean Hurault en 1973. Sa carte des Tumuc Humac […] montrait à ses contemporains la configuration détaillée de la fameuse chaîne, dont nul ne devait plus mettre en doute l'existence jusqu'au moment où le survol aérien de l'extrême sud montra que la région était aussi peu accidentée que le reste de la Guyane ».

Accidenté, le sud de la Guyane ne l’est en réalité qu’à l’extrême sud-ouest, dans le massif du Mitaraka où nous nous trouvons. En l’hélicoptère, ou depuis le sommet d’un inselberg voisin, le panorama s’avère particulièrement vallonné, dans une forêt de dômes arrondis laissant échapper par endroits une masse granitique culminant à 500 ou 600 mètres. Pas de hautes montagnes ici donc

 Loin des sentiers habituellement empruntés, cartes et boussole sont indispensables pour se déplacer en forêt. Yann Chavance

Pourtant, alors que ce mythe des monts Tumuc-Humac a été démonté il y a plus d’un demi-siècle, de petites expéditions amateurs continuent de s’aventurer sur les traces de Coudreau ou de Crevaux : la fascination pour ce lieu est restée intacte.

En 1973, Jean Hurault terminait son article « Une chaîne de montagnes imaginaires : les Tumuc-Humac », qui consistait à démystifier le lieu, par ces mots : « Il serait hautement désirable d'effacer toute trace de l'imposture de Coudreau, en supprimant le toponyme "Tumuc-Humac" […] de la carte du monde. » 

 Le camp de l’expédition est situé au cœur d’une forêt dense et inhabitée par l’Homme. Yann Chavance

Force est de constater, trente ans plus tard, que les monts Tumuc-Humac sont encore présents sur la plupart des cartes et dans la bouche de bon nombre d’amateurs d’aventures dans des régions légendaires. Sans doute issu d’une erreur de lecture sur une carte du XVIIIème siècle, rendu presque réel par l’imagination exaltée de quelques explorateurs, le mythe des Tumuc-Humac a traversé les âges. Curieuse impression d’écrire ces lignes depuis un lieu qui n’existe pas.

Informations supplémentairesL'apparition cartographique des monts Tumuc-Humac

Le Monde 16/3/2015

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites
Après le Vanuatu, le Mozambique, Madagascar et la Papouasie-Nouvelle Guinée, l'expédition "La planète revisitée" explore la Guyane pour en inventorier la richesse biologique. L'échantillonnage marin se termine sur le constat d'une biodiversité bien plus riche que prévu et que nous découvrons en compagnie de Philippe Bouchet, du MNHN. Le volet terrestre de cette expédition scientifique, en forêt équatoriale, lui, touche à sa fin.

Parce qu'on la pensait pauvre, elle attirait peu l'attention. Aspirée il y a peu par les suceuses des scientifiques, lors du volet marin de l'expédition La planète revisitée, organisée par le Muséum national d’histoire naturelle et l'ONG Pro-Natura International, la biodiversité marine de la Guyane afficherait en fait un intérêt faunistique et floristique certains. Pourquoi une telle sous-estimation ? Sans doute parce que, de l’Orénoque, au nord, à l’Amazone, au sud, l'environnement marin de la région des deux Guyane est par une faible diversité d'habitats, composés globalement d'un substrat vaseux, d'une forte turbidité de l'eau de mer et de son dessalement via les estuaires des fleuves.

 Les faunes de profondeur ne brillent pas par leurs couleurs, mais elles surprennent par les formes bizarres de certains animaux. En Guyane, la palme va sans aucun doute au Bathynomus, un isopode géant charognard, entre cloporte de cauchemar et animal de science-fiction . ©️ Laure Corbari /Planète Revisitée en Guyane/MNHN/PNI

« Comme ça n’intéressait pas, il y avait peu de recherches. Et donc, peu de découvertes », analyse Philippe Bouchet, professeur au Muséum national d’histoire naturelle et responsable du volet marin de cette expédition. À bord d'un chalutier, l'été et l'automne derniers, une quarantaine de chercheurs, techniciens et personnels de bord ont sillonné, au large et près du littoral, l'ensemble de la surface de la zone économique exclusive de la Guyane, de la frontière maritime avec le Surinam, au nord-ouest, à celle avec le Brésil, au sud-est.

Première surprise : l'impressionnante biomasse chalutée, du fait de l'évacuation des sédiments très fins par les mailles des filets. En outre, sous l'apparente monotonie biologique – beaucoup d'organismes vivants pour un petit nombre d'espèces récurrentes –, les chercheurs notent une grande variété d'espèces peu communes, voire rares.

 À bord de l'Hermano Gines, l'équipage procède à un premier tri des échantillons ramassés au chalut. ©️ Gustav Paulay/Planète Revisitée en Guyane/MNHN/PNI

Bilan après 143 prélèvements hauturiers et plongées côtières : près d'une centaine de nouvelles espèces d'échinodermes (oursins, étoiles de mer, etc.) sont répertoriées pour la Guyane (115 espèces contre une vingtaine connues) et 123 nouvelles espèces de crustacés décapodes (crabes, crevettes, etc.) en plus des 57 espèces connues jusqu'à présent. Le record revient aux mollusques (moules, escargots de mer, etc.) : environ 135 nouvelles espèces sont récoltées (500 espèces contre 366 déjà connues). Du côté de la flore marine, environ 60 espèces d'algues prélevées – parfois à des profondeurs inhabituelles – font le bonheur des participants.

« Ce qui m'a aussi étonné, c'est l'absence totale de gastéropodes ou de parasites des échinodermes habituellement très fréquents sous ces latitudes, note Philippe Bouchet. On ne l'explique pas. » Autre fait remarquable : pas de pollution, notamment de plastique, visible en surface ni dans les eaux. « En Papouasie-Nouvelle Guinée, la mer était très sale sur des milles alors qu'ici, c'est relativement propre », constate Philippe Bouchet.

 La moisson d'espèces, comme ce magnifique crustacé décapode, doit être répertoriée. Cette liste est ensuite envoyée aux experts mondiaux, qui s'intéresseront à la répartition géographique des animaux récoltés. Cette expédition pourrait conduire à la description d'une dizaine d'espèces nouvelles. ©️ Planète Revisitée en Guyane/MNHN/PNI

Pour savoir si certaines espèces sont nouvelles pour la science, chaque spécimen, souvent unique représentant de son espèce, subi un long processus. Lors de la récolte de 2014 sur le navire, un premier tri grossier a été effectué, par type d'organisme : poissons, échinodermes, éponges, etc. Fin janvier et au mois de février, une répartition plus fine, par famille, a été opérée en métropole par des spécialistes des mollusques et des crustacés. À venir, celle des hydraires et des ascidies.

Les individus ainsi classés sont alors adressés aux experts mondiaux qui eux pourront déterminer l'espèce, connue ou nouvelle, à laquelle ils appartiennent. Problème : les spécimens patientent parfois une vingtaine d'années avant d'être auscultés, par manque de spécialistes. En tout état de cause, avec le volet terrestre de l'expédition qui se termine ces jours-ci, les résultats de cet inventaire scientifique feront référence en matière de biodiversité guyanaise.


Futura Sciences 26/3/2015

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites
Point de filets à papillons ni de pièges complexes, mais des épuisettes et une combinaison de plongée. Dans l’expédition scientifique du Mitaraka, les ichtyologues, ces spécialistes la faune aquatique, barbotent dans les cours d’eau en quête de nouvelles espèces à étudier.

Le départ au petit matin ressemble à celui de n’importe quelle autre spécialité. Les sacs chargés de matériel et d’un encas, les ichtyologues se battent avec la boue omniprésente sur le sentier. Au moins, ils ont l’habitude de passer la journée les pieds dans l’eau !

 Avec leurs épuisettes, les scientifiques dispersent la roténone sur toute la largeur de la crique. Yann Chavance

GPS à la main, Sébastien Brosse a repéré deux petits cours d’eau à proximité du layon. La crique, d’une vingtaine de centimètres de profondeur, interpelle par sa modestie. C’est pourtant exactement ce que cherchait Sébastien Brosse, professeur à l’université de Toulouse. « Nous travaillons sur toutes les criques où nous pouvons utiliser des protocoles standardisés, c'est-à-dire moins de dix mètres de large pour une profondeur inférieure à un mètre », explique-t-il. « Ensuite, nous essayons de définir deux tronçons présentant des habitats différents en termes de débit, d’abri pour les poissons ou de substrat, pour pouvoir relier les espèces collectées à leur milieu ».

A peine arrivés, Sébastien Brosse et son acolyte Régis Vigouroux délimitent deux parcelles le long de la crique, l’une présentant un milieu sableux et jonché de bois mort, l’autre abritant de nombreuses plantes aquatiques. Deux filets sont tirés d’une rive à l’autre pour marquer la fin de chaque parcelle. Tout est prêt pour accueillir la roténone, un insecticide naturel. Une technique de pêche étonnante, utilisée depuis des siècles par certaines tribus locales. « Les Amérindiens tirent la roténone d’une liane, nous utilisons ici un extrait naturel de cette plante », indique Sébastien Brosse. « Cette substance bloque la respiration des poissons, qui remontent alors généralement à la surface ». Le dosage est délicat. L’extrait de roténone est dilué, puis versé avec précaution en amont des deux filets. Avec leurs épuisettes, les scientifiques se lancent alors dans un étrange ballet, agitant la surface pour disperser l’insecticide sur toute la largeur du cours d’eau. Si le dosage est bon, les poissons pourront être capturés vivants.

 En marge des pêches à la roténone, les ichtyologues complètent l’inventaire avec une pêche à vue ou au filet. Yann Chavance

La technique fait débat. « Il y a encore trop peu d’études » regrette Sébastien Brosse. « Ce que l’on sait, c’est que l’on retrouve les mêmes poissons quelques semaines après une pêche à la roténone. De plus, l’impact est limité à la zone de pêche : à l’échelle du cours d’eau, il n’y a pas réellement d’effet ». Malgré cela, l’ichtyologue espère d’ici peu remplacer la roténone par des méthodes alternatives.

Son équipe se penche notamment sur la métagénomique, l’analyse de l’ADN de l’ensemble des espèces du cours d’eau. « En filtrant l’eau, nous pourrions récupérer cet ADN et définir les espèces présentes sans capturer de poissons et sans impact sur l’environnement », explique le chercheur. Mais pour appliquer cette nouvelle technique, encore faut-il avoir préalablement séquencé toutes les espèces du cours d’eau, ce qui est loin d’être le cas dans ces criques du Mitaraka, jamais véritablement étudiées jusqu’ici. Faute de mieux, le produit toxique est donc ici toujours utilisé.

 En amont des filets, les épuisettes permettent de débusquer les petits poissons cachés sous la surface. Yann Chavance

Après avoir parcouru les deux parcelles, guettant la moindre nageoire cachée sous une feuille, les ichtyologues relèvent les filets pour compléter leur inventaire. Une dizaine de poissons seulement, pas vraiment une pêche miraculeuse. Mais qu’importe, le vrai travail se fera de retour au camp, dans le petit laboratoire de fortune. Ici, on ne traque pas forcément la nouvelle espèce qui allongera la liste des 367 poissons d’eau douce connus de Guyane (contre 70 environ en métropole), on essaie plutôt de comprendre pourquoi elle se trouve ici, dans quel habitat elle vit et quelles autres espèces elle côtoie. En multipliant les zones d’études, les chercheurs peuvent alors comparer les assemblages – l’ensemble des espèces évoluant dans un secteur – entre l’amont et l’aval d’un même cours d’eau, mais aussi entre deux affluents différents ou deux habitats, etc.

Pour cela, au laboratoire du camp, les ichtyologues mesurent chaque individu collecté, de la taille des nageoires à celle de la mâchoire. Ces données révéleront de précieuses informations sur les habitants de la crique. Sont-elles plutôt adaptées à des courants forts ? S’agit-il majoritairement de prédateurs ? Ces paramètres seront reliés aux données relevées sur la parcelle : pH du cours d’eau, transparence, débit, température, profondeur, etc. Enfin, Régis Vigouroux effectuera un prélèvement sur chaque individu pour, en marge de futures analyses génétiques, évaluer la concentration de mercure dans le corps du spécimen ; un métal lourd, libéré notamment par les sites clandestins d’orpaillage en Guyane. « Nous sommes dans une zone peu affectée par l’homme » souligne Sébastien Brosse. « Cela nous permet de mesurer une différence entre ce que l’on voit ici et ce que l’on observe autour des zones plus peuplées, et donc de mesurer l’impact humain, que cela soit au niveau de l’orpaillage ou de la pollution ».

 L’ichtyologue Frédéric Melki s’apprête à photographier les poissons d’un petit cours d’eau. Yann Chavance

En parallèle de ce travail sur l’écologie des cours d’eau, les ichtyologues ne délaissent pas l’angle taxonomique : référencer les espèces vivant ici et, pourquoi pas, en découvrir de nouvelles. Un travail dont se charge surtout Frédéric Melki, président de la Fondation Biotope et passionné depuis l’enfance par les poissons d’eau douce

Sur la parcelle étudiée, tandis que ses deux collègues sortent leurs filets et diluent la roténone, il enfile une combinaison de plongée, un masque et un tuba. Image surréaliste d’un homme-grenouille barbotant dans vingt centimètres d’eau au cœur d’une forêt tropicale… Pourtant, sous la surface, un monde insoupçonné s’offre à l’objectif photo du naturaliste. Une eau étonnamment claire aux reflets bruns, un amoncellement chaotique de feuilles, de branches et de plantes aquatiques. Et des poissons, le plus souvent cachés dans ces abris naturels. « J’essaye d’identifier et de prendre en photo toutes les espèces que je croise et je fais un maximum d’observations sur la manière dont les poissons utilisent l’habitat », raconte Frédéric Melki. «  Lorsqu’un habitat risque d’être dégradé, on peut ainsi savoir quels poissons seront les plus affectés ».

L’appareil photo n’est pas le seul outil de l’ichtyologue : lorsqu’il plonge, son épuisette n’est jamais bien loin, prête à capturer un spécimen intéressant qui passera quelque temps dans le petit aquarium du camp. « Une des difficultés en Guyane, c’est la morphologie des formes juvéniles », constate Frédéric Melki. « Je ramène certains poissons vivants pour les faire grandir en aquarium et étudier les différentes livrées entre le juvénile et l’adulte ».

Mais pour l’instant, la pêche n’est pas aussi fructueuse qu’il l’espérait, la faute aux conditions météorologiques particulièrement mauvaises. Les trombes d’eau qui tombent sur le massif du Mitaraka depuis une semaine ont fait sortir les criques de leur lit et rendu la visibilité sous la surface quasiment nulle. « Nous atteignons les limites de la méthode », regrette Frédéric Melki. « Pourtant, c’est un endroit très isolé, donc les chances de trouver de nouvelles espèces sont potentiellement grandes ». Comme tous les scientifiques ici, les ichtyologues n’attendent qu’une chose : que le ciel devienne plus clément pour cette ultime semaine d’expédition. Et qu’il rende le terrain plus propice à étancher leur soif de découverte.


Le Monde 20/3/2015

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites
Dans les parcelles « Diadema », des équipes de naturalistes relèvent pendant des semaines des spécimens pour tenter de construire une vision d’ensemble de l’écosystème forestier du Mitaraka.


Depuis deux semaines, deux mycologues sillonnent sans relâche les 25 kilomètres de layon qui entourent le camp de base. A chacune de leur expédition, ces spécialistes des champignons suivent le même protocole : ils délimitent un carré de 20 mètres de côté, avant de la passer au peigne fin pour récolter des spécimens, au sol ou sur les troncs. Leurs efforts se concentrent sur des zones bien particulières : les zones « Diadema ».

Diadema, c’est le nom du projet lancé il y a deux ans par Centre d’étude de la biodiversité amazonienne, le CEBA. L’idée consiste à réunir sur un même lieu d’étude (par exemple une parcelle de deux hectares au sein d’un milieu homogène, comme un plateau) différentes spécialités autour de protocoles stricts, permettant de comparer les résultats obtenus entre les zones analysées.

 Heidy Schimann, mycologue à l’INRA, photographie l’un des nombreux champignons collectés le jour même. Yann Chavance


Lors des 15 premiers jours de cette expédition, les botanistes avaient ouvert le bal sur les neuf parcelles du projet délimitées le long des différents layons. Puis un échantillonnage des batraciens, des fourmis et des araignées avait suivi. Lors de cette seconde et dernière phase de l’expédition, une nouvelle équipe de naturalistes continue le travail entamé pour dresser un portrait le plus complet possible des habitants de chaque zone.

« Le temps passé sur la zone compte plus que la surface étudiée, pour pouvoir ensuite faire des comparaisons », souligne Heidy Schimann, chercheuse à l’Institut national de recherche agronomique (INRA) qui a élaboré ce protocole pour Diadema. Les échantillons sont identifiés sur le terrain, lorsque cela est possible, puis les deux mycologues notent le maximum de détails pour chaque spécimen : hauteur, largeur, type de substrat, abondance, etc. Ce protocole sera répété sur au moins deux autres zones au sein de la parcelle.

« La finalité, c’est d’arriver à caractériser pour chaque type d’habitat les communautés de champignons présents pour pouvoir en décrire la richesse, leur écologie ou encore la variation de cette diversité entre les différents types d’habitats », détaille Heidy Schimann. 

Chaque parcelle étant échantillonnée une fois seulement, la chercheuse reste prudente sur la fiabilité des comparaisons entre deux sites. « C’est une image fixe à un moment donné de ce que l’on voit sur la parcelle. Nous pouvons toujours comparer les habitats puisque nous procédons de la même manière sur chaque site, mais il faudra ensuite faire attention à ne pas surinterpréter les résultats ». Une fois l’expédition terminée, les échantillons préalablement séchés seront déposés à l’herbier de Cayenne et les spécimens les plus intéressants seront envoyés à plusieurs spécialistes.

 Emmanuel Lapied, spécialiste de la faune du sol, traverse un champ de balisiers pour rejoindre son lieu de collecte de vers de terre. Yann Chavance

Les chercheurs ne délaissent pas pour autant leurs sujets de recherche : entre deux surfaces échantillonnées, les mycologues ne manquent pas de ramasser les champignons qu’ils croisent et notamment les ectomycorhizes, des espèces vivant en symbiose avec les arbres que l’on pensait, à tort, quasiment absentes de la forêt amazonienne.

Le même travail de taxonomie est effectué par Emmanuel Lapied et Thibaud Decaëns, qui se penchent pour leur part sur la faune du sol, et en particulier les vers de terre. Pour eux, la tâche est immense. « Il y a officiellement 24 espèces de vers de terre décrites en Guyane, or on estime qu’il y en aurait aux alentours d’un millier, voire plus » lance Emmanuel Lapied, biologiste à l’université norvégienne des sciences de la vie (NMBU) et à l’institut Bioforsk, près d’Oslo. « Le problème, c’est le manque de personnes compétentes pour décrire de nouvelles espèces : dans le monde, il y a seulement deux taxonomistes capables d’identifier la plupart des groupes sur Terre ».

Un constat qui désole ce chercheur touche-à-tout, spécialiste de l’écologie du sol et de l’impact de la radioactivité sur la faune de la litière, tant ces vers de terre ont un rôle capital dans l’écosystème forestier. Mais, conséquence de ce vide de connaissances, il suffit presque de creuser un trou et fouiller la terre pour capturer une espèce encore inconnue.

Deux semaines à retourner ainsi le sol permettront aux deux spécialistes de faire grandement avancer la connaissance de ce groupe trop peu étudié, tant au niveau de la diversité des espèces que de leur répartition dans cette région au relief accidenté, marqué par des inselbergs, des éléments géologiques qui dominent le plateau. « Nous cherchons à savoir si on retrouve les mêmes communautés d’espèces d’un inselberg à l’autre », reprend Emmanuel Lapied. « Cela s’inscrit plus généralement dans le cadre d’une analyse de l’évolution des vers de terre à l’échelle de la Guyane ».

Greg Lamarre, lui, est l’un des seuls à se consacrer exclusivement au projet Diadema. Tous les jours, ce spécialiste des interactions entre les plantes et les insectes parcourt les chemins avec un technicien de l’INRA pour déplacer des pièges à insectes d’une parcelle à l’autre. 

Trois types de pièges – olfactif, lumineux et à interception – sont disposés pendant 48 heures sur chaque parcelle, certains en sous-bois, d’autres en canopée. Il faut donc régulièrement plier la quinzaine de pièges d’une zone, puis transporter ces dizaines de kilos de matériel sur le dos pour les installer quelques kilomètres plus loin. L’idée, comme toujours, étant d’avoir un protocole identique pour chaque parcelle dans l’espoir de comparer les résultats entre les différents sites. Pour cela, la gestion des échantillons est capitale.

« Tout est réparti au sein d’un réseau de taxonomistes, en fait le réseau de "la planète revisitée" », explique Greg Lamarre. « On trie les insectes, on les identifie, et nous utilisons cette base de données pour répondre à des questions écologiques. Dans le cadre de Diadema, l’idée est de comprendre comment les différents groupes, des plantes aux insectes en passant par les champignons, se comportent le long d’un gradient environnemental ».

Pour cette expédition dans le massif du Mitaraka, le gradient environnemental, c’est tout simplement le relief : sur les neuf parcelles Diadema, trois sont situés dans un bas-fond, trois sur une pente et trois sur un plateau. « Nous voulons voir si tous les groupes vont répondre de la même manière à cette variation d’habitat », résume Greg Lamarre. Mais pour comparer ainsi deux milieux, encore faut-il que les données pour chaque parcelle soient comparables. 

Un vrai problème pour les insectes, dont la présence dans les pièges dépend fortement des conditions météorologiques. « Il n’y a aucun moyen de palier ça, à part répéter davantage le protocole », admet Greg Lamarre. «  Mais le biais est le même pour chaque piège posé et je note à chaque fois les conditions météorologiques ».

Pour savoir si les scientifiques pourront, malgré ces difficultés, tirer des enseignements pour ces groupes si sensibles aux conditions météorologiques, il faudra attendre la fin de la phase de terrain du projet Diadema et les premières publications scientifiques. Puis l’immense défi sera de réunir ces montagnes de données pour dresser un portrait global de l’écosystème forestier. Un portrait encore dissimulé par la jungle dense qui entoure le massif du Mitaraka.


Le Monde 23/3/2015

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites
Après un mois passé au plus profond de la forêt guyanaise, le camp Mitaraka s’apprête à fermer ses portes. La petite tribu qui l’a occupé profite des dernières heures pour explorer ce territoire… avant de le laisser vierge de toute présence humaine.

Après une semaine d’averses incessantes, le soleil revient au-dessus du massif du Mitaraka, dans les Tumuc-Humac. L’expédition touche à sa fin, les scientifiques se pressent pour leurs dernières explorations. Le programme de collecte – assurément surchargé – touche à son terme, mais quelques groupes s’autorisent une journée hors des layons habituels. Une trêve méritée après un travail sans répit. Pour justifier le déplacement, on emporte tout de même un filet à papillon ou un herbier : personne n’est là pour faire du tourisme. Direction l’inselberg borne 1, un lieu mythique, presque mystique.

 Le sommet de l’inselberg portant la borne n° 1 est composée d’une immense dalle rocheuse de granit. Yann Chavance

En 1956 et 1962, deux expéditions supervisées par l’Institut national de l’information géographique et forestière sont chargées de matérialiser la frontière avec le Brésil. Sept bornes en béton sont alors disposées le long de la limite sud de la Guyane. La première de ces bornes, posée au sommet d’un inselberg – ces petites collines qui dominent le paysage –, est un site emblématique : encore aujourd’hui, la plupart des militaires chargés d’entretenir ces jalons rêvent de voir un jour la « borne 1 »

Un attrait accentué par l’incroyable vestige amérindien découvert lors de la première mission d’abornement, en 1956. Pour les scientifiques de 2015, la tentation de rallier le site est très forte, d’autant que l’inselberg et sa grande roche de granit, culminant à 600 mètres d’altitude, doivent abriter des espèces encore inconnues.

 La mythique borne n° 1, marquant la frontière entre la Guyane et le Brésil. Yann Chavance

Chaque jour, de petits groupes partent à l’assaut de ce caillou qui émerge d’un océan de verdure. Le périple est éreintant : cinq heures de marche aller-retour, au terme desquelles on atteint la petite forêt du sommet le souffle court et trempé de sueur. Mais qu’importe, la récompense vaut largement l’effort physique : une fois en haut, une immense dalle rocheuse accueille en son centre la borne de béton. « Guyane française » d’un côté, « Brasil » de l’autre, et une date, 1962. Et surtout, un point de vue somptueux sur la forêt parsemée d’inselbergs tous plus majestueux les uns que les autres. Au-delà de la borne, la dalle rocheuse continue sur des centaines de mètres, offrant un paysage lunaire fait de granit noir parcouru de filets d’eau ruisselant entre les dômes de pierre.

Pour amplifier le sentiment d’étrangeté qui habite ce lieu hors du commun, des pierres posées ici et là forment sur la roche des dessins : une tortue longue de cinq mètres, un lézard, un serpent, des formes humanoïdes, le tout rassemblé dans une immense enceinte de pierres de 200 mètres de diamètre. Une formation unique dans toute la Guyane. De quand date ce site exceptionnel ? Qui l’a bâti ? Et surtout, pourquoi ? Pour l’instant, les scientifiques ont peu de réponses.

 Un entomologiste, face à l’un des paysages somptueux visible depuis la borne n° 1. Yann Chavance

Quand Jean-Marcel Hurault découvrit le site en 1956, les membres de la tribu des Wayanas qui l’accompagnaient reconnurent ces figures, dit-il, mais sans en donner la signification. Le géographe, pas vraiment spécialiste de la question, se contenta d’une datation approximative, aux alentours du XVIIIème siècle, et désigna les auteurs supposés de cette fresque unique en Guyane : les ancêtres des Wayanas.

Ce peuple est aujourd’hui réduit à quelques centaines d’âmes le long du fleuve Maroni, vivant douloureusement la perte de leur mode de vie traditionnel et leur rencontre avec l’orpaillage clandestin. Les Wayanas venaient autrefois du Brésil, remontant peu à peu vers le nord au fil des campements provisoires. Des milliers d’entre eux ont ainsi occupé les Tumuc-Humac entre le XVème et le XVIIIème siècle, quelques villages subsistant jusqu’au début du XXème. Une forte présence qui a laissé de nombreuses traces tout autour du camp de base qu’occupent désormais les scientifiques.

En construisant le camp, plusieurs tessons de poteries et du charbon de bois ont été trouvés, et dans la crique qui leur sert de lieu de baignade, deux roches portent des marques de polissage – les Amérindiens ne connaissaient pas la métallurgie et aiguisaient leurs outils de pierre sur des roches recouvertes de sable. Au sommet de l’inselberg qui fait face au camp, les chercheurs ont eu la surprise de découvrir des dalles rocheuses soulevées par de petites pierres, un vestige archéologique amérindien typique. Des signes indéniables qu’ils ne sont pas les premiers à s’installer à cet endroit précis.

 L’un des derniers couchers de soleil au dessus de l’inselberg faisant face au camp de l’expédition. Yann Chavance

Si ces différents vestiges frappent l’imaginaire, la mission est purement naturaliste et non archéologique. Chacun ici se contente de suivre les consignes données par le Parc amazonien de Guyane, au sein duquel le site se trouve : une photo, un point GPS, aucun prélèvement. Avec l’espoir que de futures expéditions prennent le relais pour dévoiler l’immense richesse archéologique de cette région, pourquoi pas depuis le camp de base qui s’apprête à se vider de ses habitants. 

La méconnaissance de ce lieu vient principalement de la difficulté à y accéder. La présence d’une zone de pose pour hélicoptères pourrait changer la donne.

Les entomologistes de la Société entomologique Antilles-Guyane qui participent à l’expédition évoquent déjà la possibilité de retourner au Mitaraka cet été, durant la saison sèche, pour étoffer encore l’inventaire commencé ces dernières semaines. Les ichtyologues se posent la même question.

Certains soulignent l’intérêt de mener une étude sur les oiseaux et les mammifères, deux groupes laissés de côté. Chacun espère que de nouvelles « tribus Mitaraka » verront le jour, et que cette mission naturaliste aura ouvert la porte à une plus vaste connaissance de la biodiversité oubliée des Tumuc-Humac, et plus largement, de la Guyane.

Pour connaître l’ampleur des découvertes faites ici, il faudra, comme souvent lorsqu’il s’agit de science, être patient. Les échantillons collectés dans le Mitaraka commenceront bientôt une longue route. Une fois triées, les nouvelles espèces seront envoyées à des experts internationaux, passeront de main en main, seront analysées, discutées, comparées, avant d’être finalement décrites. Un parcours indispensable qui prendra des mois, des années, voire des décennies pour les groupes les moins étudiés.

En attendant, la tribu Mitaraka se dissout lentement sur la zone de pose au rythme des rotations de l’hélicoptère. Le retour à la civilisation sera forcément brutal, mais avec le sentiment du devoir accompli au vu de la montagne d’échantillons récoltés. L’aventure humaine s’achève. L’aventure scientifique, elle, ne fait que commencer, prête à dévoiler une partie des richesses naturelles des Tumuc-Humac.



Le Monde 27/3/2015

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites
Dans le Massif du Mitaraka situé tout au sud de la Guyane, pendant plusieurs semaines une cinquantaine de scientifiques ont collecté des plantes, des invertébrés, des insectes, des reptiles et autres batraciens. Plus d'un million d'insectes ont ainsi été récoltés, pourquoi cette mission ?

Guyane Premiere 1/4/2015


45 chercheurs se sont immergés pendant un mois dans la région des Tumuc-Humac au sud de la Guyane. La plus grosse masse de leur récolte ce sont les fourmis, elles sont triées au laboratoire du CIRAD à Kourou, le début d'un long travail. La tâche est immense car l'objet de la mission porte sur les espèces animales les plus nombreuses.

Olivier Pascal, responsable de l'expédition planète revisitée (ONG-Pro natura): «  la plus grosse part de la biodiversité, ce sont les invertébrés, les petites bêtes. Pour "le terrestre" ce sont essentiellement des insectes et pour "le marin" ce sont des mollusques et des crustacés. Ce sont les groupes les plus importants, les plus divers et les plus nombreux au niveau mondial. Donc nous pensons que ça mérite de s'y intéresser ».

Les insectes représentent la majorité de la biomasse de la forêt amazonienne un demi-million de spécimens sont entrain d'être répertoriés. Il faudra aussi trier les serpents, les grenouilles et les araignées. Avec les papillons et les grillons on devrait compléter l'inventaire national du patrimoine naturel, probablement un millier d’espèce d’ici un mois. En plus de l'inventaire des espèces, les végétations aussi sont étudiées et le massif du Mitaraka en possède une grande diversité.


Guyane 1ère 5/4/2015

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites
Après le volet marin, l'expédition terrestre de La planète revisitée en Guyane vient de s'achever. Son responsable, Olivier Pascal, directeur des opérations de recherche sur la biodiversité à l'ONG Pro-Natura International, dresse un premier bilan de cet inventaire de la biodiversité forestière.

Il n'y avait guère plus reculée comme zone de prospection lors du volet terrestre de la mission exploratoire de La planète revisitée en Guyane. C'est dans le massif du Mitaraka, à la pointe sud-ouest du département d'outre-mer français, près du Surinam et du Brésil, qu'une trentaine de naturalistes ont collecté, deux mois durant, des échantillons de la faune et de la flore locales.

Un spécimen de Synapturanus salseri, une espèce d'amphibien de la famille des Microhylidés. ©️ Maël Dewynter, MNHN, PNI

Premier constat pour ces spécialistes habitués des forêts tropicales : la couverture forestière n'est pas très haute, contrairement à d'autres zones telles qu'à Saül, commune située au centre du département. Pour autant, la région est très riche en espèces, certainement du fait de sa topographie complexe qui dessine des sous-bois denses et les inselbergs du Mitaraka, sorte de collines culminant à près de 700 mètres d'altitude. L'absence de toute habitation à moins de 120 km - et a priori de tout orpailleur - contribuent à l'attractivité des lieux, aux yeux des scientifiques.

L'effort collectif déployé durant des semaines fut payant : deux tiers de la faune guyanaise connue ont été collectés et ils donnent une image assez exhaustive du milieu et de sa biodiversité. « À la marge, on a trouvé quelques originalités », rapporte Olivier Pascal, botaniste et responsable de l’expédition terrestre. C'est notamment le cas de certains animaux vivant habituellement en savane littorale. « Probablement parce que les inselbergs créent des conditions de savanes de roches », suppose-t-il.

Il faudra des mois, voire des années, pour que les hypothèses soient confirmées mais fort est à parier que de nouvelles espèces enrichiront les connaissances scientifiques, tous groupes confondus. Pour l'heure, des suspicions portent sur des orthoptères (grillons, sauterelles, criquets) et des diptères (mouches, moustiques, taons, moucherons, etc.), mais aussi sur des champignons et des annélides (sangsues, lombrics, etc.), deux groupes étudiés depuis peu en Guyane. Du côté des poissons, 40 espèces d'eau douce ont été répertoriées et une à deux espèces pourraient être nouvelles. « Ce n'est pas formidable mais assez logique : nous sommes en tête de bassin », note Olivier Pascal.

Massif de Mitaraka, Guyane. ©️ Olivier Pascal, MNHN, PNI

Déjà bien recensés en Guyane, les batraciens et les reptiles ont fait l'objet d'études sur leur distribution dans la zone, tout comme les arbres. « Les chercheurs veulent comprendre leur schéma de répartition pour pouvoir le comparer avec ceux d'autres sites », précise Olivier Pascal. « Avec environ 200 espèces d'arbre par hectare, on est dans le haut du panier », ajoute-t-il.

Ni les oiseaux ni les mammifères n'ont été officiellement étudiés mais certains chercheurs, par ailleurs très bons ornithologistes en plus de leur spécialité académique, rapportent de belles observations dont une espèce de colibri qui n'avait été décrite qu'une seule fois à Cayenne, soit à 1.500 km du site. Ont également été entendus des jaguars et des singes hurleurs. « Nous avons été surpris par l'attaque de quelques singes-araignées, mais la pire, et de loin, a été celle des phlébotomes », une sorte de moucheron. « Tout le monde craint depuis d'avoir attrapé la leishmaniose », ironise-t-il.

Pour Olivier Pascal, l'un des points forts de ce type de mission, assez unique au monde, est la collaboration entre les naturalistes. « Chacun travaille pour soi mais aussi pour les autres : les trocs et les échanges d'informations vont bon train. Un herpétologue a ainsi doublé sa collecte de serpents grâce aux spécimens que d'autres spécialistes lui ont rapportés ».

Piège lumineux permettant de capturer des insectes nocturnes. ©️ J. Touroult, SEAG, MNHN, PNI

Comme pour le volet marin de l'expédition, un programme pédagogique est en cours. Le site forestier étant moins facile d'accès aux élèves que les îles du Salut, au large de Kourou, des vidéos de restitution seront bientôt accessibles sur un site Web dédié.

À présent terminé, ce programme d’exploration marine et terrestre, mené conjointement par le Muséum national d’histoire naturelle et Pro-Natura International, fera sans nul doute référence dans les années à venir.

Déjà, plusieurs scientifiques pensent monter de nouvelles missions en petits groupes pour prospecter des domaines naturalistes pointus en saison sèche. Des ichtyologues qui ont peut-être trouvé une espèce annuelle de poissons veulent dégoter des œufs qui vivraient dans des marres asséchées puis se développeraient dans les cours d'eau temporaires, à la saison des pluies. Des botanistes aimeraient trouver les fleurs correspondant aux fruits tout juste ramassés pour aider à la détermination des végétaux.

En 2016, le programme de découverte de nouvelles espèces La planète revisitée fêtera ses dix ans. Ce sera l'occasion d'une double expédition vers la Nouvelle-Calédonie et le Sultanat d'Oman. À suivre.


FuturaSciences 22avr.2015

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites
Une expédition de 50 scientifiques, en Guyane, a pour objectif de recenser toute une biodiversité dont des pans entiers restent à découvrir, pour mieux les protéger.

L'initiative est hors-norme. 50 scientifiques ont été envoyés pour un mois en plein sud de la Guyane, dans le massif du Mitaraka, à la frontière du Brésil et du Suriname. L'endroit est accessible seulement par hélicoptère.



L'opération "Planète revisitée" s'est installée là avec deux missions

- "Essayer de compléter l'inventaire du vivant autant que faire se peut, ce qui est à porté de main d'une ou deux générations si l'on s'en donne un peu les moyens,

- et surtout de travailler sur les groupes les plus vastes et les moins connus, en particulier les invertébrés", détaille Olivier Pascal, coordinateur de l'opération.

Menée par le Museum d'histoire naturelle et l'ONG Pro Natura, cette opération est un défi logistique. Avec l'aide des militaires, il a fallu déboiser une parcelle pour le campement, puis installer des centaines de pièges en tout genre. Car découvrir des nouvelles espèces de jour comme de nuit est l'un des buts principaux de cette exploration botanique. 

Une fois les nouvelles espèces décrites, elles viendront enrichir une large base de données accessible au public. 5 000 espèces pourraient être identifiées rien que grâce à cette expédition.


Francetv info 30/6/2015

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites
En Guyane, les oiseaux nous en font voir de toutes les couleurs… et de toutes les formes. Les chercheurs du laboratoire Biogéosciences ont pu photographier cette incroyable diversité lors de leur dernière mission en forêt guyanaise. La mission en Guyane a été menée dans le cadre du projet FRAGmentation & Biological INVasions. Le CNRS nous fait découvrir les sublimes photos ci-dessous.



 Toucan ariel, Ramphastos vitellinus. Son long bec peut paraître très pesant alors qu’en réalité il bénéficie d’une structure légère en nids d’abeilles. Biogéosciences-Dijon / CNRS Photothèque / Fabrice MONNA

 Coq-de-roche, Rupicola rupicola. Le mâle arbore un plumage orange vif alors que la femelle affiche un plumage marron moins éclatant. Ne se reproduisant que dans les grottes, cette espèce est difficilement observable. Biogéosciences-Dijon / CNRS Photothèque / Fabrice MONNA


 Anhinga d’Amérique, Anhinga anhinga. Dans la langue tupi du Brésil, le terme «Anhinga» signifie «oiseau-serpent» : une fois dans l’eau, seuls son long cou et sa tête dépassent de la surface. Biogéosciences-Dijon / CNRS Photothèque / Fabrice MONNA


 Tangara évêque, Thraupis episcopus. Le plumage de ce mâle est d’un bleu azur éclatant, mêlé de gris, alors que celui de la femelle est plus terne. Biogéosciences-Dijon / CNRS Photothèque / Fabrice MONNA


 Ibis rouge, Eudocimus ruber. Sa coloration, variant du rouge écarlate au rose orangé, est due à des pigments, les caroténoïdes, essentiellement présents dans les crustacés dont il se nourrit. Biogéosciences-Dijon / CNRS Photothèque / Fabrice MONNA



 Héron cocoi, Ardea cocoi. Cet oiseau, adepte des eaux peu profondes, fréquente surtout les rivages et les berges des lacs, marécages, rivières et estuaires. Il s’agit de la plus grande espèce de héron d’Amérique du Sud. Biogéosciences-Dijon / CNRS Photothèque / Fabrice MONNA



 Manakin à gorge blanche, Corapipo gutturalis. Le plumage de ce jeune mâle sera devenu tout noir, avec la gorge et le bec blancs, lorsqu’il aura atteint l’âge adulte. Il appartient à la famille des pipridés. Biogéosciences-Dijon / CNRS Photothèque / Fabrice MONNA



 Tamatia à collier, Bucco capensis. Cette espèce, à la tête très volumineuse, ne délivre son chant qu’à quelques reprises pendant l’aube et peut rester perchée dans une posture très rigide pendant de longs moments. Biogéosciences-Dijon / CNRS Photothèque / Fabrice MONNA



 Martin-pêcheur nain, Chloroceryle aenea. Grâce à son long bec, cette espèce forestière harponne les petits poissons en plongeant dans l’eau. Très discrète, elle est difficilement observable.Biogéosciences-Dijon / CNRS Photothèque / Fabrice MONNA



 Aigrette bleue, Egretta caerulea. Plutôt solitaire, elle niche toutefois en petites ou grandes colonies, avec d’autres hérons. Biogéosciences-Dijon / CNRS Photothèque / Fabrice MONNA



 Martin-pêcheur vert, Chloroceryle americana. Lorsque la saison de la reproduction approche, ces oiseaux se disputent souvent leur territoire. Lors de leurs bagarres, ils en viennent parfois au bec ! Biogéosciences-Dijon / CNRS Photothèque / Fabrice MONNA



 Tangara des palmiers, Thraupis palmarum. Il construit habituellement son nid volumineux dans un palmier. Biogéosciences-Dijon / CNRS Photothèque / Fabrice MONNA



 Ani des palétuviers, Crotophaga major. Pendant les feux de débroussaillement, l’ani n’hésite pas à s’approcher des flammes pour capturer des gros insectes, des lézards ou des grenouilles, ce qui lui vaut le surnom de «grand zozo diable» en créole. Biogéosciences-Dijon / CNRS Photothèque / Fabrice MONNA



 Émeraude à menton bleu, Chlorestes notata. Cette femelle se distingue du mâle par l’absence de tâche bleue ou violette sous le menton. Il s’agit de l’une des plus petites espèces de colibri en Guyane. Biogéosciences-Dijon / CNRS Photothèque / Fabrice MONNA



 Femelle de guit-guit céruléen, Cyanerpes caeruleus, parasitée par une tique. Le mâle arbore lui un plumage très différent puisqu’il est exclusivement bleu et noir. Biogéosciences-Dijon / CNRS Photothèque / Fabrice MONNA





CNRS 6/10/2015 de Anne-Lise Christmann et Audrey Diguet

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites

×
×
  • Créer...