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Admin-lane

Une entreprise veut mettre des algues sur les tours de la Défense ?

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Le concept d'Ennesys est simple : "Produire de l'énergie en dépolluant les eaux usées. Et le faire sans utiliser de surface au sol", explique Pierre Tauzinat, son président de cette jeune pousse d'à peine deux ans qui vient d'emménager à Nanterre, en banlieue parisienne.

Dans un "photoréacteur", un aquarium de plastique rempli d'un joli liquide vert, circule hermétiquement un drôle de cocktail: un mélange de déchets peu ragoûtants (les eaux souillées de toilettes ou du "jus de poubelle" venu des décharges) que dévorent d'infimes algues en se reproduisant à grande vitesse par photosynthèse sous l'effet de la lumière.

En recouvrant de grands bâtiments de ces "photoréacteurs", Ennesys assure pouvoir réduire d'au moins 80% leur consommation d'énergie dite primaire (hors occupants) et de 80% leur consommation en eau. Des factures qui se chiffrent en centaines de milliers d'euros par an, voire plus, pour des tours de bureaux.

"Les algues ont à peu près la même valeur énergétique que le charbon", précise Jean-Louis Kindler, directeur scientifique, qui se présente comme "le cuisinier" des algues d'Ennesys. "D'ailleurs une grande partie du pétrole qu'on découvre aujourd'hui, ce sont des algues fossilisées."

Dix mille mètres carrés de panneaux d'Ennesys permettent de produire environ 150 tonnes d'algues par an. Celles-ci peuvent rendre à leur tour 70 tonnes d'huile. Et ce biocarburant peut être utilisé par exemple dans un générateur, les résidus secs étant eux brûlés pour faire du chauffage ou de l'électricité.

Quant à l'eau propre à 99,9% obtenue au terme du processus, elle peut parfaitement alimenter les chasses d'eaux du bâtiment, qui représentent l'essentiel de la consommation des immeubles de bureaux.

Pour faciliter les contrats, Ennesys va installer d'ici à septembre un démonstrateur sur les murs de ses propres locaux. Son partenaire américain OriginOil vient de lui livrer des machines permettant de dissocier les algues de l'eau.

A partir de 2020, tous les bâtiments inaugurés devront en effet produire plus d'énergie primaire qu'ils n'en consomment. Ennesys cible donc le marché de l'immobilier neuf.

"C'est un casse-tête pour les promoteurs et, vu les délais de construction de plusieurs années, ils doivent s'y prendre aujourd'hui pour être aux normes, sinon ils ne pourront jamais revendre leurs bâtiments", souligne Christine Grimault, directrice du développement d'Ennesys.

Outre l'énergie produite par les algues, les panneaux de la start-up française ont l'avantage d'offrir un "bouclier thermique", qui évite trop de chaleur en été et trop de froid en hiver. Une alternative aux coûteux dispositifs d'isolation ou aux panneaux photovoltaïques, fait valoir Ennesys.

La petite société a quatre contrats en vue, dont un, le plus avancé, avec un "grand promoteur" pour une tour dans les Hauts-de-Seine. Ce contrat est estimé autour de 3 millions d'euros. Une levée de fonds de 5 millions auprès d'investisseurs est espérée vers la fin de l'année.

Outre les bâtiments, un autre créneau s'annonce prometteur, celui des décharges, qui produisent des quantités énormes de lixiviat, le "jus de poubelle". Des "cafés" de déchets hautement toxiques et à l'odeur répugnante, mais que les algues adorent recycler en se gavant de CO2 pour se reproduire.

Pas d'inquiétude côté vandalisme, assure Jean-Louis Kindler, les panneaux résistent à de lourds projectiles. Seul problème -inattendu- encore à régler: la protection contre les becs des corbeaux, qui se tuent par accident en heurtant les façades.



L'Express / L'Entreprise 23/07/2012

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