DAKAR - Un collectif de plusieurs villages du nord du Sénégal se bat contre l'application d'un projet privé de production de biocarburant, déjà rejeté en 2011 par des manifestations qui avaient fait deux morts, ont annoncé jeudi leurs représentants lors d'une conférence de presse à Dakar.
Nous menons le combat contre ceux qui veulent prendre nos terres. C'est la terre de nos ancêtres, un espace de 26.000 hectares qui abrite des villages, des milliers de têtes de bétail, des mosquées, des cimetières, a affirmé Oumar Bâ, un représentant du collectif de villages sur les territoire desquels des investisseurs italiens et sénégalais veulent produire du biocarburant.

Quiconque veut prendre nos terres marchera d'abord sur nos cadavres, a affirmé M. Bâ, habitant de Ndiael, un des villages concernés.

Une société sénégalo-italienne, Senethanol/Senhuile, a récemment annoncé le transfert dans la région de Ndiael de son projet de production de biocarburant initialement prévu à Fanaye, autre village du nord du Sénégal, où les populations avaient mené une révolte contre son implantation, faisant deux morts en octobre 2011.

Ces incidents avaient poussé le gouvernement à suspendre le projet. Le cas de Fanaye doit servir de leçon aux autorités. Nous lançons ce cri pour que le gouvernement prenne conscience que 60% de la population de ce pays est constituée d'agriculteurs et d'éleveurs qui ont besoin de ces terres, a affirmé Marième Sow, responsable d'Enda Pronat, ONG sénégalaise, en dénoncant l'accaparement des terres au Sénégal par les multinationales.

Une chanson composée par un groupe de rap sénégalais, Bidew Bou bess, intitulée touche pas à ma terre a été présentée à la presse. "Barrons la route à ceux qui viennent piller nos terres, arrêtons ceux qui arrachent nos terres. Ils veulent nos terres pour des revenus. Ils nous colonisent. Ils nous utilisent", note la chanson.

La société Senethanol/Senhuile avait affirmé que son projet initial prévu à Fanaye représentait un intérêt incontestable dans l'amélioration de la situation économique et sociale des villages concernés et de tous les Sénégalais et qu'il n'était nullement question d'accaparement de terres.





ROMANDIE.COM 09/08/2012