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Les tigres et l'Odyssée de PI

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EW DELHI (AFP) - Le dernier film du Taïwanais Ang Lee, "L'odyssée de Pi", conte l'histoire magique tissée entre un adolescent indien et un tigre du Bengale, qui luttent tous deux pour leur survie. Mais dans la vraie vie, les hommes mettent de plus en plus en péril l'existence des félins.



Affiche du film


Le braconnage reste la pire menace, avec une hausse de la demande de dépouilles de tigres sur le marché noir, notamment en Asie de l'Est et surtout en Chine, où les os du félin sont utilisés dans la médecine traditionnelle.

Le groupe de défense des droits des animaux, Peta, espère que le film, qui sort sur le 19 décembre sur les écrans en France, attirera l'attention du public sur l'inquiétant déclin de la population de tigres.

"L'odyssée de Pi est un travail de fiction. Mais dans la vie réelle, il faut réagir aux menaces qui pèsent sur les animaux dans leur habitat naturel", estime Manilal Valliyate, responsable des questions vétérinaires chez Peta-Inde.

L'Inde abrite 1.706 tigres, selon le dernier recensement, soit près de la moitié de la population mondiale. Mais en 1947, date de l'indépendance de l'Inde, ils n'étaient pas moins de 40.000 dans le pays.

Lors de l'une des dernières attaques recensées, début décembre, des villageois près de la frontière indo-bangladaise ont matraqué à mort un tigre qui s'était éloigné des Sundarbans, la plus vaste forêt de mangroves au monde. Armée de bâtons et de rames, la foule en colère s'est déchaînée sur l'animal qui était soupçonné d'avoir attaqué un pêcheur.

En dépit de la baisse du nombre de tigres et de campagnes de sensibilisation en Inde et au Bangladesh, les conflits avec les hommes se terminent souvent dans le sang. "Lorsqu'un tigre est repéré, la première réaction est de le tuer", se lamente Gurmeet Sapal, un réalisateur de films animaliers qui vit à New Delhi.

"La peur et l'envie d'en découdre sont des sentiments si puissants qu'ils annihilent toute autre émotion. Ce que l'on ne réalise pas, c'est que le tigre n'attaque jamais les hommes tant qu'il n'est pas obligé de le faire", assure-t-il.

Le film d'Ang Lee, inspiré du best-seller de Yann Martel (2001), raconte comment Pi, 17 ans, après une enfance passée à Pondichéry (sud de l'Inde) embarque avec sa famille et des animaux du zoo qu'elle dirige pour le Canada, où l'attend une nouvelle vie. Son destin est bouleversé par le naufrage spectaculaire du cargo en pleine mer.

Seul survivant, ou presque, il doit alors partager son canot de sauvetage avec un tigre féroce réchappé du naufrage, surnommé Richard Parker. Le jeune homme tente alors de dresser le tigre pour qu'il ne le tue pas.

Depuis début 2012, l'Inde a recensé 58 morts de tigres, selon Tigernet, le site officiel de données de l'Autorité nationale de protection des félins.

"Le gibier de base pour le tigre a rapidement diminué parce que nous avons lorgné sur ses ressources. Le prédateur doit aujourd'hui redoubler d'efforts pour trouver de la nourriture", analyse Mayukh Chatterjee, qui travaille au sein de l'organisme de défense de l'environnement Wildlife Trust of India. "Dans un tel contexte, le bétail et les hommes deviennent des proies faciles pour le tigre et cela aboutit inévitablement à un conflit", conclut-il.

Selon le réalisateur Gurmeet Sapal, s'il est normal pour la population de considérer le tigre comme un animal dangereux, ce jugement est basé sur une méconnaissance du félin. "Les tigres ne tuent jamais pour le plaisir. Ils ne stockent pas de viande dans un congélateur, ils tuent leurs proies seulement s'ils ont faim".

"Si l'on parvient à faire comprendre aux gens l'importance du tigre dans notre chaîne alimentaire et notre écosystème, on aura remporté la moitié de la bataille", avance-t-il.

L'autre moitié, celle qui consiste à lutter contre les braconniers, ne peut être gagnée qu'au prix d'une surveillance sans relâche, estime Belinda Wright, directrice de la Société protectrice des animaux en Inde. "La tragédie est que les tigres ont plus de valeur morts que vivants", dit-elle à l'AFP.


Sciences et Avenir 18/12/2012

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