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Les énergies vertes ont besoin d’un réseau électrique européen adapté

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énergies renouvelables semblent promises à un bel avenir en Europe… si nous parvenons à les faire transiter vers les zones de consommation ! Les réseaux électriques européens constitueraient un maillon faible limitant les objectifs environnementaux que s’est fixés la Commission européenne en 2008. Futura-Sciences a recueilli l’avis de Jean Verseille, directeur des affaires européennes de RTE.

L’Europe s’est dotée les 11 et 12 décembre 2008 d’un paquet législatif «énergie-climat» pour lutter contre le réchauffement climatique et mettre en place une politique commune de l’énergie. Ses objectifs visent notamment à réduire de 20 % les émissions de gaz à effet de serre, à améliorer de 20 % l’efficacité énergétique et à introduire 20 % d’énergie renouvelable dans le mix énergétique européen, le tout d’ici 2020.

Chaque État membre s’évertue depuis à développer des filières énergétiques alternatives exploitant entre autres la biomasse (principalement en Europe centrale), les vents (par exemple autour des mers du nord de l'Europe) ou encore le rayonnement solaire (pays du Sud). Les nombreux projets en cours témoignent de cette dynamique, mais ils cachent une problématique moins connue. En effet, même si la production décentralisée des énergies renouvelables peut répondre efficacement à certains usages, c’est le développement à grande échelle d’unités de production là où les gisements sont les plus importants qui leur permet de devenir compétitives face à d’autres sources.

Ainsi, ces énergies renouvelables n’étant pas produites là où leurs homologues fossiles sont actuellement converties en électricité, il faudra parfois les transporter sur des centaines de kilomètres à travers l’Europe. Or, «le manque de réseaux risque d’être l’obstacle majeur pour atteindre les objectifs», confie à Futura-Sciences Jean Verseille, le directeur des affaires européennes de RTE.

Pour pallier ce problème, les gestionnaires européens de transport d’électricité, dont fait partie RTE, travaillent sur le développement de réseaux transeuropéens d’énergie qui permettront d’acheminer l'électricité issue des filières renouvelables vers les principales zones de consommation. Ils doivent cependant faire face à une autre problématique. «Il faut deux à trois ans pour développer un parc éolien alors qu’il faut dix ans pour construire la ligne qui permettra d’évacuer sa production», explique Jean Verseille. Les projets de déploiement sont en effet souvent retardés par un manque d’acceptabilité de la population (la construction de nouvelles lignes électriques à haute tension suscite souvent des réactions de mécontentement) et par la durée requise pour obtenir les autorisations nécessaires. La situation pourrait cependant changer dans les mois à venir.

«La Commission européenne ayant identifié que les infrastructures étaient un facteur de blocage, elle a décidé de prendre une initiative pour faciliter la réalisation de lignes électriques jugées essentielles pour la création de ce système électrique européen», précise Jean Verseille.

Un nouveau projet de règlement a donc été approuvé le 18 décembre 2012. «Il vise à identifier parmi l’ensemble des projets développés par les gestionnaires de réseau quelles sont les infrastructures [les lignes de 400 kV, NDLR] jugées d’intérêt prioritaire européen. Ce label donnera au projet un certain nombre d’avantages : il bénéficiera notamment du meilleur traitement possible pour réduire les délais des procédures administratives.» Une durée maximale de trois ans et six mois a donc été fixée pour mener à son terme la procédure d’approbation d’un projet. Les efforts entrepris au niveau européen se déclineront bien évidemment dans chaque État membre.

Le règlement définit également une liste de critères à respecter pour qu’un projet soit reconnu comme d’intérêt commun. Ils devront notamment concerner des corridors de transit identifiés au niveau européen (des zones géographiques comme autour de la mer du Nord) ou un domaine spécifique (par exemple le développement de réseaux intelligents au niveau européen), tout en répondant à différents critères de durabilité, d’intégration du marché européen et de sécurité de l’approvisionnement.

Pour expliquer l’intérêt du développement de ces réseaux transeuropéens, Jean Verseille expose une situation problématique rencontrée par l’Allemagne. «L’éolien a été développé dans le nord, mais c’est dans le sud du pays que la consommation est la plus importante, là où se trouvaient plusieurs centrales nucléaires qui viennent d’être arrêtées. […] Or, les réseaux électriques allemands ne sont pas capables d’assurer les transits d’énergie nord-sud requis pour exploiter au mieux les ressources du nord. […] Par conséquent, la production éolienne est régulièrement arrêtée, car elle ne peut pas être évacuée.»

Le nouveau règlement, dont le vote est prévu en ce début d’année au Parlement européen, devrait donc permettre d’éviter qu’une telle situation ne survienne au niveau européen d’ici 2020-2030. Alors seulement, il sera possible d’exploiter au mieux les énergies renouvelables pour atteindre les objectifs environnementaux ambitieux que s’est fixés l’Union européenne en 2008.

Présentation des échanges européens d'électricité (exprimés en TWh) prévus dans dix ans par l'European Network of Transmission System Operators for Electricity. ©️ Entso-E

Les réseaux transeuropéens d’énergie utilisent principalement des lignes électriques aériennes de 400.000 volts en courant alternatif. Elles ont été choisies par les gestionnaires de réseau car elles représentent un optimum technico-économique. Les lignes souterraines sont dans certains cas jusqu'à dix fois plus coûteuses. ©️ HokutoSuisse, Flickr, cc by-nc-sa 2.0


FUTURA SCIENCES 21/1/2013

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