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Un requin bioluminescent : Etmoperus Spinax (requin lanterne)

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Etmoperus Spinax est doté de cellules luminescentes à la fois sur le ventre, pour se camoufler, et sur le dos, pour à l’inverse être repéré. Une contradiction de la nature ? Explication.

Le phénomène est connu. Entre deux cents et mille mètres de fond vivent des animaux marins dotés de cellules luminescentes ventrales qui leur permettent de se rendre invisibles à leurs proies ou à des prédateurs nageant sous elles. En effet, ils se confondent avec la lumière tombant d’en haut et ne projettent pas d’ombre.

La luminescence dorsale est, elle, beaucoup plus rare. Une équipe de cinq chercheurs belge, allemand, suédois et australiens l’a pourtant repérée chez une variété de requin-lanterne, l’Etmoperus Spinax, ou sagre commun, déjà connu pour générer un halo bleu-vert ventral.

Ainsi, vu côté ventre, ce poisson des fjords norvégiens mesurant 60 cm au maximum se rend invisible ; vu côté dos, il devient parfaitement repérable par d’autres animaux. Les chercheurs ont publié leur étude de ce paradoxe dans les «scientific reports» de la revue Nature. Leur conclusion ? La luminescence dorsale serait en fait un mécanisme de défense.

Les chercheurs ont pêché des spécimens d’Etmoperus spinax en Norvège entre 2009 et 2012 avant de les étudier dans des containers où ont été recréées la température et l’obscurité des eaux profondes. Les poissons y ont été photographiés et leur luminescence mesurée.

Première découverte, deux rangs de photophores dorsaux s’alignent à la verticale d’un côté et de l’autre des deux nageoires dorsales du poisson. Or, chacune de ces nageoires est située à quelques millimètres derrière une épine sortant du dos.

Résultat : le halo met en évidence cette épine. Non seulement la lumière se diffuse de part et d’autre de cet organe mais en plus, elle passe en partie à travers (10 %, selon les calculs de chercheurs), l’épine étant faite de matière translucide. Ce qui produit au final un effet visuel similaire au sabre-laser des films de la saga Star Wars : une lumière intense sur les bords, plus faible au milieu.

Pour comprendre la fonction de ce phénomène, les chercheurs ont modélisé la luminescence pour la confronter aux capacités visuelles des proies (le maurolicus muelleri) et des prédateurs du poisson. Ils ont constaté que les proies ne pouvaient repérer le halo qu’à 1,5 m tandis que les prédateurs le voyaient à plusieurs mètres de distance. C’est donc à eux que cette lumière est destinée.

Pour les chercheurs, elle sert de signal d’alerte et indique la présence de cette épine aux prédateurs qui, du coup, sont dissuadés d’attaquer. Ainsi, l’épine n’est pas à proprement parler un organe de défense «post-attaque» ; le halo lumineux s’avère un dispositif permettant carrément d’éviter un combat.



Les rangs de photophores dorsaux (SAPs) à proximité des épines dorsales du requin-lanterne. Julien M. Claes, Mason N. Dean, Dan-Eric Nilsson, Nathan S. Hart & Jérôme Mallefet




SCIENCES ET AVENIR 29/3/2013

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