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Bioalgostral et son algocarburant valorisant des déchets

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Pour produire un algocarburant à moindre coût, la start-up réunionnaise Bioalgostral a développé une technologie permettant de fertiliser la culture de ses microalgues en valorisant des déchets, à savoir des eaux usées et les boues d'une station d'épuration. D’ici quelques années, les insulaires pourront, si tout se passe bien, se déplacer grâce à un biodiesel local.


Dans l'Union européenne, il y a déjà en moyenne 7 % de biocarburant dans le diesel fourni à la pompe (norme EN 590). Par ailleurs, la France et l'Allemagne sont les deux plus grands producteurs de biodiesel d'Europe. ©️ Texas AandM AgriLife, Flickr, cc by nc nd 2.0


Les carburants fossiles participent au réchauffement climatique en libérant des gaz à effet de serre, comme le CO2, lorsqu’ils sont brûlés. Le diesel pose également des questions sanitaires, car les particules fines émises lors de sa combustion sont cancérigènes, selon les experts du Centre international de recherche sur le cancer (Circ). Ces problèmes expliquent, entre autres, les efforts faits pour développer de nouveaux carburants produits à partir de la biomasse.



Cependant, les solutions proposées ne sont pas dénuées d’inconvénients. Les biocarburants de première génération sont ainsi synthétisés grâce à des végétaux riches en huile, comme le colza. Or, leur production entre en compétition avec les cultures alimentaires, tout en nécessitant d’importantes quantités d’engrais et de pesticides. Les biocarburants de deuxième génération offrent une alternative intéressante, puisqu’ils peuvent être produits à partir des déchets végétaux. Mais la lignocellulose est difficile à décomposer, ce qui limite actuellement le développement de cette filière à grande échelle.


Créée en 2008, Bioalgostral exploite des microalgues pour approvisionner les marchés cosmétiques et pharmaceutiques, mais aussi pour produire un biocarburant qui pourrait être utilisé sur l’île de la Réunion, au point peut-être de lui fournir une indépendance énergétique d’ici 2030. En attendant, le projet en est à sa phase de préindustrialisation.


Les algues sont mises en culture au sein de photobioréacteurs en verre(des tubes transparents) fournis par la firme allemande IGV Biotech. Cette dernière a également livré un bioréacteur MUTL de 1.000 m2 (un démonstrateur) qui permettrait, grâce à sa structure dite «en couches minces», de doubler le taux de croissance de la biomasse par rapport à celui observé dans les photobioréacteurs en verre. Qui plus est, ce système réduit les investissements requis de 60 %.


La station d'épuration de Sainte Rose est dimensionnée pour 7.000 équivalents-habitants (unité de mesure pour évaluer la capacité d'une station d'épuration). ©️ Bioalgostral


Pour grandir dans des conditions optimales, les microalgues ont besoin de CO2, puisque ce sont des organismes photosynthétiques, et de nutriments. Là où d’autres projets les fournissent sous la forme d’engrais (ce qui a un coût), Bioalgostral a pour sa part décidé d’utiliser des eaux usées et le gaz émis par les boues d’une station d’épuration, des ressources disponibles en quantité et peu coûteuses.


Ainsi, l’unité de production des microalgues a été couplée à la station d’épuration (Step) de la commune de Sainte Rose. Grâce aux moyens technologiques développés par Bioalgostral, les nitrates et phosphates présents dans les effluents de la station sont récupérés, puis utilisés pour doper la croissance des algues. Les eaux usées arrivent donc légèrement dépolluées dans les bassins de traitement, ce qui accélère leur nettoyage.


L’innovation ne s’arrête pas là, puisque le CO2 requis pour la survie des êtres photosynthétiques est prélevé au niveau des boues de la station, durant leur méthanisation. Voilà donc comment des déchets sont convertis en biomasse algale, puis à terme, après avoir subi quelques opérations supplémentaires, en biodiesel.


Un projet visant à produire un carburant «vert» en remplacement des traditionnels dérivés du pétrole ne peut être que bénéfique à terme pour l’environnement et le climat, puisque les émissions de CO2 d’origine fossile seront réduites. À cela s’ajoute le fait que le gaz émis par la station est également capté. Reste à savoir ce que devient le méthane produit dans le même contexte.


Exemple d'un photobioréacteur tubulaire en verre développé par la société IGV Biotech, qui a 30 ans d'expérience dans ce domaine. Le système présenté permet de produire des microalgues photosynthétiques dans un volume de 4.000 litres d'eau. ©️ IGV Biotech, Wikimedia Commons, cc by sa 3.0


Le projet de cette start-up française présente bien des avantages, ce qui nous pousse à encourager de telles structures, notamment dans un contexte où la concurrence risque de devenir rude dans les années à venir.


On comprend également l’intérêt porté au projet par le groupe Séchilienne-SIDEC qui exploite les centrales thermiques de l’île, ainsi que par la société d'économie mixte Nexa. Ils viennent d’ailleurs de signer un projet collaboratif avec Bioalgostral pour parvenir à faire fonctionner, d’ici quelques années, la turbine d’une des centrales avec l’algocarburant produit à la Réunion.


Signalons enfin que Bioalgostral espère créer 200 emplois à l’horizon 2020, ce qui peut être perçu comme un bon point dans le contexte actuel.




FUTURA SCIENCES 29/5/2013

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