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FRANCE / Le lac des Ciments, ses eaux turquoises, ses détritus et ses noyades

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Cergy (AFP) - Eaux turquoises, écrin verdoyant, le lac des Ciments, dans le Val d'Oise, semble de loin un paradis inattendu. Mais cet été la mort de trois personnes qui s'y sont noyées a relancé la bataille entre préfecture et environnementalistes sur l'avenir de cette retenue d'eau nichée dans une ancienne carrière de craie.

Au fond du parking de la petite gare de Nointel-Mours, à une trentaine de kilomètres au nord de Paris, un long grillage vert a été installé. Des panneaux "baignade interdite, risque de noyade" sont visibles. Mais, à plusieurs endroits, la protection a été défoncée, permettant aux visiteurs de se faufiler pour accéder au "lac bleu".


Eaux turquoises, écrin verdoyant, le lac des Ciments, dans le Val d'Oise, semble de loin un paradis inattendu. Mais cet été la mort de trois personnes qui s'y sont noyées a relancé la bataille entre préfecture et environnementalistes sur l'avenir de cette retenue d'eau nichée dans une ancienne carrière de craie (c) Afp


De haut, la couleur du lac évoque un paysage de carte postale, en raison de la craie qui éclaircit l'eau. A mesure que l'on s'en approche, toutefois, on découvre une véritable déchetterie à ciel ouvert, bouteilles de bière et détritus flottant à la surface.

C'est pourtant là, dans cette propriété privée appartenant à la société de ciments Calcia, que se retrouvent "un millier de personnes le week-end quand il fait beau l'été", selon l'adjoint au maire de Beaumont-sur-Oise, Didier Privat.

Or le site est "intrinsèquement très dangereux", souligne le préfet du Val d'Oise, Jean-Luc Nevache. "Il n'y a pas de plage, de diminution progressive, c'est un trou. A un mètre du bord, vous n'avez plus pied". Autre problème, la température de l'eau. "En certains endroits, elle est à moins de 10 degrés, car la profondeur atteint 30 mètres. Quand il fait 25 degrés et qu'on plonge directement, il y a un risque d'hydrocution", explique une source policière. En outre, une ligne électrique à haute tension est installée au-dessus du lac. Le site a même servi de terrain d'entraînement aux troupes d'élite du GIGN...

"J'ai vu une dame avec un bébé de quelques mois. C'est de l'inconscience totale", soupire le préfet, qui rappelle que 35% des noyades en France se produisent dans des endroits où la baignade est interditeLa carrière a cessé son activité en 1968 et le site a été laissé en l'état depuis.

En ville, la question du lac est sur toutes les lèvres après les trois décès de l'été, qui ont conduit la préfecture à envisager de rouvrir le dossier de son remblaiement. Quatre jeunes de Beaumont prennent le café. "On est attaché à ce lac, c'est une partie de nous. On y va souvent, on y fait des barbecues, c'est gratuit... Quand tu envoies des photos de là-bas, les gens croient que t'es aux Bahamas", confie Aldelkrim, 25 ans. "Nous on connaît les lieux, mais plein de gens viennent de loin et font n'importe quoi, laissent des déchets, picolent ou sautent d'un coup et se noient", dit Thomas, 24 ans.

Les jeunes bondissent quand on évoque un remblaiement. "S'ils font ça, on fera des commandos pour les en empêcher", assure l'un d'eux.

La solution du remblaiement avait déjà été envisagée. Mais après des années de combat mené devant les tribunaux par une association environnementale, le tribunal administratif de Cergy avait annulé l'arrêté préfectoral qui l'avait autorisé, en 2008.

"Certes, le lac est un biotope, mais c'est un biotope complètement artificiel car le lac a été créé. La question est de savoir si son intérêt écologique conduit à ce qu'il ne soit pas envisageable de le combler. On va voir si l'on peut rouvrir le dossier du remblaiement", a expliqué le préfet à l'AFP.

Si la décision est prise, "nous l'attaquerons de nouveau", promet de son côté Etienne Bohler, président des Amis de la Terre du Val d'Ysieux.

Il demande que ce site, "remarquable pour sa faune et sa flore", soit transformé en réserve naturelle régionale, avec "des périodes réservées pour les visites". En attendant, selon lui, il appartient aux autorités et au propriétaire de prendre les dispositions nécessaires pour empêcher les gens de se baigner dans le lac.


SCIENCES ET AVENIR 11/8/2013

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