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Mongolie: le surpâturage menace les steppes

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Altanbulag (Mongolie) (AFP) - "J'ai accepté de réduire de moitié le nombre de mes chèvres", explique Tsogtsaikhan Orgodol en balayant du regard l'étendue de mille hectares de prairies qu'il s'est vu confier dans le cadre d'un projet censé atténuer les ravages du surpâturage en Mongolie.

Cet éleveur de 53 ans à la peau cuivrée est le chef d'une communauté de 22 personnes qui se partagent deux yourtes traditionnelles et une maison en "dur" à côté d'une étable. Le tout perdu à 45 kilomètres d'Oulan-Bator, la capitale du pays.

 "J'ai accepté de réduire de moitié le nombre de mes chèvres", explique Tsogtsaikhan Orgodol en balayant du regard l'étendue de mille hectares de prairies qu'il s'est vu confier dans le cadre d'un projet censé atténuer les ravages du surpâturage en Mongolie. (c) Afp

C'est à cheval qu'ils veillent sur leurs quelque 200 bêtes, dont une majorité de moutons et une cinquantaine de vaches. Un troupeau disparate qui paît en liberté, sans être cantonné par des clôtures.

Le pastoralisme nomade est indissociable de l'histoire et de la culture du "pays des steppes". Les familles d'éleveurs se déplacent plusieurs fois par an, en quête de points d'eau et de nouvelles pâtures. Le pâturage est en théorie libre, les transhumances s'effectuant en concertation entre bergers.

M. Orgodol a accepté de tourner le dos à ce nomadisme millénaire, convaincu que l'un des plus grands écosystèmes de prairies au monde est aujourd'hui en danger.

Dans le cadre d'un programme du Millennium Challenge Corporation (MCC), un fonds de développement financé par les Etats-Unis, l'éleveur a reçu mille hectares de pâture en exclusivité, à charge pour lui de limiter son cheptel de façon à permettre une régénération de la prairie.

"Quand des troupeaux d'autres familles pénètrent sur nos parcelles, nous les faisons partir. C'est le seul moyen possible", souligne le berger désormais sédentaire, même s'il reste chaussé de ses bottes de cavalier nomade. "Il est nécessaire que les brins de la prairie atteignent une longueur d'au moins cinq centimètres. Sinon, les bêtes arrachent les racines en broutant", ajoute-t-il en servant à son visiteur un bol de lait brûlant.

Dans une étude publiée début septembre dans la revue Global Change Biology, des chercheurs de l'université de l'Oregon (Etats-Unis) estiment que le surpâturage est devenu la "première cause" de l'inquiétant déclin de la steppe mongole.

Dans la zone de transition située entre les prairies et le désert de Gobi, l'indice différentiel normalisé de végétation (en anglais: NDVI), qui fournit une estimation de "l'intensité de vert", a même chuté de 40% par rapport à 2002.

La Mongolie, territoire de 1,6 million de km2 --trois fois la superficie de la France--, est constituée à 79 % de prairies. En 1990, ce pays enclavé est parvenu à enterrer pacifiquement 70 ans de dictature communiste imposée par l'Union soviétique.

Le passage d'une économie socialiste planifiée, qui comprenait une collectivisation du bétail, à une économie de marché, s'est traduit par une hausse du chômage et un retour d'une partie de la population vers l'élevage, qui occupe aujourd'hui 40% des actifs.

"Le nombre de têtes de bétail a explosé pour excéder 40 millions. Cela dépasse les frontières du raisonnable, même pour la Mongolie qui est un pays vaste", confirme à l'AFP Nyamsuren Lkhagvasuren, chef de projet au MCC.

"Il y a effectivement du surpâturage, notamment pour la production de laine de cachemire. Le problème est que la Mongolie exporte de la laine sous forme de matière première, notamment vers la Chine, et la valeur ajoutée est faite ailleurs", souligne Thomas Pavie, expert agricole et vétérinaire. "Ils sont donc obligés de produire beaucoup".

Le gouvernement mongol travaille donc à mettre en place des filières économiques permettant de valoriser les produits issus de l'élevage. "Si la laine est vendue plus cher, il y a besoin de moins d'animaux", résume M. Pavie.

Dans un entretien avec l'AFP, le ministre de l'Agriculture mongol, Battulga Khaltmaa, a relativisé les conclusions alarmantes des chercheurs de l'Oregon, sans nier le problème de la désertification. Mais il insiste sur le rôle joué par le réchauffement climatique.

"Le nombre d'animaux n'est pas si élevé si on le compare à la taille du territoire", a-t-il assuré. "Sous le socialisme nous avions 26 millions de têtes de bétail et sous Staline l'objectif fixé était d'atteindre 250 millions afin de répondre à la demande de viande en Sibérie".


SCIENCES ET AVENIR 1/10/2013

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