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Anba Macaya : les premières images dans les grottes d'Haïti

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Depuis une semaine, les six spéléologues de l'expédition « Anba Macaya, verticales souterraines » sont à pied d'œuvre à l'extrême ouest d'Haïti, dans un terrain peu connu. Partie pour cartographier le réseau d'eaux souterraines, l'expédition se heurte à des cartes imprécises... et à des grottes obstruées. Heureusement, les habitants jouent les guides, et l'exploration a commencé. En liaison exclusive avec Futura-Sciences, ils nous font partager l'aventure en images !

Après une semaine à arpenter le plateau de Formon, en Haïti, la mission Anba Macaya nous a transmis les images des premières grottes explorées et les six spéléologues nous ont confié leurs « premiers doutes ». Marie-Pierre Lalaude-Labayle, chef d'expédition, nous donne ses impressions. « Nous observons que de nombreuses cavités ont été bouchées par la population qui y place des roches, afin d'éviter que les bêtes ne tombent à l'intérieur. Nous ne pensions pas que ce serait aussi fréquent et nous pensions trouver plus facilement des gouffres à potentiel. »

  Pascal Orchampt découvre le gouffre Perdu, un aven borgne de 30 m de profondeur, avec des racines qui tombent du sommet. ©️ Olivier Testa

Guidés par les paysans haïtiens, les explorateurs parcourent chaque jour les pistes qui serpentent à travers le plateau, à la recherche d'entrées de gouffres. Les habitants connaissent tous de nombreux trous, souvent appelés « grands fonds », car personne ne peut y descendre.

«Alors qu'au vu des cartes, je m'attendais à un plateau au relief relativement monotone et à une végétation ouverte, nous avons eu la surprise, lors de notre arrivée, d'observer un relief très accidenté», rapporte Olivier Testa, responsable de l'exploration spéléologique.
Il poursuit : « Sur le massif de Macaya, nous sommes en présence d'un karst tropical typique avec des centaines de pitons, et des dolines qui peuvent aller jusqu'à plusieurs centaines de mètres de diamètre. Le tout est recouvert d'une forêt de pierres de type "Tsingy", appelée ici Kase Dan(Cassé-Dents) et d'une végétation difficilement pénétrable. »

  La ravine Casse-Cou à la sortie d'un canyon est impraticable sans cordes. Le relief est plus tourmenté que ce qu'annonçaient les cartes... ©️ Olivier Testa

Après cette première semaine de reconnaissance du massif, l'équipe a pointé au GPS et descendu une vingtaine de gouffres jusqu'alors vierges, mais peu profonds. Le trou Zombi, un gouffre déjà connu et s'ouvrant par une verticale de 95 m, est malheureusement comblé et ne débouche pas sur les galeries horizontales espérées.


L'équipe a également atteint la résurgence du massif, à une dizaine de kilomètres de marche du camp de base. Elle semble débiter plus d'un mètre cube d'eau par seconde. «Nous l'avons instrumentée à l'aide de sondes de pression, explique Olivier Testa. Les mesures nous permettront de connaître les débits d'eau de la résurgence. En corrélant ces données avec les précipitations que nous allons observer, nous aurons un bon indicateur du mode d'écoulement des eaux dans le karst, et donc de la morphologie des grottes à l'intérieur du massif. Par ailleurs, nous avons pu observer au loin la sortie d'un canyon dans la ravine Casse-Cou. Cela fera l'objet de l'une de nos futures explorations.»


  La résurgence du plateau de Formon. À droite, la rivière principale avec un débit de 50 l/s. Au fond, la grotte d'où sort plus de 1.000 l/s. ©️ Olivier Testa

FUTURA SCIENCES 2/10/2013

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Anba Macaya signifie en Créole Haitien «Dans les profondeurs du Massif Macaya». Du 21 septembre 2013 au 1er novembre 2013, une expédition spéléologique dans ce massif a été lancée. 


Les yeux de Marie-Jeanne : un endroit célèbre de la grotte du même nom qui se trouve près de Port-à-Piment, au sud du massif de Macaya, lieu de l'expédition. Dans ce sous-sol karstique, l'eau a creusé un labyrinthe, à peu près inexploré, de galeries, de grottes et de rivières souterraines. Photo Jean-François Fabriol

«Bien décidée à faire connaître les fabuleuses cavités peu explorées de la Perle des Antilles, l'expédition part à la découverte de grottes d’une réserve de la biodiversité haïtienne : le Parc National Macaya. "Nous voulons arpenter ce massif, descendre les gouffres innombrables du plateau de Formont, aux verticales vertigineuses, et chercher à atteindre la résurgence par l’intérieur du massif !" L’eau effectue sur ce plateau une percée hydrogéologique de 1 200 m de dénivelé. "Nous tenterons donc de franchir le record de profondeur de la Caraïbe", dans l’une des dernières forêts primaires de l’île, aux arbres, plantes et fougères arborescentes endémiques, classée réserve de biosphère par l’UNESCO en 2012.


  Photo Jean-François Fabriol




«Il s’agit pour nous de réaliser un inventaire de ces ressources et de ces possibilités. C’est vraiment un territoire méconnu et nous ne savons pas exactement ce que nous allons trouver. Il est bien possible, par exemple, que nos découvertes intéressent les paléontologues, car il arrive que des animaux tombent dans ces trous, au fond desquels on remarque souvent des squelettes. Il peut aussi y avoir des objets faits de main d’Homme et jetés là.»



 Coulée de calcite et gours (les blocs de concrétions) dans la grotte Marie-Louise Boumba en Haïti, en février 2013. ©️ Jean-François Fabriol


Dans un pays rassemblant quantité d’histoires et légendes façonnées dans ces souterrains, l’exploration de ces grottes représente un attrait sportif, mais aussi culturel et peut-être même scientifique. "Nous serons 7 à partager nos compétences sur Haïti et en spéléologie, 7 à partager cette aventure et, espérons, davantage à y retourner !»




 L’équipe presque au complet dans la grotte Favot, lors d’un entraînement dans le Vercors, en juin 2013. Debout derrière (de gauche à droite), Matthieu Thomas et Marie-Pierre Lalaude-Labayle ; accroupis (de gauche à droite), Stéphanie Jagou, Pascal Orchampt et Olivier Testa. Manquent Anne-Sophie Brieuc et Jean-François Fabriol. ©️ Olivier Testa




Expédition Anba Macaya - Elsie news

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Sur la pointe ouest d’Haïti, l'expédition Anba Macaya (« sous Macaya » en créole) poursuit son exploration spéléologique du massif karstique en descendant dans les puits naturels qu'elle rencontre. Karst ? Puits ? Qu’est-ce donc ? Et pourquoi les explorateurs attendent-ils ce qu'ils appellent « LE » trou ? Voilà ce qu'explique à Futura-Sciences, depuis Haïti, le géomorphologue Matthieu Thomas, également spéléologue et membre de l'expédition. Au passage, on apprend qu'un massif peut être trépané... 

Spéléologue et géomorphologue, Matthieu Thomas explique l'objectif de l'expédition Anba Macaya : trouver « le » trou qui ouvrira un accès vers la mystérieuse rivière souterraine coulant sous le plateau Formon, au sein de cet immense karst. Cliquez sur le lien source, en bas à gauche, pour voir la vidéo exclusive parue sur Futura Sciences...

Sur le plateau Formon, tous les jours, l'équipe d'Anba Macaya part très tôt le matin pour chercher... des trous. Sous leurs pieds, le massif Macaya, fait de roches calcaires, est parcouru de failles, de grottes et de conduits dans lesquels circulent de grandes quantités d'eau.

 L'activité visible de l'équipe : marcher le long des sentiers du plateau Formon, souvent après discussion avec les autochtones, car les cartes sont imprécises. Lorsqu'un trou est repéré, une autre séquence commence, avec pitons et cordes ! ©️ Jean-François Fabriol, Expédition Anba Macaya


Ces grottes sont le plus souvent des puits verticaux, de plusieurs dizaines de mètres de profondeur. Comment se forment de tels gouffres ? Matthieu Thomas, géologue, nous explique la structure de ce grand massif karstique que l'érosion a trépané, arasant la partie supérieure et découvrant ainsi de profondes cavités creusées dans le calcaire par les eaux souterraines. Pour lui, ce n'est pas que de la théorie, mais aussi de la pratique : il fait partie de l'équipe de spéléologues menée par Olivier Testa. C'est donc en Haïti qu'a été tournée cette vidéo expédiée par Internet jusqu'à la rédaction de Futura-Sciences.

Il nous fait comprendre le but ultime de l'expédition : trouver « LE » trou au fond duquel s'ouvrira une galerie plus ou moins horizontale menant à l'énigmatique rivière souterraine qui court au sein du massif. La résurgence, repérable sur des images satellite, a été atteinte par l'équipe, qui veut repérer ce cours d'eau souterrain par l'intérieur. Profond de 95 m, le trou Zombi semblait un bon candidat. Mais le fond de ce puits est obstrué par des pierres. La quête continue...


Futura Sciences 7/10/2013

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Au cours de leur aventure, les coéquipiers d’Anba Macaya cherchent à atteindre la résurgence par l’intérieur, en suivant le parcours de l’eau. Cet article présente comment l’eau parvient aux habitants du Parc Macaya, et quels sont les enjeux liés à son transport et son stockage.
 
Dans le Parc de Macaya, l’eau ne sort pas du robinet, comme nous en avons l’habitude à la maison, chez nous en France, dans la cuisine, les toilettes ou la salle de bains.

Les Haïtiens, en particulier dans les campagnes et les mornes, c’est à dire les montagnes, doivent parfois marcher sur de longues distances pour atteindre une source, et pouvoir ramener chez eux l’eau nécessaire à la cuisson des aliments, pour laver la vaisselle ou simplement pour boire. Nous rencontrons fréquemment dans nos randonnés pour trouver les grottes, des adultes ou des enfants avec un bidon d’eau à la main ou sur la tête, comme les choses sont traditionnellement transportées ici.


Les réseaux de canalisation de l’eau ne sont pas répandus partout dans le pays. Ils impliquent des travaux qui prennent du temps et qui sont coûteux. Cependant, à Formon, la petite communauté de montagne où l’équipe a installé son camp de base, un réseau de canalisation existe. Le réseau est constitué d’un captage, d’un petit réservoir qui permet la chloration et de robinets communautaires appelés Bornes-Fontaines. En fin de parcours, des bornes fontaines sont mises à la disposition des familles, à quatre endroits différents près des principaux chemins qui parcourent le village.


Des bacs de récupération de l’eau de pluie qui ruisselle sur les toits sont parfois installés chez les familles les plus aisées. La pratique n’est pas généralisée, et la saisonnalité des pluies permet juste un accès périodique à cette ressource en eau à domicile. En effet, c’est seulement au cours de la saison des pluies, pendant la période cyclonique, que ce système de récupération de l’eau est utile, soit de Juillet à Décembre.

Comment l’eau est-elle conservée ? : Dans les maisons, des grands tonneaux de plastique noir, des drums sont placés, en général dans la salle de bains. L’eau récupérée à la borne est versée dedans, et l’on y puise selon les besoins pour les différents usages à la maison. Ce sont la taille des drums ainsi que l’utilisation de l’eau qui déterminent le nombre de voyages quotidiens vers la borne. L’eau de la borne est traitée pour éviter la propagation du choléra. Cette maladie est présente dans le pays depuis 2010.


Les bidons utilisés pour le transport de l’eau, ainsi que la manière dont elle est stockée parfois pendant plusieurs jours peut faciliter la prolifération de bactéries, germes ou parasites. Les membres de l’équipe ont donc choisi de donner un traitement supplémentaire à l’eau, pour s’assurer de son innocuité sur leur santé.
Nous avons installé un système de filtration céramique qui permet un niveau de filtration de l’ordre de 0,2 microns.



Il est composé de deux cartouches que nous plaçons au fond d’un bidon plastique. Un fois le bidon rempli, nous aspirons l’air des deux tuyaux de perfusion pour faire monter l’eau dans ceux-ci et lui permettre de couler, une fois filtrée, dans le gros bidon Cullighan qui est placé dessous. C’est un peu comme notre château d’eau, et les tuyaux de perfusion fonctionnent comme des tuyaux de canalisation. Nous stockons l’eau une fois filtrée dans un second Cullinghan propre dont nous couvrons l’ouverture. C’est notre source, à laquelle nous remplissons nos bouteilles individuelles et nos gourdes.

L’eau chaude… : Ici pour avoir de l’eau chaude pour la douche, nous avons décidé d’utiliser des vaches à eau. Ce sont des sacs faits dans une matière plastifiée de couleur noire qui nous permet, lorsqu’on les place au soleil, d’attirer le soleil et de chauffer l’eau à l’intérieur. Chaque vache à eau contient environ 8 litres d’eau. Cela est suffisant pour la douche de 2 personnes.

Le traitement des eaux usées : A Formon, il n’existe pas de station d’épuration pour les eaux usées. L’eau de la vaisselle, de la douche, ou de la lessive est envoyée directement sur le terrain autour de la maison. Ici, peu de produits chimiques sont utilisés pour nettoyer les sols par exemple. L’eau est absorbée assez rapidement, et les éléments tels que l’azote ou les phosphates présents dans les eaux usées servent également à la croissance des plantes présentes sur le terrain.

Et les toilettes ? Ici on ne peut pas oublier de tirer la chasse d’eau… Car il n’y en a pas !  Ce qui constitue les toilettes à notre camp de base, c’est un simple trou creusé dans le sol, d’environ 2 mètres de profondeur, et qui se continue en surface par un tuyau de fer d’une trentaine de centimètres de hauteur et une vingtaine de centimètres de diamètre. Un siège sur lequel on évite de s’asseoir. Le tout est protégé de la pluie par un toit de tôle, et un muret surplombé par une bâche de toile entoure le tout, afin de donner au lieu une certaine discrétion.
Les déjections tombent directement au fond du trou, et avec la chaleur, elles se décomposent rapidement. Quelle économie d’eau potable !


Stéphanie Jagou de l'expédition Anba Macaya

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En Haïti, sous la forêt tropicale du plateau Formon, l’équipe de l’expédition Anba Macaya explore avec détermination les galeries d'un immense massif karstique, et a déjà visité plus de 80 grottes. La progression n'est pas toujours facile, comme elle le raconte pour les lecteurs de Futura-Sciences... quand la connexion Internet est bonne.

Quatre semaines après le début de l'expédition « Anba Macaya, verticales souterraines », les spéléologues poursuivent méthodiquement l'exploration de ce massif calcaire en progressant à coup de machette dans une jungle épaisse. Il s'agit de trouver des ouvertures menant dans les profondeurs du karst.

   « Lorsque j'ai vu la crue arriver, j'ai hésité. J'ai pris le temps de prendre Stéphanie en photo dans ce mélange d'eau, de lumière et de grondements. Déjà, nous avions les pieds dans l'eau lorsque nous sommes sortis. Et la pluie torrentielle ne s'est arrêtée que plusieurs heures plus tard ! » ©️ Jean-François Fabriol

« Lorsqu'il découvre un puits de 30, 40, 65 ou 90 m, le cœur du spéléologue s'emballe, nous raconte Stéphanie Jagou, membre de l'expédition. Au cours des derniers jours, nous avons descendu de beaux gouffres qui atteignaient ces profondeurs. Et avec plus de 80 cavités explorées depuis le début de l'aventure, l'essentiel des explorations est effectivement vertical, donnant ainsi tout son sens au nom de l'expédition : "verticales souterraines". »

L'équipe a désormais une bonne idée de la structure géologique du massif de Macaya, avec une partie supérieure creusée de grottes et un plancher plus compact. « Sur le plateau, tous les gouffres butent sur une couche de calcaire microfissurée qui agit comme une passoire et ne permet pas le développement de galeries horizontales. » Ces puits ont donc peu de chance d'être interconnectés entre eux par des conduits qu'il serait possible d'explorer.

   Les entrées des gouffres se cachent dans la jungle. Celui-là était inconnu. ©️ Jean-François Fabriol

Il existe bien une énorme résurgence, que l'équipe a d'ailleurs étudiée, mais elle est visiblement de type vauclusienne. Autrement dit, l'eau qui ressort à cet endroit du massif provient de profondeurs plus grandes et non d'une rivière souterraine. Tout n'est pas dit, car l'idée des membres de l'expédition est de revenir l'an prochain pour plonger dans cette résurgence.

L'équipe a désormais une bonne idée de la structure géologique du massif de Macaya, avec une partie supérieure creusée de grottes et un plancher plus compact. « Sur le plateau, tous les gouffres butent sur une couche de calcaire microfissurée qui agit comme une passoire et ne permet pas le développement de galeries horizontales. » Ces puits ont donc peu de chance d'être interconnectés entre eux par des conduits qu'il serait possible d'explorer.

   La machette, dans cette région, est un accessoire indispensable pour le spéléologue. ©️ Jean-François Fabriol

Les spéléologues explorent actuellement toutes les cavités qu'ils rencontrent, même quand elles sont de faible profondeur. « Ils trouvent également de nombreux petits puits, qui ne pénètrent pas plus profondément qu'une dizaine de mètres dans le karst. Un grand nombre des gouffres explorés à ce jour butent sur des amoncellements de rochers et cailloux, jetés par les paysans locaux qui cassent le lapiaz [des surfaces calcaires déchiquetées par l'érosion, NDLR], ou charriés lors des épisodes orageux. Ces comblements ne laissent aucun espoir de poursuite, car l'épaisseur du remplissage peut être considérable. »

Pour l'équipe, ces trous bouchés sont aussi de potentiels coffres à trésor qu'il faut étudier de près. « Les ossements accumulés peuvent être une source intéressante d'information sur la faune qui vivait précédemment dans le parc Macaya, mais aussi sur les paléo-environnements. »

   Olivier Testa, responsable de l'exploration spéléologique, classe les os retrouvés dans un puits. ©️ Stéphanie Jagou

Ainsi, rappellent les membres de l'équipe, une faune bien plus riche occupait les lieux il y a encore quelques siècles. Cette région d'Haïti hébergeait en effet plusieurs espèces de paresseux géants, une espèce de singe, des rongeurs et des mammifères insectivores. Sur les 25 espèces de mammifères qui vivaient en Haïti il y a 7.000 ans, 23 sont éteintes, et il ne reste que l'agouti (Plagiodontia aedium), un petit rongeur nocturne, et le nez-long (Solenodon paradoxus), un insectivore sylvestre vivant lui aussi la nuit. « La surchasse par les Indiens a provoqué l'extinction des gros mammifères, tandis que l'arrivée des colons depuis 1492, puis des chats, des chiens et des mangoustes, a eu raison des plus petits animaux. »

Le travail d'exploration et de cartographie n'est pas terminé et l'expédition Anba Macaya va se déplacer plus à l'ouest, dans une zone plus basse du massif, où l'équipe s'attend à trouver d'autres types de reliefs karstiques : poljés (dépressions fermées par des parois abruptes), pitons et résurgences.

Futura Sciences 25/10/2013

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Les spéléologues de l'expédition Anba Macaya ont quitté Haïti et le massif karstique qu'ils ont parcouru dans les trois dimensions pour en découvrir le réseau de grottes et de cours d'eau souterrain. Bilan : 95 gouffres explorés, trois rivières souterraines et des résurgences inconnues. Un regret : les spéléologues n'ont pas découvert la grande rivière espérée. Futura Sciences reviendra sur l'expédition prochainement avec probablement de nouvelles photos superbes...

La grotte Marie-Jeanne - belovedhaiti / Youtube 15/10/2013[/center]

En un mois, le massif de Macaya, en Haïti, à l'ouest de l'île d’Hispaniola, dans l'une des dernières forêts primaires de la région, a livré une grande partie de ses secrets à l'expédition spéléologique. Une grande partie du réseau hydrographique souterrain a pu être compris, en compagnie des habitants de ce massif, qui se sont intéressés à ces gouffres connus depuis longtemps. Le massif, expliquent les géologues, «est un karst ancien décapité par des précipitations importantes». Sa surface, couverte par une végétation dense, est creusée de trous verticaux parfois vertigineux, le plus profond descendant à 120 m. « L'expédition mérite bien son nom : Anba Macaya, verticales souterraines », souligne Stéphanie Jagou, membre de l'expédition.

Au fond du canyon, dans la ravine Casse-Cou. ©️ Jean-François Fabriol


Cependant, les cartes laissaient présager un réseau de conduits horizontaux reliant ces puits. Les spéléologues espéraient en parcourir quelques-uns pour découvrir la grande rivière souterraine qui étaient suspectée, et dont la résurgence a bien été repérée. L'équipe de spéléologue, dirigée par Olivier Testa,  l'a même instrumentée pour en mesurer le débit. Mais de grande rivière souterraine, point. Les gouffres verticaux butent tous sur un plancher perméable, dans lequel l'eau s'écoule. Cette couche « agit comme une éponge et ne permet pas le développement de réseaux exondés (sortis hors des eaux)».

Bassin Zim - Carl Lafontant / Youtube 24/2/2011


«Nous n’avons pu trouver la rivière souterraine que nous recherchions, rapporte Marie-Pierre Lalaude-Labayle, la chef d’expédition. Mais c’est le propre de toute expédition spéléologique : notre seule certitude, c’est l’inconnu. Nous nous étions préparés à des surprises, des bonnes comme des moins bonnes.» Les bonnes surprises ont été au rendez-vous, avec une cartographie du réseau souterrain du massif Macaya, qui est aussi un parc national, et ce dans une région où les ressources en eau sont rares et précieuses.

Dans le gouffre perdu. La majorité des grottes découvertes sont des puits verticaux et plongent pour certains à plus de 100 m. ©️ Olivier Testa


L'équipe a exploré 92 gouffres, suivi trois rivières souterraines et découvert un «majestueux canyon» dans la ravine Casse-Cou. Découvert, oui, car les cartes à leur disposition étaient souvent prises en défaut, ce qui n'a pas facilité le travail sur place. Cette exploration en surface et en profondeur sera utile aux gestionnaires du parc national et à ses habitants, lesquels ont collaboré avec l'équipe pour indiquer les gouffres connus depuis longtemps, et dans lesquels les animaux des troupeaux tombent parfois.

L'inventaire du patrimoine souterrain et hydraulique du parc national n'est pas encore terminé, et l'équipe espère bien organiser une nouvelle expédition en 2014.

Terres inconnues en Haïti : La grande colline - Blair Hedges / Youtube 6/11/2011



Futura Sciences 8/11/2013

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Au dernier moment, les spéléologues de l'expédition en Haïti ont découvert quelques passages d'eau horizontaux, promesses de rivières souterraines. Face à un massif à la géomorphologie plus complexe que prévu, l'équipe a exploré 92 gouffres et cartographié une région avec un canyon jusque-là inconnu. Olivier Testa nous dresse un premier bilan, et conclut... qu'il faudra revenir.

L'expédition Anba Macaya, Verticales souterraines, est terminée. Riche en surprises et en émotion, cette exploration, menée par six spéléologues, a parcouru le massif karstique de Macaya, en Haïti, à l'ouest de l'île d'Hispaniola. L'objectif était d'établir la topographie des cheminements d'eau sous la forêt tropicale du plateau Formon, dans le parc national de Macaya. Grâce à la collaboration de l'équipe et à des liaisons Internet parfois suffisantes, Futura-Sciences a pu nous faire vivre cette aventure de l'intérieur. Après le retour de l'équipe, la parole est laissée à Olivier Testa pour nous raconter les dernières péripéties, avec notamment la découverte – enfin – de passages d'eau horizontaux.

 La première verticale à travers le calcaire tout en courbes du canyon Casse-cou. ©️ Jean-François Fabriol

Pour la dernière semaine de l'expédition, nous nous sommes déplacés au nord du massif de Macaya en guise de reconnaissance pour l'avenir. Juste avant le départ de Formon, nous avons fait la découverte du canyon de la ravine Casse-cou. Cette rivière borde le versant oriental du plateau de Formon. Elle ne coule qu'après de fortes pluies et s'assèche ensuite. Lors des prospections, il avait semblé aux spéléologues, au loin, que le cours de la rivière disparaissait, peut-être sous terre.

Partant avec nos cordes, comme à l'accoutumée, pour suivre la ravine, nous avons réalisé qu'au lieu de s'engouffrer dans un parcours souterrain, la rivière a creusé un canyon tout en courbes qui nous a laissés bouche bée. La rivière s'est enfoncée par endroit sur 70 m, et le parcours se fait dans un étroit goulet de 3 à 5 m de large avec des parois abruptes, sur un kilomètre de long.

Sur le parcours, cascades, toboggans et ressauts s'enchaînent dans un parcours ludique qui n'avait selon toute vraisemblance jamais été visité. En effet, aux deux extrémités du canyon, deux verticales en barrent l'accès. Les autorités du parc ignoraient l'existence de ce canyon et ont dépêché une équipe que nos spéléologues ont accompagnée. « Je n'ai jamais rien vu de tel en Haïti, raconte l'assistant technique pour le développement du parc de Macaya. C'est gigantesque, c'est magnifique. »

Marie-Pierre Lalaude-Labayle, chef de l'expédition, dans une des grottes de Duchity. ©️ Jean-François Fabriol

Lors de l’exploration sur le versant nord du parc, à côté de Duchity, pour la dernière semaine, ce sont enfin des grottes horizontales qui se sont offertes. En remontant le cours des rivières, plusieurs résurgences, pénétrables celles-ci, ont pu être parcourues et topographiées. « Nous avons remonté les rivières souterraines en nageant, raconte Pascal Orchampt. J'avais de l'eau jusqu'au cou et le casque qui frottait contre le plafond. Que c'était bas ! Le matériel topo flottait à côté de moi dans un sac étanche, et j'ai pu topographier 260 m de rivière avec Jean-Francois. Nous avons fait demi-tour faute de temps, mais la rivière continue ! »

Après le retour en France, l'heure est au premier bilan. L'expédition spéléologique que nous avons menée avait pour objectif de traverser le massif de Macaya par l'intérieur. Les cartes, la géomorphologie et la géologie connues avant l'expédition nous donnaient bon espoir d'atteindre cet objectif.

Les milieux tropicaux, par la grande dissolution calcaire des eaux, sont propices à la formation de concrétions. ©️ Jean-François Fabriol

Nous avons exploré 95 gouffres au cours de l'expédition, et tous sont bouchés par des éboulis. La géologie réelle du massif est plus complexe que les géologues le pensaient jusqu'à présent, avec probablement un étage calcaire inférieur invisible. L'exploration spéléologique est pleine d'incertitudes, car on part à la recherche de grottes, par nature cachées. C'est aussi ce qui donne le piment à l'exploration et à la découverte de grands gouffres. Si on trouvait à chaque fois, nous n'aurions plus l'adrénaline de la découverte...

J'avais décidé avec Marie-Pierre Lalaude-Labayle de mener cette expédition à la saison des pluies. Original pour une expédition spéléo, quand on connaît les dangers que peut avoir une crue en spéléologie... Je voulais voir comment se comporte le karst lorsqu'il est gorgé d'eau, et ses réactions aux orages. Les pluies torrentielles nous ont bloqués plusieurs jours au cours de l'expédition, mais je suis très content de ce choix. En effet, voir des rivières à sec en cette saison ou des résurgences taries nous a beaucoup appris.

Après six semaines isolés de tout, six semaines loin de la vie moderne (Internet, électricité à la prise, eau courante, voitures et bruits de la ville), les membres de l'expédition sont rentrés en France. Le retour à la « civilisation » n'est pas facile, mais nous rêvons de retourner sur Macaya, pour explorer le reste du massif.

Un anoli, Anolis ricordi, tombé par malchance et trouvé au fond d'un gouffre. Ces cavités sont des pièges pour les animaux, domestiques et sauvages. De nombreux ossements ont été retrouvés dans les cavités explorées. ©️ Olivier Testa

La découverte des rivières souterraines, la dernière semaine, nous a redonné de l'espoir. Nous espérons bien revenir aussi pour plonger dans la résurgence. Logistiquement, ce sera difficile, mais la question demeure : par où passe l'eau, et existe-t-il un collecteur à l'intérieur du massif ? D'ici là, il faut mettre au propre les données topographiques et cartographiques, analyser les enregistrements pris par les sondes placées dans la résurgence, identifier les ossements trouvés au fond des gouffres, et compiler toutes les données.

Remerciements : L'expédition Anba Macaya, Verticales souterraines était organisée par Le Spéléo Groupe de La Tronche (38) et soutenue par les Bourses Labalette Aventure, les Bourses Expé et le Comité Départemental de Spéléologie de l'Isère. Les partenaires techniques indispensables à la bonne réalisation de cette épopée sont : Expé, Petzl, The North Face, Julbo, Béal, FiveTen, Ortlieb, NOT Engineers, Karst3E, et la Fédération Française de Spéléologie, ainsi que notre partenaire média Futura-Sciences.

Source : Lien / link 13/11/2013

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