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BelleMuezza

Une étonnante biodiversité dans les fjords antarctiques !

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Les fjords antarctiques sont aujourd’hui de véritables niches de biodiversité. Tandis qu’en Arctique les fjords glaciaires sont trop turbides pour permettre à la faune benthique de se développer, dans la péninsule antarctique, elle grouille. Quelques explications sur cet étrange paradoxe.

Lorsqu’ils ont planifié l’expédition, les membres de l’équipe de Craig Smith pensaient découvrir des espaces pauvres de vie, perturbés par la sédimentation glaciaire. Au lieu de cela, ils ont découvert un plancher océanique où grouillaient anémones, araignées de mer, crustacés, amphipodes et vers en tout genre. Dans les fjords glaciaires antarctiques, l’équipe de l’université d’Hawaï a observé une biodiversité riche qui s’oppose complètement à celle que l’on peut trouver dans les fjords glaciaires de l’Arctique.

  La baie Andvord, dans la péninsule Antarctique, abrite une faune benthique exceptionnelle. Si elle se trouve au pied de glaciers, l'eau n'est pas turbide, et accueille krill, méduses, concombres de mer, méduses et vers en tout genre. ©️ Craig Smith, université d'Hawaï

En Arctique, l’eau de fonte et la sédimentation issues des glaciers engendrent une maigre population benthique dans les fjords. Ces régions sont bien connues, et des modèles de répartition des écosystèmes ont été établis. À l’inverse, en Antarctique, le plancher océanique n’a pas été tant exploré. L’équipe de l’université d’Hawaï a donc testé les modèles de répartition élaborés pour l’Arctique dans trois fjords antarctiques. Situés dans la péninsule Antarctique, ces fjords ont été choisis parce qu’ils sont au pied de glaciers, et devaient donc avoir les mêmes conditions environnementales que les fjords arctiques.

L’équipe rapporte, dans un article paru dans la revue Plos One, que la faune benthique y était, pour ces trois fjords, abondante et que les eaux étaient riches en krill. Les chercheurs suggèrent qu’une telle différence de biodiversité entre les deux pôles pourrait venir du fait que cette partie de l’Antarctique est à un stade plus précoce que l’Arctique du réchauffement climatique. Les fjords de la péninsule seraient encore peu perturbés par l’eau de fonte, ou les sédiments charriés par les glaciers.

 La répartition de la biodiversité des fjords antarctiques a été évaluée sur trois sites dans la mer de Weddel. Sur la carte du haut à gauche, les trois carrés montrent les emplacements des lieux analysés, la baie Andvord (1), Flandres (2) et la baie Barilari (3). Les cartes suivantes montrent la bathymétrie des sites. ©️ Laura Grange et Craig Smith, Plos One

Toutefois, l’explication n’est pas suffisante. La vie sur le plancher océanique, comme le développement des annélides ou des concombres de mer, nécessite un apport de matière organique important. « Il semble y avoir quelque chose de spécial dans ces fjords qui stimule la productivité des fonds marins, commente Laura Grange, impliquée dans l’étude dans un communiqué de l’université d’Hawaï. Ces fjords doivent avoir une sorte de renforcement de la contribution alimentaire, le plus probable serait la prolifération du phytoplancton, des débris d'algues macroscopiques, ou même de krill, qui se déposent au fond. »

Difficile de savoir d’où provient cette matière organique, l’équipe a même suggéré que le rassemblement saisonnier des baleines à bosse pouvait stimuler la production primaire. Elles se nourrissent et défèquent dans les fjords, et apportent donc de façon subite une quantité de matière organique. Mais quelles que soient les raisons d’un tel apport de nourriture, ces écosystèmes sont sérieusement menacés par le changement climatique. Les conditions que connaissent ces fjords pourraient bien évoluer à mesure que l’océan se réchauffe. Cela augmenterait la sédimentation du plancher océanique, et la turbidité de l’eau. À plus long terme, les espèces du plancher océanique pourraient être enterrées et l’ombre pourrait inhiber les blooms de phytoplancton, pour lesquels la lumière est un facteur essentiel. Tout juste découverts, ces écosystèmes sont déjà menacés.


Sciences et Avenir 9/12/2013

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