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Polémique autour des oiseaux de Tchernobyl

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Une étude concluant à la "bonne santé" des volatiles vivant en zone radioactive a suscité de vives réactions.

"Les oiseaux qui vivent dans les zones les plus radioactives autour de Tchernobyl sont en meilleure santé que les individus capturés dans les zones moins atteintes." Inattendue, controversée, cette phrase a été prononcée par Anders Moller, spécialiste d’écologie au CNRS.

 Anders Moller, du CNRS, coauteur de la nouvelle étude, pèse un oiseau capturé dans la zone d'exclusion de 30 km autour du site de la centrale de Tchernobyl (Ukraine). ©️ COURTESY OF T.A. MOUSSEAU & A.P. MOLLER

Les études consacrées aux effets sur les animaux et les plantes des faibles doses de radioactivité (principalement du césium 137 et du strontium 90) persistante issue de l’explosion du 26 avril 1986 sont peu nombreuses. Jusqu’ici, elles semblaient toutes abonder dans le sens d’une diminution de la diversité et de l’abondance des populations d’oiseaux corrélée à l’augmentation du niveau d’exposition aux rayonnements ionisants résiduels.

La dernière publication, parue fin avril dans la revue Functional Ecology, lance donc un pavé dans la mare. L’équipe d’Anders Moller, au Laboratoire d’écologie, systématique et évolution (CNRS université Paris Sud), a mesuré les taux d’antioxydants prélevés sur les plumes et dans le sang de 152 oiseaux capturés dans la zone d’exclusion de 30 kilomètres autour du site accidenté. Ces molécules empêchent naturellement des réactions d’oxydation conduisant à la formation de radicaux libres délétères.

Elles constituent donc un indicateur intéressant de la santé et de la résistance d’un organisme. Et si, jusqu’à présent, diverses études avaient conclu à un effet destructeur de la radioactivité sur les antioxydants, « nous avons eu la surprise de constater que les oiseaux les plus exposés à la radioactivité ont aussi des teneurs supérieures en antioxydants, raconte Anders Moller. Nous pensons qu’il s’agit soit d’une adaptation aux conditions environnementales au fil des générations, soit d’une forte sélection naturelle qui a éliminé les individus les plus faibles. »


Les critiques ne se sont pas fait attendre, comme à chaque publication d’Anders Moller et de son habituel coauteur, Timothy Mousseau, de l’université de Caroline du Sud (États-Unis). Ainsi, pour Jacqueline Garnier-Laplace, chercheuse à l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), « les auteurs estiment que la radioactivité dans l’environnement est proche des doses reçues par les organes internes des oiseaux. Or, ces débits de dose ambiants ne peuvent être facilement corrélés à la dose totale absorbée par l’organisme. »

The New York Times 6/5/2014 : Les animaux de Tchernobyl : Le biologiste Thimoty Mousseau a étudié les effets à long terme des rayonnements sur la faune et la flore de Tchernobyl


Autre critique, la puissance statistique de l’étude jugée insuffisante. Ce à quoi les auteurs répondent : « Nous n’avons jamais eu les moyens financiers d’approfondir des études. » Pour preuve, si des prélèvements ont été effectués sur 2000 volatiles, seules 152 analyses ont pu être financées. Il s’agit donc de résultats préliminaires qui soulignent surtout, le peu d’investissements dans l’étude des conséquences de la catastrophe de Tchernobyl...

Sciences et avenir 17/6/2014

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