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A Sioux Center, dans l'Iowa, 100 veaux clonés naissent chaque année

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Sioux Center (Etats-Unis) (AFP) - Dans le pré verdoyant, quatre génisses Shorthorn à robe blanche se détachent du troupeau et lèvent la tête de concert dans la même direction. Hasard troublant quand on sait que ce sont des clones.

A leurs oreilles pendent des badges jaunes portant un numéro identique, 434P. Seul le chiffre qui suit diffère: 2, 3, 4 et 6. Y est aussi inscrit le nom de la compagnie qui les a conçues et les garde temporairement dans l'un des champs entourant son siège, à Sioux Center dans l’Iowa: Trans Ova Genetics, la seule grande entreprise américaine à faire commerce du clonage de bovins.

 Des génisses conçues par clonage, dans un pré de l'entreprise Trans Ova Genetics, à Sioux center dans l'Iowa, le 16 juin 2014 (c) Afp

Chaque année, la société donne naissance, via cette technique, à une centaine de veaux. Elle clone aussi des cochons et des chevaux de course.

A quelques kilomètres de là, quatre chercheurs sont penchés sur des microscopes sophistiqués dans les laboratoires de l'entreprise. Vêtus de blouses blanches, ils travaillent avec minutie à la création, dans des boîtes de Petri, de copies d’animaux existants.

Spécialisée dans l’assistance à la reproduction des animaux d’élevage, Trans Ova a commencé à s’intéresser dans les années 1990 au clonage, un marché de niche.

La naissance de la brebis Dolly en 1996, premier mammifère cloné, avait à l’époque des airs de science-fiction. La pratique s’est depuis répandue et est utilisée dans des pays comme l’Argentine, le Brésil ou l'Australie.

L’Agence gouvernementale de la sécurité alimentaire aux États-Unis (FDA) a accordé en 2008 son blanc-seing à la consommation de viande et de lait de bovins, porcs et chèvres clonés.

La Commission européenne a, elle, proposé en décembre d'interdire le clonage d’animaux destinés à l'alimentation et leur importation. Mais elle n’a pas prévu de bannir la vente de produits des descendants des animaux clonés, ni d’imposer leur traçabilité, comme le voudrait le Parlement européen. Le dossier est toujours en suspens.

A l’idée d’un système de suivi, Blake Russel responsable à Trans Ova d’une division spécialisée dans le clonage, hausse les épaules. "Il existe déjà aujourd’hui quelque milliers de bovins clonés dans le monde. Leurs descendants vont se multiplier tous les ans. Revenir en arrière semble compliqué".

Le clonage répond "à la nécessité d’augmenter la production de protéines animales" afin de nourrir une population mondiale croissante, affirme avec assurance Mark Allen, directeur marketing rencontré au siège de Trans Ova. Cette technique permet, selon lui, de s’assurer que le patrimoine génétique d’animaux aux caractéristiques rares - à la viande moins grasse, produisant plus de lait, résistant mieux aux maladies - se diffuse le plus largement possible.

A 20.000 dollars la vache clonée, c’est aussi l'occasion pour les éleveurs possédant une bête dont ils vendent le sperme ou les ovules à prix d’or, de bénéficier encore longtemps de cette manne.

La pratique permet également de conserver les gènes de races en voie de disparition. Ou de bêtes dont le rendement élevé se révèle à l'abattoir: Trans Ova a déjà travaillé à partir de cellules d'animaux morts.

Les autorités américaines font fausse route en n’imposant aucune règle, estime toutefois Jaydee Hanson, de l'ONG Centre pour la Sécurité Alimentaire, en mettant en avant l'absence d’études sur l’impact à long terme de la consommation de viande d’animaux clonés.

Certes, ils représentent une fraction minime des millions de bovins abattus chaque années aux États-Unis. "Mais, il vaudrait mieux ne pas en avoir plus", sachant que les animaux clonés sont "généralement moins sains": le taux de mortalité est plus élevé à tous les stades du développement et les "vaches porteuses" sont plus exposées à des difficultés pendant la grossesse et la mise à bas, assure-t-il.

"Chaque fois qu’on modifie un processus naturel, il y a toujours une période d’apprentissage", reconnaît Blake Russell.

Certains opposent des convictions éthiques ou religieuses à cette technique qui modifie le processus normal de la vie.

Trans Ova insiste en tout cas sur un point: le clonage n'implique pas de modification génétique, ou d'ajout d'une quelconque substance comme le boeuf aux hormones.

Sciences et avenir 25/6/2014

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