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À Madrid, l'acupuncture soigne les rapaces

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La méthode de soin d'un centre de protection des rapaces à Madrid est pour le moins originale. Les oiseaux y reçoivent des séances d'acupuncture. Et ça marche !

Le patient ouvre ses grands yeux jaunes, mais reste silencieux lorsque Edurne Cornejo perce sa patte avec de fines aiguilles. Difficile de dire s'il est surpris. En tous cas, ce petit hibou d'Espagne de 25 cm, une chevêche d'Athéna (Athene noctua), n'en est pas à son premier contact avec l'acupuncture, lorsqu'il reçoit son traitement, le 25 novembre 2014 à Brinzal, un centre de traitement de hiboux, situé dans un parc de l'ouest de Madrid.

 Un hibou reçoit un traitement par acupuncture, à Madrid. ©️GERARD JULIEN / AFP

Le volatile s'est blessé au dos, en heurtant une cheminée d'usine à l'est de Madrid, la capitale espagnole, située sur un plateau de quelque 700 mètres d'altitude, en pleine Sierra (montagne) de Guadarrama, où les rapaces sont nombreux. Il a ensuite été pris en charge à Brinzal.

Médecine chinoise ancestrale, l’acupuncture est de plus en plus utilisée pour les animaux dans le monde, selon la société d'acupuncture vétérinaire, créée aux Etats-Unis en 1974. Elle est ainsi recommandée pour les atteintes aux muscles et les problèmes d'articulation des animaux, de même que pour les maladies nerveuses, de peau, gastro-intestinales ou respiratoires.

L'animal a déjà bénéficié de dix séances d'acupuncture, à raison d'une par semaine. Le petit hibou git, semblant respirer de manière saccadée sous son plumage marron et blanc, quand les aiguilles s'enfoncent. "Lorsqu'il est arrivé, il ne tenait pas debout. Ensuite, il a commencé à faire des petits pas et désormais, il peut à nouveau voler", déclare fièrement la vétérinaire Edurne Cornejo. Ces séances "stimulent les mécanismes de guérison, sans effet secondaire" à la différence d’autres formes de médecine, explique-t-elle.

La vétérinaire spécialisée dans l'acupuncture pour chiens et chats se rend régulièrement comme bénévole dans le centre d'accueil, afin de traiter les centaines d'oiseaux qui y sont amenés chaque année par le public. Ailleurs dans le centre, quelque 80 hiboux grand-duc, des chouettes et d'autres petits rapaces attendent de retrouver la liberté, dans de grandes volières couvertes où certains tentent de reprendre leur envol.

Environ 1.200 oiseaux sont amenés chaque année dans ce centre ouvert en 1989 et 70% guérissent et sont réintroduits dans leur milieu naturel, selon la coordinatrice Patricia Orejas, qui précise que l'on y pratique l'acupuncture depuis six ans. "Nous offrons une guérison physique mais aussi psychologique", assure Patricia Orejas en regrettant que tous ne puissent pas retourner dans la nature.

Ainsi, certains animaux s'habituent trop à la compagnie des hommes et ne peuvent plus s'adapter à la vie sauvage. D'autres ont été capturés et gardés comme animal domestique avant d'atterrir dans ce refuge. C'est le cas d'Eire, une chouette de sept ans installée sur une branche dans une grande volière, et qui fixe les visiteurs avec de grands yeux noirs. Elle serait incapable de survivre dans la nature.

L'équipe de Mme Orejas applique aux hiboux des méthodes visant à stimuler leurs moyens de survie naturels en leur enseignant quels animaux sont leurs prédateurs et lesquels sont des proies. Les volatiles sont ainsi amenés à observer des souris vivantes mais aussi des aigles. On leur fait entendre des enregistrements de hibou donnant l'alerte afin d'associer ces derniers au danger.

Grâce à ces techniques, en quelques mois les rapaces peuvent retrouver la nature et reprendre leur rôle dans l’écosystème en mangeant rongeurs, insectes, serpents et autres nuisibles. "Plus il y aura de mangeurs de souris à la campagne moins nous aurons de problèmes car nous n'aurons pas besoin de recourir aux pesticides dangereux pour les êtres humains", se félicite Mme Orejas. "En soignant des animaux à problèmes ici on obtient aussi des informations sur ce qui se passe dans la nature", ajoute-t-elle en précisant que cela permet de mettre en place des programmes de protection ciblés.

Puis la coordinatrice ouvre une vaste cage ou une bande de grand-ducs la regardent avec méfiance. L'un d'entre eux étend ses longues ailes, d'une envergure de presque deux mètres, et s'envole vers l'entrée avant de tourner le dos aux humains qui l'observent et de s'éloigner à nouveau. "Cela devrait être ainsi. Qu'ils s'éloignent de nous", conclut-elle.


Sciences et avenir 12/12/2014

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