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Redécouverte du Colibri à barbe bleue en Colombie

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Cette spectaculaire espèce, qui n'avait pas été revue depuis 1946, a été observée et photographiée en mars 2015 dans la Sierra Nevada de Santa Marta... Après 70 ans d'absence et de recherches et là... par hasard !

La  Sierra Nevada de Santa Marta, un petit massif montagneux situé dans le nord de la Colombie, a connu un mois de février 2015 particulièrement sec, et les feux allumés par les Indiens Kogis à des fins agricoles ont dévasté de grandes étendues de páramo, un écosystème de haute altitude composé de prairies et de buissons qui abrite des plantes et des animaux endémiques. 

 Deux écologistes Carlos Julio Rojas et Christian Vasquez, qui travaillent dans la réserve naturelle El Dorado gérée par l’association ProAves, se sont rendus sur place  pour étudier les effets de ces incendies : le 4 mars 2015 à 11 heures, à 3 930 mètres d'altitude, ils ont photographié un Colibri à barbe bleue (Oxypogon cyanolaemus), une espèce spectaculaire qui avait été observée pour la dernière fois en 1946 et que l'on croyait disparue. Malheureusement, son habitat est aujourd'hui gravement menacé. (Photo La première photo du Colibri à barbe bleue (Oxypogon cyanolaemus), prise en mars 2015 dans la Sierra Nevada de Santa Marta (Colombie). Carlos Julio Rojas / ProAves Ornithomedia)

Christian Vasquez explique : "j'ai aperçu le flash d'un oiseau qui est passé rapidement devant moi et qui s'est posé sur un buisson proche. J'ai réussi à prendre une photo avant qu'il ne s’envole. Je l'ai ensuite examinée sur l'écran de mon appareil photo et j'ai tout de suite reconnu le colibri qui n'avait pas été vu depuis si longtemps : j'étais sous le choc ! Après les nombreux échecs passés pour tenter de le retrouver, Christian et moi étions les premières personnes à l'observer. Nous avons installé notre campement sur place et en deux jours, nous avons observé trois oiseaux dans une zone de moins de 10 hectares comprenant trois minuscules lambeaux de forêt entourés de zones brûlées. Et ce coin est vraiment important car nous avons aussi observé plusieurs couples de Troglodytes des Santa Marta (Troglodytes monticola), une espèce en danger critique".

Description : Décrit pour la première fois en 1880, le Colibri à barbe bleue mesure de 11 à 13 cm de long. Il possède une huppe et des plumes allongées blanches sur la gorge formant une "barbe" entourant une zone bleu-violet métallique. Les rémiges externes de la queue sont blanc-chamois. il était encore récemment considéré comme une sous-espèce du Colibri casqué (Oxypogon guerinii). 


Il n'est présent que dans le páramo de la Sierra Nevada de Santa Marta, un écosystème menacé par les feux et le surpâturage. En particulier, la  plante Libanothamnus occultus dont il dépend est en forte régression. Au cours des dix dernières années, les expéditions organisées pour tenter de retrouver cette espèce avaient toutes échoué. En 2014, l'UICN et BirdLife International l'avaient considéré comme étant en "danger critique d'extinction", voire peut-être éteint.

 Un article détaillé sur cette redécouverte a été publié dans le numéro 22 de mars 2015 de la revue Conservación Colombiana et est disponible en ligne.

Carlos Julio Rojas explique : la survie du Colibri à barbe bleue ne tient plus qu'à un fil. Les effets des feux sont visibles partout dans le páramo. J'ai parlé avec des Indiens Arhuacos et ils m'ont expliqué que les éleveurs Kogis étaient les responsables de ces feux. Il est crucial que les incendies cessent immédiatement et que les troupeaux de bovins et de porcs soient retirés des zones les plus élevées afin que le fragile páramo, avec ses plantes et ses animaux endémiques, puisse se reconstituer".

Les parties les plus élevées de la Sierra Nevada de Santa Marta ont été classées en parc national en 1964, puis en réserve de la biosphère de l'UNESCO en 1979. Plusieurs réserves indiennes, où vivent près de 50 000 Indiens Kogis et Arhuacos, ont aussi été créées. En 2014, la revue Science avait publié un article considérant le parc national de Sierra Nevada de Santa Marta comme étant la zone protégée la plus importante du monde (sur 173 000) pour la conservation des espèces terrestres menacées.

Plus d'un million de personnes vivant dans les terres sèches et arides autour de la Sierra Nevada dépendent in fine du páramo, qui joue un rôle important de filtration de l'eau. Sa dégradation ne menace donc pas seulement le Colibri à barbe bleue, mais aussi les habitants de toute la région.

Il est donc important que les organismes colombiens de conservation de la nature et le peuple Kogis  travaillent ensemble et avec la Fundación ProAves pour mieux protéger la Sierra Nevada de Santa Marta, un massif montagneux unique.


Ornithomedia 18/3/2015

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