Aller au contenu
Rechercher dans
  • Plus d’options…
Rechercher les résultats qui contiennent…
Rechercher les résultats dans…
Admin-lane

Éléphants du Botswana : quand intérêts humains et conservation s'affrontent

Messages recommandés

L'interdiction de chasser l'éléphant d'Afrique ne met pas tout le monde d'accord. Et ses premiers opposants sont les Botswanais eux-mêmes, qui dénoncent ses conséquences désastreuses sur l'économie et l'agriculture.

La population des éléphants d’Afrique connaît une situation paradoxale. Au centre et à l’est du continent, les troupeaux deviennent de plus en plus petits, victimes d’un braconnage intense. Au sud et à l’ouest, ils grandissent, à raison de 4% par an

 Les pachydermes du Botswana, au sud de l'Afrique, représentent plus d'un tiers de la population totale d'éléphants d'Afrique (Loxodonta africana). ©️ Alexander Joe/AFP

Au sud, pour poursuivre cet effort de conservation jusque-là payant, le Botswana a adopté une mesure radicale. L'état qui abrite plus d'un tiers des pachydermes africains, a interdit en janvier 2014 la chasse de ces animaux. Problème : les conséquences économiques sur la population rendent la mesure très impopulaire tout en faisant des locaux des ennemis de la conservation de l'espèce.

Le village de Mabele est l'un des plus impactés par l'interdiction. Situé entre plusieurs réserves ouvertes, il est souvent la cible des incursions des pachydermes. 

Debout au milieu de son champ de maïs ravagé par les éléphants, Minsozie, mère de sept enfants, témoigne de sa lassitude auprès de l'AFP : "Quand on pouvait chasser les éléphants, ça n'arrivait pas. Les éléphants ont tout mangé, nous n'aurons pas de récolte. Je ne sais pas ce que nous allons faire. L'argent que gagne mon mari, ça ne suffit pas. Et l'État compense trop peu". 

Avant l'interdiction, les villages regroupés en communautés disposaient d'un quota d'éléphants qu'ils pouvaient abattre, principalement des vieux mâles. Ces permis de tuer étaient rachetés par des agences de safari spécialisées, générant des revenus substantiels pour les habitants et les fonds de conservation. "La chasse nous rapportait plus de 400.000 euros par an. Nous avions investi dans des services pour la population, (en achetant) notamment six tracteurs pour l'agriculture" raconte Amos Mabuku, président du fonds de conservation de l'Enclave de Chobe, qui administre Mabele et quatre autres villages.

Le gouvernement, qui a déjà mis en place des aides financières, souhaite avant tout trouver un accord. Pour lui, l’écotourisme est la solution. Il souhaiterait en effet voir se développer dans des villages jouxtant les réserves comme Mabele des lodges, des safaris photographiques et autres services touristiques. "La chasse ne fournit des emplois que pendant la saison désignée, c'est une forme de revenus fondée sur la consommation", explique Tshekedi Khama, ministre de l'Environnement. "Nous préférons des formes de revenus durables, qui permettent de préserver les espèces".

Malheureusement, si plusieurs villageois sont déjà employés dans le secteur du tourisme, leurs revenus sont loin encore de compenser ceux apportés par la chasse. Et les habitants attendent du gouvernement une solution immédiate.  Ce que promet justement la ré-autorisation de la chasse...

Contrôlée par des quotas : elle promet des retombées immédiates, bien plus perceptibles que les bénéfices lents mais durables d’un écotourisme, qui a pourtant fait ses preuves ailleurs.  "L'attitude des gens a changé. Avant, on leur disait 'protégez, et vous en tirerez un profit'. Aujourd'hui, ils nous demandent : "Protéger ? Pour quoi faire ?" Le message est brouillé", déplore Amos Mabuku.


Sciences et avenir 5/5/2015

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites
Massacrés par dizaines de milliers pour l'ivoire, les éléphants ont encore en Afrique un sanctuaire à peu près inviolé, le Botswana, où les forces de l'ordre sont encouragées à tirer à vue sur les braconniers.

«Les éléphants viennent trouver refuge dans notre pays», affirme le ministre de l'Environnement et du Tourisme Tshekedi Khama, frère du chef de l'Etat Ian Khama: «Et nous allons continuer à les aider. Parce que si nous ne prenons pas soin de l'espèce, qui va le faire? Nous sommes leur voix».

 Des éléphants prennent leur bain le 20 mars 2015 à la tombée du soleil dans les eaux d'un fleuve, au Botswana - CHRIS JEK AFP

«Si vous entrez dans notre pays avec une arme pour tirer sur nos ressources naturelles (...) et si vous pensez en ressortir vivant, vous allez être déçu. Et je ne vais pas m'excuser pour ça. C'est comme ça que ça marche», a-t-il mis en garde, dans une récente interview accordée à l'AFP en marge d'une conférence internationale sur la sauvegarde des éléphants, à Kasane (nord), près de la frontière namibienne.

«Pendant notre recensement de 2014», témoigne Mike Chase, cofondateur de l'ONG Eléphants sans frontières, «nous avons trouvé 18 carcasses fraîches d'éléphants. Pas un seul n'avait été tué par des braconniers, ce qui souligne le succès du programme anti-braconnage du gouvernement botswanais».

Après 110 heures de survol du pays, en juin, le Dr Chase a estimé à 130.000 le nombre d'éléphants résidents. Soit plus d'un quart des 470.000 survivants encore en liberté dans toute l'Afrique.

Selon les experts, l'espèce est désormais menacée de disparition d'ici une à deux décennies, au rythme de 20.000 à 30.000 tués chaque année pour alimenter le marché asiatique - essentiellement chinois - de l'ivoire.

Pour tenter de sauver ses éléphants, le Botswana a suivi les recommandations des récentes conférences internationale sur la sauvegarde de l'espèce, en organisant une coopération apparemment efficace de tous ses services: rangers dans les parcs, police, justice, douanes et renseignement.

En outre, toute forme de chasse a été interdite sur le territoire, et la justice comme les rangers priés d'appliquer la «tolérance zéro» pour les crimes contre l'environnement.

Malgré une cohabitation parfois difficile entre pachydermes et communautés rurales, le pays fait donc aujourd'hui figure de modèle en matière de préservation des espaces naturels. Le ministère de l'Environnement et du Tourisme y est d'ailleurs un portefeuille clé, le tourisme étant le deuxième contributeur au budget de l'Etat après l'extraction du diamant.

«Le Botswana est un des pays leaders en Afrique en terme de protection de la nature», confirme Gerhard «Gutz» Swanepoel, propriétaire d'une agence de safari photographique à Kasane. C'est, dit-il, un des derniers pays «à essayer de garder de l'espace pour laisser les animaux aller et venir à leur gré comme au bon vieux temps...»

L'espace, il est vrai, n'est pas un souci au Botswana. Un peu plus grand que la France avec 582.000 km2, le territoire ne compte que 2 millions d'habitants, essentiellement regroupés dans le sud, autour de la capitale Gaborone. Le désert du Kalahari et les zones humides du nord, autour du célèbre delta de l'Okavango, sont les principales destinations touristiques.

Les parcs nationaux ne sont pas clôturés. Les frontières internationales non plus.

«Les éléphants détruisent nos champs toutes les semaines», se plaint d'ailleurs Richard Mbanga, le chef du village de Mabele (nord). L'Etat assure qu'il compense financièrement les dégâts provoqués. Mais les villageois, eux, jurent qu'on ne leur reverse «que 10 à 20% de la valeur des cultures détruites».

La protection dont ces géants encombrants jouissent dans le pays risque d'ailleurs de multiplier les conflits avec les humains: «Ces animaux sont très intelligents. Lorsqu'ils sont perturbés quelque part, ils se déplacent vers un endroit où ils savent qu'ils seront en sécurité», explique Mike Chase: «Au Botswana, beaucoup de nos éléphants sont en fait des réfugiés politiques, qui ont fui la persécution dans les pays frontaliers», Zimbabwe et Zambie notamment.


20 Minutes 6/5/2015

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites

×
×
  • Créer...