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Il n'y a plus de rhinocéros de Bornéo vivant libre à l'état sauvage

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Seuls demeurent trois individus vivant en captivité dans la province de Sabah, en Malaisie. Se reproduiront-ils ? Possible en théorie, s'agissant d'un mâle et de deux femelles. Pourtant, la partie est loin d'être gagnée...


 Le rhinocéros de Bornéo serait éteint à l'état sauvage à Sabah. ©️ Jeremy Hance


Le rhinocéros de Bornéo (Dicerorhinus sumatrensis harrisoni) serait officiellement disparu à l'état sauvage à Sabah, a annoncé le dimanche 19 avril 2015, Masidi Manjun, le ministre du Tourisme, de la Culture et de l'Environnement de l'Etat de Sabah, en Malaisie. Des experts ont en effet arpenté les forêts de Sabah afin de compter les derniers mammifères présents sur l'île : aucun signe prouvant la présence de rhinocéros n'a été trouvée. Cette sous-espèce vit sur l'île de Bornéo - dont elle tire son nom - qui est à cheval entre trois pays : la Malaisie, l'Indonésie et Brunei. Elle est classée espèce en danger critique par l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (IUCN).

Même s'il ne resterait plus de rhinocéros de Bornéo en liberté à Sabah selon le ministère de l'Environnement malaysien, trois de ces représentants vivraient, en semi-liberté, dans le Borneo Rhinoceros Sanctuary (BRS) dans la Tabin Wildlife Reserve (TWR) : un mâle, Tam, et deux femelles, Iman et Puntung. Selon la Borneo Rhino Alliance (BORA), le but serait de les faire se reproduire rapidement, d'ici les prochaines années afin d'assurer la survie de l'espèce. Malheureusement, Iman, l'une des deux femelles, souffre de tumeurs utérines et Puntung, la seconde femelle, a des kystes utérins, rendant la reproduction naturelle impossible.

De fait, la seconde option avancée par l'association serait la Fécondation In Vitro (FIV). En effet, puisque les trois animaux restants ne peuvent pas procréer, il serait plus aisé d'utiliser la technique moderne pour sauver l'espèce. Mais là encore, problème : la FIV est une technologie qui coûte cher. Il faudrait donc trouver les financements nécessaires pour une telle opération. En outre, la reproduction de ce mammifère est compliquée et peu connue des scientifiques. Or, le temps presse : "Le rhinocéros a une gestation de 17/18 mois. Il sera compliqué de repeupler un territoire avec seulement trois d’individus" explique Jacques Rigoulet, vétérinaire et expert du Museum d'Histoire Naturelle de Paris pour la Convention sur le commerce des espèces de faune et de flore menacées d'extinction (CITES).

Mis à part ces trois animaux présents dans la réserve de Sabah, il serait possible qu'il y ait des rhinocéros de Bornéo dans la partie indonésienne de l'île. Cependant, seuls deux individus auraient été observés depuis 2013... un nombre faible pour assurer la survie d'une espèce. Mais, selon Marc Ancrenaz, directeur de l'ONG Hutan, "il est très difficile de savoir où sont les rhinocéros et combien il y en a dans une forêt". Les estimations du nombre de rhinocéros à l'état sauvage restent donc très incertaines

C'est pourquoi des chercheurs ont proposé une autre solution : faire se reproduire les rhinocéros de Bornéo avec des rhinocéros de Sumatra. Puisqu'il ne resterait guère plus d'une centaine d'individus appartenant à l'espèce de Sumatra, cette solution permettrait de consolider l'espèce dans sa globalité. Mais cela signifierait le sacrifice de la sous-espèce de Bornéo, au profit d'une espèce hybride.

Les rhinocéros de Bornéo ont souffert de la destruction de leur habitat naturel, à cause de l'exploitation forestière dès les années 1960 suivie par la culture de l'huile de palme dans les années 1990. La déforestation et la fragmentation des territoires causées par ces pratiques a de plus en plus isolés les animaux. Conséquence : les rhinocéros ne se rencontrant que rarement, ils se reproduisaient de moins en moins souvent

De plus, cette destruction de leur habitat a donné un accès plus facile aux braconniers au coeur de la forêt. C'est pourquoi le trafic de la corne de rhinocéros est la cause majeure de l'extinction de ce mammifère, en premier lieu à cause de son prix - 30 000 dollars le kilo- et un marché bien gardé : la médecine traditionnelle chinoise.  

Dans les années 1980-1990, les associations de conservation des espèces menacées ainsi que le gouvernement malaysien ont axé leurs actions sur la reproduction du rhinocéros, en capturant des individus afin de les faire se reproduire plus rapidement. Or, selon Marc Ancrenaz, "Le problème majeur pour la conservation de cette espèce est qu’elle ne se reproduit pas en captivité ou très rarement". Ainsi, un seul petit est né de cette action de conservation. 

Encore aujourd'hui, le manque de connaissances concernant la reproduction de ce mammifère a pour conséquence que les organisations de conservation n'arrivent pas à trouver un consensus sur la stratégie à adopter, hésitant entre croisement d'espèces ou sauvegarde de la sous-espèce de Bornéo. Ainsi, "même si l’espèce n’est pas complètement éteinte, elle a de très fortes chances de le devenir bientôt". affirme Marc Ancrenaz.


Le Rhinocéros de Bornéo (Dicerorhinus sumatrensis harrissoni), était autrefois commun dans tout Bornéo, mais ne compte plus à l'heure actuelle que quelques individus. La population connue à Bornéo vit à Sabah. Des observations non confirmées d'animaux à Sarawak et Kalimantan ont également été recensées. La sous-espèce de Bornéo est nettement plus petite que les deux autresWikipedia


Selon Jacques Rigoulet, " Pour qu'une espèce soit officiellement annoncée comme éteinte, il faut attendre 4 à 5 ans suivant l'année où le dernier spécimen a été officiellement aperçu". Or, ce n'est pas encore le cas ici puisque des rhinocéros de Bornéo ont été aperçus en 2013.



Sciences et avenir 4/5/2015

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