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Expédition inédite CNRS/Légion étrangère aux confins de l'Amazonie guyanaise

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PARIS (AFP) - Environ 320 km à pied dans l'enfer vert de l'Amazonie, sur la frontière entre la Guyane et le nord du Brésil: le "raid des 7 bornes", une expédition de chercheurs du CNRS et de légionnaires, part à l'aventure le 1er juin dans l'une des régions les plus inhospitalières du monde.

Ce raid constitue un défi logistique, scientifique et humain inédit en forêt tropicale profondeSon objectif est à la fois scientifique (relevés géographiques, inventaires botaniques) et militaire (mission de renseignement sur les activités humaines dans la zone frontière et perfectionnement des techniques de progression) dans ce milieu sauvage, très chaud et très humide à la luxuriante et dense végétation foisonnante d'insectes parasites.

 Un légionnaire du 3e régiment étranger d'infanterie s'entraîne dans un centre de l'armée de Terre à Régina en Guyane, le 15 avril 2015 (c) Afp

Ce "raid des 7 bornes" fait référence aux 7 bornes en béton plantées au début des années 60 tout au long de cette hypothétique ligne de frontière franco-brésilienne, au tracé en certains endroits hasardeux et qu'il conviendra, lors de cette expédition d'est en ouest de repréciser, relevés GPS à l'appui.

François-Michel Le Tourneau, directeur de recherche au CNRS et docteur en sciences de l'information géographique, est à l'origine de ce raid, mené conjointement avec les légionnaires du 3e Régiment Etranger d'Infanterie basé à Kourou.

Scientifique de terrain, le géographe qui a déjà effectué plusieurs missions dans la forêt amazonienne, est rompu à cet exercice dans des conditions de vie ou de survie extrêmement pénibles: "c'est la première fois que ce parcours va être effectué d'est en ouest et d'une seule traite", a-t-il expliqué à l'AFP.

"Notre colonne sera constituée d'une quinzaine de légionnaires, de deux botanistes Français et Britannique et de deux guides de forêt brésiliens. Nous rejoindrons d'abord en pirogue sur le fleuve Maroni à partir du gros bourg de Maripasoula, la borne "0" de trijonction à l'est, aux frontières de la Guyane, du Surinam et du Brésil", a-t-il précisé.

Avec 25 à 30 kg de matériel sur le dos, progressant difficilement dans la jungle à la "vitesse" de 1 km/h, grimpant et descendant les incontournables collines successives des monts Tumuc Humac pour un dénivelé total positif de 15.000 m, la colonne scientifico-militaire avançant sans layonnage (coupes dans la forêt pour tracer un sentier) entend atteindre après une quarantaine de jours, à l'ouest et à raison d'une douzaine de km par jour, son objectif vers le 20 juillet, à la source du fleuve Oyapock.

Côté scientifique, les deux botanistes, le Français Guillaume Ordonne du CNRS Guyane et le Britannique William Milliken du Jardin Royal Botanique de Kew à proximité de Londres, procéderont à des inventaires de la biodiversité et à des prélèvements de la flore sauvage, propres à enrichir les collections existantes.

Le volet géographique consistera en l'élaboration et la mise à jour à l'aide de GPS dernier cri, de la cartographie de cette frontière par certains endroits encore aléatoire, située au coeur d'un espace naturel de plus de 80.000 km2 couvert par deux parcs nationaux, français et brésilien.

"Nous allons accomplir une mission de souveraineté régalienne", souligne pour sa part le colonel de la Légion Alain Walter qui, à la tête de son 3e REI (baptisé régiment de la Selva) a déjà participé dans la forêt de Guyane aux opérations militaires Harpie et Titan, traquant les orpailleurs clandestins venus pour la plupart du Brésil. La tâche de sa quinzaine de légionnaires du "raid des 7 bornes", va s'articuler en deux volets :

- Le premier est de rechercher d'éventuelles traces de présence ou passage transfrontière de l'homme dans cette région officiellement vide de toute activité humaine. "Nous devrons nous assurer qu'il n'y a pas d'itinéraires d'infiltration depuis le Brésil ouverts à tous les trafics et bien entendu d'orpailleurs clandestins", a-t-il déclaré à l'AFP.

- Le second volet de la mission militaire est aussi de tester de nouveaux matériels -notamment armement et transmission- plus légers et mieux adaptés sur ce terrain amazonien, ainsi que, sur le plan de la santé, la capacité d'adaptation et de résistance physique et psychologique des hommes crapahutant dans ce milieu très inhospitalier.

Les monts Tumuc Humac auxquels va s'attaquer la colonne des "7 bornes", ont déjà écrit une page funeste dans le grand livre de l'exploration française: en 1950, c'est au coeur de cette pieuvre verte que disparut à jamais le jeune explorateur Raymond Maufrais (24 ans à l'époque), parti en solitaire pour une mortelle traversée vers le Brésil. C'est aussi un lieu où la biodiversité abonde.


Sciences et avenir 20/5/2015

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Scientifiques et légionnaires mènent depuis le 2 juin 2015 l'expédition sur la frontière terrestre entre Guyane française et Brésil. 320 km à pied pour un défi humain, scientifique et logistique qui s'achèvera le 20 juillet.

Le 2 juin 2015, trois chercheurs, deux guides amazoniens et une quinzaine de légionnaires seront hélitreuillés au cœur de la forêt amazonienne avec, chacun sur le dos, un paquetage de 30 kilos de matériel

 Les monts Tumuc-Humac à la frontière entre le Brésil et la Guyane française. MNHN-PNI / expédition Guyane /O.Pascal

Commencera alors une aventure unique : une remontée du fleuve Maroni en pirogue,  suivi d’un raid de 320 kilomètres à pied et d’une seule traite le long de la frontière terrestre qui sépare la Guyane française et le Brésil. Sept bornes (voir carte) ponctuent depuis les années 1950 cette frontière sud, qui fut contestée entre la France et le Portugal, puis le Brésil, dès la fin du 17ème siècle

Cette région frontière de jungle dense, inaccessible, vide de toute présence humaine à 200 km à la ronde, "est très mal connue, isolée au centre d’une immense aire protégée de 80.000 km2", indique François-Michel Le Tourneau, géographe au Centre de recherche et de documentation des Amériques de l’université Sorbonne Nouvelle, initiateur du projet, coordinateur de la partie scientifique. Totalisant plus de 30 missions dans tous les États de l’Amazonie brésilienne, la plupart du temps dans des sites isolés, vidés de toute présence humaine, il est aguerri aux terrains difficiles "où il faut se faufiler entre les arbres plutôt que tailler des boulevards à la machette". Au fil de ces missions, le chercheur a développé des techniques de survie en forêt, un savoir-faire qu’il a affûté lors de stages dans des centres d’entraînement de l’armée française.

C’est ainsi qu’il s’est naturellement tourné vers le colonel Alain Walter, à la tête du 3ème régiment étranger d’infanterie basé à Kourou et spécialisé dans le combat en forêt amazonienne. Le colonel Walter, qui a été engagé dans des opérations en ex-Yougoslavie, en Macédoine et en République centrafricaine, s’est également investi en Guyane dans la lutte contre l’orpaillage, "une véritable catastrophe écologique", martèle-t-il. L'équipe comprendra également deux botanistes du CNRS Guyane et du Jardin botanique royal de Kew (Grande-Bretagne).

Du 2 juin au 20 juillet 2015, ces hommes vont effectuer des relevés écologiques, prélever des échantillons de communautés d’espèces et comparer la situation actuelle de la région avec les récits des anciens explorateurs. "Nous chercherons également des traces d’occupations amérindiennes, souligne François-Michel Le Tourneau. 

Mais notre objectif principal, c’est de déterminer le tracé exact de la frontière dans les zones où la topographie est imprécise sur les cartes et d’entretenir les bornes-frontières". Celles-ci ont été installées il y a plus de 50 ans en déterminant leur position grâce à des méthodes astronomiques (basées sur la détermination de la position des étoiles à un temps donné), qui ont une approximation de 300 mètres. Lors du raid, leurs coordonnées seront déterminées par GPS avec une précision de l’ordre du centimètre


 "L’une de ces bornes, sur le tronçon ouest de la frontière, n’est sans doute pas au bon endroit", remarque François-Michel Le Tourneau. Si c’était le cas, cela relancerait des discussions frontalières avec le Brésil.

De leur côté, les militaires profitent de ce raid pour "retourner en forêt", explique le colonel Walter. "Nous réactivons un savoir-faire spécifique de durée en forêt profonde et allons tester du nouveau matériel". Cela permettra également de mener une mission de renseignement sur les activités humaines dans cette région, et notamment de débusquer éventuellement des orpailleurs, ce fléau de la forêt guyanaise. L’aventure s’annonce éprouvante, car "nous serons alors en fin de saison des pluies, ce qui nous permettra de trouver de l’eau, mais rendra le terrain glissant". Et puis il faudra affronter les mythiques monts Tumuc-Humac (voir encadré), l’obstacle principal de la traversée d’ouest en est de la région, qui imposera près de 15.000 mètres de dénivelé positif cumulé. Toutes ces difficultés expliquent pourquoi la traversée des monts Tumuc Humac dans ce sens n’a encore jamais été réalisée.

Envie d'en savoir davantageSuivez l’avancée du raid sur le site du CNRS


Mystérieux monts Tumuc-Humac
Depuis le 17ème siècle, nombre d’explorateurs sont partis à la recherche des monts Tumuc-Humac, cette frontière montagneuse mythique. Mais il fallut se rendre à l’évidence : cette chaîne de montagnes n’existe pas. En lieu et place, on trouve une poignée de collines et d’inselbergs qui culminent à 850 mètres. Considérés comme un important "aimant à aventuriers", les monts Tumuc-Humac furent un temps retirés des cartes géographiques, puis réhabilités.


Sciences et avenir 2/6/2015

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