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970 millions de tonnes de terre disparaissent tous les ans en Europe

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Cette érosion d’un bien difficilement renouvelable met en péril l’alimentation humaine et devrait imposer des changements drastiques des pratiques agricoles.

En moyenne, pour chaque hectare, 2,76 tonnes de bonne terre partent tous les ans à la mer ! Le centre européen de recherche (JRC) a calculé que cela équivalait à enlever un mètre de terre sur toute l’étendue d’une ville comme Berlin ou encore à gratter un centimètre de sol sur deux fois la surface de la Belgique. L'étude vient d'être publiée dans Environmental Science and Policy

Le phénomène est "un problème fondamental et persistant" selon la Commission européenne qui a institué une stratégie de sauvegarde en 2012. L’érosion des sols est principalement due sur notre continent aux précipitations, la responsabilité du vent étant très faible. Le ravinement par la pluie est accentué par les pentes de terrain, le type de sol, son utilisation et sa gestion. Ainsi, 69% des sols perdus proviennent de terres agricoles, contre 1% pour les forêts, le solde étant constitué des pertes dues aux aménagements urbains, à la création d’infrastructures et aux pollutions diverses. 



Pour évaluer les dégâts, les chercheurs du JRC ont utilisé le programme "Corine land cover" qui cartographie grâce aux images aériennes l’usage qui est fait des territoires européens ainsi que les changements d’affectation (passage de l’agriculture à la forêt, défrichages, urbanisation…). Les volumes perdus sont estimés par un modèle informatique nourri des données récoltées sur 20.000 lieux échantillonnés selon leur climat, la pente, le type de sol, leur usage. C’est ainsi qu’on arrive à un résultat moyen de 2,46 tonnes par hectare, une dégradation bien trop élevée pour être soutenable. Les agronomes estiment en effet qu’un sol arable regagne 1,4 tonne par hectare et par an.

C’est autour du bassin méditerranéen que l’érosion est la plus forte, les terrains en pente y étant soumis à des pluies violentes. Ainsi, l’Italie connait un taux record de 8,46 tonnes par hectare, loin devant la Slovénie (7,43 tonnes) et l’Autriche (7,19 tonnes). Les taux les plus faibles se trouvent en Finlande (0,06 tonnes) et l’Estonie (0,21 tonnes), des pays majoritairement forestiers. La France se place dans la moyenne avec 2,25 tonnes par hectare. C’est évidemment beaucoup trop. Les chercheurs considèrent en effet qu’une préservation durable des sols n’est possible qu’avec des pertes inférieures à 2 tonnes

Outre les menaces sur la fertilité des sols, l’érosion cause également la turbidité et la pollution des rivières et fleuves, menace l’approvisionnement en eau potable et provoque des "marées" de boue impactant nombre d’habitations. La dégradation des sols est également responsable de 20 % des émissions de gaz à effet de serre dans l'atmosphère entre 1850 et 1998. Le programme de recherche SOILSERVICE qui a élaboré des scénarios de changement d'affectation des terres à long terme conclut "qu'une production agricole intensive qui ne prend pas suffisamment en considération la biodiversité des sols et leurs fonctions a peu de chances d'être économiquement rentable après 2050, à moins que des mesures correctives ne soient adoptées".

Ces "mesures correctives" sont bien peu répandues dans le milieu agricole. Le labour profond et le maintien de champs à nu sans couvert végétal l’hiver sont les deux principales pratiques les plus néfastes pour le sol. En France, sur 400.000 exploitations agricoles, 1500 seulement pratiquent le semis direct sans labour et maintiennent un couvert végétal important tout au long de l’année. 

Cette "agriculture de conservation" est reconnue et aidée par le Ministère de l’Agriculture mais bute sur les craintes d’un milieu agricole frileux. La Commission européenne de son côté ne peut que déplorer la situation actuelle. Son projet de directive sur la protection des sols est bloqué depuis 2010 par l’opposition des Etats membres.


Sciences et avenir 8/9/2015

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