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Sea Orbiter, le nouveau vaisseau océanographique imaginé par Jacques Rougerie

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Un rêve est en passe de se réaliser : le Sea Orbiter, ce vaisseau pour océanographe, sans équivalent, pourrait être construit au chantier naval de Saint-Nazaire. Qui mieux que Jacques Rougerie, qui l’a imaginé «en regardant le lac Léman», pouvait mieux l’expliquer à Futura-Sciences ?

En image, le Sea Orbiter ressemble à une vision onirique. Et c’est bien un rêve pour son créateur, Jacques Rougerie. «J’en ai eu l’idée il y a 10 ans, en échangeant avec Jacques Piccard sur les rivages du lac Léman» explique-t-il d’emblée à Futura-Sciences.







Comme un iceberg, le Sea Orbiter aura une importante partie immergée.
Bien qu'il soit capable de se déplacer de manière autonome, il n'est pas un
navire mais plutôt une station dérivante. Pour de longues durées, une équipe
d'océanographes pourra mener ses expériences et ses observations, sous l'eau et
au laboratoire. ©️ Sea Orbiter


Cette idée se nourrit de l'envie de «rester sous la mer tout en visitant le cœur même de l'océan».

Tout cela vient donc de loin, et même de plus loin encore quand l’architecte Rougerie se met dans l’idée de construire des habitats sous la mer, ce qu’il concrétise avec les refuges pour plongeurs (Minibulle et Aquabulle, 1978), la maison Galathée (1977) et les stations scientifiques (Hypocampe, 1981, Aqualab, 1989).


Et quand il dessine un bateau, l'Aquaspace, il le dote d’une coque transparente pour mieux voir sous la mer... Sur terre, on lui doit l'aquarium de la Cité de la mer, à Cherbourg, Nausicaa à Boulogne-sur-mer, et Océanopolis à Brest.

Cela fait 40 ans que j’y pense ! confirme aujourd’hui Jacques Rougerie.

Futura Sciences : Si le Sea Orbiter n'est toujours pas construit, est-ce parce qu’il est utopique ?

Jacques Rougerie : Pas du tout, c’est une idée dans l’air du temps ! s’exclame l’architecte, toujours enthousiaste.

Et il a raison. Objectivement. Pour un océanographe, l'idée d'observer le monde sous-marin continûment et sur de longues périodes n’est pas du tout incongrue, et rejoint les raisons d’être de la mission Tara Oceans, dont la goélette a sillonné les mers durant 2 ans et demi.

- Christian Sardet, l’un des fondateurs et de ses coordinateurs scientifiques, nous l’expliquait il y a quelques mois : «les campagnes océanographiques donnent d’excellentes photographies de la situation mais il est difficile de passer à une échelle plus globale». Car ces grands navires, au fonctionnement coûteux et qui embarquent de nombreuses équipes, partent sur des missions de quelques semaines seulement, qui sont de plus rigoureusement programmées. Si une station (arrêt du navire et mise en œuvre des prélèvements) se révèle plus fructueuse que prévu, il sera difficile d’y rester plus longtemps. Aujourd’hui, les océanographes « ne restent pas suffisamment en mer» !

Les scientifiques devraient donc se bousculer pour embarquer sur le Sea Orbiter. Les rêves de Jacques Rougerie ne sont pas des utopies… Les grands noms de la mer ne s’y sont pas trompés, d’ailleurs. Jacques Piccard, fils de l’aéronaute Auguste Piccard et père du Bertrand Piccard de Solar Impulse, était un grand océanographe, qui a plongé dans la fosse des Mariannes, au plus profond de l’océan et mis au point plusieurs engins sous-marins. Son mésoscaphe Auguste Piccard a fait découvrir le fond du Léman à 32.000 personnes car l’homme était persuadé qu’il fallait montrer le monde subaquatique au plus grand nombre pour le faire aimer et pour mieux le protéger. Cousteau était de ses amis. Henri-Germain Delauze, fondateur de la Comex, a aussi collaboré avec lui.

Autour du projet Sea Orbiter, on trouve d’autres noms célèbres, comme les spationautes Jean-Loup Chrétien et Jean-François Clervoy, ou encore l’océanographe américaine Sylvia Earle. Aux États-Unis, on connaît bien le projet Sea Orbiter et on y croit («ce sont les Français les plus frileux», nous confie Jacques Rougerie). Une célébrité de la Nasa, Bill Todd, a rejoint l’équipe de Sea Orbiter. En 2001, il lançait le programme Neemo (Nasa Extreme Environment Mission Operations), visant à entraîner les astronautes dans un habitat sous-marin au large de la Floride. La dernière mission, en juin, a été un franc succès et Bill Todd veut la poursuivre à bord de Sea Orbiter.

Dans cet immense vaisseau vertical que sera Sea Orbiter, les scientifiques pourront séjourner au-dessus de l’eau mais aussi en dessous, à la pression de la surface ou bien dans le laboratoire hyperbare. Ils pourront ainsi sortir régulièrement et mettre facilement en œuvre des petits sous-marins, des Rov (robots téléguidés) et autres AUV (drones sous-marins).




L'engin mesure 58 m de hauteur, avec 27 m au-dessus de l'eau et 31 m sous la
surface. Les laboratoires et les installations de mise à l'eau des instruments
se trouvent au-dessus. Les lieux de vie et la zone technique sont sous la
surface. Les ponts les plus bas abritent des zones pressurisées, permettant aux
plongeurs un accès permanent à l'extérieur, à 12 m de profondeur, de jour comme
de nuit. C'est là aussi que se trouvent les plateformes de lancement des
appareils sous-marins. La quille, relevable, pèse 180 tonnes. Tout en haut, une
éolienne et des panneaux solaires assurent une
partie de l'alimentation électrique. ©️ Sea Orbiter



Le Sea Orbiter n’est pas un navire à proprement parler : cette station océanographique, flottant sur l'eau à la manière d'un iceberg, peut se laisser dériver pendant de longues périodes au gré des courants marins. Du côté de l’énergie, on veut être propre et le vaisseau comprendra 320 m2 de panneaux solaires («contre 32 pour le bateau PlanetSolar [bateau électrique à énergie solaire qui a bouclé un tour du monde, NDLR]», remarque Jacques Rougerie). S’y ajoutent deux éoliennes verticales et des groupes électrogènes alimentés en agrocarburant ou, à terme, du biofuel d'origine algale.

Plusieurs entreprises de haute technologie, dont EADS, participent au projet. Nous reviendrons bientôt sur les détails plus techniques de cet engin sans équivalent.

Car le rêve prend aujourd’hui de la consistance. Le chantier naval du côté de Saint-Nazaire, et le consortium de construction, se disent prêts. Des partenaires financiers, sont, eux, d'accord pour s'engager. «Il manque encore un ticket d’entrée», résume Jacques Rougerie, qui se dit «très près du but».





Le Sea Orbiter permet un travail et une vie
permanente sur et dans l'océan. Actuellement, les campagnes des navires
océanographiques ne permettent pas ce genre de travail. Les océanographes
utilisent également, de plus en plus, des robots, téléguidés ou autonomes. Mais
il leur manque toujours cette possibilité d'effectuer de longues missions au
sein d'une masse d'eau pour en étudier différents aspects, du plancton aux
rythmes quotidiens des écosystèmes. La réaction enthousiaste des océanographes à
la mission Tara Oceans, qui a permis des stations de longues durées, démontre
bien la réalité de ce besoin. ©️ Sea Orbiter

Pour lui, l’aventure doit aussi être un exemple et servir de courroie d’entraînement pour les nouvelles générations. «Si l’on a aujourd’hui un déficit dans l’attirance des jeunes pour la recherche, y compris pour l’océanographie, c’est qu’on ne sait plus faire suffisamment rêver avec l'océan. Ni faire comprendre les enjeux planétaires qui lui sont liés. Il faut des porte-drapeaux de ce genre. Et Sea Orbiter en est un. Ces grandes conquêtes servent à motiver les jeunes. On ne peut pas se contenter de dire "ça ne va pas" !»

Les dix mille personnes qui ont accueilli la goélette Tara à Lorient à la fin du mois de mars témoignent que l’intérêt du public pour les aventures océanes est toujours là. «Sea Orbiter est aussi fait pour prolonger leurs rêves à eux !»



FUTURA SCIENCES 03/09/2012

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Paris (AFP) - C'est une "sentinelle de la mer" unique au monde, dérivant au gré des courants océaniques, qui verra le jour en 2014: le vaisseau océanographique futuriste SeaOrbiter entre en phase de construction au printemps aux chantiers navals de Saint-Nazaire et Cherbourg.

Créé par l'architecte subaquatique Jacques Rougerie, ce gigantesque hippocampe d'aluminium semi-submersible - qui n'existe pour le moment que sous forme informatique virtuelle -, sera doté de la plus haute technologie scientifique pour passer au crible, en permanence et dans toutes ses composantes, la biosphère marine océanique.

"SeaOrbiter sera le sas entre notre monde terrestre et le monde marin", explique à l'AFP Jacques Rougerie, pour qui "c'est de l'océan que naîtra le destin des civilisations à venir".

L'architecte, reçu en 2010 sous la coupole de l'Académie des Beaux Arts, revendique sa filiation avec l'auteur de 20.000 lieues sous les mers, puis avec Jacques-Yves Cousteau, le commandant au bonnet rouge qui le premier a fait découvrir le monde des abysses au plus grand nombre.

Rougerie a dessiné les premières esquisses de son vaisseau du futur au tout début du siècle, partant du principe édicté par Jules Verne que "tout ce qu'un homme est capable d'imaginer, d'autres hommes sont capables de le réaliser". Notamment sur le plan financier. Car "la science et la technologie, ça prend du temps....et de l'argent !", souligne-t-il.

Le coût de SeaOrbiter est ainsi évalué à 35 millions d'euros. Crise oblige, les investisseurs et partenaires financiers se sont faits attendre. Mais l'architecte a fini par décrocher des partenariats de taille, notamment avec l'horloger Rolex, le groupe industriel ABB qui exerce dans les technologies de l'énergie et de l'automation ou encore Technip, le leader de la construction sous-marine.

La faisabilité du projet a été approuvée par la DCNS (Direction des Constructions Navales), qui en assure la maîtrise d'oeuvre et le suivi. Comex, Ifremer et d'autres organismes internationaux y sont associés. La durée de construction du SeaOrbiter est évaluée à 18 mois, soit quelque 100.000 heures de travail pour les deux chantiers concernés.

"Les marins ne voient que la surface des océans. Ils sont aveugles à ce monde immense en dessous d'eux. 85% de la biodiversité marine restent à découvrir", souligne Rougerie.

"SeaOrbiter sera le vaisseau symbole de cette nouvelle génération d'hommes qui ne sont ni terriens, ni marins. Je les appelle +Merriens+. Nemo est le premier +Merrien+. Je suis un +Merrien+".

Son SeaOrbiter est une création bionique, une passerelle entre une forme vivante et une forme construite, en harmonie avec son environnement. Haut de 58 m pour 550 tonnes, il pourra accueillir sur 12 niveaux de 18 à 22 hommes d'équipage et scientifiques. Il comporte une partie immergée de 31 m avec quille rabattable et fonctionnera exclusivement aux énergies renouvelables (éoliennes et panneaux solaires), alimentant deux propulseurs électriques pour une vitesse moyenne de 5 à 6 noeuds.

Tout à la fois plate-forme scientifique pluridisciplinaire dotée d'équipements d'observation et d'écoute océanographiques, centre de communication, laboratoire, maison et base sous-marine d'exploration, le grand hippocampe d'aluminium permettra 24h sur 24 une vision constante du monde sous-marin.

A 18 m au-dessus du niveau de la mer sera logé le cerveau et système nerveux central de l'édifice dérivant avec son appareillage technologique sophistiqué: "l'oeil de la sentinelle de la mer", selon Jacques Rougerie.

Symboliquement, l'architecte entend associer le plus grand nombre à la construction de ce "centre de l'intelligence" du vaisseau, d'un coût de 325.000 euros. Il lance cette semaine une vaste collecte publique de fonds sur le mode du "crowdfunding", destinée à réunir en 90 jours la somme nécessaire. Selon ce système, si la somme n'est pas atteinte dans le délai imparti, les contributeurs - l'obole minimum est de 10 euros - seront remboursés.


 L'appel de Jacques Rougerie pour cofinancer le centre d'intelligence de Sea Orbiter



Envie de participer : Sea Orbiter Jacques Rougerie kisskissankbank

Mais le professeur Tournesol des abysses n'y songe même pas. "Devenez +merriens+!", lance-t-il avec enthousiasme. Cliquez ICI pour voir d'autres vidéos.

Sciences et Avenir 11/11/2013

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