Aller au contenu
Rechercher dans
  • Plus d’options…
Rechercher les résultats qui contiennent…
Rechercher les résultats dans…
Admin-lane

Les animaux ont-ils une culture ?

Messages recommandés

La majorité des gens répondront certainement non à une telle question... Du moins ceux qui ne connaissent pas grand chose du monde animal ou n'ont pas la curiosité nécessaire pour s'intéresser au monde animal... ou ceux qui se croient supérieurs en toute chose !

La culture, c’est une affaire d’Hommes. Nous, les Homo sapiens, les «hommes qui savent» et qui, par-dessus le marché, savent très bien qu’ils savent. La culture est à nous et à nous seuls. Les chimpanzés sont nos cousins, les dauphins sont d’une intelligence à faire pâlir toute une promotion de l’École polytechnique, les fourmis sont capables des prouesses les plus étonnantes. Sur ces questions, rien à redire. Les animaux ont-ils une certaine forme de langage, de pensée ou de conscience ? Pourquoi pas. Mais la culture, que diable, vous n’y pensez pas !

Dans ce dossier, proposé par Damien Jayat pour Futura Sciences, vous trouverez quelques exemples de comportements animaux, parmi les centaines étudiés chaque année, qui mettent à mal cette exclusivité d'accès à la culture qu'on prête trop facilement à l'Homme.Singes, baleines, oiseaux ou abeilles, ils sont nombreux à nous étonner par la complexité et la richesse de leurs comportements, et à nous faire réfléchir sur notre place parmi eux.


Cette place étant, l'étude du comportement le confirme, pleinement intégrée dans le reste du monde vivant : nous avons une culture, les autres animaux en auraient d'autres. Nous sommes dotés d'un puissant cerveau, mais nous ne sommes pas les seuls. Nous sommes uniques ? Eux aussi !





Futura Sciences 19/11/2012

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites
A n'en pas douter un grand nombre de personnes à qui ont poserait cette question inopinément répondra non ! Du moins les personnes qui ne connaissent pas le monde animal ou qui n'ont pas la curiosité nécessaire d'observer les animaux... Ou encore celles qui se croient supérieures en toute chose... Et pourtant !

Voilà 150 ans au moins que les anthropologues, sociologues et autres ethnologues ont défini la culture comme un ensemble de croyances, de traditions, de règles sociales et de valeurs morales acquises par l’Homme lorsqu’il devient membre d’une société.


La culture, c’est même ce qui fonde toute société humaine – insistons sur humaine – en dehors de toute composante biologique, naturelle, bassement animale. Depuis 150 ans les faits n’ont guère évolué de ce côté de la science. En témoigne cet archéologue français, rencontré lors de la préparation de ce livre, pour qui « la culture est un mode spécifiquement humain d’adaptation aux contraintes de l’environnement par des moyens non biologiques », et pour qui c’est justement l’apparition d’un mécanisme d’adaptation culturelle, radicalement différente d’une adaptation naturelle, qui marque l’apparition de l’Homme.


Difficile de faire plus clair. La culture a permis à nos ancêtres de s’extirper de la pure bestialité ; de se mettre d’accord sur le nom des dieux à prier ; de s’expliquer la meilleure façon de frapper deux cailloux pour en faire une lame de javelot sans se faire sauter un doigt au passage ; d’échanger des civilités et des femmes en négociant autrement qu’à coups de gourdins. Bref, il y eut un avant et un après la culture.


Avant, seule existe la sauvagerie de la nature. Si l’intelligence se montre de temps en temps, il s’agit d’une intelligence sommaire, matérielle. Les singesmanipulent quelques outils, mais ils n’ont pas inventé l’eau chaude ni le fil à couper les bananes. C’est là que tout se joue. C’est là que surgit la culture. C’est là que, oyez, oyez, dans l’horizon lumineux ouvert par ce bouleversement qui devait marquer à jamais le cours de l’histoire de la vie, l’Homme est apparu. Pour la majorité des scientifiques la culture est à nous et rien qu’à nous. Toute ressemblance avec un comportement animal existant ou ayant existé n’est que pure coïncidence, voire le signe d’une naïveté bon enfant, mode écolo doucereux. Allons, réveillez-vous, nous ne sommes tout de même pas des singes ! Vont-ils au cinéma, ces bestiaux-là ? Ont-ils seulement des règles précises pour décider dans quel clan ce jeune mâle ira chercher sa future femelle ? Non ? C’est bien ce que je disais. La culture, c’est l’Homme. N’en parlons plus.


Le commun des mortels a-t-il un avis différent sur la question ? Il faudrait commander une étude aux instituts spécialisés. Au cours de mes discussions informelles avec des proches, j’ai glissé incognito un brouillon de sondage qui donne peut-être une tendance. À la question « d’après vous, les animaux ont-ils une culture ? », 45 % des personnes interrogées ont répondu « non », 45 % ont répondu « tout dépend ce qu’on entend par culture », et 10 % ont bredouillé des réponses du genre « on mange quoi ce soir ? » ou « tu as un lacet détaché, fais gaffe dans l’escalier », montrant combien ils étaient passionnés par le débat. Aucun, je dis bien aucun, au cours de l’année et demi de préparation de ce livre, ne m’a répondu par un « oui » franc et massif en pur chêne. Le commun des mortels a donc tendance à voter en faveur d’une culture entre les mains des seuls humains, ou au moins se débarrassent de la patate chaude en évoquant un problème de définition. Pourtant, quand on parle du langage, de la pensée rationnelle ou d’une forme de conscience, un « oui » concernant leur existence chez les animaux recueille davantage de suffrages. Pourquoi la culture résiste-t-elle ? Pourquoi s’acharne-t-on à la garder au fond de notre poche, bien calée sous notre orgueil ?


Quelqu’un va-t-il se lever pour affirmer que la culture est bel et bien présente chez les animaux, et qu’il serait temps de la regarder en face ? Oui. Et ils sont même plusieurs à le dire. Ce sont quelques poignées de scientifiques spécialistes du comportement animal. Pour beaucoup d’entre eux – pas tous, bien sûr, les choses ne sont jamais aussi simples – on trouve dans le monde animal de nombreux cas de culture, et même de cultures. Leur thématique scientifique, l’éthologie et l’écologiecomportementale, est d’ailleurs en plein boum. Chaque jour des études révèlent des comportements étonnants, riches d’enseignements et soulevant toujours autant de questions qu’elles apportent des réponses. Et la plupart s’accordent à le confirmer : oui la culture animale existe.





Lors d'un sondage, 45 % des personnes interrogées ont répondu que les animaux n'ont pas de culture. ©️ Patrick Goulesque




Futura Sciences

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites
La pêche aux insectes est une des pratiques les plus étudiées chez les chimpanzés. Elle concerne surtout les femelles, les mâles préférant la technique moins délicate qui consiste à plonger le bras dans le nid pour y remonter des poignées d’œufs, d’insectes et de terre mélangés.


Quand elle veut pêcher, la femelle commence par repérer un nid, souvent déjà connu et exploité par le groupe. Elle cherche alors une brindille dans les arbres alentours, la casse, la débarrasse éventuellement de ses feuilles et de son écorce, la taille à la bonne longueur avec, pourquoi pas, un bout pointu. Elle retourne alors au nid, fait la queue si un collègue est déjà à table puis, son tour venu, plonge son outil dans les galeries pleines d’insectes.






Les chimpanzés ont-ils des pratiques culturelles ? ©️ Patrick Goulesque



La pêche est-elle une pratique culturelle des chimpanzés ? Cela se pourrait. D’une part, toutes les populations ne pêchent pas à l’aide de baguette : dans la forêt de Taï, en Côte-d’Ivoire, on ne pêche des termites qu’avec les bras. D’autre part, dans les groupes utilisant une baguette, les techniques de préparation varient d’un lieu à l’autre. La plupart du temps, l’extrémité de l’outil est pointue, sans effilochage, pour une progression optimale dans les galeries. Si elle est usée, le pêcheur la mordille pour la remettre à neuf. Mais un groupe vivant en République démocratique du Congo (RDC) fait exactement le contraire : ses membres abîment volontairement la pointe, à la main et avec les dents, pour l’effilocher et s’en servir comme brosse ! Ils passent régulièrement la baguette dans le creux de leur main pour ranger les fils, comme un peintre recoiffe son pinceau ébouriffé. Un tel outil peut même être exploité de plusieurs manières, la plus sophistiquée consistant à user du « manche » pour agrandir l’entrée de la galerie, puis de la brosse pour ramasser les termites. Au final, ce groupe vivant en RDC a développé une technique de pêche unique au monde…

Côté fourmis, là encore, à chacun sa méthode. Les populations de chimpanzés vivant dans les parcs nationaux de Bossou (Guinée) et de Taï pêchent des fourmis légionnaires, des nomades qui se déplacent à la recherche de proies en établissant à chaque étape un camp de base. Pour les ramasser, les chimpanzés utilisent leur baguette soit comme une sonde qu’ils plongent dans les galeries du nid, soit comme râteau pour récolter les fourmis dans les bataillons en déplacement. À Bossou et à Taï, on pêche les cinq mêmes espèces de fourmis, dont certaines sont très agressives et peuvent mordre douloureusement l’assaillant. Conséquence logique : les baguettes utilisées pour pêcher les fourmis agressives sont en moyenne plus longues. Ca laisse au chimpanzé plus de temps pour ramasser les fourmis avant qu’elles remontent le bâton, toutes mandibules dehors.

Les singes utilisent d’ailleurs deux techniques pour recueillir leurs proies. Soit ils lèchent directement les fourmis en faisant glisser la baguette entre les lèvres, soit ils font d’abord coulisser celle-ci dans leur poing pour ramasser les insectes au creux de la paume, avant de les mettre à la bouche comme on goberait une poignée de petits bonbons. Lorsqu’ils pêchent les fourmis agressives, les chimpanzés préfèrent naturellement cette seconde technique, qui limite les risques de morsures aux lèvres.


Certaines différences observées entre les techniques de Taï et de Bossou ont donc une explication d’ordre écologique : à fourmi dangereuse, technique prudente. Ce qui est moins explicable, c’est qu’à Taï on n’a jamais observé un chimpanzé pêcher des fourmis en procession à la surface. Toujours au fond du nid ! Alors qu’à Bossou les deux techniques sont employées. À Taï, les baguettes sont toujours, en moyenne, plus courtes qu’à Bossou ; une région où les insectes sont parfois ramassés avec des nervures centrales de feuilles à la place des bouts de bois, et où ces mêmes feuilles sont utilisées comme serviettes après la copulation. Comportement jamais observé à Taï…





Les chimpanzés utilisent des baguettes pour récolter les fourmis ©️ Patrick Goulesque






Futura Sciences

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites
Les techniques de chasse sont nombreuses chez les cétacés, notamment chez les dauphins et les orques dont les comportements sont parmi les plus variés du monde animal. Les orques (Orcinus orca) vivant au sud de l’Argentine et autour des îles Crozet ont une technique spéciale pour attraper des otaries ou des phoques.





Orcinus orca ©️ NOAA domaine public

La méthode est impressionnante : elle consiste à nager à toute allure vers une plage où ces animaux bronzent entre deux baignades, et à s’échouer exprès sur le rivage, gueule béante prête à mordre. Une fois la proie saisie (de terreur d’abord, par les mâchoires ensuite), l’orque n’a plus qu’à se trémousser en marche arrière pour retourner à l’eau. Pour un animal de plusieurs tonnes, admirez l’exploit.

La technique se transmet de la mère aux enfants et fait l’objet d’un long apprentissage. Il faut en moyenne 6 ans pour la maîtriser. Six ans durant lesquels les petits jouent à s’échouer avec leur mère, juste pour s’entraîner. Parfois, la maman pousse son petit sur la plage, l’aide à attraper une proie puis à retourner à l’eau, en l’arrosant pour éviter qu’il se dessèche.





©️ Patrick Goulesque

Futura Sciences

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites
Chez les oiseaux chanteurs, l’existence de variations entre populations est aujourd’hui incontestable et concerne de nombreuses . Pour ne prendre qu’un exemple, le bruant à couronne blanche (Zonotrichia leucophrys), qui peuple les forêts d’Amérique du Nord, commence en général son chantpar un sifflement assez long, suivi d’un autre sifflement plus bref ou d’un bourdonnement. Ensuite, les syllabes sont construites et enchaînées au gré des populations.





Le chant des oiseaux est un apprentissage. ©️ Patrick Goulesque

Cette construction laissée « libre » constitue le dialecte local, spécifique des habitants d’une même région et présentant des points communs avec les dialectes des voisins. Une fois installé, un dialecte est stable : au moins 26 ans chez le bruant à couronne blanche, chez qui on en a compté plusieurs dizaines !

Les sources de variations dans les chants sont en effet nombreuses. Composition des syllabes, emplacement dans la phrase, nombre de répétitions des syllabes et des trilles, longueur des pauses entre deux phrases… Le troglodyte de Caroline (Thryothorus ludovicianus) ajoute de l’exotisme : il peut commencer et arrêter ses phrases où il veut. On note d’ailleurs de nombreux cas de petites adaptations individuelles. Comme chez les dauphins, chaque oiseau chanterait le dialecte adopté par son groupe mais ajouterait quelques modulations personnelles. Ce qui n’est pas si étonnant. Après tout, on n’a pas encore trouvé deux humains ayant exactement la même façon de parler...

Les oiseaux ont donc des dialectes, mais sont-ils d’ordre culturel ? Tout semble le montrer. Ne serait-ce que le long apprentissage nécessaire à leur maîtrise complète. Certes, chaque oiseau qui sort de son œuf, même dans l’isolement le plus total, arrive à faire du bruit. Mais la structure exacte du chant, chez un oscine, n’est pas forcément innée. Pour beaucoup, il faut du temps avant de chanter parfaitement. Au contraire, un coq, qui est tout sauf un oiseau chanteur, cocoriquera toujours de la même façon, qu’il écoute ses congénères les pieds dans le fumier d’une ferme auvergnate ou qu’il grandisse seul sur la tourbe du Connemara.







Troglodyte de CarolineThryothorus ludovicianus, oiseau chanteur.
©️ Ken Thomas domaine public



Futura Sciences

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites
Connue depuis les travaux de l’Autrichien Karl von Frisch dans les années 1940, la danse des abeilles est un langage au sens biologique du terme : en se trémoussant de l’arrière-train, l’insecte fournit à ses congénères plusieurs informations. Mais est-elle en plus un langage symbolique ? Cela se pourrait.


La danse des abeilles est une forme de langage. ©️ Patrick Goulesque



Parce qu’il permet de transmettre des informations par l’intermédiaire de codes. Pas question d’alphabet ici, une abeille ne sachant pas tenir un stylo correctement. Elle utilise plutôt, pour coder son message, des mouvementsde danse. L’objectif de ce rock n’ roll à six pattes est toujours le même : une éclaireuse rentre au nid après avoir trouvé une source d’eau ou un coin densément fleuri. Elle régurgite le nectar qu’elle a stocké dans une poche interne de sa bouche, ou se laisse décharger du pollen qu’elle a rangé le long de ses pattes. Si les ouvrières qui l’accueillent montrent beaucoup d’enthousiasme, l’éclaireuse peut se mettre à danser pour leur indiquer le chemin à suivre vers le lieu de dégustation. C’est là que le code intervient.

Si le lieu de butinage est proche du nid, l’éclaireuse danse simplement enrond. Elle fait parfois demi-tour, ou du bruit en agitant les ailes, mais il ne semble en ressortir aucune information valide. Lorsqu’elles quittent le nid, les butineuses qui l’ont observée s’égayent dans toutes les directions pour chercher la source de nourriture un peu au hasard. La danse en rondfournirait donc un message simple : « les filles, j’ai trouvé à manger pas loin ! ».

Pour des distances un peu plus grandes, la guide passe à un second type de danse, dite en faucille. Elle parcourt désormais deux ellipses allongées, symétriques l’une de l’autre par rapport à un axe. La danse comporte ici une information sur la direction à suivre : l’angle formé entre son axe de symétrie et la direction verticale est le même que celui, dehors, entre la direction dusoleil et celle vers laquelle il faut voler pour trouver le lieu de butinage. Une précision géométrique digne d’un Pythagore en pleine forme !

La danse en faucille n’indique cependant qu’une direction générale. La butineuse doit se débrouiller seule pour mettre la patte sur la nourriture qui se trouve, d’après les indications, « vers là-bas, et pas trop loin ». Ce flou sur la distance est réglé avec la 3e danse, pratiquée si la source se trouve loin du nid, à plusieurs dizaines voire centaines de mètres. Cette danse est appelée frétillante car l’abeille y décrit une forme de « 8 » aplati dont la partie centrale est en ligne droite. Ligne que l’abeille parcourt en faisant frétiller son abdomen. Cette fois, la danse permet de coder au moins trois informations.


Les abeilles pratiquent différentes danses, chacune pour exprimer une idée. ©️ Patrick Goulesque


1- La direction est donnée comme lors de la danse en faucille : l’angle entre la ligne droite du « 8 » et la verticale est le même que celui entre la direction du soleil et celle de la source.

2- La distance est précisée : il existe un lien direct entre la durée du frétillement, lors de chaque ligne droite, et la distance à parcourir. Plus on se trémousse le popotin, plus il faudra voler loin. La relation est presque mathématique, proportionnelle : si la danseuse frétille pendant 0,8 seconde pour coder 200 mètres et 1,2 seconde pour en coder 300, elle frétillera 1,6 seconde pour indiquer 400 mètres, etc.

3- La danse fournit enfin une indication sur la richesse de la source : plus on y trouve de quoi se régaler, plus la guide exécute un grand nombre de tours de danse, et plus elle frétille vigoureusement son abdomen lors des passages en ligne droite.

La danse des abeilles peut donc prendre trois formes différentes : en rond, en faucille ou frétillante, selon l’éloignement de la source. C’est le premier code introduit dans le langage. Lors des deux dernières danses, on montre une direction par une correspondance d’angles. Deuxième code. Avec la danse frétillante, on ajoute une info sur la distance. Troisième code. Il n’en faut pas plus pour considérer la danse des abeilles comme un langage symbolique. D’autant que ce langage semble posséder des dialectes…


Futura Sciences

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites
La taille d’un organe doit bien sûr se juger en fonction du gabarit de la bête. Dire que le rhinocéros blanc possède un cerveau plus massif que le colibri ne permet guère de conclusions scientifiquement valides. Il faut comparer des proportions relatives, ramenées à la masse ou au volume total d’un organisme. C’est ce qu’on appelle, pour le cerveau, le «coefficient d’encéphalisation».








Les différents cerveaux : humain, éléphant, dauphin, chat, macaque, etc. ©️ Bourrichon Domaine public

Parmi les singes anthropoïdes, nous sommes incontestablement les plus forts. Notre cerveau est quatre fois plus important – en masse et en volume – que celui du chimpanzé, alors que nous ne sommes que 1,5 fois plus lourds. Notre coefficient d’encéphalisation atteint 2,3 alors qu’il ne vaut que 0,9 chez nos proches cousins. Mais surprise : certains animaux font quand même mieux que nous ! Les singes écureuils, les ouistitis et les capucins ont des coefficients plus élevés que le nôtre. Ceux des dauphins communs sont au moins nos égaux, sinon plus. Et chez certaines chauves-souris, la masse du cerveau représente 5 % de la masse totale du corps, contre 2 % chez l’Homme.

En termes anatomiques, on peut affirmer que l’Homme a un cerveau – notamment un lobe frontal – plus développé que les autres grands singes. On peut préciser que sa consommation d’énergie est énorme : 20 % de notre métabolisme sert à alimenter le cerveau, contre 13 % chez le chimpanzé. Mais c’est presque tout. Longtemps on a cru que le cerveau humain était le seul à être asymétrique : nos hémisphères n’ont pas exactement la même forme, et les aires de chaque côté n’ont pas les mêmes fonctions. Par exemple, nos aires de production et de compréhension du langage, les aires de Broca et de Wernicke, sont localisées respectivement dans le lobe frontal gauche et le lobe temporal gauche (chez les droitiers ; c’est le contraire chez les gauchers). Mais les aires placées symétriquement dans l’hémisphère droit n’ont pas les mêmes fonctions.







L'aire de Broca est responsable du langage, une lésion sur l'aire de Wernicke peut induire un déficit de compréhension du langage. ©️ Domaine public

Avantage de l’asymétrie : plus besoin de deux régions pour une même activité. On multiplie les fonctions possibles du cerveau, chaque aire pouvant se spécialiser dans une ou deux tâches dans lesquelles elle devient fichtrement efficace. L’asymétrie du cerveau aurait marqué un grand pas dans notre évolution et contribué à faire de nous des surdoués ? Pas de bol, on sait maintenant que les cervelles de macaques, d’orangs-outans, de certains oiseaux ou des cétacés, sont asymétriques. Mieux, on a la certitude que les quatre familles de vertébrés dont nous parlons depuis le début de ce livre – primates, mammifères marins, oiseaux chanteurs et oiseaux faiseurs d’outils – ont des cerveaux ressemblant au nôtre sur de nombreux aspects. Ce sont précisément les animaux chez qui on soupçonne le plus l’existence d’une culture. Coïncidence !








La taille du cerveau est-elle liée à l'intelligence ? ©️ Patrick Goulesque

Par exemple, pour chaque région identifiée dans le cerveau des mammifères, un équivalent existe dans celui des oiseaux. Ils ont leur propre cortex et même un néocortex. Les corvidés ont des systèmes centraux particulièrement développés : la proportion de matière grise y est proche de celle du chimpanzé, et la taille de leur lobe frontal est une des plus imposantes du monde aviaire. On a identifié chez eux l’équivalent d’un lobe préfrontal et suggéré l’existence d’un « kit pour l’utilisation d’outils », similaire à celui qui permettrait aux primates de gérer des situations complexes. Identifier la cause d’un événement, résoudre un problème, modifier son comportement pour l’adapter à une situation nouvelle, imaginer et prévoir le résultat d’un acte, etc. Pour tout cela, les corvidés auraient un module clés-en-bec logé dans les méandres de leur lobe préfrontal.

L’existence de ce dernier semble confirmée par une expérience montrant la capacité des pies à se représenter un objet même en son absence. Une aptitude – que l’on croyait réservée à l’Homme, souvenez-vous – sans doute liée à leur habitude de cacher des réserves de nourriture, et donc au besoin vital de se rappeler leur existence pour mieux les retrouver. Ce phénomène de « permanence de l’objet », que l’on a aussi repéré chez les grands singes, est sûrement dû à l’action d’une région de type « préfrontal ».

Le lien entre cerveau et culture n’est donc pas si simple, si linéaire qu’on pourrait le croire. Mais il est réel et concerne au moins les oiseaux, les singes et les cétacés. Du cerveau surdoué aux comportements les plus fascinants, le chemin est assez facile à suivre. De ces comportements à la culture, la voie est en train d’être pavée. Nous ne sommes pas les seuls animaux à avoir un gros cortex, et donc peut-être pas les seuls doués de culture. Et d’une manière générale, l’accumulation de nos connaissances sur le monde animal finit par suggérer que toutes ces aptitudes qu’on a prêtées à l’Homme seul, il va peut-être falloir lui reprendre.



Les oiseaux ont leur propre cortex. ©️ Patrick Goulesque







Futura Sciences

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites
Les fourmis sont indéniablement, dans l’histoire de la vie, une formidable réussite. Elles ont colonisé la Terre entière, fondé des supercolonies couvrant des milliers de kilomètres carrés, se sont adaptées à tous les environnements où elles réalisent de véritables prouesses techniques. Peut-on parler de culture ?

Leur durée de vie est en moyenne cent fois plus élevée que celle d’insectes «bas de gamme» comme les guêpes ou les cafards. Le record est tenu par une reine Lasius niger (la fourmi noire commune), qui a survécu 28 ans, choyée dans un laboratoire ! Les fourmis possèdent même des mécanismes moléculaires de réparation de l’ADN – fait exceptionnel chez les insectes – qui augmentent encore leur espérance de vie.

Les sociétés de fourmis sont apparues progressivement au cours de l’évolution, probablement issues de guêpes solitaires qui auraient bifurqué, il y a environ 100 millions d’années, vers une vie sociale. Quelques individus d’abord, puis des groupes de plus en plus vastes et organisés. Il existe encore, en Australie, des espèces « primitives », dont les colonies ne comportent qu’une poignée de fourmis pratiquant la répartition hiérarchique des tâches et la communication par phéromones. Comme chez l’Homme, on peut ainsi retracer l’histoire évolutive des fourmis et même se lancer dans une vraie analyse ethnologique de leurs sociétés, en comparant les « primitives » et les « modernes ».


La société des fourmis. ©️ Patrick Goulesque


Mettre en parallèle les sociétés d’Hommes et de fourmis est une pratique courante depuis quelques années. On nous compare aisément à ces monceaux de vie grouillants qui parviennent toujours, comme par miracle, à tirer des merveilles à partir du désordre apparent. Les fourmis seraient devenues dans notre inconscient collectif, alimenté par les belles histoires qu’on se raconte au coin du feu pour émerveiller les enfants en attendant le Père Noël, des modèles de vie collective auxquels on aurait tout intérêt à se référer. Holà, comme vous y allez ! Cet emballement en vaut-il vraiment la chandelle ?

D’abord, on dit que les fourmis ont eu le même succès que nous pour coloniser la planète. Oui, mais chez elles il faut compter les 12.000 espèces pour couvrir l’ensemble des continents. Alors que chez nous, une seule espèce (Homo sapiens) est concernée par cet exploit. Score : 1-0 pour l’Homme. Côté vie sociale, qui concerne directement notre histoire de culture, leur division des tâches et leur ingénieux mode de communication seraient des arguments indiscutables en faveur d’une comparaison Hommes/fourmis. Indiscutables, c’est vite dit. Il en faut moins que ça pour attiser les braises de la rigueur scientifique. Car c’est justement dans le partage des tâches et le système de communication qu’on trouve les meilleures preuves que non, décidément, les fourmis ne sont pas des gens comme nous.


Les fourmis communiquent par phéromones. ©️ Patrick Goulesque


Communiquer par phéromones est une excellente idée. Pour se reconnaître entre membres de la fourmilière, pour alerter les collègues ou pour tisser un fil d’Ariane chimique à percevoir du bout des antennes, c’est impeccable. Mais n’avoir que l’odeur comme mode de reconnaissance pose parfois problème. Par exemple, que se passe-t-il si un parasite arrive à s’enduire le corps avec les molécules d’identification d’une colonie ou, pire, à distiller ses propres phéromones de fourmis alors qu’il n’en est pas une ? Les petits génies arthropodes n’y voient alors que du feu ! Des scarabées et des grillons parviennent à s’imprégner de l’odeur des ouvrières en se frottant à elles, ce qui leur permet ensuite de se balader incognito dans la fourmilière. Se font-ils repérer à vue d’œil ? Pas le moins du monde. Les fourmis se reconnaissent à l’odeur, rien qu’à l’odeur. Les pirates parfumés à la phéromone d’ouvrière deviennent membres à part entière de la colonie, qu’ils parasitent comme bon leur semble.




Fourmi dégustant des pucerons. ©️ Friedrich Böhringer, CC by sa 2.5


Futura Sciences 19/11/2012

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites
Découvrez chez EDP-Sciences le livre de l'auteur : Les animaux ont-ils une culture ?

Cliquez pour découvrir et acheter, si vous avez envie d'en découvrir davantage, le livre de l'auteur

Les éléphants vont au cimetière, nous dit le chanteur. Les baleines chantent pour se parler. Les abeilles se parlent en dansant. Les chimpanzés fabriquent des outils. La corneille de Nouvelle-Calédonie, aussi. Et le chien est tellement intelligent…

L'animal nous fascine parce que nous ne le comprenons pas. Il se parle, oui, mais ne nous parle pas. Alors nous parlons à sa place. Faute d'avoir accès à son esprit, nous plaquons nos comportements sur les siens pour tenter de les expliquer. Nous voulons donc l'animal intelligent parce qu'il fait des choses qui ne sont pas toutes des réflexes. Pour le scientifique, c'est plus compliqué. S'il sait ce qu'est un langage, il n'a aucune définition exclusive de l'intelligence. S'il peut décrire rigoureusement un comportement, il n'a pas beaucoup de moyens de savoir si l'animal en a conscience. Alors, lorsque Damien Jayat lui demande «et la culture, les animaux en ont ?», la réponse est embarrassée. Beaucoup de primates, de cétacés et d'oiseaux se comportent comme s'ils avaient appris à le faire. Pas les espèces, mais des populations : d'un endroit à l'autre, d'une population à l'autre, le comportement, le langage, est différent. N'est-ce pas là la preuve qu'une culture existe chez certains animaux ?

Dans ce livre, Damien Jayat expose des cas et les analyse en suivant la démarche contradictoire des scientifiques. Avec beaucoup d'humour, une fort belle plume et une gentille ironie, il remet tout en cause et, en premier lieu, notre prééminence humaine. Nous ne sommes sans doute pas seuls à être… cultivés. «On n'hérite pas que des gènes, une maison de campagne et quelques vieilles bagues de mariage. On hérite aussi un ensemble de règles, de savoir-faire, de traditions, on hérite toute une culture en fait. À notre manière. Comme le fait un si grand nombre d'animaux… » Un voyage troublant et joyeux à la rencontre de notre condition animale…


Futura Sciences 19/11/2012

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites
Les Vervets, singes de la famille des cercopithèques, ont tendance a imiter le comportement de leurs voisins. Une étude montre, qu'à l'instar des humains, les singes et les baleines à bosse intègrent des habitudes qui ne sont pas les leurs. Homme et singes se ressemblent. Et certains comportements humains se retrouvent chez les primates. En revanche, le lien est bien moins évident entre les baleines à bosse et les humains. Pourtant, ces deux espèces ont tendance, comme les humains, à copier les comportements de leurs congénères, rapporte le New York Times.

Pour un humain, il est normal d'adopter les coutumes du pays dans lequel il se rend. Il semble que ce soit aussi le cas pour certaines autres espèces animales...

En effet, des chercheurs ont découvert que les singes aussi savent s'adapter. Ils ont ainsi étudié à quel point, chez les singes, les habitudes des mères se ressentaient sur les petits.

Les vervets sauvages s'entraînent à manger une seule sorte de céréales, les bleues ou les roses, refusant de goûter l'autre céréale colorée. En revanche, ils changent rapidement leurs habitudes dès qu'ils côtoient d'autres singes qui préfèrent le type de céréale qu'ils ne mangent jamais.

Afin d'observer les singes, les scientifiques ont proposé des céréales teintées en bleu et en rose, dans deux bacs différents, disposés côte-à-côte, à quatre groupes de singes vervet d'une réserve sud-africaine. Erica van de Waal, chercheur à l'Université de Saint Andrews, en Écosse et leader de l'étude, a souhaité utiliser le rose et le bleu qui sont les couleurs des organes génitaux des mâles. Les céréales ont ensuite était enduites de feuilles d'aloès pour deux groupes de singes.

Rapidement, les singes de ces groupes ont commencé à rejeter les céréales roses. Au bout de quelques mois, les scientifiques ont cessé de traiter les céréales roses avec de l'aloès. Pourtant, les singes ont continué à dénigrer les céréales roses, leur préférant les bleues. Les petits, qui n'avaient pourtant pas été soumis à l'entraînement, se sont mis à manger les mêmes céréales que leurs mères, sans jamais goûter les autres. "Les petits ignoraient totalement qu'ils pouvaient ne serait-ce que considérer l'autre couleur", explique le docteur van de Waal. !

Ce changement s'opère même si les vervets ont accès de la même manière aux deux céréales colorées. Les scientifiques se sont aperçus que les singes acceptaient de goûter la céréale qu'ils ne mangeaient jamais lorsqu'ils observaient d'autres singes la manger.

"Nous pensions que les seuls les humains possédaient une culture. Mais si l'on définit la culture comme la transmission de connaissances, de capacités et d'informations, alors elle est également présente chez certains animaux", explique Carel van Schaik, anthropologue à l'Université de Zurich. Il ajoute: "Imaginez que vous avez appris à ne manger que du maïs rose et que vos parents vous ont toujours dit que le bleu était mauvais. Mais, un jour, vous changez d'endroit où les gens ont appris l'inverse, alors vous vous dites que les populations locales doivent savoir ce qu'elles font. Et vous commencez à manger des céréales bleues".

Plus surprenant, lorsque les mâles étaient en contact avec les singes se nourrissant de céréales bleues, ils mangeaient instinctivement la même céréale. "Imiter les autres singes représente également une façon d'entrer en contact avec eux", ajoute Andrew Whiten, biologiste cognitif à l'Université Saint Andrews.

Les scientifiques ont également, dans la même étude, découvert que les baleines à bosse apprennent à claquer l'eau de mer avec leur claque pour chasser leurs proies. Traditionnellement, les baleines soufflent des bulles sous l'eau afin d'attirer leurs proies. Pourtant, dans les années 80, une baleine à bosse a été observée en train d'abattre sa queue sur la surface de l'eau avant de créer des bulles. Depuis, de plus en plus de baleines ont adopté cette technique de chasse.

La nouvelle étude suggère que plus les baleines passent de temps avec d'autres espèces chassant de cette manière, plus elles apprennent rapidement cette technique. "Dans cette population, il existe plusieurs traditions qui cohabitent", explique le biologiste marin Luke Rendell à Sciences News.

"Nous croyons depuis longtemps que la transmission culturelle chez les animaux est importante. Mais je n'avais jamais pensé que les résultats pourraient être visibles à une si grande échelle", s'enthousiasme Frans de Waal, primatologue à l'Emory University.

Les experts ont ainsi déterminé que pour survivre, les espèces animales doivent trouver le juste milieu entre l'expérimentation et la conservation de l'espèce. Ainsi, il n'est pas étrange que les singes développent une aversion pour une couleur associée à l'amertume, et abandonnent ce dégoût au contact d'une autre communauté. Cette technique permet aux singes, à la fois, de survivre, d'économiser le temps d'apprentissage et d'éviter les risques d'empoisonnement.

"Chez ces espèces qui vivent longtemps et sont très socialisées, il est facile d'abandonner toutes ses croyances, car, dans une autre partie du monde, les comportements sont différents" ajoute Carel van Schaik.



MAXISCIENCES 27/4/2013

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites
L'événement eut lieu à la 11ème conférence de la Convention sur la conservation des espèces migratrices appartenant à la faune sauvage, un traité international, conclu sous l'égide de l'ONU, auquel la France a adhéré en 1990. La 23ème résolution reconnaît "qu'un certain nombre d'espèces mammifères socialement complexes


On a souvent pensé, à tort, que la culture était uniquement réservée à l’Homme. Pourtant, l’existence d’une transmission de savoir propre aux animaux a enfin été reconnue officiellement. En effet, certains animaux ont des comportements sociaux uniques en leur genre.

Les animaux n’ont pas de langage à proprement parler, ils ne communiquent pas de la même manière que nous. Et pourtant il semble que ces individus peuvent transmettre à leurs congénères des savoirs et comportements qu’ils ont eux-mêmes acquis. Il s’agit de l’apprentissage social.

 - L’un des exemples les plus flagrants de cette transmission entre animaux a été observé en Angleterre. Chaque matin, une distribution de lait était effectuée sur le palier de chaque maison. Pourtant un matin les habitants ont eu la surprise de découvrir des mésanges penchées sur leurs bouteilles se délectant du lait qu’elles contenaient. (Photo Les mésanges)

Les mésanges avaient en effet réussi à percer l’opercule en aluminium des bouteilles pour y tremper leur bec. Très vite les mésanges de tout le pays se mirent à copier leurs congénères et à voler la précieuse substance enfermée dans les bouteilles. Ces petits oiseaux malins ont eu une petite préférence pour le lait entier qu’ils réussissaient à différencier à cause de la couleur de l’opercule. Les mésanges étant des oiseaux sociaux, les chercheurs n’ont pas été surpris de voir que l’information avait pu si bien circuler. 

A l’inverse, d’autres volatiles tels que les rouges-gorges, des animaux plus solitaires, qui ont eux aussi trouvé le moyen d’ouvrir les bouteilles, n’ont pas pu transmettre leur savoir. 

 Photo d'un macaque lavant sa nourriture. (la théorie du 100ème singe, à gauche Ken Keyes Jr qui en est l'auteur : En 1952, sur l’ile de Koshima, des scientifiques nourrissaient les singes avec des patates douces crues en les jetant sur le sable. Les singes aimaient le goût des patates douces, mais trouvaient leur saleté déplaisante. C'est alors qu'une femelle âgée de 18 mois, appelée Imo, pensa qu’elle pouvait solutionner le problème en lavant les patates dans un ruisseau tout près. Elle enseigna ce truc à sa mère. Leurs compagnes de jeu apprirent aussi cette nouvelle façon de faire et l’enseignèrent aussi à leurs mères. Puis cette innovation culturelle fut graduellement adoptée par différents singes devant les yeux des scientifiques. Entre 1952 et 1958, tous les jeunes singes apprirent à laver les patates douces remplies de sable pour les rendre plus agréables au goût. Mais ce n’est pas tout : la chose la plus surprenante observée par ces scientifiques fut le fait que l’habitude de laver les patates douces se transmit de façon inexpliquée et simultanée à des colonies de singes habitant d’autres îles ainsi qu’à la troupe de singes de Takasakiyama sur le continent qui commencèrent aussi à laver leurs patates douces. C’est ainsi que le macaque japonais fut surnommé le « laveur de patates » Orandia.com


- Un autre cas de transmission du savoir a été observé en 1953 au Japon. Un groupe de macaques s’est mis à laver sa nourriture dans un ruisseau avant de la manger. L’initiative a été prise par une femelle du groupe qui, avant de manger sa patate douce, est allée la rincer à la vue de ses camarades. Le comportement a alors été copié par l’ensemble des individus (mis à par quelques anciens). Cet apprentissage social a même été transmis à la génération suivante comme une innovation

Des scientifiques ont aussi pu mettre en évidence la présence de coutumes chez les animaux. Ces traditions se transmettent spontanément chez certaines espèces. 

 Les chercheurs de l’Université Gonzaga et de l’Institut Max Planck de Nijmegen (Pays-Bas)  appellent « grooming handclasp », une sorte de poignée de main que s’échangent deux chimpanzés, mais attention, seulement s’ils font partie de la même communauté. Photo RSPB / Santé blog

- Ainsi en 1978, des chercheurs ont constaté que des chimpanzés se serraient la main, un geste très humain, que seul le groupe semble partager. Ce trait culturel est en effet inexistant chez des chimpanzés habitant à 50 km du premier. 

 National Geographic 1/10/2007


- Les éléphants sont aussi des animaux incroyablement civilisés : la preuve avec cet exemple. Dans les années 1980, des éléphanteaux ont été séparés de leurs parents et transférés dans un autre parc. Dix ans plus tard, ces mêmes éléphants mâles, devenus adolescents, ont commencé à présenter un comportement violent. Regroupés en meute, ces derniers tuaient des rhinocéros et d’autres animaux. Pourtant les éléphants sont des animaux pacifiques. 

En s’attardant un peu plus sur leur cas, les scientifiques ont compris que les jeunes étaient en « musth », c’est-à-dire qu’ils étaient dans un état périodique caractérisé par une augmentation de l’agressivité et de sécrétion hormonale. En temps normal le groupe est censé tempérer ce comportement : les vieux éléphants aidant les plus jeunes à se contrôler

Les employés du parc ont alors voulu tenter une petite expérience : ils ont fait venir de vieux éléphants dans le groupe pour voir la réaction des plus jeunes. Progressivement, les éléphants adolescents ont cessé de se montrer violents. 

La transmission de savoir chez les animaux semble aussi bien être un atout pour la survie de l’espèce, qu’un simple gain culturel. Cela prend la forme d’un patrimoine inédit et similaire à ce que les êtres humains peuvent partager ensemble. 

- Ainsi, près de 40 groupes de chimpanzés ont chacun des traditions liées à la communication, à l’utilisation de plantes médicinales, à l’alimentation ou même aux pratiques sexuelles… 

- Certains orangs-outans peuvent fabriquer des « sex-toys » ou des poupées en feuilles

- D’autres animaux comme les dauphins femelles se protègent le nez avec une éponge lorsqu’elles recherchent de la nourriture trop près du sol marin. Il semble par ailleurs qu’il s’agisse d’une pratique réservée exclusivement aux femelles.

La culture animale est si riche et élaborée ! Qui, parmi nous, aurait pu soupçonner que les animaux puissent avoir des coutumes si similaires aux nôtres comme se serrer la main ? L’anecdote concernant les baleines à bosse qui apprennent un nouveau langage en changeant d’endroit nous rappelle ces orques et dauphins qui peuvent communiquer ensemble. Pensez-vous que la protection des animaux passe par une meilleure compréhension de leur culture ?


----->La réponse est OUI à la dernière question.


DailyGeekShow 26/1/2015 -> Cet article provient en réalité du Huffington Post comme son auteur Pierre Sigler l'a fait remarquer... Je vous invite à consulter cet article en priorié, celui-ci indiquant les sources et références bibliographiques. S'agissant des liens indiquées dans le texte, ils ont été ajoutés par l'Admin de Lane.

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites

×
×
  • Créer...