Aller au contenu
Rechercher dans
  • Plus d’options…
Rechercher les résultats qui contiennent…
Rechercher les résultats dans…
Admin-lane

Vif débat sur les OGM en Equateur

Messages recommandés

QUITO - Le débat sur les OGM fait de nouveau rage en Equateur: après les avoir bannis au nom de l'environnement, le président Rafael Correa assure avoir commis une grave erreur en se privant de ces cultures qu'il promet désormais de relancer s'il est réélu en février, afin de lutter contre la pauvreté.

En 2008, cet économiste de gauche, l'un des champions de l'anticapitalisme en Amérique latine, a fait graver par référendum dans la Constitution l'interdiction des organismes génétiquement modifiés avec une loi déclarant le pays andin libre de cultures et semences transgéniques.

Le texte ne prévoit d'exceptions qu'en cas d'intérêt national, à l'appréciation du chef de l'Etat ou du Congrès.

Mais à quelque mois de la présidentielle du 17 février, M. Correa, grand favori pour un nouveau mandat de quatre ans, a opéré une spectaculaire volte-face: invoquant une erreur dans la Constitution, il assure s'être laissé berné par l'écologisme infantile.

Les semences génétiquement modifiées peuvent quadrupler la production et tirer de la misère les couches les plus pauvres, clame-t-il désormais, annonçant qu'il amendera la Constitution, à la grande fureur des écologistes, qui s'estiment trahis par ce revirement présidentiel.

Porte-parole du Réseau des gardiens de semences, une ONG promouvant l'agriculture bio, Javier Carrera estime qu'il serait très dangereux d'autoriser les OGM en Equateur, un pays converti par sa biodiversité en banque génétique de l'humanité. Ce serait un énorme risque de permettre l'usage de semences qui pourraient provoquer une contamination génétique, souligne-t-il.

La question des avantages des OGM en termes de productivité sème aussi la controverse. Certains y voient plus un mythe qu'une réalité, à l'image de Roberto Gortaire, membre de la Conférence plurinationale et interculturelle pour la souveraineté alimentaire, un mouvement citoyen fondé pour défendre l'agriculture écologique.

En Equateur, il y a environ 15.000 exploitations qui ont adopté le système de l'agriculture écologique et plus de 120 démarches commerciales ont été prises pour vendre ces produits sur le marché, confie-t-il, assurant que ce type d'agriculture peut avoir un rendement plus élevé que la moyenne.

Mais, selon lui, plusieurs groupes économiques ont intérêt à ce que l'Equateur ne soit plus déclaré libre d'OGM pour pouvoir réaliser des bénéfices.

La croisade du chef de l'Etat a malgré tout reçu le soutien de certains secteurs académiques. Pour Cesar Paz y Miño, doyen de l'Institut de recherches biomédicales de l'université des Amériques de Quito, la prohibition de semences transgéniques constitue un frein pour la science.

Nous nous interdisons d'un instrument potentiel, y compris pour le développement, la technologie, affirme-t-il, craignant que l'Equateur n'accuse une perte de compétitivité par rapport à ses voisins.

Les cultures OGM ne cessent en effet de gagner du terrain en Amérique du sud où les pays qui l'autorisent (Argentine, Brésil, Chili, Colombie et Uruguay) sont bien plus nombreux que ceux qui l'interdisent actuellement (Venezuela, Pérou et Equateur).

Le chercheur réfute également l'argument de ses détracteurs selon lesquels les OGM menacent la santé par des risques d'allergies, d'avortement spontané ou de complications intestinales. Il n'y a pas de preuves tranchantes indiquant que la consommation de ce type d'aliments est nocive, explique-t-il.

Si les cultures OGM sont interdites en Equateur, ce n'est d'ailleurs pas le cas pour l'importation de produits qui en contiennent. Ainsi la majorité du bétail y consomme des aliments à base de maïs ou soja génétiquement modifiés.


ROMANDIE.COM 25/1/2013

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites

×
×
  • Créer...