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Les cultures OGM ne peuvent pas se passer de biodiversité

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Depuis 1996, les semenciers proposent du maïs et du coton dits Bt, car génétiquement modifiés pour produire les protéines de Bacillus thuringiensis, une bactérie aux vertus insecticides. Les surfaces semées avec de tels OGM sont passées de 1,1 millions d’hectares en 1996 à 66 millions d’hectares en 2011 dont la moitié aux Etats-Unis.


Pour retarder l'apparition d'insectes résistants au maïs OGM, il faut... planter du maïs naturel autour explique une étude. PHILIPPE HUGUEN / AFP


Au fil du temps, des résistances sont apparues au sein des populations d’insectes, ruinant l’efficacité de ces variétés. Au  bout de combien de temps, et selon quelles conditions agronomiques ? C’est ce qu’ont voulu savoir Thierry Brévault et Yves Carrière du Cirad et Bruce Tabashnik de l’Université de l’Arizona (USA).

Ces chercheurs ont procédé à l’analyse des résultats de 77 études sur le suivi au champ des résistances aux cultures Bt. Ils ont retenu 24 cas dans huit pays portant sur 13 espèces de coléoptères et lépidoptères "nuisibles". Selon le principe qu’une population est considérée comme résistante à partir du moment où la moitié des individus survivent à l’ingestion des toxines, les chercheurs ont déterminé cinq cas en 2010 contre un seul en 2005.


Chenille de la noctuelle Helicoverpa zea sur une capsule de coton. Crédit : Brévault/Cirad


Trois ont été relevés sans surprise aux Etats-Unis: Diabrotica virgifera virgifera (un coléoptère) et Spodoptera frugiperda (un lépidoptère) sur le maïs, Helicoverpa zea (lépidoptère) sur le cotonnier. La résistance des lépidoptères Busseola fusca est apparue sur le maïs en Afrique du Sud  et celle de Pectinophora gossypiella sur le cotonnier en Inde.

Diabrotica virgifera virgifera - Photo : Tom Hlavaty./ USDA / domaine public 


Les théories de l’évolution expliquent depuis longtemps l’apparition de cette innocuité chez les insectes. La diffusion des toxines élimine les individus non porteurs de gènes de résistance et sélectionne ceux qui en bénéficient et favorise leur expansion en réduisant le mélange génétique au sein de l’espèce.

La bactérie Bt est d’autant plus efficace qu’il y a peu d’individus porteurs de gènes de résistance au sein d’une population et que ces gènes ont un caractère récessif, c’est-à-dire que seuls les individus possédant deux copies de gènes de résistance sont effectivement protégés.

 chenille de Spodoptera frugiperda - Photo Canadian Biodiversity Information Facility, http://www.cbif.gc.ca / domaine public

Dès lors, le seul moyen pour préserver l’efficacité de la toxine, c’est de maintenir ouverte la compétition entre insectes résistants et non résistants. Et pour ce faire, il n’y a qu’une seule technique possible : semer à proximité des champs OGM, des plantes non-OGM abritant des populations sensibles qui vont s’accoupler avec les insectes résistants et empêcher ainsi l’émergence de leurs caractères.


C’est une règle de gestion bien connue des organismes de démoustication des zones humides et marais où l’on maintient des zones non traitées pour éviter la baisse d’efficacité des insecticides. Les chercheurs montrent ainsi que l’existence de zones non-OGM explique pourquoi des résistances sont apparues dans certain cas au bout de deux ans et dans d’autres n’ont toujours pas été détectées après 15 ans de culture.

Au sud des Etats-Unis, le ver du cotonnier Helicoverpa zea est devenu résistant en moins de deux ans du fait du non-respect de la règlementation par les planteurs : «en revanche, En Australie, où la réglementation a été appliquée strictement, moins de 1% d’individus résistants ont été recensés dans les populations de H. armigera et de H. punctigera sur le cotonnier Bt» notent les auteurs de l’étude.

Sur son site Internet, Monsanto reconnaît l’existence de telles résistances et l’entreprise préconise elle aussi la création de zones refuges. La multinationale a également créé des semences contenant deux gènes de résistances Bt. Ce qui augmente encore l'action insecticide de ce maïs génétiquement modifié. Mais même si le spectre d’efficacité est plus large, il n’évite cependant pas la création de zones refuges.


SCIENCES ET AVENIR 8/8/2013

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