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Lions : la création de clôtures divise la communauté scientifique et les protecteurs de l'espèce

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Les temps sont sombres pour le roi des animaux… Environ 35.000 lions africains subsisteraient dans les savanes(1) contre plus de 100.00 il y a un demi-siècle ! Cette situation est la conséquence de la perte de leur habitat, de la diminution du nombre de proies et leur élimination par l’homme. Une étude estime que moins de 50 lions (Panthera leo) vivent au Nigéria et plus aucun signe de l’animal n’a été relevé dans la République du Congo, au Ghana ou en Côte d’Ivoire(2)…

Maintenant une immense controverse se profile à l’horizon suite à une proposition visant à consolider les populations de lions avant qu’il ne soit trop tard… Un chercheur de premier plan a suggéré que pour limiter les conflits entre humains et lions, il convenait d’ériger des clôtures autour des réserves contenant des lions sauvages. L’idée n’a pas manqué de diviser les scientifiques avec ceux qui y sont opposés, faisant valoir que les clôtures pourraient faire plus de mal que de bien. Le débat qui s’en est suivi a mis à nu les différences fondamentales sur la façon de préserver les lions et d’autres espèces et soulevé des inquiétudes majeures quant au défi de conservation du lion (le manque de fonds semblant être ignorés alors qu’on parle de clôtures).

Quand il a commencé sa recherche, qui a débouché sur cette polémique, Craig Packer, de l’Université du Minnesota à St Paul, qui étudie les lions au parc national du Serengeti en Tanzanie, cherchait à déterminer le coût de la conservation du lion. Mais quelque chose de plus provocateur a émergé de ses données.  Dans l’étude, rapportée plus tôt cette année dans Ecology Letters(3), lui et 57 co-auteurs ont calculé les densités de lion de 42 réserves africaines. Et Packer de dire que les seules variables qui importent pour la densité sont des dollats et les clôtures, rien d’autre ! Il ajoute que que « la barrière ainsi érigée a un impact puissant » car elle empêche la prédation des lions sur le bétail et les gens, ce qui signifie que moins de lions sont tués en représailles. Packer aimerait voir des clôtures autour de quelques-unes des plus grandes aires protégées, comme la réserve de 47.000km2 de Sélous en Tanzanie.


 SOURCE: J. RIGGIO ET AL. BIODIVERS. CONSERV. 22, 17–35 (2013)

Ce sont ces remarques qui ont déclenché de vives discussions, à la fois en ligne et lors de réunions. Cette siuation a conduit, 4 mois plus tard à la publication d’une réponse signée par 55 chercheurs (4). Ils font savoir que l’analyse de Packer, utilisant la densité de population des lions comme seul crtière, est erronée. Ils disent qu’en tenant compte de cette mesure, une population dense de plusieurs dizaines de lions dans une petite réserve est un succès, alors qu’une grande réserve contenant 600 lions est un échec. Les auteurs ont limité leur étude aux populations de lion dont la densité ne dépasse pas la capacité du pays à les protéger et contrôlé la gestion du budget de la réserve. Ils n’ont trouvé aucune relation entre la clôture et la densité…

Premier auteur de cette étude, Scott Creel, de l’Université d’état du Montana à Bozeman, dit que l’existence d’une clôture peut être bénéfique pour de petites réserves bien financées, mais que la plupart des lions sauvages en Afrique vivent dans de grandes réserves au financement modeste. « Si vous construisez une clôture et donc dépensez beaucoup d’argent, il est possible de maintenir un grand nombre de lions à l’intérieur » dit Creel. « Le problème et que nous ne savons pas très bien comment cela pourrait fonctionner dans d’énormes écosystèmes qui ont de plus petits budgets ».

De son côté Packer a répondu à sa propre analyse(5). Plutôt que d’éliminer les populations de lions en surnombre, les chercheurs ont attribué une densité de 100%. Une fois de plus, il a été constaté que la présence de clôtures était le meilleur prédicteur de la densité des lions, dit Packer. Créel rétorque que la nouvelle analyse ne montre aucun impact entre la clôture et la taille de la population. En conséquence, il est donc encore difficile de savoir si les clôtures pourraient avoir un effet protecteur pour les grands écosystèmes naturels.

 DocMeFiLDraGoN3 / Youtube 21/10/2012 - Documentaire en français

D’autres chercheurs sont divisés quant à l’argument le plus convaincant. Matt Hayward, de l’université de Bangor (Royaune-Uni) ; qui a co-écrit  un livre sur les clôture de « conservation », dit que les deux avis marquent des points. En tout cas, le désaccord va au-delà des statistiques pour un « débat philosophique très passionné ». Il ajoute que certaines personnes disent : « nous ne voulons pas de clôtures. Nous voulons que la faune puisse aller partout où elle veut ».

Et, à juste titre, beaucoup disent que des clôtures mal conçues pourraient nuire à la recherche de nourriture des animaux pendant les périodes difficiles, ainsi qu’une diminution des plus grandes espèces, comme les guépards et les lycaons, qui ont besoin de grandes étendues de territoire. « Faut-il mettre les lions au-dessus de tout ? » demande la co-auteure de Creel, Nathalie Pettorelli, de l’institut de zoologie de Londres. « On ne peut pas gérer un écosystème à partir d’une seule espèce ».

Les clôtures peuvent se révéler un piège pour les animaux (viande de brousse ou blessures occasionnées par des fils dénudés), ce qui constitue un autre risque. Elles pourraient faciliter l’abattage des lions, des éléphants et d’autres espèces et sont un grave problème dans des endroits tels que la Zambie. Mais Packer dit qu’une barrière bien construite, bien que coûteuse, ne soutiendrait pas de tels risques. Il affirme, par ailleurs, que l’objectif de l’opposition de vouloir maintenir des « payasages » ouverts est profondément irréaliste face à  l’essor démographique de l’Afrique.


 
La nuit du Lion Documentaire fascinant et inédit (en français). big doc / Youtube 10/8/2013. 

Il a déjà tenté d’obtenir un soutien auprès de responsables africains et il fonde également quelques espoirs auprès de donateurs soucieux de la préservation, tels que la Banque Mondiale, qui pourraient financer une clôture autour d’une grande réserve. Pendant ce temps, beaucoup de ceux qui s’opposent à cette idée, souhaiteraient plutôt que de l’argent soit versé  pour des approches déjà éprouvées, telles que l’application de la loi.

Mais les deux camps partagent aussi beaucoup de points communs. Les co-auteurs de l’étude de Creel disent que les clôtures peuvent être efficaces et les alliés de Packer, s’accordent pour dire que la construction de clôtures est inappropriée pour de nombreux domaines…

Alors que les scientifiques se querellent sur la question, « les lions disparaissent plus vite que jamais », explique Philipp Henschel, un spécialiste de la conservation du lion du groupe Panthera, qui a signé le document de Creel  (voir « motifs de préoccupation »). La communauté doit « se concentrer sur la seule chose sur laquelle les deux parties s’entendent : une conservation efficace du lion. Et, pour y arriver, il faudra beaucoup plus de fonds que ce qui est actuellement mis à disposition ».

Source : Nature 503 ,322-323 (21 Novembre 2013) doi : 10.1038/503322a



Références : 


- 1 - Riggio, J. et alBiodivers. Conserv. 22, 17–35 (2013). 
[*]Article


[*]ISI

- 2Henschel, P. et alCATnews 523439 (2010)
- 3Packer, C. et alEcol. Lett. 16635641 (2013


[*]Article


[*]PubMed


[*]ISI


[*]ChemPort

- 4Creel, S. et alEcol. Lett. 161413e3 (2013


[*]Article


[*]PubMed


[*]ChemPort

- 5 Packer, C. et alEcol. Lett. 161414e4 (2013


[*]Article


[*]PubMed


[*]ChemPort



Autres :
·        Centre de recherche Lion
·        Liste de l'UICN pour le lion d’Afrique
·        Programme zambien Carnivore


----->Comment peut-on être d'accord pour enfermer la faune dans des espaces clôturés... Ne serait-ce que pour éviter l'appauvrissement génétique des espèces...

Nature 19/11/2013

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