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BelleMuezza

L’extinction des mammouths américains ne serait pas due qu’à l’Homme

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Autrefois, l’Amérique du Nord abritait d’imposants mammifères, tels des mammouths. Selon une nouvelle étude, leur extinction survenue voici environ 11.000 ans ne serait pas uniquement liée à l’arrivée des premiers humains. Pour l’affirmer, les chercheurs s’appuient sur des datations au carbone 14 réalisées sur des restes fossiles longtemps ignorés. Le climat pourrait avoir joué un rôle prépondérant.

Il y a plus de 10.000 ans, l’Amérique du Nord abritait d’imposants mammifères, tels des castors géants, des mastodontes et des mammouths. Depuis, ils ont disparu, comme 33 autres espèces de la mégafaune de l’époque. Une théorie vieille de 40 ans attribue ces extinctions à un seul et même facteur : l’arrivée des premiers Paléoindiens qui, fait notable, étaient des chasseurs. L’hypothèse de la surchasse (overkilling hypothesis) souffre néanmoins de plusieurs critiques. Par exemple, des traces d’outils ont uniquement été observées sur les os de 2 des 36 espèces aujourd’hui disparues.

Les mammouths laineux seraient arrivés en Amérique du Nord durant une période glaciaire, en traversant le détroit de Béring alors exondé. ©️ Flying Puffin, Wikimedia Commons, cc by sa 2.0

Les études expliquant cet épisode de l’histoire de notre planète ont par la plupart un point commun que viennent de souligner deux chercheurs de l’université du Missouri à Columbia : elles reposent principalement sur des analyses de fossiles mis au jour dans les grandes plaines américaines, ou dans le sud-est du continent. En d’autres termes, ces travaux ignorent les nombreuses découvertes archéologiques et paléozoologiques d’intérêt faites dans le nord-est des États-Unis.

 

Royal Tyrrell Museum 10/2/2012


Pour tenter d’y voir plus clair, Matthew Boulanger et Lee Lyman ont donc décidé d’analyser les indices mis au jour dans les états de New York, du New Jersey, de Pennsylvanie, du Massachusetts, du Maine et de l’Ontario (Canada). Pour ce faire, ils ont compilé des datations au carbone 14 de 57 os d’animaux de la mégafaune trouvés sur 47 sites différents, auxquelles ils ont ajouté les dates obtenues par la même méthode de 25 restes Paléoindiens extraits de 22 lieux différents. Les conclusions de leurs comparaisons viennent d’être livrées dans la revue Quaternary Sciencel’Homme n’explique pas tout, puisqu’un épisode d’extinction a par exemple eu lieu en son absence.

Disparu voici 10.000 ans, le mastodonte américain était plus petit que les mammouths, malgré ses 3 m de haut. ©️ Dantherman9758, Wikimedia Commons, cc by 3.0

En comparant et analysant les dates récoltées, deux épisodes successifs d’extinction de la mégafaune américaine ont été révélés. Le premier est survenu voici 14.100 ans, donc avant l’arrivée des premiers humains dans les régions étudiées. Il aurait été suivi d’une phase de récupération d’environ 500 ans. Pour sa part, le second épisode a débuté voici 12.700 ans, soit au moment de l’arrivée des premiers Paléoindiens. Néanmoins, selon l’étude, 75 à 90 % de la mégafaune s’étaient déjà éteints. Ainsi, elle était sur le déclin avant l’arrivée de l’Homme.

Cette précision dédouane les chasseurs préhistoriques. D’après d’autres comparaisons, le début du second déclin suivrait la mise en place du Dryas récent. Or, il s’agit d’une période de froid qui a duré 1.300 ans. Elle s’est conclut par un réchauffement qui a marqué le début de l’Holocène, l’époque dans laquelle nous nous trouvons. Ainsi, des facteurs climatiques, et par conséquent environnementaux, pourraient avoir joué un rôle dans l’extinction de la mégafaune américaine, ce qui corrobore une théorie alternative de plus en plus admise.

Cependant, l’Homme ne peut pas être totalement innocenté pour le moment. En effet, les premiers Paléoindiens ont cohabité durant un millénaire avec la mégafaune aujourd’hui éteinte. Ainsi, ils pourraient avoir participé aux extinctions qui leur sont imputées, sachant que les populations de grands mammifères étaient déjà au plus mal. Ils ont en quelque sorte donné le coup de grâce. C’est là toute la nuance. Cependant, un dernier détail intrigue : aucune trace d’outils utilisés durant la chasse ou le dépeçage n’a été trouvée sur les os étudiés…


Futura Sciences 30/1/2014

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